Un conte naïf décrivant la tradition des femmes du Mali de peindre avec de la boue et des feuilles le bologan, cette étoffe aux motifs traditionnels. La jeune Nakunté parle à son futur bébé tout en peignant le bologan qu’il portera à sa naissance. Elle le met déjà en garde contre le scorpion, le tigre, le crocodile, elle lui raconte la vie quotidienne, elle le prépare à la vie. Sa peinture est rythmée par le roulement des tam-tams, les bruits du serpent blanc et du léopard.
« Whoush ! » fait le vent qui souffle à travers la savane jusqu’au village de Nakunté. « Whoush! » fait le vent brûlant qui sèche les tissus bogolan accrochés sur des branches de calebassiers. Dès les premières lignes, j’ai été transporté au Mali et j’ai découvert l’enfance de Nakinté Diarra, une femme qui a vraiment existé et qui peint avec de la boue des étoffes appelées bogolan, selon une tradition vieille de plusieurs siècles. À la lecture de cet album, on apprend que les tissus du bogolan sont utilisés tout au long de la vie, pour les mariages, pour envelopper les nouveau-nés ou pour les enterrements. Les couleurs utilisés par l’auteure sont vives et franches, créant de magnifiques toiles à chaque page. On a ici un récit du quotidien malien, somme toute assez éloigné de la réalité occidentale, mais qui ne présente pas les personnages et les traditions africaines comme exotiques. Au contraire, elles sont normalisées et légitimées. Plusieurs fois dans le texte, le personnage principal s’adresse directement à son bébé; on assiste alors à une conversation entre une femme noire et sa progéniture, sans que la présence d’un lecteur blanc ou occidental soit sous-entendue. Elle prépare la venue de son enfant, lui parle de la beauté de la vie, des étoiles, des animaux, des plantes, qui lui tarde de lui montrer. Et quelle chance d’assister à ce moment d’intimité. J’ai beaucoup aimé cet album !
Auteur(s) / illustrateur(s) : Jeanette Winter
Maison d’édition: Gallimard Jeunesse
Année de publication: 2007
ISBN: 2070544958
Public cible: 3 à 6 ans.
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