Mes plus belles comptines d’Afrique

Un livre sonore pour faire découvrir cinq comptines africaines d’origines diverses : Olélé ! et Mama eh du Congo, Mami Wata du Burkina Faso, So diyara de la Côte d’Ivoire et Tutu Gbovi du Togo.

Ceci est le deuxième livre de la collection Livres sonores chez Gallimard Jeunesse que je critique pour Mistikrak!. Le premier ayant été une déception totale, je n’avais pas vraiment d’attentes face à ce second opus puisque le livre a été publié sous la direction de la même personne chez l’éditeur, et que les illustrations sont réalisées par la même artiste. Sans surprise, je n’ai pas aimé ce livre, même s’il est légèrement moins problématique que l’autre.

Débutons par les points positifs: Un livre-objet de qualité aux pages cartonnées. Des extraits musicaux généreux et variés. Des pastilles de sons facilement repérables pour les bébés-lecteurs. Je connaissais la majorité des comptines présentées, mais j’ai quand même apprécié en découvrir d’autres que je n’avais encore jamais entendues. Aussi, j’ai aimé que chacune des chansons soient brièvement présentées, en mentionnant le pays d’origine et la langue utilisée, ainsi que la traduction vers le français. On a donc deux comptines congolaises en lingala, une comptine burkinabè en bamanan, une comptine ivoirienne en bambara et une comptine togolaise en mina.

Ce que je n’ai pas aimé dans le livre, c’est la représentation qu’on en fait de l’Afrique. Sur les illustrations, on y voit que des scènes rurales: une mare navigable, une famille chantant sous un baobab, une autre cuisinant un barbecue de fortune à la tombée de la nuit, puis une autre vivant dans une case. Ces réalités existent et ce n’est pas le fait qu’elles aient été illustrées qui m’a dérangée, mais plutôt le fait que ce soit LA SEULE représentation de l’Afrique dans le livre. Et, on le sait, l’Afrique est souvent représentée de cette façon en littérature jeunesse: comme un tout assez homogène, sauvage, non civilisé, comme si le continent tout entier était resté prisonnier du mythe de la contrée vierge. J’aurais aimé voir une famille vivant en milieu urbain. J’aurais aimé voir une famille portant autre chose que le pagne (pourquoi pas le djellaba, le voile, le fez, le tengaade, ou encore tout simplement des vêtements à l’occidentale?) J’aurais aimé voir une famille malgache, marocaine ou somalienne. Les imagines sont importantes. Elles contribuent à la façon dont on voit le monde. Je ne recommande pas ce livre.

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Mes plus belles comptines d’Afrique
AUTEUR(S): Marie Paruit
ÉDITION: GALLIMARD JEUNESSE GIBOULÉES, 2020
ISBN: 9782035981721
PRIX: 18,95$
2 ANS et plus

Ce livre vous a plu?
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Je veux le même!

Mbiya et Kabibi sont deux sœurs qui ne cessent de se disputer et veulent à tout prix jouer avec les jouets de l’autre. Même à table, les querelles se poursuivent. Las de voir leurs filles se chamailler, leurs parents proposent un jeu qui devrait changer les choses

Mbiya et Kabibi est vraiment une chouette initiative de deux parents suisses d’origine congolaise qui ont pris conscience que la représentation d’héroïnes et héros noirs dans les livres pour les jeunes est déterminante lorsque leur fille leur a demandé pourquoi il n’y avait pas de personnages marrons dans ses livres préférés. Cette histoire raconte une tranche de vie d’une famille noire, sans que la couleur de peau ne soit au centre du récit. Quelle joie de pouvoir lire ce genre de livre qui normalise l’existence des personnes afro-descendantes!

La relation entre les deux sœurs est authentique et l’autrice parvient à capturer les émotions vives que ressent les enfants en bas âge: la jalousie, la frustration, la tristesse, la joie. C’est donc également un excellent livre si vous recherchez une histoire sur la gestion des émotions ou le développement de compétences sociales. Pour aller plus loin, vous pourriez ajouter ce livre à un réseau de livres sur le partage ou la fratrie.

Les illustrations m’ont beaucoup plu: les couleurs sont vives et l’angle choisi par l’illustratrice met en image le texte de manière directe, permettant à l’enfant de suivre facilement la lecture. Les illustrations sont également suffisamment descriptives et les visages des personnages suffisamment expressifs pour permettre à l’enfant de raconter sa propre histoire. C’est d’ailleurs un exercice intéressant à faire: demandez à votre enfant de vous inventer l’histoire en se basant sur les illustrations avant de lui lire le livre pour la première fois. Vous verrez, il aura beaucoup d’imagination, utilisera ses connaissances antérieures pour donner sens à ce qu’il voit et fera des inférences. Chez les enfants plus vieux (5-6 ans), vous pourrez également constater que les enfants sont capables de construire une trame narrative simple avec un début, un rebondissement et une fin, tout en utilisant des mots comme « il était une fois », « ensuite », « mais », ou « après » pour séquencer ses idées. C’est un exercice utile qui préparera votre enfant à l’entrée à l’école!

Le livre-objet est de qualité, avec une couverture rigide et du papier glacé, et on retrouve un bel équilibre entre le texte et l’image. Le texte est simple, mais pas simpliste; on y retrouve un vocabulaire accessible aux enfants, tout en y incorporant des mots potentiellement nouveaux comme « narquois », « bouder », « couvert » ou « sanglotant ». Lors de la lecture, n’hésitez pas à expliquer les mots que votre enfant ne comprend pas en utilisant un synonyme ou en donnant des exemples.

À la fin du livre, on retrouve un jeu d’association amusant à faire avec les enfants. Je vous conseille vivement ce livre que vous pouvez acheter sur le site de l’autrice. On y retrouve d’ailleurs également des coloriages gratuits mettant en scène Mbiya, Kabibi et leur famille.

Je remercie l’autrice Belotie Nkashama de m’avoir offert ce livre.

Belotie Nkashama est une autrice Suisse d’origine congolaise.

Je veux le même!
AUTEUR(S): Belotie Nkashama & Amélie Buri
Parution: 2020
ISBN: 9782970143901
3 à 6 ans

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Rêve de foot

Dans les rues de Kinshasa, les enfants des rues sont obligés de voler pour se nourrir. À 14 ans, Bilia est jeté en prison pour quelques bananes. Mais lors d’un match de football entre détenus et enfants du quartier, un journaliste italien repère chez ce garçon un don exceptionnel pour le ballon rond. Il lui propose de quitter l’Afrique et de tenter une carrière professionnelle en Europe. C’est la chance de sa vie ! Une fabuleuse aventure humaine ou quand le rêve devient réalité à force de talent et de courage…

Je ne pensais pas apprécier autant ce livre! Mais dès les premières pages, l’auteur a su capter mon attention. J’ai été agréablement surprise par la qualité du texte et la capacité de l’auteur à réinventer une histoire racontée déjà mille fois. Un jeune garçon africain passionné de soccer qui fini par jouer dans une équipe européenne de haut niveau, il y a déjà un tas de films et de romans sur le sujet. Mais Bilia a quelque chose de spécial et on s’attache à lui et à son histoire. L’important pour lui n’est pas que de devenir un joueur de soccer émérite, mais bien d’aider sa famille et d’améliorer sa vie. Alors qu’il est incarcéré pour avoir volé de la nourriture à manger, Bilia réalise que son sort est commun à plusieurs autres garçons de son âge: la frontière entre dedans et dehors est bien mince car ce qui les a conduit à l’intérieur est un hasard, la malchance, ou les deux à la fois. Car si Bilia, affamé, a volé de quoi manger, c’est bien parce qu’il a eu de la malchance: celle d’avoir vécu la vie qui est la sienne, loin des privilèges qu’on certains. Il a été à l’école jusqu’à l’âge de 10 ans, puis de moins en moins. Il réalisera qu’en Italie où il a immigré pour parfaire son sport, il faut étudier pour jouer au ballon. L’auteur a un style efficace qui donne le goût de toujours tourner la page pour continuer sa lecture. Son personnage principal développera au fil de son aventure une belle maturité:

Bilia secoue la tête.
– Ça, j’ai compris, dit-il. Mais je ne pense pas seulement à lui. Il y a un tas de jeunes dans son pays et dans le mien, qui mériteraient eux aussi d’avoir leur chance.
– Tu as raison, mais qu’est-ce que tu peux faire, toi?
– Bien jouer, faire parler de mon pays, attirere l’attention sur moi pour ouvrir les portes du congo, dit Bilia, déterminé.
– Tu ne croi spas que ce sont des discours d’adulte?
– D’adultes? Les adultes ne font jamais ce genre de discours, ce sont eux qui nous poussent hors de notre pays, et si nous restons ils nous enchaînent dans la misère.
– Bilia, allez… arrête… Je comprends ta colère, dit l’entraîneur, mais elle ne changera pas les choses.
– Ce n’est pas de la colère. Je suis juste triste pour l’Afrique qui est en train de massacrer son avenir. » (p.118)

Ce court roman se déroule entre le Congo et l’Italie. On y retrouve quelques phrases en lingala et en italien (traduites en bas de page). À lire!

Paul Bakolo Ngoi est un auteur congolais. Il vit en Italie.

Pour vous procurer ce livre, cliquez sur le bouton ci-dessous:
Rêve de foot
AUTEUR(S)
: Paul Bakolo Ngoi
ÉDITION: GALLIMARD JEUNESSE, 2014
ISBN: 9782070658374
PRIX: 9,95$
11 ANS ET PLUS

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Wagenia : Les pêcheurs intrépides du Congo

Wagenia - Les pêcheurs intrépides du CongoSa mère, qui est veuve et l’élève seule, a confié Mopeta à son frère , pour qu’il vive la vie des pêcheurs wagenia, en amour du fleuve. Mopeta est heureux d’apprendre le métier, mais il a le mal du pays. Le soir, souvent, il s’en va rêver seul en pirogue, près des rapides. Une nuit, des malfaiteurs dérobent du poisson. C’est Mopeta qui est accusé de ce vol, et il va lui être difficile de prouver son innocence…

J’ai tout aimé de cet album. Déjà le titre: remarquez qu’on n’y mentionne pas l’Afrique. On parle du Congo. C’est bon signe, avant même d’avoir lu le livre, car trop souvent on parle de l’Afrique en littérature jeunesse comme s’il s’agissait d’un pays alors qu’il s’agit d’un continent. Les différents villages où se déroule l’action sont aussi clairement nommés: Wagenia et Kisangani. Encore un bon point car les livres jeunesse parlant de l’Afrique on la fâcheuse tendance à taire le nom des villes, des villages et des pays africains, comme si l’un équivalait bien l’autre. Dans cet album signé Dominique Mwankumi, on nomme aussi clairement les différents groupes ethniques qui peuplent le Congo. J’aime bien lorsque les lieux, les choses et les gens sont nommés ; cela les rend réels, vrais, et cela nous rappelle qu’ils existent. C’est important, surtout lorsqu’on fait référence à la représentation des personnes noires dans les médias et les produits culturels.

Ensuite, les thèmes abordés: on y parle pas d’exotisme, de sorcellerie, de pauvreté ou de racisme (comme c’est souvent le cas en littérature jeunesse lorsqu’il est question de l’Afrique) mais de pêche, de vie de famille, de débrouillardise, d’apprentissage et de bien-être. Pour toutes ces raisons, je recommande vivement cet album.

Les illustrations utilisent les tons de jaune, ocre et orangé, évoquant la chaleur du pays du Congo. Des vignettes superposées aux illustrations principales marquent l’action, les péripéties, le suspense, la vitesse ou l’effervescence.

Le récit en lui seul m’a charmé. Quelle n’a pas été ma surprise de retrouver à la fin de l’album un dossier documentaire extrêmement bien fait sur le Congo, ses habitants, son climat, son histoire, ses productions artistiques, sa géographie, sa gastronomie, sa faune et son économie. Dominique Mwankumi nous offre ici un album merveilleux à mettre entre toutes les mains.

Coup de cœur !

Dominique Mwankumi est un auteur congolais.

dominique mwankumi

Auteur(s) / illustrateur(s) : Dominique Mwankumi
Maison d’édition: École des loisirs
Année de publication: 2007
ISBN: 9782211094542
Public cible: À partir de 8 ans
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Jeanne et le Mokélé

jeanne et le mokélé1910. Mon enfance. Mon père : le professeur Modest Picquigny. Ses voyages en Afrique, au loin. Ses films. 1er septembre 1921. Mon père disparu. Mon départ pour l’Afrique. Seule. Toute seule. Décidée.

En lisant ce livre, il faut garder en tête que l’histoire se déroule en 1910, à une époque où l’Afrique était perçue par les Européens comme étant une terre exotique et à développer que l’on peut s’accaparer (Ouf, finalement, les choses n’ont pas vraiment changé ! 😦 ). Le récit évoque le lointain, l’inconnu, l’exotisme, la chaleur, la terre de tous les possibles où on se rend en bateau. Le personnage principal, Jeanne, s’indigne du massacre d’animaux perpétré par les colons blancs et affirme qu’il s’agit du sang de l’Afrique qui s’écoule car tous ces animaux majestueux de la savane sont précieux (pour la colonisation, on s’indignera plus tard, apparemment…) Elle raconte sa relation avec Eugène qui participe au massacre d’animaux et s’en vante régulièrement. Attention: les illustrations plutôt explicites ne voilent par les animaux ensanglantés ou morts. D’ailleurs, les illustrations hyper-réalistes sont superbes. Eugène se montre très hautain, tant avec les femmes qu’avec les habitants locaux.

Le récit est savamment écrit. Des phrases succinctes, sèches, évoquent toute la puissance des mots. La présence timide des verbes confère au texte un rythme soutenu et un style télégraphique. Ce livre met en scène des adultes aux prises avec des problèmes d’adultes. Jeanne est à la recherche de son père, cinéaste, dont elle n’a aucune nouvelle depuis longtemps. Eugène est un personnage raciste et misogyne qui a des problèmes d’alcool. Un très bel album, qui toutefois a besoin d’une mise en contexte. Je recommande donc à un lectorat mature, et une lecture accompagnée par un adulte.

Pistes d’exploitation en classe

  • Se renseigner sur le contexte historique.
  • Explorer les diverses répercussions qu’a eu la colonisation sur les populations noires d’aujourd’hui.
  • Imaginer une fin différente à l’histoire.
  • Découvrir d’autres ouvrages sur Jeanne et Eugène Love Peacock.
  • S’informer sur le Congo d’aujourd’hui.
  • Effectuer une recherche sur l’impact des populations humaines sur les animaux en voie de disparition.

Auteur(s) / illustrateur(s) :  François Roca
Maison d’édition: Albin Michel Bouton acheter petit
Année de publication: 2001
ISBN: 9782226119049
Public cible: À partir de 12 ans.
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Victoire Divine : Déclaration de guerre

Victoire divine déclaration de guerreVictoire-Divine Kembonayawhé a quatorze ans, toutes ses dents, et de la répartie pour cent ! Élève douée, elle a obtenu une bourse pour fréquenter Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, le pensionnat le plus huppé de la province. Mais cette école n’a rien d’ordinaire : les élèves y sont maîtres et rois ! Chaque année, les plus populaires désignent un Intouchable, le souffre-douleur qui subira le mépris et les moqueries de tous. Victoire ne se gêne pas pour dénoncer cette tradition épouvantable, si bien que, cette fois, l’élue n’est nulle autre qu’elle… Contrairement à tous les Intouchables précédents, l’adolescente n’a pas l’intention de se laisser faire sans se battre. Une seule solution s’impose : déclarer la guerre.

Je vous le dis tout-de-go: j’ai beaucoup, beaucoup aimé ce roman ! Il a pour personnage principal Victoire-Divine, une adolescente d’origine congolaise née au Québec, intelligente, qui accumule les bonnes notes à l’école, qui a du pep, qui sait prendre sa place et qui n’est pas gênée d’exister. Elle est comme ses nombreux adolescents qui fréquentent ma bibliothèque après l’école, ou qu’on croise à la sortie des cours; voilà donc un personnage réaliste et bien construit. On croirait qu’elle existe vraiment et que c’est vraiment elle qui nous raconte son histoire. L’histoire se déroule dans un pensionnat d’élite situé en région, hors de Montréal, et Victoire-Divine parle tout naturellement avec l’accent québécois, comme le fond d’ailleurs plusieurs jeunes Noirs de deuxième, troisième ou quatrième génération ici. Seule fille noire de son école, il y a aussi un garçon d’origine haïtienne, une fille d’origine asiatique et une élève d’origine arabe. Il y a aussi un surveillant d’origine haïtien que les élève de l’école secondaire ND7D surnomment en secret « Aristide » parce qu’il est « hypra tyrannique », qu’il « se prend très au sérieux » et qu’il « crie après [les élèves] s'[ils] mettent [leurs] pieds sur une chaise ou  si, tout simplement, [ils] respire[nt] trop d’air » (p. 319).

D’une certaine manière, j’ai senti que ce roman était écrit pour le lectorat afrodescendant (mais pas que, bien sûr). Le livre regorge de références et de situations qui nous sont familières sans que l’auteur ne se perdent dans des explications ou une mise en contexte qui de tout manière aurait été superflues: Les tresses qu’elle porte, les pommades pour les cheveux que lui envoie sa mère, son origine, son nom de famille pas si compliqué que ça, son statut minoritaire, son identité noire, la conscience profonde qu’elle a d’elle-même. C’est très rare de retrouver sur le marché du livre francophone ce genre de personnage principal en littérature jeunesse.

NOOOON. Pas basketball, je vous en prie, Dieu Marie Joseph Toutankhamon ? Pourquoi fallait-il qu’il pleuve aujourd’hui ?! Nous sommes forcées de nous taper le pire sport du monde (après le golf et la ringuette). Je HAIS le basketball ! Bon, OK, je hais tous les sports, mais plus particulièrement le basketball, puisque tout le monde s’attend à ce que j’y excelle, vu que je suis grande et Noire. C’est comme croire que tous les Asiatiques sont ceinture noire au judo. Même combat. (p. 131)

Tout allait plutôt bien pour Victoire-Divine jusqu’au jour où elle est déclarée Intouchable après avoir aidée une collègue de classe victime d’intimidation. Ce sera désormais elle qui sera la cible des moqueries qui se révéleront de plus en plus méchantes, tranchantes et sournoises. Certains passages sont difficiles à lire. On va plus loin que les insultes lancées un peu mollement dans les couloirs de l’école. L’intimidation à ND7D pousse Victoire-Divine à abandonner son dortoir et à dormir dans la salle des machines, à nettoyer son pupitre où a été déversée une poubelle, à recevoir des dizaines et des dizaines de courriels haineux, à se faire appeler « Bamboula », à se faire dire que ses cheveux de « rastamen » et « pas lavés depuis des semaines » (p.202) sentent mauvais, à se faire traiter de « fucking laide », de se faire répéter sans cesse de « dégager », etc., etc., Et comme si ce n’était pas assez, même la prof du cours d’Éthique et Culture Religieuse se montre raciste et lance un maladroit « Voyons, Victoire. Es-tu là ? Y a-t-il des chaises dans ton pays? » alors que les autres élèves avaient caché sa chaise. Mais Victoire ne plie pas. Pas totalement. Elle répliquera d’ailleurs, fulminante de colère:

« Pardon? Non, y en a pas ! Ma mère a reçu toute son éducation assise sur des bottes de foin au milieu des lions, TSÉ ! » (p.220)

La déclaration de guerre est un roman drôle tout de même, car Victoire-Divine nous sert des barbarismes savoureux (les imbécioles, vous connaissez? 😉 ), donne à ses professeurs des surnoms hilarants et entretien avec sa mère une relation douce-amère qui donne lieu à des échanges très cocasses. Le roman intègre des pages formatées comme l’écran d’un cellulaire où sont échangés des messages ou des courriels, des copies de feuilles mobiles écrites à la main ou des post-its laissés ça-et-là. Bref, la lecture de ce roman est fortement recommandée ! J’ai déjà hâte de connaître la suite et de lire le deuxième tome (qui devrait s’intituler « État Voyou »). Contexte québécois.

Édith Kabuya est une auteure canadienne.

Édith Kabyuya

Je remercie les éditions de Mortagne de m’avoir offert ce livre.

Auteur(s) / illustrateur(s) : Édith Kabuya
Maison d’édition: Éditions de Mortagne Bouton acheter petit
Année de publication: 2018
ISBN: 9782896628810
Public cible: Ados

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Ma soeur étoile

Ma-soeur-etoileDans ce texte autobiographique, Alain Mabanckou met en scène un jeune garçon, un brin naïf et très imaginatif dans le Congo des années 1970. Fils unique, solitaire, il dialogue la nuit avec sa sœur « montée au ciel avec les anges ». (c) Dimedia

« J’avais dix ans en ce temps-là. Pendant la saison sèche, je quittais en douce mon lit, j’ouvrais la porte de notre maison et je sortais dans la cour. (…) J’attendais parfois une demi-heure. Soudain, il y avait une étoile, une toute petite étoile qui brillait plus que les autres. Je l’observais avec attention. Je la voyais alors se déplacer, s’isoler, me sourire, avant de disparaître un moment entre deux nuages et de réapparaître. (…) Je lui avait donné un petit nom, un joli petit nom : Ma Soeur-Etoile… »

Quel beau récit. Alain Mabanckou nous raconte en toute intimité une histoire autobiographique à laquelle il est facile de s’identifier. Il s’agit d’une histoire universelle, belle et touchante. Le récit fait notamment référence au Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry. À lire au plus vite!

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Coup de cœur !

Auteur(s) / illustrateur(s) : Alain Mabanckou & Judith Gueyfier
Maison d’édition: Seuil Jeunesse
Année de publication: 2010
ISBN: 9782021005882
Public cible: 6 à 9 ans
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Alain Mabanckou est un auteur congolais.

Alain Mabanckou

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La sanza de Bama

sanza

En Afrique, on dit que les sons magiques produits par la sanza peuvent transformer l’être le plus méchant en champion de la gentillesse et changer la violence en tolérance. Longtemps les humains n’eurent pas connaissance de ce merveilleux instrument de musique qui adoucit les moeurs. Les puissants génies, les djinns, ne pouvaient pas confier ce trésor à n’importe qui. Ils attendaient que Bama naisse, au bord d’un marigot, parmi les crocodiles, pour lui révéler le secret de la sanza. Bama, un enfant au destin hors du commun…

Mon avis: Accompagné d’un CD de musique de sanza du Gabon, du Zimbabwe, du Congo, de Madagascar, de République Centrafricaine et de Tanzanie, cet album aborde les thèmes de la musique, de la méchanceté, des enfants esclaves et de la résilience. Illustrations aux couleurs chaudes et aux traits vifs et épais. Approprié aux enfants d’âge scolaire, ce livre peut constituer une porte d’entrée intéressante vers une discussion sur la maltraitance des enfants et la solidarité. l’album peut aussi être exploité du point de vue de la musique pour partir à la découverte d’un instrument méconnu: la sanza.

Auteur(s) / illustrateur(s) : Jean-Yves Loude & Frédérick Mansot
Maison d’édition: Éditions Belin Bouton acheter petit
Année de publication: 2008
ISBN: 9782701148502
Public cible: À partir de 7 ans

Vous aimerez peut-être: Aussi publié chez les éditions Belin, il y a le livre Mbéla et la perle de Mamiwater.

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La pêche à la marmite

pêche marmiteAu Congo, les eaux du Kasaï sont la seule école que fréquentent régulièrement Kumi et ses jeunes amis. La pêche est parfois dangeureuse; qu’ils pêchent du bord à la marmite ou au milieu de la rivière en pirogue, le mauvais élève risque ici beaucoup plus que cent lignes à copier. Quand rôde le terrible « ngando », la moindre inattention, la moindre faute peuvent vous coûter la vie.

Voilà un petit livre d’image, à la lisière du roman, qui fait découvrir une tranche de vie congolaise. Magnifique illustrations à la peinture.

Auteur(s) / illustrateur(s) : Dominique Mwankumi
Maison d’édition: L’école des loisirs
Année de publication: 1998
ISBN: 211056199
Public cible: À partir de 7 ans

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Dominique Mwankumi est un auteur et illustrateur belge d’origine congolaise.

dominique mwankumi

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Les fruits du soleil

fruitsAujourd’hui, on trouve des fruits exotiques des quatre coins du monde toute l’année sur les marchés et cela grâce aux importations, aux techniques modernes de conservation et aux cultures en serre. Une présentation de différents fruits dits « exotiques », de l’arbre dont ils sont issus et des pays où ils proviennent.

Un livre différent au narrateur inconnu s’adressant directement au lecteur. Un livre pour en apprendre beaucoup sur les fruits exotiques qui fait voyager et met l’eau à la bouche. Les illustrations à la peinture de l’auteur débordent de couleurs et de chaleur. Instructif. Ludique. Réussi. Pour en savoir plus sur l’auteur, Belge d’origine congolaise, une petite vidéo:

Dominique Mwankumi est un auteur congolais. 

Dominique Mwankumi

Auteur(s) / illustrateur(s) : Dominique Mwankumi
Maison d’édition: L’école des loisirs
Année de publication: 2005
ISBN: 9782211078801
Public cible: À partir de 7 ans

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