En vie

Cette histoire sans paroles suit cinq personnes qui laissent tout derrière elles pour quitter leur pays.

Parfois, les mots sont superflus car les images parlent d’elles-mêmes. Dans En vie, on suit le parcours de cinq personnages qui ont tout quitté pour entreprendre un long voyage vers des conditions de vie meilleures, dans un pays qu’ils ne connaissent pas. Chaque page constitue une planche titrée qui résume ce qui se passe dans les cases. Le récit est porteur d’espoir puisqu’à la fin, les réfugiés parviennent à s’installer en France.

En vie ne raconte pas seulement l’histoire de ces cinq personnages qui fuient la famine, la guerre, un mariage forcé ou le chômage, mais aussi l’histoire de milliers de personnes réelles qui décident de tout laisser derrière elles. Dans le dossier en postface, on mentionne bien que personne ne quitte son pays, sa famille et ses amis pour le plaisir. Le voyage est long et dangereux. Des familles sont séparées et il y a toujours le risque d’être renvoyé dans le pays qu’on a été contraint de fuir et de devoir tout recommencer.

Ce livre parle aussi de SOS méditerranée, une association française dont la vocation est de porter assistance à toute personne en détresse sur mer se trouvant dans le périmètre de son action, sans aucune discrimination. Les marins ont le devoir de porter assistance et d’aider les personnes qui risquent de se noyer, par exemple lorsqu’ils aperçoivent des migrants dont le bateau ne peut résister aux vagues.

Le livre est publié dans un contexte français et les statistiques fournies sont également françaises, ce qui n’est pas facile d’accès pour un petit québécois qui n’a jamais entendu parler de villes comme Saint-Lô, Carquefou, Concarneau ou Le Puy en Velay, ou encore qui ne saisit pas encore très bien la valeur de l’euro par rapport au dollar canadien. Malgré tout, cette BD, lorsqu’utilisée en parallèle avec d’autres livres sur les réfugiés, peut constituer une belle porte d’entrée vers des discussions sur la solidarité.

À noter que ce livre est la version adaptée au lectorat jeunesse d’une BD pour adulte du même titre. En vie est aussi un album caritatif : sur chaque album, 2,5€ sont reversés à SOS Méditerannée.

Pour vous procurer ce livre, cliquez sur le bouton ci-dessous:

En vie…
AUTEUR(S) : Joub & Nicoby 
ÉDITION: KOMICS INITIATIVE, 2021
ISBN: 9782491374150
PRIX: 27,95$
8 ANS et plus

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Le club des licornes: La licorne noire

C’est la rentrée. Après les vacances d’été, le club des Licornes reprend ses activités. Les retrouvailles sont joyeuses. À la première récré, le club fait le point sur les profs et les nouveaux : dans l’une des classe, il y a une nouvelle très spéciale : une licorne noire. Qui est-elle ? Pourquoi est-elle noire ? Est-elle sympa ou pas ? Autant de questions qui alimentent les conversation et les fantasmes au sein du club. Petit à petit, les licornes du club apprendront à connaitre la nouvelle et à accepter sa différence. Mais de là à l’accueillir au sein du club… c’est une autre affaire ! 

Edna, la licorne noire, se présente assez tard dans le récit. C’est d’abord l’annonce de sa venue qui inquiète les autres licornes: elles auraient voulu savoir qui allait être la nouvelle élève et choisir elles-mêmes de l’accepter ou pas. Elles n’ont jamais entendu parler de licornes noires… est-ce que ça existe vraiment? C’est bizarre! Si ça se trouve, elle a des pouvoirs maléfiques! Lorsqu’Edna arrive enfin, au chapitre 4, la direction du club des licornes l’accueille en grandes pompes. Il est temps de mettre fin aux rumeurs. La directrice affirme dans un discours solennel:

« Edna vient d’un pays où une race de chevaux belliqueux a pris le pouvoir et accuse les licornes de sorcellerie. Ces cheveux brutaux ont décidé que toutes les activités sont désormais interdites aux licornes. Les licornes sont pourchassées et enfermées dans des enclos. Il leur est interdit de galoper, de trotter et de se regrouper. […] Par chance, Edna et sa mère ont réussi à s’échapper. Elles ont traversé deux fleuves, une chaîne de montagnes, quelques plateaux, de nombreuses prairies et sont arrivées ici, dans la plaine, où elles se sont installées. […] Edna ne s’exprime pas encore très bien dans notre langue mais elle apprend et elle progresse. Elle parlera bientôt comme nous. Je compte sur vous pour l’aider chaque jour dans cet apprentissage difficile: vous comprendre et se faire comprendre. » (p.43-44)

Même si les personnages ne sont pas humains, on fait clairement un parallèle avec les nouveaux arrivants et les réfugiés en occident. Edna a le pelage noir et la crinière tressée alors que les autres licornes sont pâles et leur crinière, raide ou légèrement ondulée. Le roman véhicule un message de tolérance, car même Émile, un Shetland souhaitant intégrer le club des licornes, finira par y être accueilli (un garçon dans un club de licorne… ce n’est pas commun! Mais Cerise, une licorne sympathique, lui fera sentir comme un membre à part entière du club). Car le club des licornes est un lieu qui « rassemble autour de l’amitié, du partage, de l’Entraide, de l’écoute… Je ne vois pas pourquoi ces choses-là doivent être réservées aux licornes. Le Club des licornes, c’est notre nom. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas partager, aider ou écouter d’autres races équines. Au contraire. » (p. 64-65).

Si certaines licornes se méfient beaucoup d’Edna à cause de sa différence, plusieurs licornes ne comprennent pas pourquoi l’arrivée d’Edna pose un quelconque problème, n’y voyant que des bienfaits: un nouveau groupe, de nouveaux projets… c’est réjouissant! Suzanne, la présidente du club, se montre assez raciste et fait tout pour éviter d’inclure Edna dans le groupe. C’est Ninon qui prendra sa défense et ira même jusqu’à remettre Suzanne à sa place: Non, elle ne gère pas bien le club. Oui, elle fait de la discrimination. Non, Edna ne s’appelle pas simplement « La nouvelle », elle a un prénom et il est temps de l’utiliser! Non, on ne peut pas juger une personne avant de la connaître.

La majeure partie de l’histoire se concentre sur la manière dont les licornes perçoivent l’arrivée d’Edna. Edna est en fait absente de presque toutes les discussions. Le club se réunit pour savoir si oui ou non Edna a le droit d’en faire partie, si oui ou non elle est maléfique, si oui ou non Suzanne est une mauvaise présidente, etc. J’étais en train de me dire que ça ressemble de plus en plus au stéréotype du sauveur blanc quand Edna s’interpose en page 83 pour signifier qu’elle est capable de faire une demande d’adhésion au club en bonne et du forme et que s’il y a des questions la concernant, c’est à elle qui faut le demander plutôt que de faire des supposition et partir des rumeurs. Et elle ajoute, comme une tonne de roche sur les licornes honteuse de leur étroitesse d’esprit: « Dans mon pays, nous sommes persécutées parce que nous sommes des licornes. ce serait un comble d’être rejetée ici parce que vous considérez que je n’en suis pas une! » (p.84).

Je regrette que les personnages ne soient pas davantage développés. Edna se résume à sa différence: On ne sait pas ce qu’elle aime, on ne connait pas sa famille, on ignore ses forces et ses aspirations. On mentionne que dans son pays il n’y a pas d’hiver, mais pas, par exemple, quels sont talents ou ses défauts. On mentionne que pour le concours de beauté, elle sera « apprêtée selon des techniques traditionnelles de brossage et de tressage de son pays » (p.110), la plaçant de nouveau comme étant une Autre, différente des autres. Ceci ne s’accompagne pas de passage où la personnalité d’Edna se dévoile, ou encore de passage où on souligne les ressemblances avec les licornes pâles. Et donc, Edna est assez unidimensionnelle: C’est la « Nouvelle », la « Différente ». Le récit se termine sur le point de vue des licornes pâles: ce qu’elles ont appris avec l’arrivée d’Edna (il faut s’ouvrir pour découvrir plutôt que se méfier et résister), et ce qu’elles vont changer au sein du club (changement de présidence et ouverture aux différences). Décevant.

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Le club des licornes, 1: La licorne noire
AUTEUR(S): Maxime Poisot & Emmanuelle Teyras Victoria Robado
ÉDITION: Fleurus, 2020
ISBN: 9782215174295
PRIX: 15,95$
8 à 10 ANS

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La saveur des bananes frites

la saveur des bananes frites

Saraphina vit avec son grand frère Jude à Paris dans un foyer pour jeunes étrangers. Quand elle passe devant les grilles de la Cité Paradis et ses beaux appartements, elle ne peut s’empêcher de penser à une autre cité : celle où ses parents ont vécu avant sa naissance, en Haïti, et qu’ils ont dû fuir suite aux « grands combats ». Depuis, la vie ne les a pas épargnés : après la mort de leur mère, Jude et Saraphina ont dû apprendre à vivre seuls. Mais Jude semble profondément attaché à ses racines, alors que Saraphina, née à Paris, préférerait parfois les oublier. Au quotidien, elle s’applique surtout à rendre la vie plus légère. Au collège, elle s’intéresse à tout ; au foyer, elle aide Jude autant qu’elle peut, et rit avec Malik, qui lui fait voir la vie en couleur. Mais quand tout tourne mal, l’horizon du retour en Haïti se dessine peu à peu comme seul échappatoire possible. Comment Jude et Sara parviendront-ils à affronter cette nouvelle page de leur histoire ?

J’avais de grandes attentes face à ce roman et j’ai été plutôt déçue…  Bien que j’aie grandement apprécié la plume de l’auteure, j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages. Saraphina en particulier m’a semblé assez unidimensionnelle: sans papiers en France, elle répète souvent qu’elle n’aime pas, ne connait pas et n’est pas intéressée à connaître Haïti. Toutefois, on en sait très peu sur elle, sur ses intérêts, ses qualités, ses défauts, ses forces et ses faiblesses. J’aurais aimé connaître Saraphina en tant qu’humaine complexe et unique ! J’aurais aimé la suivre dans son cheminement identitaire en tant que fille ayant perdu sa mère et son père vivant depuis toujours en France, mais devant retourner vivre dans un pays inconnu.

La représentation d’Haïti m’a également déplu. À la lecture du roman, on retient que ce pays n’est que pauvreté, lenteur et délabrement habité par des gens à la peau si sombre que leur visages semblent avoir été « noircis par la cuisson [d’une] cocotte-minute » (p.107) de la chaleur des tropiques. J’aurais aimé que le roman aborde des éléments plus positifs pour contrebalancer. De plus, le vaudou est peint comme une sorte de pratique magique et mystérieuse se résumant aux poupées piquées d’aiguilles. Au passage, l’auteure n’oublie pas de nous rappeler que les habitants d’Haïti sont des descendants d’esclaves, mais passe sous silence leur lutte pour leur indépendance. Ugh. J’aurais tellement aimé aimer ce roman. Le mieux, c’est peut-être que vous le lisiez pour vous faire votre opinion personnelle. Et puis dites-moi ce que vous en avez pensé!

* Prix de Ravinala Madagascar

Sélectionné pour le Prix des Incorruptibles 2018-2019

Auteur(s) / illustrateur(s) : Sophie Noël
Maison d’édition: Magnard Jeunesse Bouton acheter petit
Année de publication: 2017
ISBN: 9782210963672
Public cible: À partir de 9 ans

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Unis par le jeu : Comment le soccer peut changer le monde

unis par le jeuSéparé de sa famille, Deo vit dans un camp de réfugiés au nord-ouest de la Tanzanie. Il adore jouer au soccer, mais il n’a pas de ballon. Grâce à son ingéniosité, il en fabrique un avec des feuilles de bananier. Un jour, un entraîneur arrive au camp et rassemble les enfants pour une partie de soccer. Deo n’est pas rassuré, car il y a un intimidateur dans son équipe, celui qui s’en prend toujours à lui. Mais le plaisir du jeu et l’esprit d’équipe viendront à bout des tensions, et de cette joie partagée naîtra un sentiment d’appartenance réconfortant et réconciliateur. Inspiré d’une histoire vraie, le récit de Katie Smith Milway démontre comment le jeu peut unir les jeunes et les aider à s’accepter les uns les autres. Ce récit est un excellent point de départ pour aborder le thème de la justice sociale dans le monde.

Au départ, on s’inquiète et on craint pour la vie de Déo. La vie au camp de réfugiés est aussi très dure ! Puis, l’arrivée d’un mystérieux entraîneur de soccer vient illuminer le récit et soudain, ce ne sont que des enfants qui jouent et apprennent le travail d’équipe. D’ailleurs, ce virage vers l’optimiste se remarque aussi dans les illustrations qui deviennent soudain plus lumineuses et colorés qu’au début du récit. Au fil des matchs et des échanges, les orphelins qui autrefois se craignaient, en viennent à rire ensemble et à se faire confiance. Unis par le jeu est une très belle histoire brillamment racontée. Par contre, la mise en page est un peu faible parfois, notamment par l’utilisation d’une typographie si petite et sur un fond trop sombre, si bien que la lisibilités en est affectée. Très bon quand même. Ce termine par un reportage photo et un dossier sur celui qui a inspiré cette histoire et sur le contexte politique qui a donné naissance aux camps de réfugiés au Burundi. Il y a aussi une présentation de sept jeux développés par Right To Play, une organisation dont la mission est de protéger, éduquer et développer l’autonomisation (« empowerment ») des enfants afin qu’ils puissent faire face à l’adversité en utilisant le pouvoir du jeu.

unis par le jeu 2

Auteur(s) / illustrateur(s) : Katie Smith Milway & Shane W. Evans
Maison d’édition: Scholastic Bouton acheter petit
Année de publication: 2017
ISBN: 9781443159647
Public cible: À partir de 10 ans.
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Charly en guerre

Charly en guerreCharly a perdu son père, un sergent accusé de trahison, tué par des rebelles, et sa mère a été enlevée par une des factions armées qui se livrent combat. Agé d’une dizaine d’années, il ne comprend rien à cette guerre civile. Enrôlé de force, il doit obéir à John, un peu plus âgé que lui. John est très dur. Ils deviennent quand même amis en se sauvant respectivement la vie. La pensée de sa mère obsède Charly. Est-elle toujours vivante ? La retrouvera-t-il ?

C’est sur fond de guerre civile au Bénin que ce déroule ce roman. Le vocabulaire recherché et le récit difficile fait de lui une lecture appropriée aux bons lecteurs et aux adolescents. On y dénonce la violence gratuite et les guerres absurdes qui brisent des vies. On retrouve ça et là de fines illustrations de Alexis Lemoine. Très bon !

* Prix de la Francophonie de littérature africaine pour enfants, 1996.

Né en 1964 au Bénin, Florent Couao-Zotti vit à Cotonou où il est enseignant et animateur culturel. 

Florent Couao-Zotti

Auteur(s) / illustrateur(s) : Florent Couao-Zotti
Maison d’édition: Éditions Dapper
Année de publication: 2001
ISBN: 2906067695
Public cible: Ados
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Le caméléon et les fourmis blanches

caméléon et fourmis blanchesCasimir, professeur des écoles, se remet difficilement d’une rupture amoureuse. Issa, jeune Malien sans papiers, est son élève cette année. Dévoreur de livres et assoiffé d’avenir, il ment, sèche les cours et veut se faire passer pour plus inculte qu’il n’est… Un jour, menacé d’expulsion, le père d’Issa confie son fils à l’enseignant. Malgré leurs différences et leur exaspération réciproque, Casimir et Issa apprendront à s’épauler et à s’apprécier…

Issa a grandi sans sa mère et son père travaille de nuit. L’histoire ce déroule à Dreux. J’ai du m’informer sur le net pour bien comprendre le contexte de cette ville. D’ailleurs, le contexte français peut miner la compréhension des lecteurs non-européens (référence au CE2, à la carte bleue, à Montpellier, à la « balayette », au « foot », au « cartable scolaire », aux « WC », etc.) Cela dit, ces mots nouveaux peuvent également ouvrir leurs horizons vers la manière dont vivent les gens en France.

Malheureusement, je n’ai décelé aucune représentation positive des personnes à la peau noire dans ce roman. Déjà au début du roman, Casimir se fait coiffer par un homme tenant des propos racistes contre les Arabes et les Noirs, les qualifiant de « sale race » (p.12). Issa envie les cheveux blonds et lisses « comme ceux d’un prince » (p. 26) de son ami Léo. Ce dernier est traité de « négro jap » par le père d’Issa à cause de ses origines métissées. Comme Issa déteste qu’on le compare à un Jackson Five à cause de ces cheveux afro, il les coupe toujours ras. Son père lui a appris à cacher son accent. Il souhaite donc passer inaperçu, être un caméléon; pourtant, ce n’est pas une chose facile lorsqu’on est Noir dans un environnement majoritairement blanc. À la lecture de ce livre, on sent donc que la peau noire est perçue de manière négative, voire non souhaitée. Même si cela fait partie de la réalité, certains passages de ce roman sont assez crus.

Le personnage principal n’a pas non plus un comportement exemplaire. Il fume avec son ami même s’ils sont mineurs, ils volent et redoublent leurs années scolaires. Bien qu’on dise d’issa qu’il a « un truc spécial pour les livres, les histoires » (p.30), on dit aussi qu’il a un « comportement inacceptable pour l’Éducation nationale » (p. 36), qu’il est un « vrai criminel » (p.37). Notons la présence d’une scène de viol envers la soeur d’Issa vers la fin du récit, heureusement avortée. À un autre moment, Issa est assommé sauvagement par un vieil homme parce que ce dernier croyait qu’Issa était un voleur !

« Un Blanc comme vous qui court après un Petit Noir comme lui, j’ai comme l’impression qu’il y a eu vol non ? » (p.97)

Trop, trop de négativité ! Dommage, car la plume d’Emmanuel Bourdier m’a beaucoup plu. D’une grande qualité littéraire, ce roman plaira aux enfants de 13 ans et plus. Mais attention: Pour lecteurs avertis.

Auteur(s) / illustrateur(s) : Emmanuel Bourdier
Maison d’édition: La Joie de Lire Bouton acheter petit
Année de publication: 2015
ISBN: 9782889082957
Lectorat cible: Ados
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Un voyage sans retour

Un voyage sans retour Gaspard Njock« De Gaule », « Mitterrand », les gosses désœuvrés du quartier populaire de New Bell, à Douala, rêvent d’Europe. Malik, 17 ans, se laisse entraîner dans ce voyage à haut risque. Du Cameroun à Lampedusa, en passant par les côtes libyennes, les évènements dramatiques se succèdent. Jusqu’au jour où Malik est recueilli par une association humanitaire. mais lorsque la nostalgie du pays le gagne, Malik se demande s’il a fait le bon choix. Sera-t-il heureux en Europe, soudain devenu moins accueillante ?… Que sont devenus sa famille, ses amis avec qui il a tenté la traversée vers un Eldorado plus fantasmé que réel?

C’est à son arrivée en Europe que le personnage principal, Malik, ressasse ses souvenirs de sa vie à New Bell, au Cameroun. Les festivités, le travail des femmes, les chants de labeur, les couleurs du marché, les conversations des foules, les chorégraphies funéraires, le ciné-club du quartier, les vacances chez ses grands-parents. Ennuyé, la perspective d’un monde nouveau, avec des usages et des coutumes différents l’excite: Il fallait qu’il parte, même si son père ne le comprenais pas. Il découvrira plus tard que son départ a complètement chamboulé sa famille… Au milieu du récit, on fait référence à Mami Water lorsque Malik raconte comment son ami a été englouti par la mer des eaux. Une bande dessinée du quotidien qui nous aspire dans son univers et nous fait découvrir des personnages plus grands que nature. L’auteur s’est légèrement inspiré de son vécu. Il a réalisé de nombreuses recherches graphiques et photographiques dans son pas d’origine, le Cameroun. Les illustrations à l’aquarelle sont magnifiques. On retrouve un dossier photo documentaire à la fin du livre. Un docu-fiction à lire !

Un voyage sans retour gaspard njock

Gaspard Njock est un auteur et illustrateur camerounais.

Gaspard Njock

Auteur(s) / illustrateur(s) : Gaspard Njock
Maison d’édition: Nouveau Monde éditionsBouton acheter petit
Année de publication: 2018
ISBN: 9782369425014
Public cible: Ados

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Rêves amers

Rêves amersAvec Rêves amers, Maryse Condé dresse un portrait sombre mais tout à fait réaliste des conditions de vie en Haïti à l’époque où Jean-Claude Duvalier présidait le pays. Elle narre à la troisième personne le difficile parcours de Rose-Aimée, une jeune fille issue d’une famille pauvre vivant dans la région du Cap. Ses parents la placent comme domestique au service d’une bourgeoise qu’ils croient honnête mais qui se révèle violente et injuste. (c) Bayard Jeunesse.

Ce roman, paru pour la première fois en 1987 sous le titre Haïti Chérie dans le magazine Je Bouquine, contient 79 pages qui se lisent d’une traite. Il est tout adapté aux lecteurs de niveau avancé appréciant les romans sans images. Condé a une incroyable capacité à jouer avec les mots pour évoquer des images vives. Les mots difficiles sont définis en bas de page. Tontons Macoutes, Vaudou, loas, Gonaïves, glaces frescos et tap-taps sont autant d’éléments haïtiens qui ponctuent le récit. J’aurais aimé que l’auteure donne plus d’informations sur le contexte socio-historique qui a mis la table à des problématiques comme les Restaveks (les enfants-esclaves) et l’embauche d’hommes haïtiens pour travailler dans les champs de canne à sucre dominicains dans les années 1980. Difficile pour un jeune lecteur de comprendre certains éléments clés du récit comme la pauvreté, l’exode, la dictature ou le travail forcé des enfants. Attention ! Le récit se termine par la mort du personnage principal et de sa meilleure amie, forcées à sauter du bateau qui devait les mener clandestinement à Miami, surprises par des gardes-côtes américaines. Pour lecteurs avertis. Pour les enseignants, vous trouverez une fiche pédagogique sur le site de l’éditeur.

* Recommandé par le ministère de l’éducation nationale de France.

Maryse Condé est une auteure née en Guadeloupe.

Maryse Condé

Auteur(s) / illustrateur(s) : Maryse Condé
Maison d’édition: Éditions Bayard Jeunesse Bouton acheter petit
Année de publication: 2001
ISBN: 9782747083423
Public cible: 11 ans et plus
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Moi Dieu Merci qui vis ici

moi dieu merci qui vis iciL’histoire vraie de Dieu Merci, qui a fui son pays, l’Angola, pour la France. Les douleurs de l’exil, mais aussi l’espoir sont évoqués avec justesse et respect, avec des mots et des images vraies et pudiques. Cet album est empreint d’une force poétique (et politique), qui affirme, de superbe manière, le droit pour chacun de vivre, ici ou ailleurs en paix et sereinement.

Je suis né là-bas. Un jour, j’ai dû fuir. Aujourd’hui, je suis ici, en vie.

Voilà un livre poignant qui a beaucoup à offrir. D’abord, un texte fort, un récit intimiste narré par un homme ayant fui son pays et qui confie au lecteur ses aspirations, ses craintes, les obstacles qu’il a dû surmonter, ses inquiétudes et ses espoirs. Il offre un regard lucide sur les éléments politiques, sociaux et historique qui ont miné son pays, l’Angola:

Depuis des années, sur la terre de mes aînés, des Angolais tuaient des Angolais mouraient. Les autres pays regardaient et semblaient dire: tant pis. Pourtant c’étaient eux qui, il y a longtemps, avaient allumé l’incendie. Et moi, Dieu Merci, j’ai grandi sur cette terre, par eux meurtrie.

moi dieu merci qui vis ici 2

Le livre s’adresse au 6 à 9 ans selon l’éditeur, mais je le suggérerais plutôt aux 8 à 12 ans. C’est un livre particulièrement adapté à une exploitation en classe puisqu’il permet aux jeunes lecteurs de développer leur esprit critique et de s’interroger sur leur propre privilège. Questionnez-les sur l’immigration, sur le statut de réfugié, sur leur sentiment d’être « chez soi », sur les impacts contemporains de la colonisation. Les illustrations sont riches, et soutiennent à merveille le texte de Lenain, connu pour aborder dans ses livres des sujets graves ou difficiles avec sobriété et légèreté. Fameux.

Coup de cœur!

Auteur(s) / illustrateur(s) : Thierry Lenain & Olivier Balez
Maison d’éditionAlbin Michel Jeunesse Bouton acheter petit
Année de publication: 2008
ISBN: 9782226324610
Public cible: 8 à 12 ans
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