Je te regarde: Promesses

Un recueil de pensées tendres à chuchoter à l’oreille de son enfant, dans un album animé avec une découpe à chaque double page.

Quel beau livre cartonné! Le texte, tout en poésie, célèbre la beauté du quotidien et l’émerveillement qu’on peut ressentir devant les enfants qui grandissent si vite.

Les trous dans les pages donnent une autre dimension à l’album: le soleil levant devient une tour de jeu la page suivante, par exemple. L’enfant peut aussi s’amuser à reconnaître et nommer les formes découpées dans les pages. Une page sur deux illustre un personnage racisé. Les illustrations sont tendres et douces. Les pages cartonnées sont parfaites pour les petites mains n’ayant pas encore développé leur motricité fine.

Vraiment très bon! 

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Promesses: Je te regarde
AUTric
e: Christine Roussey
ÉDITION: De la martinière, 2020
ISBN: 9782732495071
PRIX: 15,95$
4 À 6 ANS

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Derrière les yeux de Billy

Billy a peur de tout perdre, alors elle perd tout. C’est plus fort qu’elle. Elle se dit que le jour où elle perdra quelque chose qu’elle aime plus que tout au monde, elle sera bien préparée. Mais, malgré son entraînement intensif pour s’endurcir contre le pire, le jour où son papi a fermé ses yeux pour toujours, Billy n’était pas prête.

Quel bel album qui aborde la thématique du deuil du point de vue d’une enfant avec beaucoup de poésie. Perdre un être cher, est-ce que c’est comme perdre un objet? Est-ce qu’on le retrouve au printemps, quand la neige a fondu? Est-ce que si on se pratique a perdre des choses, est-ce que cela fait moins mal lorsque quelqu’un qu’on aime meurt?

Billy est une enfant qui tente de donner un sens à la disparition de son grand-père. Elle vit beaucoup de frustration car personne ne semble avoir les mots pour lui expliquer la mort, le deuil. Si son papi s’est « endormi », c’est qu’il se réveillera? S’il s’est « envolé », c’est qu’il peut retomber? Grâce au soutien de son oncle, Billy trouvera une manière d’apaiser sa peine: faire une place dans son coeur et ses souvenirs pour son grand-papa. Ne jamais l’oublier. Puis, quand Billy grandira, elle pourra ajouter d’autres souvenirs, mais celui de son grand-père sera toujours là si elle le chéri.

Le texte et est fort et beau. Sur le site de Radio-Canada, on peut écouter une version audio du livre.

Au niveau de la représentation, on a un personnage principal métissé dont le père est noir et la mère, blanche. Elle vit une vie tout à fait ordinaire: Elle fait du sport, va au camp de vacances, se fait des amis, tombe amoureuse d’une fille dans sa classe et fonde une famille avec elle. J’ai adoré cet album sur la vie, sur la mort, sur la filiation et la transmission. Un livre excellent!

* Prix Espiègle 2019.

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Derrière les yeux de Billy
AUTEUR(S) : Vincent Bolduc & Chloloula
ÉDITION: Dent-de-lion, 2018
ISBN: 9782924926000
PRIX: 22,50$
8 à 11 ans

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Sortir d’ici

Jade aime la vie qu’elle mène dans son quartier, entourée de ses amis et de sa mère. Mais cette dernière veut l’envoyer au lycée situé de l’autre côté de la ville, celui où vont les Blancs, les riches ou les élèves pauvres mais brillants, comme elle. Dans cet établissement où elle n’est pas la bienvenue, Jade découvre un monde dont elle ignore les codes.

Vous allez adorer ce roman si vous aimez les récits réalistes et les personnages bien développés. Je me suis tellement reconnue en Jade, dans son discours, ses expériences et ses questionnements. Pourtant, contrairement à elle, je n’ai pas grandi dans un milieu pauvre, ni dans une communauté majoritairement noire, et je n’ai pas eu de bourses d’études ciblée pour les personnes racisées. Pourtant, plutôt que nos différences, c’est bien nos ressemblances qui ont fait en sorte que je m’identifie à ce personnage. Nous sommes toutes les deux noires, avons toutes les deux eu des amitiés mixtes qui ont été bousculées par l’incompréhension de nos amies blanches face au racisme que nous subissons, et nous avons toutes les deux été discriminées au moment d’être choisie pour un programme scolaire d’envergure. Tout lecteur qui a fait face à des difficultés (peut importe leur nature) ou de la discrimination, ou qui s’est questionné sur le privilège, verra en Jade un certain reflet de lui-même. C’est là toute la puissance de l’écriture de Renée Watson: rendre ses personnages vrais, authentiques et imparfaits.

Même si je n’ai pas été d’accord avec tous les propos de Jade, j’ai pu comprendre son point de vue. J’ai aussi compris le point de vue de ses détracteurs. Car l’autrice Renée Watson prend bien soin de montrer les deux côtés de la médaille à une problématique. Lorsqu’elle parle du racisme subi par Jade et sa frustration face aux Blancs qui minimisent sa douleur et sa colère, elle parle aussi des Blancs qui ne savent pas comment réagir et qui se sentent injustement visés. Plutôt que de présenter la fragilité blanche comme un problème qui ne concerne que les Blancs (« qu’ils s’éduquent! » diront certains), Renée Watson présente le point de vue des personnes blanches dans toute sa complexité, et valide tout autant les expériences des personnes noires que blanches. Ainsi, Sam, l’amie blanche de Jade, aura une voix bien à elle et aura l’opportunité de s’exprimer, par exemple, lors de cet échange entre elle et Jade après que leur amitié ait été ébranlée par une succession de micro-agressions:

— Parfois… je ne sais pas… je suis juste mal à l’aise de parler de ce genre de choses. Et je ne sais pas quoi te dire quand quelque chose d’injuste t’arrive. Comme l’autre jour au centre commercial. Je me suis sentie super mal. Mais j’étais censée faire quoi?
— Tu n’es pas toujours obligée de faire quelque chose. Mais quand tu balaies ce que je dis d’un revers de la main comme si je l’inventais ou si j’exagérais, ça me donne l’impression que tu te fiches de ce que je ressens. (p. 287)

J’ai souvent du mal avec les mauvaises traductions françaises des romans anglophones. Mais j’ai trouvé que « Sortir d’ici » était une excellente adaptation du titre original, « Piecing Me Together ». Car c’est bien ce désir de quitter la prison de verre qui l’entoure qui anime Jade tout au long du roman. Sortir d’ici, ce n’est pas nécessairement de quitter sa communauté afro-américaine pauvre, mais plutôt, quitter cet endroit où les opportunités sont trop peu nombreuses. Jade a souvent l’impression que ses chances d’avancement social sont quasi-nulles sans l’aide de personnes plus fortunées. Elle est intelligente, travaillante, déterminée et polyvalente: alors pourquoi est-ce si difficile? Elle intégrera un programme qui offre aux jeunes filles pauvres l’opportunité d’élargir leurs horizons en allant au musée, au cinéma ou en apprenant à bien se nourrir, par exemple. Au sujet de ce programme, Jade sera agacée par le fait qu’on ne lui montre que des choses extérieures à sa communauté, comme si cette dernière n’avait rien à offrir. Et elle n’hésitera pas à le dire. Jade est une forte tête et j’ai aimé cela d’elle. Elle comprend bien que le monde ne semble pas être fait pour elle, que sa mère a beau être pleine de bonne volonté, que ses voisins soient pleins de rêves ou qu’elle soit tout aussi capable qu’une personne plus fortunée (et, accessoirement, blanche), cela ne semble être jamais suffisant pour l’affronter. À ce sujet, elle dit même: « Parfois, j’ai l’impression de partir de chez moi le matin en un seul morceau, riche des baisers de maman qui a placé ses espoirs en moi. Mais quand je rentre le soir, j’ai l’âme en miette. » (p.107). Car Jade subit de nombreuses micro-agressions, ces petits gestes qui se veulent anodins, mais qui heurtent les personnes racisées, et qu’il est difficile de démontrer qu’il s’agit d’attaques. Jade est aussi grosse, et j’ai apprécié qu’une personne grosse soit le personnage principal d’un roman, sans que ce personnage soit malheureux à cause de son poids.

« Je ne sais pas ce qui est pire. Être maltraitée à cause de la couleur de sa peau, à cause de son poids, ou devoir prouver que c’est vraiment ce qui s’est passé. » (p.166)

J’ai pris des tas de notes sur ce roman, j’ai surligné énormément de passages en me disant « Oh, mon Dieu, c’est tellement bien dit » ou « C’est exactement ça! ». Vous devez absolument lire ce roman et me dire ce que vous en avez pensé. Fortement recommandé!

Renée Watson est une autrice américaine.

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Sortir d’ici
AUTEUR(S) : Renée Watson
ÉDITIONCasterman, 2019
ISBN: 9782203185661
PRIX: 28,95$
13 ans et plus

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Wagenia : Les pêcheurs intrépides du Congo

Wagenia - Les pêcheurs intrépides du CongoSa mère, qui est veuve et l’élève seule, a confié Mopeta à son frère , pour qu’il vive la vie des pêcheurs wagenia, en amour du fleuve. Mopeta est heureux d’apprendre le métier, mais il a le mal du pays. Le soir, souvent, il s’en va rêver seul en pirogue, près des rapides. Une nuit, des malfaiteurs dérobent du poisson. C’est Mopeta qui est accusé de ce vol, et il va lui être difficile de prouver son innocence…

J’ai tout aimé de cet album. Déjà le titre: remarquez qu’on n’y mentionne pas l’Afrique. On parle du Congo. C’est bon signe, avant même d’avoir lu le livre, car trop souvent on parle de l’Afrique en littérature jeunesse comme s’il s’agissait d’un pays alors qu’il s’agit d’un continent. Les différents villages où se déroule l’action sont aussi clairement nommés: Wagenia et Kisangani. Encore un bon point car les livres jeunesse parlant de l’Afrique on la fâcheuse tendance à taire le nom des villes, des villages et des pays africains, comme si l’un équivalait bien l’autre. Dans cet album signé Dominique Mwankumi, on nomme aussi clairement les différents groupes ethniques qui peuplent le Congo. J’aime bien lorsque les lieux, les choses et les gens sont nommés ; cela les rend réels, vrais, et cela nous rappelle qu’ils existent. C’est important, surtout lorsqu’on fait référence à la représentation des personnes noires dans les médias et les produits culturels.

Ensuite, les thèmes abordés: on y parle pas d’exotisme, de sorcellerie, de pauvreté ou de racisme (comme c’est souvent le cas en littérature jeunesse lorsqu’il est question de l’Afrique) mais de pêche, de vie de famille, de débrouillardise, d’apprentissage et de bien-être. Pour toutes ces raisons, je recommande vivement cet album.

Les illustrations utilisent les tons de jaune, ocre et orangé, évoquant la chaleur du pays du Congo. Des vignettes superposées aux illustrations principales marquent l’action, les péripéties, le suspense, la vitesse ou l’effervescence.

Le récit en lui seul m’a charmé. Quelle n’a pas été ma surprise de retrouver à la fin de l’album un dossier documentaire extrêmement bien fait sur le Congo, ses habitants, son climat, son histoire, ses productions artistiques, sa géographie, sa gastronomie, sa faune et son économie. Dominique Mwankumi nous offre ici un album merveilleux à mettre entre toutes les mains.

Coup de cœur !

Dominique Mwankumi est un auteur congolais.

dominique mwankumi

Auteur(s) / illustrateur(s) : Dominique Mwankumi
Maison d’édition: École des loisirs
Année de publication: 2007
ISBN: 9782211094542
Public cible: À partir de 8 ans
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