Il faut sauver Nikili!

Il faut sauver NikiliGaty vit dans un village au coeur de la brousse africaine. Il est amoureux de la jolie Nikili mais trop timide, il n’ose pas lui montrer ses sentiments. Heureusement, Abou, son meilleur ami a une super idée pour que Nikili tombe sous le charme de Gaty…

Bon, déjà, le pays où vit Gaby n’est pas nommé. On dit simplement qu’il « habite dans un petit village d’Afrique, au cœur de la brousse » (p.5), ce qui d’autant plus ne fait qu’ajouter une couche au stéréotype tenace de l’Africain vivant dans une case et dont les voisins sont des animaux de la savane. Ugh. Bien sûr, il y a réellement des gens qui habitent dans des cases en Afrique, mais ça m’agace toujours lorsqu’on met tous les pays d’Afrique dans le même panier et que la seule représentation des personnages africains en littérature jeunesse soient celle-là. Pourquoi n’a-t-on pas de livres pour enfants mettant en scène des Gabonais, des Maliens, des Ivoiriens, des Burundais, ou des Camerounais vivant en ville? C’est exaspérant.  D’autant plus que cette description de la page 5 est la première phrase du livre (!), histoire de bien enfoncer le clou dès le début.

S’en suit des stéréotypes de genre lorsque l’ami de Gaty conseille à son ami amoureux d’une fille du village voisin: « Tu n’as pas besoin de lui parler. Montre-lui que tu es fort et courageux. Les filles adorent les héros. » (p.6). Oui, parce qu’on a besoin davantage de garçons incapables de communiquer qui pensent que la force physique font d’eux des hommes. M’entendez-vous grincer des dents??

Mais ce n’est pas tout! Comment Gaty va-t-il démontrer son courage? Mais, pardi! Affronter un lion, rien de moins! Il y a quand même un petit revirement de situation lorsque ce sera finalement Nikili qui sauvera Gaty des griffes du lion. Elle sera complimentée sur son courage par Gaty, ce qui la fera « rougir ». Ugh. A-t-on besoin de répéter pour la énième fois que les personnes noires ne rougissent pas? Ouf. Ce livre était vraiment mauvais en termes de représentation. Non recommandé. 😦

 

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Il faut sauver Nikili !Bouton acheter petit
AUTEUR(S) : Jean-Pierre Courivaud & Nathalie Dieterlé
ÉDITION: Oskar, 2012
ISBN: 9782350008677
7 À 9 ANS

À la recherche de premières lectures ayant une représentation des personnages noires plus positive? Vous aimerez peut-être Le mystère des dents de Jaguar ou encore Dans une minute maman!.

Les mystères des dents du jaguar    Dans une minute maman

 

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Naïma et la magie du cirque

Naïma et la magie du cirque (Kinra Girls)Chez Naïma, la vie est gaie, entre des parents aimants et quatre petits frères turbulents. Pourtant, l’argent manque souvent… Alors, quand vient son anniversaire, Naïma ne s’attend pas à ce que son rêve se réalise : des cours à l’école du cirque ! Ce sera le début d’une grande aventure.

Les Kinra Girls sont cinq jeunes filles talentueuses venues des quatre coins du monde. Loin de chez elles, elles vont comparer leurs différences culturelles et devenir amies pour la vie. Dans La magie du cirque, on découvre l’histoire de Naïma avant leur rencontre. Je n’ai pas lu les autres titres des Kinra Girls en entier; sachez que ce titre se lit très bien indépendamment des autres.

Naïma est américaine. Son père est blanc et sa mère, noire. Cette dernière est originaire du Bénin et transmet régulièrement à ses enfants la culture de se pays: la langue fon, la caleta (danse de rue enfantine), les contes traditionnels, etc. La famille est nombreuse et a des soucis financiers. On dit d’ailleurs que le père se rend au travail à vélo, non pas par choix ou conscience écologique, mais parce qu’il n’a pas les moyens de s’acheter une voiture. 

Naïma est entourée de personnages d’origines diverses qui se soucient d’elle et avec qui elle entretient des liens sains: la voisine haïtienne qui lui chante des chansons traditionnelles et lui raconte des histoires de son pays, Fat Eddy le patron (blanc) de son père qui travaille à Coney Island, ou encore Funny Billy un afro-américain qui l’initie aux arts du cirque. Devant son talent naturel pour cette discipline, d’autres enfants commencent à éviter Naïma par jalousie. Le récit se termine toutefois avant que l’on sache comment Naïma vit cette situation. D’ailleurs, le récit, lent au début et précipité à la fin, manque d’une ligne directrice claire. On parvient tout de même a bien cerner le personnage de Naïma auquel on s’attache sans difficulté. En fin d’ouvrage, on retrouve un dossier « pour en savoir plus » où l’on parle du boubou (vêtement traditionnel) et de la tradition orale africaine.

L’univers dans lequel évolue Naïma est somme tout assez genré, et on réitère régulièrement qu’elle est une fille par toute sorte de petits clins d’œil sur ce qui est approprié ou pas pour elle de faire. Par exemple, à à l’école, ses deux frères font toujours semblant de ne pas la voire car « on ne parl[e] pas aux filles devant les copains. C’est la honte, quoi! » (p.94) Naïma n’est pas dérangée par cela et trouve cela normal. Autre exemple, on lui dit de ne pas faire la roue car elle porte une jupe (alors qu’on aurait pas l’idée de surveiller et contrôler la manière dont les garçons s’habillent ou ce qu’ils font). Troisième exemple: alors qu’un garçon (Rico) cherche la bagarre après avoir provoqué Naïma, un intervenant lui dit: « Tu ne dois pas frapper les autres, surtout pas une fille qui t’arrive à l’épaule » (p.98) C’est bien sûr à Rico de s’excuser, mais il dit simplement qu’il la pardonne (!). Naïma se défend en disant que c’est à lui de s’excuser, mais l’intervenant dit qu’au moins, Rico a « fait un effort ». Ainsi, il est acceptable pour un garçon de se montrer violent; l’important est qu’il « fasse l’effort » de se contrôler. Eh, misère…

[SPOILERS] Plus loin dans le récit, Rico tourmente Naïma et va même jusqu’à lui empoigner le bras. La jeune fille se libère de son emprise et se met à courir. Alors que Rico est à sa poursuite, il trébuche et se retrouve les pieds dans le vide du haut d’un immeuble de six étages. Naïma ne peut se résoudre a le laisser tomber à une chute qui lui serait mortelle et elle décide de lui venir en aide. Gêné et reconnaissant, Rico se traite lui-même de « gros nul » et affirme que toute personne qui s’en prend à Naïma ou lui fait des problèmes aura désormais affaire à lui. Ce qui m’a dérangé dans ce passage, c’est qu’à aucun moment Rico ne s’excuse de son comportement macho et violent. De plus, il demeure agressif envers les autres; ce n’est que Naïma qui sera épargnée car elle lui a sauvé la vie. Pis encore, Naïma aura beau lui dire que sa protection n’est pas nécessaire, Rico continuera de la suivre partout contre son gré, de se mêler de ses affaires et de la surprotéger. Bonjour l’absence de consentement. [FIN SPOILERS]

Bref, Naïma et la magie du cirque est un roman intéressant avec des personnages réalistes, mais qui véhicule des messages auxquels je n’adhère pas. Parents, vérifiez si ces messages vous conviennent ou préparez-vous à discuter de cette lecture avec votre enfant avant de lui offrir ce roman. Après tout, tout se lit; mais une bonne discussion sur ses lectures permet parfois de relativiser les choses et constitue un moment d’apprentissage privilégié pour les enfants. À vous de juger.

Auteur(s) / illustrateur(s) : Moka & Anne Cresci
Maison d’édition: PlayBacBouton acheter petit
Année de publication: 2018
ISBN: 9782809661934
Lectorat cible: 8 à 12 ans
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Avant, après

Soulève les voleAvant après Mélanie Walshts et devine ce qui est arrivé à un arbre en automne, à un petit chien plein de boue, et à plein d’autres choses, dans ce livre amusant des avant/après ! Un livre animé.

Les enfants s’amuseront à soulever les rabats de ce livre tout en carton. Certaines pages sont particulièrement originales, comme un beau ballon (avant) qui éclate (après), ou bien une page blanche (avant) qui sera colorée d’un joli dessin (après).

Il y a un garçon noir dans ce livre. Dans le « avant », il dort paisiblement car c’est la nuit. Dans le « après », il se réveille avec le sourire car le jour s’est levé. Rien à redire là-dessus; on utilise un personnage noir et cela ne change rien à l’histoire. C’est très bien.

Il y a aussi une petite fille noire dans ce livre. Et là, j’ai mes réticences. Elle a les cheveux emmêlés, qui poussent dans tous les sens et semblent parfois défier la gravité. Elle fait la baboune et semble clairement malheureuse. En rabaissant le rabat on retrouve la même petite fille, cette fois-ci le sourire aux lèvres et coiffée de « belles couettes ». Ses cheveux sont alors droits et poussent vers le bas, comme le font les cheveux lisses. Cela m’a dérangé. Avoir les cheveux mêlés, d’accord, pas de soucis. Ça arrive à tous les enfants, bien entendu. Mais pourquoi avoir choisi des cheveux lisses et droits pour le « après », comme si avoir les cheveux lisses était ce qui était souhaité ? Les enfants, qui n’ont pas encore la capacité à relativiser les choses, retiendront que des cheveux « coiffés » sont des cheveux droits. Ceci est d’autant plus dommageable lorsqu’on utilise une fille noire pour passer maladroitement ce message. Les filles noires ont naturellement les cheveux d’une texture bouclée, frisée ou crépue qui poussent en zigzague un peu dans tous les sens. Le après ici aurait pu être la même fille qui porte des tresses ou un joli afro. C’est irréaliste d’avoir choisi les cheveux droits pour le après. Le risque est d’insuffler un sentiment d’insatisfaction auprès des filles noires qui liront ce livre. Bref, je ne recommande pas ce livre.

 

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Auteur(s) / illustrateur(s) : Melanie Walsh
Maison d’édition: Éditions Bayard
Année de publication: 2001
ISBN: 2747004902
Public cible: Bébés
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Max et Koffi sont copains

Max et Lili sont copainsA la récréation, Koffi se fait injurier parce qu’il est noir et son ami Max s’en mêle… Comment vont-ils se défendre ? Ce petit livre de « Max et Lili » parle de l’amitié et du racisme. Tous pareils et tous différents, les hommes ont le même droit de vivre dignement sur la Terre, sans souffrir du mépris.

Ahhhhh… Max et Lili… Ces petites bandes dessinées adorées des enfants que je dois racheter à l’infini pour ma bibliothèque car ils sont littéralement dévorés par nos petits lecteurs ! La recette est gagnante: des situations du quotidien des enfants, une petite bande dessinée, des personnages face à un dilemme éthique, des questions et mises en situations pour se faire sa propre opinion. Personnellement, je dois admettre que je trouve ces livres parfois un peu moralisateurs, hétéronormatifs et s’adressant plutôt à un lectorat européen blanc. Mais les enfants les aiment, bon ! Et puis les illustrations de Serge Bloch sont vraiment fantastiques. À ce niveau, rien à redire; Serge Bloch est une valeur sûre. Le texte de Dominique de Saint Mars aussi est bien et j’apprécie qu’elle parvienne à intéresser les enfants à la philosophie. C’est plutôt le ton ou la manière dont certains sujets sont abordés qui me chicotte un peu parfois.

La scène phare dans « Max et Koffi sont copains » est ce moment où Koffi se fait apostropher par un camarade de classe dans la cours de récré, alors qu’il s’occupait tranquille de ses affaires avec son ami Max sur un banc. Le camarade en question, bien peu sympathique, lui réclame la place en prétextant qu’elle lui appartient. Puis, il lance: « C’est pas ton banc, pas ta cour, et en plus, c’est pas ton pays ! D’abord, t’es qu’un SALE NOIR!  »

Max et Koffi sont copains 3

Ce genre de représentation laisse supposer que le racisme, ce sont les insultes lancées à tue-tête par des Blancs méchants en manque d’attention. Bien sûr, les insultes racistes, ça arrive. Mais aujourd’hui, le racisme est beaucoup plus pernicieux, implicite et systémique. Je le dit et le redis, les enfants de 7, 8, 9 10 ans sont assez matures pour aborder ces sujets, il suffit que les livres choisis soient adaptés à leur âge. Ce livre a d’abord publié en 1995 et les choses ont bien changé depuis, j’en conviens. Mais rien n’aurait empêché une réédition mise à jour, histoire de s’éloigner de cette idée que les gens racistes sont mauvais et que les gens non-racistes sont bons, alors qu’il est clair que même les gens bons, ouverts d’esprit, progressifs, éduqués et bien intentionnés peuvent exhiber (intentionnellement ou non) des comportements racistes. Ce discours montre aux enfants que le racisme est un problème que seules les mauvaises personnes ont, plutôt qu’un système qui nous implique tous.

Premier petit malaise en page 18 lorsque la maman de Max, voyant Koffi pour la première fois, s’exclame, étonnée « Mais il est noir ! ». Oui, et alors ? J’ai attendu une suite qui n’est jamais venue. Juste « Mais il est noir! » Point. Bizarre. Cela dit, passé son étonnement initial, elle se montre très ouverte à l’amitié de son fils pour Koffi. Au départ, je me suis dit: « Bon, ok, les auteurs font sûrement questionner les enfants sur la réaction de la mère à la fin de la bande dessinée. Ils ont toujours de bonnes questions pour faire réfléchir les enfants ». Et malheureusement, aucune question n’est posée en lien avec cette scène.

Deuxième petit malaise en page 23 lorsque Koffi présente à Max son petit frère d’un mois et déclare, tête basse : « Sa peau est claire parce qu’il est bébé ! Il a de la chance!  » Que veut-il dire par là ? Qu’avoir la peau claire est mieux que d’avoir la peau foncée ? Et encore une fois, les auteurs ne questionnent pas les enfants sur le colorisme ou le racisme intériorisé à la fin du livre. Cela dit, la mère de Koffi répond du tac-au-tac: « Mais elle est belle ta peau noire, mon doudou ! », ce qui est positif. C’est à ce moment que Max semble réaliser la différence de son ami et déclare « C’est marrant, j’avais jamais fait attention ! On dirait qu’elle est teinte! » en lui touchant la main pour l’observer. Dois-je mentionner que ce n’est pas apprécié d’être perçu comme une bête de foire qu’on peut toucher, palper et observer avec curiosité à cause de sa couleur de peau ? On peut se dire qu’il ne s’agit que de la curiosité naturelle des enfants, mais dans le livre, Koffi ne manifeste pas la même curiosité envers Max, laissant supposer que la peau blanche est normale et n’a pas besoin d’être touchée, palpée et observée avec curiosité. Koffi exprime enfin son malaise d’être traité différemment en disant qu’il « en a marre de ne pas être comme les autres et de se faire traiter [de sale noir] », donnant ainsi une voix aux minorités visibles qui peuvent ressentir ce genre de malaise intérieur.

Max et Koffi sont copains 2

J’ai aimé qu’à la fin de l’histoire, ce soit le pardon qui l’emporte lorsque Koffi vient en aide à son camarade de classe l’ayant insulté au début du livre alors que celui-ci est victime d’intimidation par des plus vieux de l’école. Par contre, cela m’a dérangé que le personnage ne s’excuse pas pour les propos racistes qui a tenus envers Koffi. Il dit qu’ils sont « plus forts ensemble », demande s’ils peuvent « rester copains », veut « faire la paix » et qu’il a « été bête », mais les mots JE M’EXCUSE ne sortent pas de sa bouche. Ugh.

En épilogue, des questions intelligentes sont posées aux enfants: « Quand tu as peur de quelqu’un, essaies-tu de le connaître ou t’enfermes-tu dans ta coquille? », « Connais-tu des exemples de racisme dans l’histoire? As-tu des idées sur les façons de le combattre? », « Est-ce que cela te rend triste d’être différent? Ou est-ce que cela te fait « grandir dans ta tête »? « , « Trouves-tu difficile de parler de ses différences? Est-ce que ça te rend aggressif? » Ou encore « As-tu souffert de racisme? As-tu été rejeté ou injurié par les autres? Ou est-ce arrivé à un ami? »

D’autres questions, toutefois, le sont beaucoup moins, par exemple: « Et toi… Est-ce qu’il t’est arrivé la même histoire qu’à Max? » (Ah, parce que quelque chose est arrivé à Max? J’ai manqué ce bout de l’histoire, car il m’a semblé que c’était plutôt à Koffi qu’il était arrivée quelque chose.) Ou encore « Est-ce que ça existe pour toi le racisme ? » (Cette question n’est pas valide. Ça existe, point.)

Eh, misère…

Auteur(s) / illustrateur(s) : Dominique de Saint Mars & Serge Bloch
Maison d’édition: Calligram
Année de publication: 1995
ISBN: 2884452508
Lectorat cible: 7 à 12 ans
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Des mensonges dans nos têtes

Des mensonges dans nos têtes1959, en Virginie. C’est l’histoire de deux filles qui croient qu’elles se détestent parce qu’elles n’ont pas la même couleur de peau et qu’elles ne sont pas nées du même côté.
C’est l’histoire de Sarah et Linda qui croient qu’elles se détestent mais c’est aussi l’histoire de l’année où tout va changer parce que les mensonges des autres vont voler en éclats et que les vies, les cœurs de Sarah et Linda vont s’en trouver bouleversés pour toujours…

C’est d’abord le sujet du livre qui m’a interpellé. Une histoire d’amour impossible entre deux adolescentes dans les États-Unis en pleine lutte pour les droits civiques, je n’avais jamais lu quelque chose de semblable auparavant. Le roman débute tout de go lors de la rentrée scolaire. Racisme, insultes lancées à tue-tête, ici scandés par la foule d’élèves blancs (« Un, deux, trois, l’intégration on n’en veut pas ! »), là crachés par des dizaines d’élèves croisant le passage de Sarah, jeune fille noire surdouée intégrant une école pour Blancs. « Sale négresse qui pue! » par-ci, ricanements, dénigrements et déchets lancés par-là… C’est très dur à lire et ça dure près de la moitié du roman. Cela m’a agacé, car même si le contexte historique a permis tant de haine, plutôt que de faire avancer l’histoire, l’auteur consacre plusieurs pages à ses effusions de racisme.

J’ai eu un malaise constant en lisant ce roman. Voilà cette femme américaine, blanche, qui fait parler une personne noire (fictive, mais s’inspirant de personnes ayant réellement existées), et qui semble carburer aux insultes racistes. « Black Twitter », ces afro-américains qui échangent en 140 caractère sur les réseaux sociaux (parfois en étant totalement ignorés par la majorité blanche) n’ont pas manqué de le soulever également. Et ce, pour plusieurs raisons (traduction libre de quelques propos recueillis sur Twitter concernant la version originale du roman, The Lies We Tell Ourselves. Notez que ces propos ne sont pas les miens):

  • Quelqu’un peut-il me dire pour qui a été écrit ce roman ?? V’là 100 pages d’insultes en continu envers les Noirs.

  • Auteurs blancs, écoutez ceci: Quand vous écrivez un livre sur le racisme, votre livre est automatiquement catégorisé comme ayant un « White Gaze » [c’est-à-dire un regard Blanc sur la chose, n’abordant que la vision des Blancs sur le racisme].

  • OH MON DIEU, LADY [c’est-à-dire l’auteure], comment as-tu pu penser que c’était ta place d’écrire ceci ?

  • Je deviens vraiment frustrée lorsque les gens donnent de bonnes critiques à ce livre.

Bref, vous l’aurez compris, les gens étaient plutôt furieux. Que l’on soit d’accord ou pas avec cette colère, cette situation fait réfléchir et mérite qu’on y porte attention. L’idée n’est pas d’interdire les personnes blanches d’écrire sur le racisme ou de créer des personnages noirs dans leurs œuvres. L’idée est pour ces personnes blanches d’être conscientes de leur « blanchitude », de leur regard, de leur privilège. L’idée est aussi de réaliser que pendant que les personnes blanches parlent « pour nous », les médias accordent peu de place aux artistes noirs, et qu’il est difficile de parler pour nous-mêmes. L’idée, enfin, est d’être conscient de trois choses cruciales : QUI parle ? POUR QUI parle-t-on? POURQUOI parle-t-on de ceci ?

L’auteure Robin Talley, ayant eu vent de la controverse entourant son roman, s’est par la suite excusée sur sa page officielle, se disant « reconnaissante à ceux qui ont soulevé ses problématiques » et souhaitant « s’excuser profondemment pour les blessures [qu’elle a] occasionnées ». Elle dit avoir « appris » de cette expérience et prend les points soulevés par ses détracteurs « très, très au sérieux. » Elle ajoute que lorsqu’elle a écrit ce roman en 2010, elle a « fait ses recherches », mais n’a pas « pris un moment de recul pour [se] demander si [elle] devai[t] raconter cette histoire en premier lieu. » Elle semble avoir compris que nonobstant les recherches qu’elle puisse avoir effectuées, son écriture était, par nature, limitée par sa propre expérience.

Oh, well.

Auteur(s) / illustrateur(s) : Robin Talley
Maison d’édition: Mosaic Bouton acheter petit
Année de publication: 2014
ISBN: 9782280338677
Public cible: Ados

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Un été au chalet

un été au chaletPour la première fois de sa vie, Emma, dix ans et deux mois, doit passer trois longues semaines estivales loin de Léo, son grand frère adoré. Comble du malheur, ses parents ont loué un petit chalet dans le Bas-Saint-Laurent ! Heureusement, Emma traîne avec elle son petit carnet rouge pour relater tout ce qui marquera ces semaines chargées en émotions. Qui est ce garçon qui regarde la mer sans dire un mot ? Pourquoi les trois voisines ne l’invitent-elle jamais à jouer avec elles ? Et pourquoi la libraire du village la regarde-t-elle ainsi avec de gros yeux ? 

La lecture de ce roman m’a beaucoup plu ! Catherine Girard-Audet a une formidable capacité à se glisser dans la peau des filles de 9-10-11 ans. On ne sent pas du tout qu’il s’agit d’un adulte qui a écrit le livre; les émotions sont vraies, les personnages sont réalistes, leurs réactions sont appropriées à leur âge. À noter qu’il y a quelques québécismes dans le texte (« Ça n’a pas vraiment adonné », « avoir de la misère à faire quelque chose », « j’haïs », etc.), mais que le roman est tout de même fort bien écrit.

Emma, le personnage principal, est une personne qui n’a pas la langue dans sa poche : elle dit ce qu’elle pense, elle est authentique, elle est sociable et courageuse. Elle entretient une excellente relation avec ses parents (surtout avec sa mère qui semble toujours la comprendre!) et son grand-frère de 16 ans. Ces deux derniers sont d’ailleurs très proches. Cela étant dit, j’ai quelques réticences quant à la représentation d’Emma, car j’ai eu l’impression que l’auteure n’avait pas imaginé son personnage comme étant une fille noire à l’écriture de son roman et cela a donné lieu à quelques non-sens. L’illustration de couverture lui a peut-être été proposée qu’au processus d’édition ?

Aucune description physique d’Emma ou des membres de sa famille n’est offerte dans le récit. Les autres personnages du récit, lorsqu’ils sont décrits, sont blancs. À plusieurs reprises, Emma rougit pour signifier son malaise, sa gêne ou son embarras :

  • « Ma mère m’a regardée en souriant. Je pense qu’elle est fière de m’avoir transmis cette assurance qui me permet de parler en public et d’aller vers les autres sans devenir rouge tomate » (p.99-100)
  • Lorsque Loïc, le gentil voisin dont elle tombera amoureuse dans la deuxième partie du récit lui dit qu’elle est « super belle », Emma écrit dans son journal : « J’ai détourné le regard en rougissant, et je me suis empressée de changer de sujet pour dissiper le petit malaise. » (p. 214).
  • « Je lui ai donc offert de jouer à la console pour éviter qu’il se rende compte de mon malaise et du fait que je ressemblais à une tomate, et heureusement pour moi, la diversion a fonctionné! » (p.246-247).

Ces trois petits passages, mine de rien, lancent le message qu’on rougit toujours lorsqu’on est embarrassé et du coup, les petites filles noires grandissent en s’imaginant que cela s’applique à elles aussi ! Or, il faut comprendre que les petites filles ne sont pas noires avant que l’on leur dise ou qu’on leur fasse sentir qu’elles ne sont pas comme les autres. Elles sont simplement des petites filles ! C’est la société qui leur force à réaliser qu’elles sont différentes, qu’elles sont « noires ». C’est toujours bien triste d’entendre une fille noire utiliser l’expression « Être rouge comme une tomate » pour parler d’elle-même, pensant que cela signifie simplement être embarrassé… !

Similairement, à la page 255, Emma mentionne qu’elle avait « les cheveux dans les yeux à cause du vent, et Loïc a gentiment repoussé une mèche pour la placer derrière [son] oreille. » Encore une fois, cela ne concorde pas avec la représentation d’Emma en page couverture où on la montre portant un superbe afro volumineux. Ai-je besoin de mentionner que les cheveux crépus ne bougent pas suffisamment dans le vent pour se rendre jusqu’au centre du visage ? Et puis, bon, j’ai encore jamais entendu parler de familles noires normalement constituées qui vont volontairement s’exiler dans le Bas-Saint-Laurent pour un été complet. C’est bizarre.

Tous ces éléments constituent une forme de microagression : On utilise l’image d’une fille noire en couverture pour faire un coup de marketing, mais ce n’est pas l’histoire d’une personne noire qui est racontée dans le livre. D’ailleurs, on ne fait pas vraiment l’effort d’offrir une représentation juste et réaliste d’une personne noire dans le récit. Ugh. Dommage.

Mise à jour du 9 septembre 2018: Eh bien, eh bien. Surprise: Je viens de découvrir que ce livre a d’abord été édité sous le titre « Les drôles de vacances de Coralie ». Même histoire, mais on a changé la couverture. Certains crient au « Black Washing », ou l’utilisation de personnes noires pour faire un coup de pub sans que celles-ci ne soit consultées ou qu’on fasse l’effort d’offrir une représentation juste. Isssssshhhh. Ça fait grincer des dents.

 

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Auteur(s) / illustrateur(s) : Catherine Girard-Audet
Maison d’édition: Les Malins Bouton acheter
Année de publication: 2017
ISBN: 9782896575961
Public cible: À partir de 9 ans

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André a la peau noire

andré peau noireC’était une journée récompense à l’école de Félix. Félix et son ami André sont heureux que leur classe ait récolté assez de points au cours des derniers mois pour mériter cette activité spéciale. Les élèves ont choisi de faire de la balle molle. Alors que les enfants forment les équipes, Félix propose à sa capitaine Léa de choisir André, qui est très fort en ce sport. Mais Léa refuse catégoriquement: « Beurk! Pas question que je choisisse André. Il est noir. Je ne veux pas de Noir dans mon équipe. » Comment Félix et ses camarades de classe réagiront-il au racisme de Léa?

Il y a quelques mois, j’ai fait une revue d’un autre titre de la collection Escalire sur ce blog. André a la peau noire s’adresse à un lectorat avancé (3ème ou 4ème année du primaire). Ce petit roman de 24 pages et de 1147 mots présente occasionnellement des phrases s’étalant sur plus d’une page, un vocabulaire plus difficile et des variations dans les modes et les temps de conjugaison dans une même phrase. De plus, la relation texte-image est plus complexe; il y a notamment la présence d’éléments graphiques comportant du texte complémentaire au texte principal.

J’ai eu un malaise tout au long de la lecture de ce livre et ce, pour deux raisons principales. D’une part, parce qu’il simplifie à l’extrême ce qu’est le racisme. D’autre part, parce qu’il parle de racisme sans vraiment mettre de l’avant la personne racisée qui la subit.

D’abord, on nous présente le racisme comme étant le fait de rejeter explicitement quelqu’un à cause de sa couleur de peau. C’est parce que André est Noir que Léa ne veut pas jouer avec lui. Or, aujourd’hui, le racisme ne se présente pas ainsi. Aujourd’hui, le racisme est beaucoup plus subtil et complexe: micro-agressions, marginalisation, absence de privilège, inégalité des chances, racisme systémique, etc. Le racisme d’aujourd’hui est ordinaire, il est insidieux, présent dans la vie de tous les jours. Il est aussi souvent perpétré par des gens bien-intentionnés. Rien à voir avec « Tu es Noir, donc je ne joue pas avec toi. » Des enfants de 3ème et 4ème année du primaire sont capables d’aborder ces sujets. Pourtant, ce livre perpétue cette idée fausse que le racisme se limite aux insultes criées à tue-tête et aux groupes suprémacistes. Que les gens racistes sont mauvais et que les gens non-racistes sont bons, alors qu’il est clair que même les gens bons, ouverts d’esprit, progressifs, éduqués et bien intentionnés peuvent exhiber (intentionnellement ou non) des comportements racistes. Ce discours montre aux enfants que le racisme est un problème que seules les mauvaises personnes ont, plutôt qu’un système qui nous implique tous. Je le répète, les enfants de 8-9 ans, lectorat cible de ce livre, sont assez matures pour aborder ces sujets. En page 1, il y a Léa qui lit un livre en classe dont le titre est « Mon combat » (Référence au livre d’Adolf Hitler). Malaise. Comme s’il était nécessaire d’en rajouter une couche.

Ensuite, à la lecture du livre, j’étais à la fois heureuse que Félix défende son ami et déçue qu’André ne s’affirme pas davantage. Nous avons tous des réactions différentes face au racisme: colère, rejet, honte, tristesse… Certains bouillonnent et éclatent alors que d’autres se replient sur eux-mêmes. C’est compréhensible, mais compte tenu qu’il s’agit d’une histoire inventée, il aurait été bien qu’on ne nous serve pas encore la recette du sauveur Blanc qui part à la rescousse de personnes racisées sans défense, comme ça se fait souvent en littérature et au cinéma. En fait, on nous raconte l’histoire de Félix-et-comment-il-a-condamné-publiquement-le-racisme-de-sa-camarade-de-classe, et non l’histoire d’André-dont-la-journée-a-été gâchée-par-le-comportement-de-sa-camarade. J’ai besoin davantage de d’histoires racontées du point de vue de personnes Noires. Que nos voix soient entendues. Que notre vision des choses soit reconnue. En littérature jeunesse et ailleurs. Pour moi, pour les enfants de mon entourage, pour les enfants Noirs et pour les enfants qui ne sont pas d’origine afro-caribéenne. Pour tous!

Finalement, André a la peau noire aborde une problématique sociale et culturelle délicate, mais n’offre qu’un début de pistes de réflexion au lecteur. En troisième de couverture, 6 questions à répondre par oui ou par non sont posées au lecteur, notamment « T’est-il déjà arrivé de te sentir rejeté? », « As-tu des amis qui ne sont pas de la même nationalité que toi? » et « Aurais-tu défendu André, si tu avais été présent ce jour-là? » Je suggère donc une lecture accompagnée par un adulte.

Auteur(s): Simon Tobin, Dannie Pomerleau
Illustrateur(s) : Oana Vaida, Oana Cocheci & Anna Benczedi
Maison d’édition: Les Éditions Passe-Temps Bouton acheter petit
Année de publication: 2014
ISBN: 9782896307234
Public cible: 8 à 10 ans

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À la ferme… Le mouton un peu différent

mouton différentÀ la ferme, Réglisse, un nouveau mouton vient d’arriver. Comme il est de couleur noire, les autres moutons se méfient de lui et le laissent à l’écart. Le Mouton un peu différent est une histoire sur le thème de la différence avec des jeux et des conseils pour dessiner le héros en fin de livre.

Bon. D’accord, j’ai triché. Les personnages de ce livre ne sont pas humains et ne sont donc pas d’origine caribéenne ou africaine. M’enfin… Techniquement. Sauf que la symbolique de la race humaine est bien là, même s’il s’agit de moutons. Réglisse est en effet appelé « noir » même si dans les faits, il est de couleur brune. On fait donc clairement référence à la race telle qu’elle est construite par la société et non pas simplement à une teinte de couleur.

La situation dans laquelle se retrouve Réglisse est familière à bien des enfants noirs vivant en occident. Arriver dans un environnement où l’on est la seule personne noire, c’est le quotidien pour plusieurs. Le rejet du troupeau de moutons blancs est assez brutal. Réglisse va même jusqu’à se rouler dans l’herbe ou encore plonger dans l’eau en espérant faire disparaître sa couleur noire. Heureusement, une brebis apprend à connaître Réglisse et grâce à elle, ce dernier fini par se faire accepter du groupe. Toutefois, je dois admettre qu’une scène en particulier m’a mise mal à l’aise. Alors que la brebis amène Réglisse pour le présenter au troupeau, les moutons blancs s’approchent du mouton noir et se mettent à l’examiner comme une bête de foire… Et un mouton de s’exclamer: « Venez toucher sa laine! »

touch hair

Euh.

Non.

Ça me semble évident de ne pas toucher les gens sans permission. Pour les personnes de descendance africaine ou caribéenne en particulier, combien de fois les gens se permettent-ils de toucher vos cheveux ou votre peau sous un prétexte douteux? Imposer sa fascination pour le corps des autres en envahissant leur espace personnel n’est jamais une bonne idée. Aux parents qui liront ce livre à leur enfant, je vous implore d’également sensibiliser votre progéniture sur les microagressions (petit truc: ne touchez pas les gens sans permission! C’est super impoli!!)

Autre truc qui m’a déplu: l’usage du mot « différent ». Différent de quoi? De qui? En tant que lectrice noire, le choix de ce mot ne cadre pas avec ma réalité. Au contraire, le mouton noir me ressemble tout à fait! Il s’agit donc d’un livre qui ne m’est pas addressé et c’est pourquoi je ne l’ai pas lu aux enfants de mon entourage.

Cela dit, ce livre peut constituer un point d’entrée vers une discussions sur la tolérance, un sujet crucial qu’il n’est jamais trop tôt d’aborder avec les enfants.

mouton différent2

Auteur(s) / illustrateur(s) : Christophe Boncens
Maison d’édition: Beluga
Année de publication: 2001
ISBN: 9782371330214
Public cible: 4 à 7 ans.
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Le sculpteur de nuages

sculpteur_nuages_couvPerché sur son arbre, Bakouli observait les nuages. Il y avait des nuages-crocodile, des nuages-crapaud et plein d’autres nuages rigolos ou terrifiants. Mais, un matin, le ciel se couvrit de nuages rien-du-tout, triste et monotones, et une étrange machine atterrit au beau milieu du village de Bakouli…

Dans un village africain, voilà qu’un homme blanc barbu débarque (il tombe littéralement du ciel), amène avec lui dans sa machine volante un garçon pour lui transmettre son savoir. Ce schéma narratif, appelé White savior narrative (récit du sauveur blanc) fait d’un personnage blanc, souvent dépeint comme messianique, le sauveur de personnes racisées. Dans Le sculpteur de nuages, l’homme barbu sort de l’ignorance un petit garçon sur la manière de piloter, sur le secret des nuages et lui permet par la même occasion de s’émancier et de faire son passage à l’âge adulte. Bof. Jolies illustrations, mais sans plus. Imaginez la même histoire, mais avec certains personnages modifiés, certains rôles inversés: un homme noir débarque dans un quartier blanc de banlieue, amène avec lui un garçon blanc pour lui montrer comment piloter un engin. Ou encore: une femme débarque et amène une fillette dans une aventure mettant en scène deux pilotes féminines. Il y en a très peu, des histoires qui déconstruisent les stéréotypes de la sorte.

sculpteur de nuages

Auteur(s) / illustrateur(s) : Éphémère
Maison d’édition: Éditions Milan
Année de publication: 1999
ISBN: 9782210979284
Public cible: À partir de 4 ans
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Boubou dans la neige

boubou neigeQuelles drôles d’idées il a parfois, ce Boubou ! Tricoter des bonnets ? Mais c’est quand il fait froid ! Et dans la jungle… Pourtant, il y a une raison: Boubou convainc ses amis les animaux de partir très haut dans la montagne, pour voir la neige ! Arrivé au sommet, Boubou est ravi : la voilà enfin, la neige tant espérée ! Mais sa joie est si grande et si bruyante… qu’il provoque une avalanche ! Le voilà précipité dans la pente, et transformé en Boubou de neige, tout comme ses amis les animaux ! Heureusement, tout finira dans une grande bataille de boules de neige, pleine de cris et de rires, vite avant que la neige ne fonde. Ce Boubou, quel tempérament !

Il y a de la neige en Afrique occidentale, parfois, au sommet du mont Cameroun. C’est tout expliqué dans un petit encart en fin de livre que j’ai trouvé plutôt sympa. Et quel plaisir pour l’imagination que de voir toute cette neige descendre jusque dans la jungle. Cela dit, Boubou dans la neige offre une représentation d’un personnage noir semblable à beaucoup d’autres dans le monde de l’édition européenne. Un africain, peu habillé, se promène dans la jungle avec des animaux sauvages humanisés et son comportement maladroit face à des évènements propres à la vie occidentale est au coeur d’une histoire qui se veut drôle. Je l’ai déjà dit plusieurs fois, mais ce genre de représentation m’agace profondément. C’était la même chose pour Zékéyé fête Noël. Et entre-temps, je n’ai encore jamais lu d’histoires sur les canadiens où un personnage Blanc se promènerait sous un manteau de peau de phoque vivant dans un igloo et ignorant complètement le monde extérieur, mais on se permet encore de vieux stéréotypes du même acabit pour les Africains. Un peu de variété, s’il-vous-plait.

Auteur(s) / illustrateur(s) : Cyril HahnBouton acheter petit
Maison d’édition: Casterman
Année de publication: 2012
ISBN: 9782203048249
Public cible: 3 à 5 ans

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