Le petit Eduardo veut être couturier, comme son oncle. Il habite dans une petite ville du Brésil, au bord du fleuve San Francisco. Son tonton lui apprend tous les secrets du métier – et lui raconte aussi plein d’histoires sur la vie d’autrefois. Autrefois, avant que la grande usine s’installe au bord du fleuve, et pollue la région. Tonton Couture coud les uniformes des ouvriers. Mais un jour, l’usine décide de produire les uniformes dans un pays lointain. Ça coûte moins cher ! Tonton Couture et Eduardo trouveront une jolie solution pour continuer à travailler.
Le texte, qui se lit comme on écoute un ami nous relate ses souvenirs, m’a fait voyager jusqu’au Brésil. J’y ai découvert un peuple, une famille, des individus dont l’histoire m’a touché. Les illustrations sont si belles que j’ai dû plusieurs fois arrêter la lecture pour les dévorer des yeux afin d’observer chacun des détails si longtemps travaillées par l’auteure: des vestes suspendues par des cintres au bord d’une fenêtre ayant vu sur un chantier, aux bouteilles et babioles déposées nonchalamment près d’un écran de télévision, en passant par les linges colorés que les femmes lavent dans le São Franscico, surnommé le « Vieux Chico », l’un des plus longs fleuves du Brésil. Ces illustrations vivantes tout en relief composées de collages semblent vouloir s’échapper du livre. C’est un art infiniment beau.
Au fil des pages, la relation entre un jeune garçon et son oncle couturier se tisse et se dévoile au lecteur alors que ce dernier raconte des histoires et transmet les rudiments de la couture au garçon qui attend après l’école que sa mère rentre de travailler. On y découvre comment la petite ville fictive d’Olho d’Agua a été transformée par l’arrivée d’une usine. Les changements ont été sociaux, familiaux, personnels et environnementaux. C’est à travers ce village brésilien transformé et par le biais d’un couturier inventif et persévérant que le livre nous transmet son message écologique. En épilogue, une note de l’auteure nous informe de la manière dont les travaux de dérivation du São Franscico divise la population brésilienne, et sur ce qui est arrivé au fleuve Doce, théâtre de la plus grande catastrophe écologique de l’histoire du Brésil. On en apprend aussi beaucoup sur le quotidien au Brésil.
Pistes d’exploitation en milieu scolaire
Bien que Olho Agua n’existe pas, les racines véridiques du livre le rende facilement exploitable en milieu scolaire. Pourquoi pas une discussion en classe sur la transmission et sur la protection de l’environnement ? Enseignants, questionnez vos élèves sur les habilités, les compétences ou les passions que les membres de leur famille leur ont transmis. Vous pouvez également les questionner sur les impacts que peut avoir l’arrivée d’une industrie minière ou de tout autre élément nouveau sur l’environnement et/ou l’écosystème. Au cours d’histoire, vous pouvez les questionner sur ces métiers disparus ou en voie de disparition. Au cours d’art plastique, pourquoi ne pas effectuer une toile faite de collages texturés à la manière de Eymard Toledo ?
J’ai vraiment adoré la lecture de cet album qui ouvre une multitude de portes vers la découverte et la réflexion. Bravo!
Coup de cœur !
* Prix « Climate Book » en Allemagne pour son message écologiste.
* Prix « Hautement recommandable » de la Fondation Biblioteca Nacional au Brésil.
Auteur(s) / illustrateur(s) : Eymard Toledo
Maison d’édition: Anacaona 
Année de publication: 2017
ISBN: 9782918799894
Public cible: 6 à 9 ans
Je remercie les Éditions Anacaona de m’avoir offert ce livre.
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