Ta berceuse

Résumé : Un moment de tendresse entre une mère et sa fille, le soir avant de s’endormir autour d’une berceuse qui se transmet de génération en génération.

Lectorat cible : 3 à 6 ans

Autrices: Nathalie Wyss & Nicholle Kobi

Édition : Père Castor Flammarion, 2021

ISBN : 9782080236814

Prix : 11,50$

Appréciation : Cela fait quelques années déjà que ce suis l’illustratrice Nicholle Kobi sur les réseaux sociaux. J’étais donc très heureuse de lire ce livre jeunesse qu’elle a si brillamment illustré. Le texte est simple et raconte l’important qu’une berceuse a eu dans une famille depuis des génération. Un petit livre agréable à lire avant l’heure du dodo.

À propos de l’illustratrice : Nicholle Kobi est une artiste afro-française basée à New York depuis 2018. L’art de Nicholle Kobi s’adresse surtout aux femmes noires, indépendantes, modernes et qui n’ont pas peur de casser les codes. Notamment pour les femmes afro dans les sociétés majoritairement européennes.

Vous aimerez peut-être : Pendant que maman fait la sieste, publié dans la même collection aux éditions Père Castor Flammarion. Essayez aussi Mais où se cache Doudou-Loup? et Sulwe.

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La fille des manifs

Barbara s’engage pour le climat et la force de son engagement lui vaut de devenir le visage de la contestation. Une interview qui tourne mal et son refus d’accepter une invitation de la présidente lui attire les foudres des médias qui l’avaient autrefois adulée. Pour traverser cette épreuve, elle écrit un journal destiné à Annie, sa grand-mère au destin tragique.

J’ai adoré ce roman. Il raconte l’histoire d’une jeune adolescente qui s’engage avec courage et sincérité pour le climat, et qui va se retrouver presque malgré elle sur le devant de la scène. Sa lutte illustre la pression qu’on met aux femmes qui parlent fort et s’expriment, ainsi que la manière dont on ne prend pas au sérieux la parole des femmes racisées. À ce sujet, elle dit:

« Je reçois régulièrement des messages d’insultes dans ma boîte mail et sur les réseaux. Surtout depuis que ma tête passe en boucle sur les écrans. Là, c’est le grand défouloir. Chacun se permet d’avoir un avis sur mon physique, mes fringues et ma façon de parler. Des journalistes ne manquent pas de mentionner que je suis métisse et que je ne suis pas spécialement une première de la classe mais une lycéenne qui passe un bac pro, sous-entendant que je suis bête et que j’ai du temps à perdre. (p.21) »

L’intersectionnalité entre son statut de métisse et de femme se constate aussi lorsqu’on remarque que la société ne semble pas prête à faire une place aux femmes qui manifestent. À celles qui veulent faire changer les choses. Celles qui osent dire NON. L’autrice aborde de front le double standard qui existe dans le milieu du militantisme: Les hommes sont perçus comme étant lucides et valeureux, alors que les femmes sont perçues comme hystériques et immatures. À cause de son jeune âge, et de son genre aussi peut-être, Barbara se remet beaucoup en question:

« Me voir et m’entendre parler est une épreuve. Je n’aime pas ma tête. Je ne supporte pas ma voix non plus. On dirait que j’aboie. Et mes cheveux qui tirebouchonnent dans tous les sens m’insupportent. Et les mots que je choisis, est-ce que je n’aurais pas dû en prendre d’autres? Les agencer autrement? Est-ce que je suis assez percutante, assez claire? […] J’avoue Annie, que je ne comprend pas vraiment ce qui chose les gens. Pourquoi est-ce qu’ils s’étonne de mon NON à la présidente? Pourquoi est-ce que ce NON les interpelle, les sidère? […] Mon engagement pour la planète ne fait pas de moi une héroïne. Je ne suis pas Rosa Parks qui se battait contre la ségrégation raciale aux États-Unis ni Sophie Scholl qui luttait contre le nazisme en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale ni Wangari Muta Maathai qui s’acharnait à replanter des arbres dans son pays, le Kenya, ravagé par la désertification. Je suis une adolescente comme les autres, une fille qui attend des adultes qu’ils se montrent un peu moins égoïstes et un peu plus matures. » (p.50-51)

Barbara ne manquera pas de faire l’expérience du sexisme. Trop souvent réduite à son genre, perçue comme un objet sexuel sans faculté de réflexion, sa lutte contre le climat éveillera aussi sa lutte pour le droit et le respect des femmes sur la place publique. À travers les mots qu’elle écrit pour sa grand-mère décédée, elle réalisera que la lutte menée par son ancêtre doit être continuée: « Tu es née après la Seconde Guerre et moi bien après l’euro. Je pensais jusqu’ici que des vies comme la tienne nous avaient servie à avancer, que ton existence avait éclairé nos consciences, que les filles étaient désormais comme les garçons, des êtres humains de chair, de sang et de réflexion, et qu’il était révolu le temps où on les considérait comme des petites choses jolies, d’autant plus jolies qu’elles se taisaient. Et, pourtant, je m’aperçois que ce n’est pas tout à fait vrai. » (p. 110)

Le roman, presque trop court, est extrêmement bien mené et porté par une écriture limpide où l’autrice s’efface derrière son personnage, lui laissant tout l’espace nécessaire pour exister. J’ai adoré!

Coup de cœur!

La fille des manifs
AUTEUR(S): Isabelle Collombat
ÉDITION: Syros, 2020
ISBN: 9782748527001
PRIX: 29.95$
13 ANS ET PLUS

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Sortir d’ici et Signé Poète X, deux romans pour adolescents avec des héroïnes aux prises avec du sexisme ordinaire. Essayez aussi Je ne meurs pas avec toi ce soir, qui raconte une histoire de manifestation pour la justice.

Alabama Blues

Alabama bluesLou se sent délaissé et incompris par sa mère, son beau-père et ses petites sœurs. Alors qu’il erre un soir avant de rentrer chez lui, il fait la rencontre de Dexter La Cie, musicien de rue. Qui est-il? C’est ce que se demande Lou en écoutant, un soir, le vieux mendiant de la place jouer du saxo. Est-il un SDF égaré, un musicien usé ? Les Chics Types comprennent vite, eux, qu’ils ont beaucoup à apprendre de ce jazzman aussi mystérieux que virtuose. Grâce à Dexter, grâce à la musique et au blues, Lou va réussir à ouvrir son cœur. Alors, lis et écoute, et laisse-toi séduire aussi, lecteur.

Voilà un petit livre de 170 pages bien sympathique. Les personnages sont attachants et bien développés. Le texte est bien rythmé, mais on y retrouve de l’argot lyonnais qui m’était parfois inconnu. Rien pour miner la compréhension, toutefois. Tout au long de la lecture de ce roman musical, on retrouve des codes QR qui renvoient à diverses chansons des Chics Types qu’on peut écouter pour accompagner l’histoire. Le livre se lit très bien sans, mais j’ai quand même beaucoup apprécié l’expérience complète incluant les notes de blues fournies par l’éditeur en fond sonore. On retrouve d’ailleurs la totalité des chansons auxquelles ont fait référence dans le livre sur le site du livre.

Dexter est un musicien noir vivant dans la rue. D’abord méfiant, le personnage principal hésite à l’approcher malgré son grand talent musical et ira même jusqu’à le dénoncer à de (faux) policiers alors que Dexter n’a rien fait de mal, l’accusant de voler des instruments pour les revendre. Au fil des pages, les deux personnages apprendront à s’apprivoiser.

Dans le roman, on raconte l’histoire de la musique blues en parallèle à l’histoire esclavagiste des États-Unis:

Dans les grandes plantations de coton, les esclaves étaient traités pire que le bétail. Ils avaient été arrachés à leur terre d’Afrique et vendus aux riches Blancs. Les mères étaient séparées de leurs enfants, les maris de leurs femmes. Battus, exploités, violentés, ils n’avaient que la musique pour soulager leur peine. Alors, tout au long de leurs longues journées de travail, ils se donnaient du courage en scandant de la voix les gestes du labeur. Et les chants qui s’élevaient le soir dans les baraquements exprimaient la nostalgie du pays perdu, des amours déchirés. Ainsi naquit le blues. […] Comment vous faire comprendre ça à vous, enfants de la patrie des Droits de l’Homme? (p.158-159)

La Louisiane et la Nouvelle-Orléans ont une belle place également dans l’histoire, et on y fait également référence à l’ouragan Katrina qui a dévasté la région en 2005. Bref, voilà un bon roman qui plaira aux amateurs de musique, d’histoire et qui s’intéressent à la psychologie des personnages. À découvrir!

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Alabama BluesBouton acheter petit
AUTEUR(S) : Maryvonne Rippert
ÉDITION: OSKAR, 2014
ISBN: 9791021402836
Prix: 23,95$
12 ans et plus

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Little Lou 2 Route Sud    Nola Forever fabien fernandez

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Ma famille

ma famille pierre coran

Je m’appelle Aurélie et je te présente ma famille : Quatre générations de grands et de petits! Chacun a son caractère, ses passions et ses petites manies. On ne s’ennuie jamais dans cette famille! Découvrons-la ensemble dès maintenant.

Je suis tombée par hasard sur ce livre d’image dans une bibliothèque publique. Il raconte l’histoire généalogique d’une petite fille noire adoptée par une famille blanche. Chaque double page s’intéresse à un membre de sa famille: Grand-Mamy Pélagie, Mamy Élise, Papy Willy, oncle Bob, sa tante, ses cousins et ses parents. Aurélie, décrite comme un « bébé des tropiques » est présentée ainsi:

Cousine tant attendue de Thomas et Cédric. Aurélie sans famille qu’un avion déposa est désormais la fille de Jean et de Sarah. Les enfants, les parents et Grand-Mamy en tête, ce soir, lui font la fête en musique et en chants.

Le texte tout en poésie nous fait découvrir les membres d’une famille en une série de portraits illustrés. Un arbre généalogique orne les pages de garde et établit le lien de filiation qui les uni. L’arrivée d’Aurélie est présentée comme une suite logique et naturelle à l’histoire familiale. Voilà un livre d’image sur l’adoption qui présente de manière positive l’arrivée d’un nouvel enfant. Les auteurs ne mettent pas l’accent sur la différence raciale de la dernière venue; au contraire, on insiste davantage sur le fait qu’elle est la fille de Jean et de Sarah, la cousine de Thomas et Cédric, la nièce d’Olga, la petite-fille de Luc et Jo. Intéressant. Ce livre est épuisé; empruntez-le à votre bibliothèque de quartier !

Auteur(s) / illustrateur(s) : Pierre Coran & Marie-Josée Sacré
Maison d’édition: Bilboquet
Année de publication: 1997
ISBN: 2841810690
Public cible: À partir de 5 ans

Vous aimerez peut-être: D’un monde à l’autre, un livre d’images sur l’adoption.

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Tonton couture : Une histoire au bord du fleuve São Francisco

Tonton coutureLe petit Eduardo veut être couturier, comme son oncle. Il habite dans une petite ville du Brésil, au bord du fleuve San Francisco. Son tonton lui apprend tous les secrets du métier – et lui raconte aussi plein d’histoires sur la vie d’autrefois. Autrefois, avant que la grande usine s’installe au bord du fleuve, et pollue la région. Tonton Couture coud les uniformes des ouvriers. Mais un jour, l’usine décide de produire les uniformes dans un pays lointain. Ça coûte moins cher ! Tonton Couture et Eduardo trouveront une jolie solution pour continuer à travailler. 

Le texte, qui se lit comme on écoute un ami nous relate ses souvenirs, m’a fait voyager jusqu’au Brésil. J’y ai découvert un peuple, une famille, des individus dont l’histoire m’a touché. Les illustrations sont si belles que j’ai dû plusieurs fois arrêter la lecture pour les dévorer des yeux afin d’observer chacun des détails si longtemps travaillées par l’auteure: des vestes suspendues par des cintres au bord d’une fenêtre ayant vu sur un chantier, aux bouteilles et babioles déposées nonchalamment près d’un écran de télévision, en passant par les linges colorés que les femmes lavent dans le São Franscico, surnommé le « Vieux Chico »,  l’un des plus longs fleuves du Brésil. Ces illustrations vivantes tout en relief composées de collages semblent vouloir s’échapper du livre. C’est un art infiniment beau.

Au fil des pages, la relation entre un jeune garçon et son oncle couturier se tisse et se dévoile au lecteur alors que ce dernier raconte des histoires et transmet les rudiments de la couture au garçon qui attend après l’école que sa mère rentre de travailler. On y découvre comment la petite ville fictive d’Olho d’Agua a été transformée par l’arrivée d’une usine. Les changements ont été sociaux, familiaux, personnels et environnementaux. C’est à travers ce village brésilien transformé et par le biais d’un couturier inventif et persévérant que le livre nous transmet son message écologique. En épilogue, une note de l’auteure nous informe de la manière dont les travaux de dérivation du São Franscico  divise la population brésilienne, et sur ce qui est arrivé au fleuve Doce, théâtre de la plus grande catastrophe écologique de l’histoire du Brésil. On en apprend aussi beaucoup sur le quotidien au Brésil.

Pistes d’exploitation en milieu scolaire

Bien que Olho Agua n’existe pas, les racines véridiques du livre le rende facilement exploitable en milieu scolaire. Pourquoi pas une discussion en classe sur la transmission et sur la protection de l’environnement ? Enseignants, questionnez vos élèves sur les habilités, les compétences ou les passions que les membres de leur famille leur ont transmis. Vous pouvez également les questionner sur les impacts que peut avoir l’arrivée d’une industrie minière ou de tout autre élément nouveau sur l’environnement et/ou l’écosystème. Au cours d’histoire, vous pouvez les questionner sur ces métiers disparus ou en voie de disparition. Au cours d’art plastique, pourquoi ne pas effectuer une toile faite de collages texturés à la manière de Eymard Toledo ?

J’ai vraiment adoré la lecture de cet album qui ouvre une multitude de portes vers la découverte et la réflexion. Bravo!

Coup de cœur !

* Prix « Climate Book » en Allemagne pour son message écologiste.

* Prix « Hautement recommandable » de la Fondation Biblioteca Nacional au Brésil.

Auteur(s) / illustrateur(s) : Eymard Toledo
Maison d’édition: Anacaona Bouton acheter petit
Année de publication: 2017
ISBN: 9782918799894
Public cible: 6 à 9 ans

Je remercie les Éditions Anacaona de m’avoir offert ce livre.

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