Résumé : Un moment de tendresse entre une mère et sa fille, le soir avant de s’endormir autour d’une berceuse qui se transmet de génération en génération.
Appréciation : Cela fait quelques années déjà que ce suis l’illustratrice Nicholle Kobi sur les réseaux sociaux. J’étais donc très heureuse de lire ce livre jeunesse qu’elle a si brillamment illustré. Le texte est simple et raconte l’important qu’une berceuse a eu dans une famille depuis des génération. Un petit livre agréable à lire avant l’heure du dodo.
À propos de l’illustratrice : Nicholle Kobi est une artiste afro-française basée à New York depuis 2018. L’art de Nicholle Kobi s’adresse surtout aux femmes noires, indépendantes, modernes et qui n’ont pas peur de casser les codes. Notamment pour les femmes afro dans les sociétés majoritairement européennes.
Tani, la vieille éléphante d’Afrique, conduit le groupe pour trouver de l’eau, indispensable à la survie. Il n’a pas plu depuis longtemps. Avec sa grande expérience et sa sagesse, la matriarche mène la recherche, guide, maintient la cohésion durant le périple. Une découverte de la vie communautaire des éléphants et de leurs qualités.
C’est avec plaisir que j’ai retrouvé l’auteur marie-galantais Alex Godard après avoir lu un autre de ses albums jeunesse il y a quelques mois. J’ai été charmée par la qualité de L’éléphante qui cherchait la pluie qui étonnament m’a émue. À la lecture de cet album, on apprend beaucoup de choses sur les éléphants par le biais de cette petite famille de pachydermes à laquelle on s’attache. Le texte est précis et limpide, et assez consistant pour une lecture du soir sur plusieurs jours avec les 5-6 ans, ou encore pour une lecture autonome auprès des 7-11 ans. En suivant ce troupeau d’éléphant, on comprend mieux se qui rythme leur vie, les embûches et les joies, les dangers et les luttes pour la survie. Lorsque le troupeau « dévastent » les pâturages d’un clan Massaï, c’est le point de vue des éléphant qui nous est donné, et non celui des humains. Cela a pour effet de remettre en perspective la relation que nous entretenons avec la nature et les animaux sauvages.
Ce livre est aussi une invitation à réfléchir sur la valeur de la vie et la chaîne alimentaire : les vaches des Massaï mourront peut-être de faim puisque la harde d’éléphants, déjà très affamée, a engloutie l’herbe qui leur était destinée. Les Massaï n’auront pas de lait de leur vaches pour se nourrir… Bref, l’histoire nous amène au coeur de la savane africaine pour un voyage qu’il sera difficile d’oublier. Le livre se termine par un dossier pour mieux connaître l’éléphant d’Afrique dans lequel on parle de la société matriarcale des hardes d’éléphants, de l’utilité de la trompe et des défenses de cet animal majestueux, de son intelligence et de son rapport à la mort. Un livre magnifique aux illustrations superbes. Prenez le temps de lire dès que vous le pouvez!
Alex Godard est un auteur et illustrateur marie-galantais.
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L’éléphante qui cherchait la pluie AUTEUR(S) : Michel Piquemal & Alex Godard ÉDITION: Albin Michel Jeunesse, 2019 ISBN: 9782226443434 PRIX: 21,95$ 5 à 11 ans
Jack Ellison King rencontre Kate au cours d’une soirée et tombe sous son charme. Il espère vivre une grande histoire d’amour avec elle mais la jeune femme décède. Cependant, il est ramené au tout premier soir de leur rencontre, quatre mois plus tôt. Il peut tenter sa chance à nouveau. Premier roman.
J’avais beaucoup d’attentes face à ce roman. J’en avais énormément entendu parler et la prémisse m’intriguait au plus haut point. Recommandé par les grands noms des dernières années en littérature jeune adulte, dont Angie Thomas qui nous a offert La Haine qu’on donne, et Becky Albertalli qui a écrit l’excellent Moi, Simon, homo sapiens (que j’ai adoré!!).Une histoire d’amour avec des voyages dans le temps? C’était bien tout pour me plaire! Dès le départ, on nous dit que Jack Ellison King est le roi du presque, qu’il n’arrive jamais à aller à bout de ses projets, de ses idées, de ses envies. J’avais espéré un arc de rédemption et un développement de personnages un peu plus cohérent. Je ne dirais pas que j’ai été déçue (À la vie, à l’amour est somme toute un bon roman), mais je suis restée sur ma faim. C’est drôle à dire, car avec près de 500 pages, on pourrait croire que ce roman de Justin A. Reynolds serait plus consistant. J’ai parfois trouvé que les personnages avaient des réactions peu appropriées à leur âge et on sent bien l’auteur derrière certains propos. Cela dit, il y a de nombreux passages forts et tristes, ainsi que des passages plein de souffle et d’espoir. C’est vraiment le genre de roman que je lis en me retenant de crier après les personnages « MAIS POURQUOI T’AS FAIT ÇA??? » ou « OMG, es-tu sérieux? VA LUI PARLER!! » 😂
Bref, Justin A Reynolds offre avec ce premier roman un récit engagé, réfléchi, mais peut-être pas assez abouti. Il vaut tout de même la peine d’être lu! Je lirai avec plaisir les prochains écrits de l’auteur (j’ai d’ailleurs déjà repéré la BD de Miles Morales, alias Spiderman, qu’a écrit l’auteur que j’ai de suite ajouté à ma Pile à Lire). J’ai admiré sa soif d’écrire et la manière originale dont il a parlé de l’amour adolescent. Et vous, qu’avez-vous pensé de ce roman?
Justin A. Reynolds est un auteur noir américain.
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À la vie, à l’amour AUTEUR : Justin A. Reynolds ÉDITION: Pocket Jeunesse, 2021 ISBN: 9782266284844 PRIX: 34,95$ 13 ANS et plus
Gigi, Bette et June sont danseuses dans la prestigieuse école du Ballet de New York où elles ont du mal à résister à la pression. Gigi, seule Noire de sa classe, est choisie pour le premier rôle, ce qui la met face à la jalousie de ses camarades. Bette doit être la meilleure pour ne pas décevoir sa mère et June se bat pour ne plus être l’éternelle doublure. Roman à l’origine de la série télévisée.
Après avoir lu Les Belles, je voulais absolument donner une nouvelle chance à l’autrice afro-américaine Dhonielle Clayton. Je crois qu’à la base, cette autrice, même si j’aime sa plume, raconte des histoires qui se déroulent dans dans des milieux qui ne m’intéressent pas vraiment. Les concours de beauté ou les écoles de ballet, ce n’est pas ce qui captent le plus mon attention. Cela dit, j’admet sans difficulté que Dhonielle Clayton parvient toujours à amener une dimension sociale qui va au-delà de la superficialité dans ses histoires. Dans Les Belles, c’était un sous-texte politique qui critique le monde capitaliste et dans Tiny Pretty Things, ce sont les enjeux de représentation par des artistes d’une couleur de peau différente du personnage d’un œuvre.
Gigi, danseuse noire, a étudié la danse dans un quartier majoritairement afro-américain dans lequel on ne se souciait pas de la couleur de peau des ballerines; toutes pouvaient jouer des héroïnes pouvant avoir n’importe quelles caractéristiques physiques. Il n’était jamais question de savoir ce qui « rendrait mieux » sur scène. Il n’était jamais question de morphologie (p.24). Lorsqu’elle intègre la nouvelle école dans un quartier beaucoup plus blanc, elle frappe un mur: On la ramènera toujours à sa couleur de peau, on lui refusera des rôles pour cela. Mais quand elle obtiendra le rôle de danseuse étoile pour un spectacle, elle attisera la jalousie des autres élèves.
Le roman est portée par quatre voix et chaque chapitre nous fait lire le récit d’une nouvelle narratrice à tour de rôle. Gigi est décrite comme ayant des « cheveux crépus », une « peau d’un brun clair », des « adorables taches de rousseur » et une attitude nonchalante qui trahit ses origines californiennes. (p.71). Elle s’inquiète parfois que ses cheveux soient poisseux à cause des produits capillaires qu’elle utilise (p.122) ou qu’ils soient rêches au toucher contrairement à ceux de ses camarades blanches. Gigi n’est pas la seule danseuse racisée et June, métissée blanche et asiatique, aura aussi un peu de mal à s’intégrer au groupe des coréennes. À ce sujet, elle mentionnera « Ça n’est pas tellement plus facile d’être la seule danseuse à moitié asiatique. Je ne trouve jamais ma place nulle part. C’est dur. Et Monsieur L. est tellement prévisible… Il attribue toujours les danses folkloriques aux danseurs issus des minorités. La bande de Coréennes interprétera sans le moindre doute la danse chinoise. Mes traits asiatiques ne sont pas suffisamment marqués pour que je me joigne à elles. » (p. 32)
Si vous avez aimé la série Gossip Girl, Quatre filles et un jean, ou, plus récemment, La Sélection de Kiera Cass, vous allez adorer Tiny Pretty Things. Parfait pour le lectorat adolescent! À noter que le roman a été adapté à la télévision par Netflix!
Dhonielle Clayton est une autrice noire américaine.
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Tiny Pretty Things AUTEUR(S) : Sona Charaipotra & Dhonielle Clayton ÉDITION: Hachette, 2020 ISBN: 9782016285251 PRIX: 29.95$ 13 ANS ET PLUS
Ce livre vous a plu? Vous aimerez peut-être Les Belles (pour la rivalité entre les personnages), Les pointes noires (pour la place des danseuses noires dans la danse classique) ou L’enceinte 9 (pour le personnage principal fort).
Sulwe a la peau noire comme le ciel de minuit. Elle est plus foncée que tous les autres membres de sa famille. Elle est aussi plus foncée que tout le monde à son école. Tout ce que Sulwe souhaite, c’est être belle et avoir le teint aussi clair que celui de ses parents. Mais un soir, une aventure magique dans le ciel lui ouvrira les yeux et changera tout…
Qu’il est rare de trouver des livres jeunesse abordant de front la thématique de la couleur de peau noire. Sulwe parle sans détour du mal-être que peut surgir chez les enfants noirs face à leur couleur de peau, en plus de rendre visible le concept de colorisme. Le colorisme, c’est une discrimination basée sur le teint de la peau qui sous-entend que les peaux claires et brunes sont plus jolies et plus désirables que les peaux foncées et marrons. Le colorisme existe dans les communautés racisées, et pas seulement noires!
Les enfants noirs retrouveront dans ce magnifique album un miroir d’eux-mêmes. Les enfants blancs y trouveront une sensibilité à développer envers les différences. Je le dis souvent et je le redis: les livres avec des personnages noirs ne sont pas que pour les enfants noirs! Développer son empathie, c’est important et cela doit faire partie du développement global de l’enfant. Un enfant qui n’a pas la peau noire (ou même: un enfant qui a la peau noire, mais pas foncée) peut lire ce livre et être capable de se mettre à la place de la petite Sulwe.
En milieu scolaire, vous pouvez prendre le temps de discuter de l’intimidation et des moqueries avec vos élèves en lisant ce livre:
Comment penses-tu que Sulwe s’est senti en se faisant traité de charbon?
Qu’aurais-tu fait si tu avais été témoin d’une telle scène d’intimidation?
Pourquoi penses-tu que Sulwe voudrait avoir une peau plus pâle?
Sulwe signifie étoile. Et toi, que signifie ton prénom?
Trouve trois choses que tu as en commun avec Sulwe.
Pourquoi avons-nous autant besoin de la lumière et de la noirceur?
Nomme deux choses que tu aimes faire la nuit et deux choses que tu aimes faire le jour.
Trouve la définition du mot racisme dans le dictionnaire.
Et toi? As-tu le même teint ou la même couleur de cheveux que tes parents, que tes frères et sœurs?
Le récit est assez triste: cela fait mal de voir une si jolie petite fille se dévaloriser autant. Herueusement, à la fin de l’histoire, Sulwe découvre que la beauté est aussi à l’intérieur, et qu’il ne faut pas attendre que les autres nous trouvent jolie pour savoir qu’on l’est. Elle apprendra qu’elle est belle car elle choisi de l’être, et que sa beauté est quelque chose de précieux à chérir. Les illustrations de Vashti Harrison sont magnifiques. Bref, Sulwe est un très très bon livre que j’ai beaucoup aimé! Fortement recommandé!
Coup de cœur!
Lupita Nyong’o est une autrice kényane.
Vashti Harrison est une illustratrice américaine.
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Sulwe AUTEUR(S): Lupita Nyong’o & Vashti Harrison ÉDITION: Scholastic, 2020 ISBN: 9781443181884 PRIX: 14,99$ 5 ans et plus
Ce livre vous a plu? Vous aimerez peut-être Gros Chagrin ou Pain doré, deux albums qui abordent la thématique de la couleur de la peau. Essayez aussi Lili Rose veut être gentille, un livre jeunesse avec pour personnage principal, une petite fille noire.
Cécette, sur son île, attend. Elle attend sa mère partie en métropole. Soudain, l’horizon semble bouger en un point minuscule. Cécette se lève. Son coeur bat très fort. Le point se rapproche…
Quel beau texte! Dès les premières lignes, on comprend qu’on s’apprête à lire une histoire unique. Il faut aussi le lire à voix haute, car il y a beaucoup de musicalité et de rythme au style d’Alex Godard. Le livre fait voyager dans les îles, en Haïti, et on sent presque le soleil brûlant sur sa peau en lisant l’histoire de Cécette. Je recommande ce livre pour une exploitation en classe, plusieurs possibilités s’offrent aux enseignants de français ou d’univers social.
Pour ceux et celles qui sont familiers avec Mami-wata, cette divinité aquatique d’origine africaine, c’est bien d’elle dont il s’agit dans ce récit. Ces croyances ont été répandues dans la diaspora africaine et les caraïbes. Dans plusieurs pays francophones, on l’appelle Maman-dlo ou Manman-dlo la « mère de l’eau ».
Les illustrations très réalistes sont magnifiques. Ce livre, malheureusement épuisé, peut être commandé dans certaines libraires, dépendamment de la disponibilité chez le fournisseur. Autrement, direction bibliothèque publique! Espérons qu’il sera rééditer prochainement. Ne passez pas à côté de ce livre!
Alex Godard est un auteur et illustrateur marie-galantais.
Maman-dLo AUTEUR(S): Alex Godard ÉDITION: Albin Michel, 2014 ISBN: 9782226255402 PRIX: 8,95$ 8 ans et plus
Commencer la maternelle est une étape importante, et le héros de cette histoire est plus que prêt! Il s’habille tout seul, mange une pile de crêpes et pénètre enfin dans le royaume des enfants. La journée est chargée, mais il relève le défi et vit de nouvelles expériences avec un enthousiasme contagieux! Il a bien hâte de raconter ses exploits à ses parents qui seront fiers de lui, sans aucun doute.
J’ai adoré lire l’histoire de ces premiers instants à maternelle. C’est une étape importante! Les mots sont simples, le récit est rassurant et les illustrations donnent à voir une famille noire ordinaire. Points bonis pour avoir inclus le papa, trop souvent absent des livres jeunesse.
Le texte au présent et le ton doux qui s’adresse directement au lecteur apaise et réconforte. L’enfant acquerra sans même s’en rendre compte des outils sociaux qui lui seront utiles dans son intégration à l’école: être positif, faire de son mieux, dire bonjour et sourire aux amis, être brave, être poli, inviter les amis à jouer, partager, être attentif aux autres. Franchement, ce livre est magique!
Les parents des élèves venus chercher leur enfants après l’école sont diversifiés: tatoués, asiatiques ou blancs, grands ou petits, jeunes ou âgés. L’un des papas est un homme noir cravaté à lunettes qui dégage beaucoup d’assurance. Il y a des mamans, oui, mais aussi des papas qui accompagnent leur enfant à l’école! Les élèves de maternelle sont également de diverses origines. L’enseignante est une femme noire très sympathique.
La vivifiante histoire de l’auteur Derrick Barnes, gagnant de la médaille Newberry, va donner aux nouveaux élèves de maternelle un élan d’assurance et de réconfort. Les illustrations de Vanessa Brantley-Newton, quant à elles, transmettent la joie et l’allégresse qui accompagnent les nouveaux départs.
Coup de cœur!
Derrick D. Barnes est un auteur américain.
Vanessa Brantley-Newton est une autrice américaine.
Roi de la maternelle AUTEUR(S): Derrick D. Barnes & Vanessa Brantley Newton ÉDITION: Scholastic, 2020 ISBN: 9781443185066 PRIX: 11,99$ 3 à 5 ans
Quand on a les cheveux frisés, ça fait des nœuds, ça tire, ça fait mal ! Et puis, les princesses de contes de fées ont toujours les cheveux longs et raides…mais tristes ! Les frisettes, c’est vraiment chouette ! Une galerie de portraits plus vivants et attachants les uns que les autres. Un coup de pinceau très personnel mariant couleurs vives et pastel. Des dessins tout en rondeur et douceur, du mouvement suggéré par un trait de crayon sobre mais efficace. Le texte se lit comme une petite chanson accompagnant des illustrations qui ondulent et pétillent au rythme des pages et des cheveux des fillettes dans un univers de joie de vivre et de fête.
Cette critique aurait pu se résumer à : bell hooks. Voilà, tout est dit. Mais bon, je vais développer un peu, quand même. 😉 bell hooks est une auteure américaine que j’admire beaucoup. Elle a bien entendu écrit « Ne suis-je pas femme? », un livre (pour adultes) reconnu par la presse professionnelle américaine comme l’un des vingt titres les plus marquants de ces vingt dernières années. Quand j’ai su qu’elle avait écrit un album pour enfants, j’ai su qu’il aurait quelque chose de magique. Et cela a été le cas! Cet album est une véritable célébration des mots, de la poésie et des cheveux crépus.
Les petites filles qu’a illustrées Chris Raschka sont mignonnes comme tout. Elles aiment s’amuser et, par-dessus tout, elles ont des bouclettes et des idées de fêtes plein la tête. Leurs cheveux, elles en ont fait un jeu et les transforment à volonté. Tresses, twists, locks, noeuds bantou, ti-kouri (tresses plaquées), cheveux courts, cheveux longs… Cet album illustre à merveille les mille et une façons de mettre en valeur ses cheveux crépus. Il ne reste que quelques exemplaires du livre en version française encore en vente sur le marché: profitez-en pendant qu’il est encore temps en cliquant sur le bouton ACHETER ci-dessous. Vous pouvez aussi emprunter ce livre dans votre bibliothèque municipale.
Coup de coeur !
bell hooks est une auteure américaine.
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Frisettes en fête AUTEUR(S) : bell hooks & Chris Raschka ÉDITION: Points de suspension, 2001 ISBN: 9782912138217 PRIX: 8,95$
À PARTIR DE 4 ANS
Marvin et Tyler Johnson sont des jumeaux noirs américains de 17 ans. Tyler se rend à une fête organisée par un gang et Marvin l’accompagne pour veiller sur lui. Une descente de police soudaine durant la fête sépare les deux frères. Au matin, Marvin apprend la mort de Tyler mais une vidéo sur Internet montre qu’il a été abattu par la police alors qu’il rentrait chez lui. Premier roman.
Avant même de donner mon appréciation de ce roman, il faut absolument que je dise que son titre m’a beaucoup agacé. Le roman original a été publié sous le titre « Tyler Johnson was here » : il me semble qu’il s’agit d’un titre beaucoup plus approprié qu’on aurait pu simplement traduire par « Tyler Johnson était ici ». Pourquoi donc se casser la tête ? J’imagine que l’éditeur voulait faire un clin d’oeil au mouvement Black Lives Matter dont il est question dans le roman. Le résultat se révèle assez maladroit puisque « My life matters » (et ses variations telles que « All Lives Matter » ou « White Lives Matter ») est une phrase souvent répétée et un hashtag utilisé par des personnes blanches pour décrédibiliser le mouvement ou pour souligner qu’ils ne « voient pas la couleur », une manière insidieuse de nier les inégalités raciales. Après tout, on ne peut pas régler un problème (i.e. le racisme) si on décide de ne pas reconnaître son existence. De plus, une personne noire utiliserait simplement « Black Lives Matter », même pour parler de sa propre existence, et non « My Life Matters » puisqu’elle se sent naturellement comme faisant partie d’un mouvement plus large qui touche des personnes partageant le même héritage qu’elle. D’ailleurs, le titre français m’a agacé au point qu’il est la raison première pour laquelle ce roman a attiré mon attention sur l’étagère de ma bibliothèque municipale. Niveau marketing, l’éditeur a plutôt bien fait ! 🤷🏿
Version originale américaine du roman de Jay Coles.
Voilà, c’est dit. Il fallait que ça sorte. Bon, après, j’ai bien aimé ce roman ! Qui de mieux pour raconter l’histoire d’un jeune américain noir qu’un jeune américain noir ? En effet, l’auteur Jay Coles a écrit ce roman avant d’atteindre l’âge de 25 ans. Les personnages parlent et se racontent d’une manière toute naturelle. #OwnVoices. Je me suis beaucoup attachée à Marvin et à son histoire. Son désir de réussite, de vivre une vie normale et sa capacité à faire face aux difficultés m’ont beaucoup touchée. J’ai ressenti toute sa frustration face au racisme ordinaire, aux micro-agressions et aux inégalités raciales. Je n’ai pas lu énormément de romans pour ados ayant un personnage principal baptiste, noir et geek. De plus, les meilleurs amis de Marvin sont une métisse ouvertement lesbienne et un latino originaire de la Colombie, ce qui n’est pas sans ajouter un mirroir intéressant pour les personnes racisées et issues de la diversité sexuelle qui elles aussi peinent à trouver des livres qui leur offrent une représentation positive d’elles-mêmes. Bravo !
Au ton de sa voix, je sais déjà de quoi il s’agit. Pas de roses et des choux-fleurs, non. Ce soir, on aura droit au sermon, LE sermon. Celui qu’on a déjà entendu si souvent mais jamais assez. Le sermon que toutes les mères et les pères noirs dispensent à leur progéniture au moins une fois par mois. Le sermon « tu-vis-dans-un-monde-de-Blancs-alors-sois-prudent ». Mama le veut encore plus après ce qui s’est passé hier soir. (p.29)
Dans le roman, on retrouve plusieurs allusions à la culture noire américaine comme le rappeur Tupac, l’autrice Toni Morrison et l’auteur Langston Hughes. J’aurais aimé une traduction canadienne car la traductrice de chez Hachette a opté pour un langage familier que j’imagine parisien, qui parfois clashait avec le contexte américain lorsqu’il était trop appuyé. Un « mec » ou « barge », ça passe, mais les « relou » et « ouf » m’ont fait décrocher à quelques reprises. L’histoire se lit sans difficultés, et m’a fait vivre toute une gamme d’émotions : la colère face à l’assassinat par des policiers de gamins noirs pour avoir « joué de la musique trop fort et perturbé la tranquilité » (p.91), l’exaspération face à l’absence du père condamné pour un crime qu’il n’a pas commis, la tristesse à la suite de la disparition de Tyler, la douleur d’une mère monoparentale ayant perdu un de ses fils, l’espoir lorsque Marvin sera enfin accepté à l’université de son choix. Même si l’histoire n’est pas très originale (il existe plusieurs romans sur la brutalité policière envers les afro-américains sur le marché qui suivent la même trame narrative), et que j’avais une vague impression de déjà-lu en lisant ce roman, j’ai tout de même bien apprécié ma lecture!
Y a aussi tellement de #AllLivesMatter débiles que ça me fout la tremblote. Tous ces gens qui ignorent que les Noirs n’ont jamais été inclus dans le All. All-American veut dire Blanc. All-inclusive veut dire Blanc. All lives veut dire vies de Blancs. Du pipeau tout ça. Les Blancs ne se soucient que d’eux-mêmes, ça me rend dingue qu’ils camouflent leur haine derrière ces posts. (…) Le venin anonyme des réseaux sociaux. (p.147).
Jay Coles est un auteur américain.
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My life matters
Auteur(s) : Jay Coles Édition: Hachette, 2018 ISBN: 9782016270158 Prix: 22,95$
À partir de 13 ans
Ce livre vous a plus ?
Vous aimerez peut-être La Haine Qu’on Donne, un roman sur la brutalité policière et le mouvement Black Life Matters. Frères, un roman pour ados dont les deux personnages principaux sont des jumeaux passionnés de basketball, pourrait aussi vous plaire.
Dans un pays où il neigeait toujours à Noël, où les parents achetaient avec bonheur des cadeaux pour leurs enfants, un homme et une femme souhaitaient avoir un enfant à eux, même un peu raté. Rien n’aurait pu les réjouir autant. Ils avaient rempli de jouets une chambre d’enfant mais elle restait désespérément vide. Alors, par une nuit de Noël, ils firent à nouveau ce souhait le plus cher à leurs coeurs, et Camélia, une petite fille au visage noir, apparut. n livre pour les enfants qui aiment déjà lire tout seuls.
Dans ce roman, le désir d’avoir un enfant est porté autant par l’homme que par la femme. L’auteur nous fait réfléchir sur l’importance de ce désir, et sur l’amour familial. Parfois, il ne suffit pas de couvrir une personne de cadeaux, il faut aussi l’aimer pour ce qu’elle est et la soutenir. L’auteure questionne également la notion de privilège: les parents ont tout ce qu’une personne pourrait espérer, c’est-à-dire une belle et grande maison, de bons boulots, etc., mais pas d’enfant alors que c’est ce qu’ils désirent le plus au monde.
Le champ lexical est riche et les phrases sont recherchées. Les jolies illustrations en noir et blanc font usage de larges traits francs. J’ai aimé le clin d’oeil à l’univers de Babar alors qu’on aperçoit l’éléphant dans un tableau accroché au mur de la chambre de cet enfant tant espérée. Cette dernière est décrit comme étant gracieuse et gentille.
« C’était une petite fille aux cheveux noirs, aux yeux noirs, à la peau noire aussi. Elle avait un visage très sympathique. Dans sa robe très blanche, avec sa peau très noire, elle était même un peu éblouissante. » (p.24-25)
Les parents ont tout prévu pour cet enfant qui ne venait pas : un tas de choses matérielles, mais ce dont un enfant à besoin, ce n’est pas de jouets, de robes, de cadeaux, mais d’amour. Les parents étaient plus préoccupés à acheter tout ce que Camilla voulait et a lui faire promettre qu’elle ne les oubliera jamais. Une belle leçon de vie.
Marie Ndiaye est une auteure française.
Auteur(s) / illustrateur(s) : Marie Ndiaye & Alice Charbin Maison d’édition: École des loisirs Année de publication: 2005 ISBN: 9782211079624 Public cible: 8 ans et plus Vous aimerez peut-être: Vingt petits pas vers Maria, un petit roman pour les bons lecteurs écrit par une auteure afrodescendante.