Les esclaves de cumana

Vers l’an 1800, Pablo, jeune métis, enfant naturel d’une esclave africaine et d’un commerçant espagnol, vit une vie de chien dans le petit village de la forêt amazonienne où le sort l’a fait naître. Il y subit, jour après jour, les persécutions des fils légitimes de son père.

Fuyant les mauvais traitements et la dureté de sa condition, il part à la recherche de sa mère, que le commerçant a vendue, voici des années, pour l’éloigner.

Dans l’aventure qui l’emmène à travers plusieurs régions d’Amérique du Sud et lui fait affronter de nombreux dangers, Pablo va être aidé par deux Européens de passage, qui ne sont pas les premiers venus. Il s’agit du savant allemand Alexander von Humboldt et de son assistant français, le botaniste Aimé Bonpland, esprits éclairés, dont les travaux scientifiques et les prises de position humanistes vont marquer leur époque.

Je qui étonne d’abord dans ce livre, c’est sa manière d’emprunter des codes tant du côté de la bande dessinée que de l’album. Hybride, il se lit de manière peu commune, de cases en cases, avec les phrases qui commence ici et finissent là-bas. J’ai particulièrement aimé cet équilibre entre l’image et le texte: on a vraiment l’impression de voir un film image par image.

L’histoire est une incursion intéressant dans le passé et fait voyager en Australie. On apprend rapidement à connaître Pablo et son histoire. Par contre, il est rapidement relayé en second plan lorsque arrivent deux européens adultes dans l’histoire: un Allemand nommé Alexander von Humboldt et un Français nommé Aimé Bonpland, tous deux animés par la science et l’aventure. D’un coup, ce sont eux que le lecteur va suivre dans leur recherches de nouvelle plantes à identifier, d’animaux inconnus à découvrir et de contrées à cartographier. Ils vont défendre Pablo de ses méchants frères, ils vont lui écrire une lettre lui permettant de se rendre à l’école, puis ils le conduiront jusqu’à la ville où Pablo espère retrouver sa mère. Ce sont donc eux qui font avancer le récit. Laissé chez un prêtre, Pablo ne pourra pourtant pas aller à l’école et on fera de lui un esclave comme les autres, même si sa condition se révèle légèrement moins pire que celle d’esclaves noirs à cause du fait qu’il soit métis.

Un peu plus loin dans le récit, Pablo, s’étant enfui de chez le prête, se retrouvera sur un bateau à nouveau en compagnie des deux Européens et ces derniers le prendront de nouveau sous son aile. Ils l’achèteront afin qu’il échappe à une vie d’esclave pénible, l’aideront à trouver sa mère, embaucheront cette dernière dans leur villa comme employée et enverront Pablo à l’école. Bref, j’avais espéré lire le récit d’un jeune garçon métis en temps d’esclavage, mais c’est plutôt celui de deux européens et de leur générosité qui est raconté. En fin d’album, on retrouve un dossier pour en savoir plus sur Alexander von Humboldt et Aimé Bonplan (car oui, ils ont vraiment existé), ainsi que sur la traite des Noirs.

Un intéressant récit malgré tout, bien écrit et illustré, même si ce n’est pas vraiment l’histoire promise par le résumé en quatrième de couverture qui nous est raconté. Le sous-titre mentionne bien pourtant « Aimé Bonpland et Alexander von Humboldt en Amérique du Sud ».

Pour commander ce livre, cliquez sur le bouton ci-dessous:

Les esclaves de Cumana
AUTEUR(S) : Olivier Melano 
ÉDITION: L’école des loisirs, 2015
ISBN: 9782211217255
PRIX: 22,95$
11 à 13 ANS

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Catfish: Le voyage d’un esclave vers la liberté ou La statue de la liberté: quatre garçons racontent son histoire, deux livres jeunesse à la lisière entre l’album et la bande dessinée. Essayez aussi
Fechamos (on ferme), un album similaire dont l’histoire se déroule aussi en Amérique du Sud.

Publicité

Vodou

Vodou éditions père fouettard

Loin des clichés effrayants, ce documentaire illustré propose aux enfants et aux plus grands une première approche du vodou, de son histoire stupéfiante, ses dieux et ses esprits fascinants, ses rituels et ses croyants, sa culture sans frontière. De l’Afrique à l’Amérique, des masques rituels aux zombies, des anciens royaumes jusqu’aux danses contemporaines !

Ce qu’on retient de la lecture de cet album, c’est qu’il y a de nombreuses manières de croire au Vodou et de prier ses Dieux et Esprits, différentes selon les pays et les gens. Il existe peu de livre pour enfants qui aborde la thématique du Vaudou d’une manière informative. Les représentations de ces croyances en littérature jeunesse est souvent limitée à la poupée qu’on pique pour faire du mal. Ici, on parle plutôt du vodou sans jugement occidental mal placé. Car si le vodou a effrayé les premiers Européens venus en Afrique car ils pensaient qu’ils ressemblaient au Diable, le vodou en soit n’est ni bon, ni mauvais: ce sont plutôt les croyants qui l’utilisent pour faire des choses bonnes ou mauvaises, comme dans toute religion. Au cours de notre lecture de ce livre, on apprend notamment que les vodou sont des esprits invisibles et que pour avoir une vie meilleure, les humains peuvent demander leur aide en communiquant avec eux de différentes manières. On apprend aussi que le vodou est une religion, un ensemble de pratiques magiques, une façon de vivre et de penser, une philosophie.

vodou éditions père fouettard 2

Dans ce livre, les auteurs ont choisi la transcription des noms vodou rencontrée le plus communément dans le golfe du Bénin, tout en mentionnant bien qu’elle varie dans d’autres régions du monde. Mais on découvre tout même comment deux déesses peuvent être représentées et appelées différemment d’un pays à l’autre, comme Mami Wata au Bénin et Yemaya à Cuba (et j’ajouterais Iemanja au Brésil!). Le tout est expliqué avec des mots accessibles d’un point de vue historique et sociologique. Les enfants comprendront le lien entre le vodou et l’esclavage, ou celui entre les bocios (sortes de barrages installés devant les villages, les maisons ou les champs) et la poésie, ou encore l’importance du culte des ancêtres. En conclusion, on mentionne que des nouveaux vodou sont créés encore aujourd’hui et on présente certains éléments originaires du vodou (comme les zombies haïtiens). On retrouve aussi un lexique en fin d’ouvrage.

Mes recherches m’indiquent qu’aucune personne afrodescendante n’a participé à la réalisation de cet album (!), qui pourtant concerne et parle des personnes racisées et de leur rapport au monde. Quelle occasion ratée de donner une voix aux personnes opprimées et de leur donner le loisir de parler pour elles-mêmes. Dommage.

Petit bémol pour la présence de certaines tournures de phrase à l’européenne, dont l’utilisation du mot « hommes » pour parler de l’humanité toute entière, ou encore de la locution « à Haïti » plutôt que « en Haïti ». Rien de très grave tout de même, et certainement pas assez pour que vous passiez à côté de cet album extrêmement intéressant. Voilà donc un très beau livre réussi, vachement bien réalisé en partenariat avec le Château Musée Vodou qui en a assuré l’exactitude scientifique.

vodou fouettard 3

POUR VOUS PROCURER CE LIVRE, CLIQUEZ SUR LE BOUTON CI-DESSOUS:
VodouBouton acheter petit
AUTEUR(S) : Camille Tisserand (illustratrice), sous la direction de Florent Grandin et Gaïa Mugler
ÉDITION: Père Fouettard, 2019
ISBN: 9782371650459
PRIX: 25, 95$
À PARTIR DE 10 ANS

Ce livre vous a plu ?
Vous aimerez peut-être Où es-tu Iemanja?, un livre jeunesse sur les célébrations de la déesse vodou des rivières lors du nouvel an brésilien. Essayez aussi La sanza de Bama, un documentaire pour enfants sur un instrument de musique en lien avec les croyances vodou.

ou es tu iemanja     sanza

SUIVEZ MISTIKRAK! SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX

logo livreaddict logo facebook

Bien fait pour le diable !

Bien fait pour le diableIl était une fois un homme qui portait un nom bizarre. On l’appelait El Bizarron. Le chapeau de paille vissé sur la tête, ce gars-là avait une carrure impressionnante et n’avait peur de rien ni de personne. Quand le diable lui-même lui proposa de travailler pour lui, en enfer, il accepta sans sourciller. Dans cette histoire, le plus effrayant n’est peut-être pas celui qu’on croit…

J’ai grandement apprécié la lecture et l’écoute de ce livre audio. J’y ai découvert la musique cubaine avec délectation. Étrangement, j’ai mieux aimé la narration de Bloch que dans La dernière colère de Sarabuga, de la même auteure. Le bruitage et la musique rend vivant le récit sur le CD d’accompagnement. Chaque plage du CD est indiquée en bas de page de l’album. On retrouve une carte de la région cubaine ainsi qu’un dossier très complet sur la musique de ce pays à la fin du livre, notamment afro-cubaine. À découvrir !

Coup de cœur !

Auteur(s) / illustrateur(s) : Muriel Bloch & Bertran Bataille
Maison d’édition: Gallimard Jeunesse
Année de publication: 2007
ISBN: 9782070611355
Public cible: À partir de 7 ans
Vous aimerez peut-être: La dernière colère de Sarabuga, un livre audio aussi signé et raconté par Muriel Bloch.

Suivez Mistikrak! sur les réseaux sociaux

logo livreaddict  logo facebook

Monsieur Chocolat: Le premier clown noir

Cmonsieur-chocolathocolat est un clown qui a amusé le Tout-Paris des années 1900. Il fut le premier artiste noir de la scène française, inventant avec son acolyte Footit un duo de clowns blanc et noir. Fils d’esclaves, son itinéraire passe par Cuba et Bilbao, où il est repéré dans la rue pour sa force physique et son sens du spectacle. Paris lui offrira vingt ans de succès, où les spectateurs de Montmartre et des Folies Bergère se délecteront des péripéties de cet Auguste noir dominé par le clown blanc. Il inspirera même Toulouse-Lautrec et les frères Lumière. Il se révélera précurseur pour sa participation à des réclames ou ses interventions auprès d’enfants hospitalisés. Mais ce parcours ne le mettra pas à l’abri de la misère. Il achèvera sa courte vie dans la solitude à Bordeaux, en 1917.  (c) Babelio

Les faits et la fiction se mélangent dans le texte, il faudra donc prendre soin d’accompagner les plus jeunes enfants dans la lecture. Le livre est intéressant, mais beaucoup de détails sont passés sous silence malgré le dossier présent en fin de livre réunissant des documents autour de la vie de Chocolat. Les sujets abordés dans le livre le sont de manière superficielle; les très jeunes lecteurs ne comprendront pas tout. Un film mettant en vedette Omar Sy dans le rôle titre est sorti au cinéma et Jeune Afrique nous propose un article qui relativise le choix artistique des réalisateurs. Enseignants, pourquoi ne pas explorer le livre en classe en parallèle avec le film?

Un livre jeunesse pour souligner le Mois de l’Histoire des Noirs. 

Auteur(s) / illustrateur(s) : Bénédicte Rivière & Bruno Pilorget
Maison d’édition: Rue du Monde Bouton acheter petit
Année de publication: 2016
ISBN: 9782355044052
Public cible: 10 ans et plus
Vous aimerez peut-être: Aussi dans la collection Grands Portraits chez Rue du Monde, il y a Martin et Rosa: Ensemble pour l’égalité.

Suivez Mistikrak! sur les réseaux sociaux

logo livreaddict  logo facebook