Papa a une nouvelle amoureuse et elle parle anglais. Son fils a mon âge, mais parle anglais lui aussi. Ils viennent de l’Australie. Papa est certain qu’on va bien s’entendre, mais allons-nous nous comprendre ? Sweet, Open, Close, Okay, Frosty, Hi, Honey, Ketchup, Go, Correct, Snap, Crackle, Pop, Stop. Combien de phrases on peut construire avec si peu de mots? Une famille recomposée, une langue à apprivoiser et voilà que le cœur s’agrandit!
Deux choses ont au premier abord attiré mon attention en voyant ce livre chez mon libraire préféré: Le titre rigolo (« Honey et Ketchup? Me semble que ça va pas ensemble! » ai-je pensé) et l’auteur, Jonathan Bécotte, que j’aime beaucoup pour sa poésie du côté ados/jeunes adultes chez Leméac (Maman veut partir et Souffler dans la cassette).
Honey et Ketchup, ce sont les surnoms que se sont donnés deux garçons qui ne parlent pas la même langue et dont les parents sont tombés amoureux. Avec une poésie en prose qui fait avancer le récit plutôt qu’elle ne décrit, ce livre étonne par sa limpidité, par ses jeux de mots, et par son accessibilité. Les illustrations de Sabrina Gendron sont douces et lumineuses. Ce livre est un excellent choix pour une exploitation en milieu scolaire au niveau primaire.
Ketchup est un garçon gentil, adopté en bas âge par un homme blanc. Sa couleur de peau ne change rien au récit et relève surtout du choix créatif de l’illustratrice d’en faire un personnage noir puisque ce n’est pas évoqué dans le texte.
Est-ce que Honey et Ketchup est le meilleur Jonathan Bécotte? Non. Constitue-t-il un excellent livre pour aborder cet auteur pour la première fois pour le lectorat jeunesse? Absolument! À découvrir!
Honey et Ketchup AUTEUR(S): Jonathan Bécotte & Sabrina Gendron ÉDITION: Québec Amérique, 2021 ISBN: 9782764442913 PRIX: 12,95$ 9 ANS et plus
Maureen et Francine sont sœurs jumelles et meilleures amies. Elles partagent tout : les loisirs, la nourriture et les vêtements. Mais juste avant le début de leur sixième année, les goûts de Francine changent. Soudainement, les jumelles ont de moins en moins d’intérêts communs. Elles grandissent en prenant des directions opposées, et Maureen ne peut rien y faire. Ces sœurs qui étaient inséparables réussiront-elles à se reconnecter?
Alerte d’intérêt général: Si vos enfants ont dévoré les romans graphiques de Raina Telgemeier, ils vont assurément adorer Sœurs jumelles. La recette est la même: une histoire réaliste du quotidien qui se déroule en milieu scolaire, des préadolescents comme personnages principaux, beaucoup d’émotions, un coup de crayon très cartoony au niveau des illustrations et un développement des personnages au niveau psychologique. D’ailleurs, l’auteur Varian Johnson remercie Raina Telgemeier pour les conseils qu’elle a partagé avec lui sur la rédaction et le procédé associés à la bande dessinée en postface. Je n’ai pas non plus manqué de remarquer le clin d’œil à la BD Souriez! de Raina Telgemeier en page 135!
Ce sont deux auteurs afro-américains qui ont écrit se livre et ça paraît. Tout est si normalisé et fluide, c’est très rafraîchissant! Ce que Maureen et sa sœur Francine font, ce qu’elles sont, est posé comme la norme, du moins durant ses moments passés en famille. Par exemple, on n’hésite pas à montrer diverses coiffures de cheveux naturels sans en faire un plat, on montre les jumelles dormir avec un bonnet et c’est normal, bref, elles vivent une vie de famille ordinaire. Je trouve cela très chouette de pouvoir lire ce genre d’histoire aujourd’hui. Évidemment, dans la sphère publique, elles seront à l’occasion victimes de racisme, parce que oui, le racisme existe toujours! 😦 Lors d’un après-midi entre amies au centre commercial, Maureen et ses deux copines noires entrent dans un magasin et trouvent un chandail que l’une d’elles aimerait essayer et acheter avec son argent de poche. Toutefois, aucun employé ne vient les voir pour leur offrir du service. Poliment, Nikki interpelle une vendeuse blanche qui préférera les faire patienter pour plutôt servir une nouvelle cliente, prenant pour acquis que les jeunes filles n’ont pas de pouvoir d’achat et ne méritent pas d’être servies. Heureusement, la nouvelle cliente dénoncera le comportement de la vendeuse et quittera le magasin. Les trois amies, bouleversées par ce qu’elles venaient de vivre, s’empresseront d’informer la mère de Nikki qui avait décidé de rester aux alentours pendant que les filles magasinaient. Dans le récit, on ne pourra pas lire le mot « discrimination » ou « micro-agression » ou « racisme », mais la scène est très clairement une référence à ce que vivent plusieurs jeunes noirs dans les centres commerciaux aux États-Unis et ailleurs.
Si le cœur vous en dit, vous pouvez lire cette bande dessinée en parallèle avec votre enfant pour pouvoir discuter de cette scène et de l’histoire dans sa globalité.
Maureen et Francine sont identiques. Du moins, physiquement. À la lecture, en cas de doute, je regardais leurs oreilles pour les différencier car Maureen, contrairement à sa sœur, ne porte pas de boucles d’oreilles! Cela dit, leur personnalité n’aurait pas pu être plus diamétralement opposées! Francine est timide et manque de confiance en elle, mais elle excelle à l’école. Francine est sociable et meurt d’envie de se distancier de sa sœur afin de découvrir qui elle est vraiment. Secrètement, elle jalouse Maureen qui semble exceller dans tout sans efforts, alors que cette dernière envie la sociabilité de sa sœur qu’elle perçoit aussi comme une bouée de sauvetage dans un monde parfois trop bruyant pour elle. Leur relation se dévoile lentement dans le récit et j’ai apprécié cette retenue de la part de l’auteur. C’est une excellente manière de maintenir l’intérêt du lecteur et de rendre les personnages plus réalistes. Maureen et Francine vivent avec leurs parents et ont aussi un demi-frère qui habite en appartement, mais qui agit comme modèle pour les jeunes filles.
Les personnages ont des personnalités bien définies et l’histoire est intéressante. Maureen et Francine apprendront beaucoup durant cette année scolaire particulière, cette année passée à la lisière de l’enfance et de l’adolescence. Entre conflits dans la fratrie, jalousie, prise de confiance en soi et désir d’indépendance, Francine et Maureen connaîtront des hauts et des bas, mais finiront par se réconcilier et se soutenir mutuellement. J’ai vraiment beaucoup, beaucoup aimé ce livre! J’ai été émue vers la fin. Sœurs jumelles est un livre à lire absolument!
Varian Johnson est auteur jeunesse. Il vit aux États-Unis.
Shannon Wright est une illustratrice noire américaine.
Soeurs jumelles AUTEUR(S): Varian Johnson & Shannon Wright ÉDITION: Scholastic, 2021 ISBN: 9781443187268 PRIX: 17,95$ 9 ANS ET PLUS
Gaïa, 10 ans, est une génie des maths, qui cherche toujours à comprendre le monde autour d’elle et comment les objets fonctionnent. Mais surtout, protéger la planète est une seconde nature chez elle. Tout est sûrement venu de son prénom : Gaïa veut dire « Terre » en grec. Alors elle trie ses déchets, baisse le chauffage, et déteste le gaspillage. Rien ne bouge si personne ne bouge ! La planète, c’est l’affaire de tous ! Tout le monde peut faire quelque chose, à son échelle. En grandissant, Gaïa refusera ce mode de vie qui ne respecte pas la nature, les gens, les animaux. Elle décidera de mettre son talent au service de la planète et d’un nouveau projet de vivre-ensemble.
Gaïa est un personnage très intéressant. Dès les premières pages, elle est bien définie par l’auteure et dévoile sa personnalité: Adepte de sport, de calcul mental et d’échec, elle participe à plusieurs activités parascolaires et vit dans une famille recomposée, tout ce qu’il y a de plus normal. Malgré un début un peu lent où on présente longuement le personnage, le récit se reserre par la suite et est un plaisir à lire. J’ai aimé suivre Gaïa dans son développement et de la voir grandir, prendre en maturité et en autonomie. Forte de ses convictions environnementales, la petite Gaïa devenue grande s’impliquera et fera tout ce qui est en son pouvoir pour protéger la planète. Elle partage d’ailleurs tous les petits gestes qu’elle a adoptés au quotidien pour réduire son empreinte écologique. Elle est un véritable modèle de réussite et les jeunes pourront sans l’ombre d’un doute s’y identifier.
Le livre à couverture rigide se présente de belle manière et on retrouve un bel équilibre entre le texte et l’image. Les illustrations m’ont d’ailleurs beaucoup plu: toutes les textures vibrantes utilisés par Claudia Amaral sont un véritable plaisir pour les yeux.
Le récit se termine par un appel ouvert au lecteur: « Et toi, que fais-tu pour la planète ? As-tu déjà ramassé des plastiques qui traînaient dans la nature ? Est-ce que tu recycles ce qui peut l’être ? Éteinstu la lumière ou l’eau qui coule, fais-tu attention à ne pas chauffer inutilement ? » (p. 34). On retrouve aussi Le Petit Manuel Écologiste de Gaïa à l’attention des parents et des enfants dans lequel les enfants apprendront l’importance de réduire ses déchets et les trier, d’économiser l’eau, de favoriser l’économie circulaire, ou encore de diminuer sa consommation de viande. Je recommande vivement ce livre!
Je remercie les éditions Anacaona de m’avoir offert ce livre.
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Gaïa changera le monde AUTEUR(S) : Paula Anacaona & Claudia Amaral ÉDITION: ÉDITIONS Anacaona, 2020 ISBN: 9782490297054
8 À 11 ANS
Inspiré d’une histoire vraie, ce livre raconte les petites difficultés et les grands bonheurs d’une famille reconstituée… pas comme les autres! On y apprend que le bonheur a la tête dure, que l’espoir a toujours sa raison d’être, et que trois (deux enfants et une maman) plus un (nouveau papa) égale parfois sept. Et même plus, qui sait?
Ce livre est basé sur l’histoire de l’enfance de l’auteure Isha Bottin, qui a changé de pays pour aller vivre au Rwanda avec sa mère et sa petite sœur après le départ de leur père. Les personnages se plaisaient bien en Afrique, là où les gens « rient et sourient tout le temps ». Leur arrivée en occident sera difficile car tout y semble plus triste et terne. D’autant plus que les enfants de l’école se moquent d’eux et les perçoivent comme étrange avec leur accent et leurs histoires d’Afrique. Les enfants feront alors front commun pour traverser cette épreuve ensemble et la famille en sera d’autant plus forte. Puis, la maman tombe enceinte et le bébé ne présage que du bonheur.
Très jolies illustrations et album à couverture rigide en grand format.
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Auteur(s) / illustrateur(s) : Isha Bottin & Gaspard Talmasse Maison d’édition: Éditions de la Bagnole Année de publication: 2016 ISBN: 9782897141875 Public cible: À partir de 5 ans Vous aimerez peut-être: Enfants cherchent parents trop bien (pas sérieux s’abstenir), publié aux éditions Seuil Jeunesse.
Malaika est heureuse de retrouver sa mère, même si cela signifie qu’elle doit déménager au Canada où tout est différent. Il y fait froid, les gens ont un fort accent et le Carnaval de Québec ne ressemble en rien à celui que Malaika aimait tant aux Caraïbes! L’adaptation à son nouvel environnement et à sa nouvelle famille risque d’être difficile…
Ce sont d’abord les illustrations qui m’ont charmée dans cet album à couverture souple. Faites de collages, elles sont dynamiques et vibrantes. La qualité de la mise en page est conforme à ce que nous a habitué les éditions Scholastic, et je n’ai pas été déçue !
Le récit est touchant, difficile parfois, et échappe à une interprétation unique. Bien qu’on devine que Malaika vient des Caraïbes, son pays d’origine est gardé secret. On ignore comment sa mère et son nouveau conjoint se sont rencontrés ni depuis combien de temps dure leur relation. Leur mariage arrive comme un cheveu sur la soupe et nous laisse perplexe, comme le perçoit Malaika de son regard d’enfant: Qui es cet homme ? Pouquoi partir ? Pourquoi une nouvelle famille ? Pourquoi un nouveau pays ? Tous ces non-dits ouvrent la porte aux interprétations et aux discussions avec les lecteurs. Cela rend également facile l’identification au personnage. En effet, même un enfant dont les parents sont séparés et qui doit vivre dans une famille reconstituée pourrait se reconnaître en Malaika même s’il ne partage pas l’expérience de l’immigration.
Le point de vue de la narratrice, tout à fait original, fait également en sorte que les personnages blancs soient perçus comme étrangers. Malaika ne connaît pas le Canada, et encore moins le Québec. Et, si elle parle français, l’accent québécois lui pose parfois quelques problèmes de compréhension ! Le Carnaval, elle connait, bien sûr, mais celui de la ville de Québec n’a rien à voir avec celui de son pays. Malgré tout, Malaika surmonte les difficultés et parvient à s’adapter à son nouvel environnement. Le dénouement est positif. Un très bel album !
Nadia L. Hohn est une auteure canadienne.
Auteur(s) / illustrateur(s) : Nadia L. Hohn & Irene Luxbacher Maison d’édition: Scholastic Année de publication: 2017 ISBN: 9781443164962 Public cible: 8 à 11 ans Vous aimerez peut-être: D’un monde à l’autre ou encore Yozakura, fille du cerisier, deux albums jeunesse sur le thème de l’adoption.
Cassandra a un don. Elle peut communiquer par la pensée avec les animaux, c’est la communication intuitive. Alors que sa mère est sur le point de se remarier et qu’elle ne s’entend pas vraiment avec sa future demi-sœur Juliette, Cassandra apprend que sa meilleure amie Sophie, va partir vivre en Angleterre, nouvelle qu’elle supporte mal, se sentant abandonnée. Elle décide en parallèle de ses problèmes personnels, de mettre son don à profit, accompagnée par sa chienne Miss Dolly, en aidant Dimitri, un petit garçon de 5 ans à retrouver son chat disparu.
Cette bande dessinée du quotidien raconte une histoire intéressante et originale, mais ponctuée de coupures maladroites au niveau du récit. Les scènes changent un beau milieu d’une page sans indication aucune. Le texte est bien écrit et les illustrations douces aux couleurs pastel s’harmonisent bien aux personnages joufflus à la bouille sympathique. Par contre, le manque de dialogue m’a un peu ennuyé. En effet, on aurait dit que Cassandra parle tout seule car il y a rarement un interlocuteur avec elle. J’ai trouvé ça un peu étrange.
Le personnage principal, Cassandra, est noire ou métisse et sa mère est blanche. On ne connaît pas son père et on ignore si elle est adoptée. Il faudra lire le deuxième tome pour en savoir plus. J’ai adoré le fait que Cassandra soit une adolescente ordinaire de 14 ans ayant la capacité de parler aux animaux. Elle ne fait pas pitié, n’est pas exotique ou une bête curieuse, comme c’est souvent le cas lorsqu’il y a la présence d’un personnage noir en littérature jeunesse. Cassandra a une vie de famille à laquelle bien des lecteurs pourront s’identifier. Elle prend confiance en elle tout au long du récit et gagne en maturité. J’ai hâte de découvrir la suite de ses aventures !
À la fin du livre, on retrouvera le « carnet secret de Miss Dolly », incluant un recette de biscuits pour chiens, un journal intime et de l’information sur comment décypter le comportement de son chien de compagnie. Sympathique !
Auteur(s) / illustrateur(s) : Hélène Canac & Isabelle Bottier. Maison d’édition: Miss Jungle Année de publication: 2017 ISBN: 9782822221337 Public cible: 11 ans et plus Vous aimerez peut-être: Félice et le flamboyant bleu, une bande dessinée dont le personnage principal est noir.