Zoé: Championne des cas ratés

Rien ne résiste à Zoé. Surtout quand elle a une idée en tête. Aujourd’hui, elle a décidé d’organiser un anniversaire surprise à sa maman. Mais quand tu es sans un sou et que tu ne comptes que sur tes idées, pas certain que ça soit une bonne idée. Les catastrophes vont se succéder, sans jamais arrêter Zoé !

La lecture de ce roman m’a été pénible!! 😬 J’ai hésité à le lire parce qu’en général, je n’aime pas les romans jeunesse en gros caractères. Et en le feuilletant vite-fait une première fois, je suis tombée sur un passage dans lequel on parle de « tous les chauffeurs de taxi haïtiens » (p.26). Sur le coup, je n’avais pas pu m’empêcher de lever les yeux aux ciel. Encore le cliché des chauffeurs de taxi haïtiens montréalais. Comme s’il fallait justifier la présence des hommes noirs à Montréal, du style « ah, oui, ben ce sont des chauffeurs de taxi! » ou qu’on ne les retrouve pas dans d’autres sphères du monde du travail.

Mais bon. Je n’arrêtais pas de le voir à la bibliothèque, donc finalement, je me suis lancée. Le personnage principal, Zoé, est une petite fille métissée dont le père est noir et la mère, blanche. Elle décrit sa famille ainsi:

« J’ai une drôle de famille multicolore. Papa est comme le café noir et maman, comme le pot de lait. Moi, je suis un mélange des deux. La petite tasse de café au lait. » (p.28)

J’en ai un peu marre de ce genre de description de la couleur de peau des personnes noires avec de la nourriture. Du chocolat, du café, du café au lait… Jamais on ne décrit les personnages blancs de cette manière, genre « J’ai la peau couleur guimauve » ou encore « j’ai une drôle de famille blanche: ma mère et mon père sont blancs! ». 🙄 Parce que les peaux blanches sont perçues comme la norme, la base, ne nécessitant pas de description particulière. Au fond, peut-être que cette analogie avec le café au lait ne m’aurait pas autant dérangée s’il n’y avait pas tous ces autres passages problématiques dans le roman. Continuons.

Revenons au père de Zoé un petit moment. Ce n’est pas dit explicitement dans le texte, mais plusieurs éléments nous laissent supposer qu’il est haïtien: son garage est fréquenté par la communauté (même si ce n’est quand même pas un prérequis), il écoute des chansons haïtiennes et il parle créole. Sauf que le créole dans le texte ne fait AUCUN SENS. En page 88: « Pas rim neux » est traduit par « ne ris pas de moi ». Pourtant, ça ne veut absolument rien dire en créole haïtien. En p.123, on peut lire les paroles d’une chanson en « créole »: « Mé té a libewté, ja pran tan résilié. Haitie Chérie, la vi pas fini ». Déjà, Haïti en créole s’écrit Ayiti et le « e » à la fin du nom du pays, je sais pas ce qu’il vient faire là. Après, le reste, c’est carrément du charabia. Je devine qu’on a voulu en faire une chanson sur la liberté et la résilience, mais, seigneur, l’auteure aurait dû faire l’effort demander à un créolophone de relire son texte. De plus, on retrouve çà et là dans le texte quelques interjections et mots créoles utilisés très maladroitement par le père de Zoé. Ça sonnait très faux parce que ce n’est pas comme ça qu’une personne haïtienne utiliserait ces interjections et ces mots. Vers la fin du roman, une bannière de fête est installée à l’envers par accident et l’amie (blanche) de Zoé lui demande si c’est du créole. 🤦🏿‍♀️ Bref. Est-ce que quelqu’un a effectué une relecture de ce roman pour s’assurer que ce genre de représentation problématique ne se retrouve pas sur les tablettes de nos librairies??

Ce n’est pas tout. L’une des gaffes de Zoé est de maquiller son père en clown alors qu’il dort, car elle prépare l’anniversaire de sa mère. Elle lui met un « grand sourire jaune jusqu’aux oreilles, un nez blanc et de grands triangles verts et orange autour des yeux » (p.128). Une fois terminé, voici ce qu’on peut lire et voir dans le roman (attention, ça va faire mal):

Ça, c’est une femme blanche (l’auteure) qui associe cheveux crépus à chevelure de clown. Si j’ai bien compris, les cheveux crépus sont des cheveux de clowns. C’est bien ça? 😬 Ce genre de représentation me rend en colère et me blesse. Sait-elle que des personnes dans la vraie vie ont naturellement les cheveux crépus? Comment sommes-nous sensés nous sentir en tombant sur ce passage dans son livre?

Parenthèse: La grande sœur de Zoé a été adoptée de Chine avant sa naissance. En p. 270, alors que l’anniversaire de la mère a finalement lieu, Zoé souligne que « même [sa] Chinoise de sœur a eu envie de participer. » Sauf qu’elle n’est pas Chinoise, elle est Canadienne. Quel manque de délicatesse.

Le texte, plutôt insipide, utilise le langage familier. On y retrouve même le mot « bordel » (dans le sens de « désordre »). D’accord, les gens utilisent beaucoup ce mot en langage familier, mais c’est quand même assez vulgaire. Je n’aurais pas mis ça dans un livre pour enfants.

Dernière chose. Sur leur site, les éditions La Bagnole présentent le livre comme « une série pour jeunes filles avec beaucoup d’action et encore plus de catastrophes ». C’est quoi ce besoin de genrer les lectures??? Les livres « pour filles », les livres « pour garçons »… c’est agaçant. Un garçon ne peut-il pas lire et aimer un roman dans lequel le personnage principal est une fille? Franchement… 🤦🏿‍♀️ Ne perdez pas votre temps avec ce livre. Non recommandé.

Pour commander ce livre, cliquez sur le bouton ci-dessous:

Zoé: Championne des cas ratés
AUTEUR(S): Catherine Girouard & Vannara Ty
ÉDITION: La Bagnole, 2018
ISBN: 9782897142384
PRIX: 14,95$
8 à 11 ANS

Voici d’autres livres jeunesse avec des représentations raciales problématiques:
Un été au chalet (éditions Les Malins), Il faut sauver Nikili! (Oskar éditeur) et Des mensonges dans nos têtes (Mosaïc éditeur).

Publicité

Ma famille 3 + 1 = 7

Ma famille 3 + 1 = 7.jpgInspiré d’une histoire vraie, ce livre raconte les petites difficultés et les grands bonheurs d’une famille reconstituée… pas comme les autres! On y apprend que le bonheur a la tête dure, que l’espoir a toujours sa raison d’être, et que trois (deux enfants et une maman) plus un (nouveau papa) égale parfois sept. Et même plus, qui sait?

Ce livre est basé sur l’histoire de l’enfance de l’auteure Isha Bottin, qui a changé de pays pour aller vivre au Rwanda avec sa mère et sa petite sœur après le départ de leur père. Les personnages se plaisaient bien en Afrique, là où les gens « rient et sourient tout le temps ». Leur arrivée en occident sera difficile car tout y semble plus triste et terne. D’autant plus que les enfants de l’école se moquent d’eux et les perçoivent comme étrange avec leur accent et leurs histoires d’Afrique. Les enfants feront alors front commun pour traverser cette épreuve ensemble et la famille en sera d’autant plus forte. Puis, la maman tombe enceinte et le bébé ne présage que du bonheur.

Très jolies illustrations et album à couverture rigide en grand format.

 

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Auteur(s) / illustrateur(s) : Isha Bottin & Gaspard Talmasse
Maison d’édition: Éditions de la Bagnole Bouton acheter petit
Année de publication: 2016
ISBN: 9782897141875
Public cible: À partir de 5 ans
Vous aimerez peut-être: Enfants cherchent parents trop bien (pas sérieux s’abstenir), publié aux éditions Seuil Jeunesse.

Suivez Mistikrak! sur les réseaux sociaux

logo livreaddict  logo facebook

Moi aussi ! Moi aussi !

Moi aussi moi aussi 2Catherine et Fabiane deviennent très vite de bonnes amies. Plus leur amitié grandit, plus elles découvrent qu’elles se ressemblent. Comme des sœurs ou, pourquoi pas, des jumelles! D’ailleurs, Catherine souhaite tellement être identique à son amie que parfois elle oublie… de dire la vérité.

J’ai bien aimé cet album coloré et frais qui aborde le thème de l’amitié, de l’enfance et de l’affirmation de soi. La meilleure amie du personnage principal, prénommée Fabiane, est une fillette au teint brun et aux longs cheveux crépus qui sont difficiles à brosser. Elle vient du Midi, en France et son accent charme beaucoup les autres élèves de sa classe, dont plusieurs sont noirs. L’amitié entre Fabiane et Catherine est si vive, si belle, si authentique que les enfants n’auront aucun mal à s’y identifier. Le récit, bien mené, intègre des bulles empruntées aux bandes dessinées. Les illustrations colorées nous informent avec subtilité du temps qui passe (par exemple, on remarque les arbres ornés de feuilles vertes au début du livre et les feuilles d’automne vers la fin). Voilà une histoire du quotidien qui se termine bien et que les enfants de 6, 7, 8 ans pourront lire seuls. Très bon !

Moi aussi moi aussi

Auteur(s) / illustrateur(s) : Mireille Messier & Yves Dumont
Maison d’édition: Éditions de la Bagnole Bouton acheter
Année de publication: 2017
ISBN: 9782897142117
Public cible: À partir de 6 ans

Vous aimerez peut-être: Aussi publié aux éditions de la Bagnole, il y a Mon grand rêve.

Suivez Mistikrak! sur les réseaux sociaux

logo livreaddict  logo facebook

La fête des morts

fête des mortsSur le chemin qui doit les mener à l’école, Frantz et Vieux Os croisent Vava. Dès lors, Vieux Os sait ce que signifie  » mourir d’amour « . Un cortège funèbre entraîne les deux garçons jusqu’au cimetière, où règne une joyeuse atmosphère. Au terme de cette journée initiatique, où il découvre le destin que les dieux lui ont tracé, Vieux Os est habité par de nouvelles certitudes.

Haïti dans un livre pour enfants, ça ressemble à un débordement de couleurs, de saveurs, d’odeurs. Ça ressemble à La fête des morts de Dany Laferrière. Et c’est pas mal du tout! J’ai quand même moins aimé que Je suis fou de Vava, mais cet album, magnifiquement illustré, est une belle occasion de découvrir ce pays, ses coutumes et, pourquoi pas, la vie d’un garçon de dix ans qui, cet été-là, commençait déjà à devenir un homme. Très bon.

Auteur(s) / illustrateur(s) : Dany Laferrière & Frédéric Normandin
Maison d’édition: Les Éditions de la Bagnole Bouton acheter petit
Année de publication: 2009
ISBN: 9782923342276
Public cible: 5 à 11 ans.

∗ Finaliste du prix du livre jeunesse des bibliothèques de Montréal (2010) (Canada)

Découvrez Dany Laferrière, Immortel de l’Académie française.

 dany-laferriere

Suivez Mistikrak! sur les réseaux sociaux

logo livreaddict  logo facebook

Haïti mon pays

haitiIl s’agit d’un recueil de poèmes d’élèves haïtiens du sud-ouest du pays. Ceux-ci on été écrits avant le tremblement de terre du 12 janvier 2010.

Dans sa préface, Dany Laferrière affirme avec justesse qu’en Haïti, « les poètes poussent plus vite que les arbres ». La littérature haïtienne est riche — quelle bouffée de fraîcheur que de lire ces poèmes écrits par de jeunes enfants sur la beauté de leur pays. Les portraits de Rogé, un mélange de crayon qui donne de la profondeur aux traits et de peinture qui donne de la texture aux vêtements et aux bijoux des enfants, sont sublimes. Le large format rectangulaire de cet album fait ressortir la beauté à la fois des poèmes que des illustrations. Très beau et touchant.

Auteurs : Écoliers haïtiens (Lordanie Théodore, Jean-Pierre Paul Durand, Aldaïne Louis, Marie-France Étienne, Dismy Borgela, Marie-Andrèle Charlot, Ricardo Jocelyn, Derline Dorcy, Judson Éliona, Madième Thercidor, Judes-Roldes Raymond, Annie Hum, Angelo Borgela, Jeanne Dadley Zamor & Janaïe Ordella).Bouton acheter petit
Illustrateur : Rogé.
Maison d’édition: Éditions de la Bagnole
Année de publication: 2010
ISBN: 9782923342504
Public cible: À partir de 7 ans

Suivez Mistikrak! sur les réseaux sociaux

logo livreaddict  logo facebook

Mon grand rêve

paolaPaola Papillon est une drôle de petite fille. Elle a pour animal de compagnie un cochon d’Inde qui se prend pour un lapin! Depuis qu’elle a vu le spectacle de danse de sa cousine Clara, elle veut devenir ballerine. Mais ce grand rêve est-il vraiment celui de Paola? Et pourquoi Choco Dindon se déguise-t-il en lapin?

Quelle heureuse découverte, cet album! Je l’ai lu plusieurs fois à une fillette de 5 ans, elle a adoré! Et on a tellement rit du petit lapin et on a tellement discuté de ce qu’on aimerait faire quand on sera « grands » (même si je suis moi-même déjà « un peu grande ». 😉 ) Des collages sympathiques donnent vie au texte absolument jouissif de Lucie Papineau. Un plaisir absolu à lire et à relire. On ne voit jamais les parents de Paola, mais son grand-père étant noir laisse supposer que la fillette l’est aussi, ou encore métissée, alors que sa cousine est blanche. Mais la couleur de peau ici n’a aucune importance et cela contribue grandement à la beauté de l’album. Une histoire universelle.

Coup de coeur !

Auteur(s) / illustrateur(s) : Lucie Papineau et Virginie Egger.
Maison d’édition: Éditions de la Bagnole Bouton acheter petit
Année de publication: 2014
ISBN: 9782897140984
Public cible: À partir de 5 ans

Suivez Mistikrak! sur les réseaux sociaux

logo livreaddict  logo facebook