Résumé : Le bloc en briques rouges, tout au bout de la ruelle, abrite plusieurs enfants. Mia, la nouvelle venue, les observe de sa fenêtre; grands, petits, blonds ou bruns… mais il n’y a pas que leur apparence. À force de les côtoyer, elle découvre leurs goûts, leurs secrets. Tout en dressant la liste des particularités de chacun des enfants du bloc, Mia prend conscience de la force de leur différence.
Appréciation: Ah, Montréal…! Si belle avec ses ruelles, ses escaliers de fer forgé, et ses bloc-appartements! Dans cet album de Patricia Rioux et Karina Dupuis, on rencontre une jeune fille d’origine asiatique qui vient d’arriver dans son nouvel appartement, son nouveau pays. Elle fera la connaissance de ses voisins, d’origines diverses, avec qui elle constatera à quel point ils sont différents les uns des autres… et que c’est ce qui rend leur amitié naissante si vibrante. Une belle histoire sur la diversité de la grande ville et la quête de repères. Format à l’italienne.
Rien ne résiste à Zoé. Surtout quand elle a une idée en tête. Aujourd’hui, elle a décidé d’organiser un anniversaire surprise à sa maman. Mais quand tu es sans un sou et que tu ne comptes que sur tes idées, pas certain que ça soit une bonne idée. Les catastrophes vont se succéder, sans jamais arrêter Zoé !
La lecture de ce roman m’a été pénible!! 😬 J’ai hésité à le lire parce qu’en général, je n’aime pas les romans jeunesse en gros caractères. Et en le feuilletant vite-fait une première fois, je suis tombée sur un passage dans lequel on parle de « tous les chauffeurs de taxi haïtiens » (p.26). Sur le coup, je n’avais pas pu m’empêcher de lever les yeux aux ciel. Encore le cliché des chauffeurs de taxi haïtiens montréalais. Comme s’il fallait justifier la présence des hommes noirs à Montréal, du style « ah, oui, ben ce sont des chauffeurs de taxi! » ou qu’on ne les retrouve pas dans d’autres sphères du monde du travail.
Mais bon. Je n’arrêtais pas de le voir à la bibliothèque, donc finalement, je me suis lancée. Le personnage principal, Zoé, est une petite fille métissée dont le père est noir et la mère, blanche. Elle décrit sa famille ainsi:
« J’ai une drôle de famille multicolore. Papa est comme le café noir et maman, comme le pot de lait. Moi, je suis un mélange des deux. La petite tasse de café au lait. » (p.28)
J’en ai un peu marre de ce genre de description de la couleur de peau des personnes noires avec de la nourriture. Du chocolat, du café, du café au lait… Jamais on ne décrit les personnages blancs de cette manière, genre « J’ai la peau couleur guimauve » ou encore « j’ai une drôle de famille blanche: ma mère et mon père sont blancs! ». 🙄 Parce que les peaux blanches sont perçues comme la norme, la base, ne nécessitant pas de description particulière. Au fond, peut-être que cette analogie avec le café au lait ne m’aurait pas autant dérangée s’il n’y avait pas tous ces autres passages problématiques dans le roman. Continuons.
Revenons au père de Zoé un petit moment. Ce n’est pas dit explicitement dans le texte, mais plusieurs éléments nous laissent supposer qu’il est haïtien: son garage est fréquenté par la communauté (même si ce n’est quand même pas un prérequis), il écoute des chansons haïtiennes et il parle créole. Sauf que le créole dans le texte ne fait AUCUN SENS. En page 88: « Pas rim neux » est traduit par « ne ris pas de moi ». Pourtant, ça ne veut absolument rien dire en créole haïtien. En p.123, on peut lire les paroles d’une chanson en « créole »: « Mé té a libewté, ja pran tan résilié. Haitie Chérie, la vi pas fini ». Déjà, Haïti en créole s’écrit Ayiti et le « e » à la fin du nom du pays, je sais pas ce qu’il vient faire là. Après, le reste, c’est carrément du charabia. Je devine qu’on a voulu en faire une chanson sur la liberté et la résilience, mais, seigneur, l’auteure aurait dû faire l’effort demander à un créolophone de relire son texte. De plus, on retrouve çà et là dans le texte quelques interjections et mots créoles utilisés très maladroitement par le père de Zoé. Ça sonnait très faux parce que ce n’est pas comme ça qu’une personne haïtienne utiliserait ces interjections et ces mots. Vers la fin du roman, une bannière de fête est installée à l’envers par accident et l’amie (blanche) de Zoé lui demande si c’est du créole. 🤦🏿♀️ Bref. Est-ce que quelqu’un a effectué une relecture de ce roman pour s’assurer que ce genre de représentation problématique ne se retrouve pas sur les tablettes de nos librairies??
Ce n’est pas tout. L’une des gaffes de Zoé est de maquiller son père en clown alors qu’il dort, car elle prépare l’anniversaire de sa mère. Elle lui met un « grand sourire jaune jusqu’aux oreilles, un nez blanc et de grands triangles verts et orange autour des yeux » (p.128). Une fois terminé, voici ce qu’on peut lire et voir dans le roman (attention, ça va faire mal):
Ça, c’est une femme blanche (l’auteure) qui associe cheveux crépus à chevelure de clown. Si j’ai bien compris, les cheveux crépus sont des cheveux de clowns. C’est bien ça? 😬 Ce genre de représentation me rend en colère et me blesse. Sait-elle que des personnes dans la vraie vie ont naturellement les cheveux crépus? Comment sommes-nous sensés nous sentir en tombant sur ce passage dans son livre?
Parenthèse: La grande sœur de Zoé a été adoptée de Chine avant sa naissance. En p. 270, alors que l’anniversaire de la mère a finalement lieu, Zoé souligne que « même [sa] Chinoise de sœur a eu envie de participer. » Sauf qu’elle n’est pas Chinoise, elle est Canadienne. Quel manque de délicatesse.
Le texte, plutôt insipide, utilise le langage familier. On y retrouve même le mot « bordel » (dans le sens de « désordre »). D’accord, les gens utilisent beaucoup ce mot en langage familier, mais c’est quand même assez vulgaire. Je n’aurais pas mis ça dans un livre pour enfants.
Dernière chose. Sur leur site, les éditions La Bagnole présentent le livre comme « une série pour jeunes filles avec beaucoup d’action et encore plus de catastrophes ». C’est quoi ce besoin de genrer les lectures??? Les livres « pour filles », les livres « pour garçons »… c’est agaçant. Un garçon ne peut-il pas lire et aimer un roman dans lequel le personnage principal est une fille? Franchement… 🤦🏿♀️ Ne perdez pas votre temps avec ce livre. Non recommandé.
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Zoé: Championne des cas ratés AUTEUR(S): Catherine Girouard & Vannara Ty ÉDITION: La Bagnole, 2018 ISBN: 9782897142384 PRIX: 14,95$ 8 à 11 ANS
Pauvre Colette, récemment déménagée dans un nouveau quartier, sa mère lui refuse un animal de compagnie. Mais lorsqu’elle cherchera à se faire de nouveaux amis, ce sera grâce à une perruche… imaginaire! Ce livre est le premier d’une série mettant en vedette les personnages de la bande du Mile-End. Chaque livre apportera de nouvelles aventures, de nouvelles couleurs et des univers propres à la personnalité de chacun.
L’avis d’Olympe, lectrice invitée : Elle s’appelle Colette et vient d’emménager dans un nouveau quartier de Montréal: Le Mile End. « Colette », un prénom atypique pour une enfant spéciale, bout en train, dégourdie et qui a de l’énergie à revendre! Une enfant attachante, au contact facile et à l’imagination débordante. Alors bien sûr, quand Colette a un souci, comme cet après-midi d’été, c’est tout le quartier qui se montre solidaire pour l’aider à retrouver son fameux compagnon… Alors même qu’ils ne connaissent pas encore cette nouvelle voisine, tous les enfants de la bande du Mile End vont contribuer à l’enquête. Colette s’applique pour décrire les moindres caractéristiques de son oiseau et le lecteur est embarqué lui aussi dans cette quête qui est l’occasion de découvrir le voisinage. On peut compter sur les doigts d’une main les couleurs utilisées pour les illustrations de ce beau livre. Et pourtant, elles prennent vie, au fil des pages, de façon étonnante. Cette belle aventure m’a tenue en haleine jusqu’à la dernière page. Un livre à lire et à relire. Une petite fille de 7 ans est restée perplexe suite à cette lecture, car, je cite, « il y a un mensonge »… En effet, entre grande imagination et petit mensonge, il n’y a qu’un pas. Cette histoire est aussi l’occasion d’en discuter avec les enfants !
Auteur(s) / illustrateur(s) : Isabelle Arsenault Maison d’édition: Éditions de la Pastèque Année de publication: 2017 ISBN: 9782897770150 Public cible: À partir de 4 ans
Merci Olympe !
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À propos d’Olympe: Exploratrice, Olympe habite en France. Elle aime offrir des livres aux enfants et les considère comme des outils de transmission de valeurs et d’ouverture sur le monde. D’où la nécessité pour elle d’y retrouver des personnages à l’image de cette société plurielle qui nous entoure. Olympe porte autant d’importance à l’histoire et aux images qu’à l’objet. Tous les sens doivent être en éveil !
« Élodie, je reviens. Attends-moi deux minutes. » Mais Élodie n’attendra pas son papa. Elle s’aventurera dans la ruelle. SEULE. Quelles découvertes y fera-t-elle ?
Les pages de garde nous font découvrir la ruelle qui s’étend derrière chez Élodie. On reconnaît facilement les ruelles montréalaises, avec leurs arbres matures, leurs jardins communautaires, leurs écureuils , leurs clôtures dépareillées, leurs sols couvert de jeux d’enfants et leurs cordes à linge. Dans la ruelle qui borde la maison d’Élodie, on y découvre les maisons des voisins : Aimée, chez monsieur Lagacé, Madame Lavoie, Monsieur Bélair, Monsieur Brochu, Madame Bernard et son bouvier, Monsieur Desjardins et les fourmis. Le lecteur s’amusera à se référer aux pages de garde pour se repérer dans l’histoire et imaginer lui-même tout ce qui se passe dans cette ruelle.
Le texte est écrit au présent et à la première personne du singulier. C’est en effet le point de vue d’Élodie que l’on découvre tout au long du récit. Élodie qui saute comme dans une marelle, Élodie qui tourne sur elle-même tel une toupie, Élodie qui explore, Élodie qui découvre. On la suit dans ce court moment de découverte où elle rencontrera une nouvelle amie. Leur rencontre d’ailleurs est savoureuse: elles se font des grimaces, puis éclatent de rire. C’est le début d’une nouvelle amitié. Élodie est Noire et vit une existence typiquement montréalaise. On ne mentionne rien sur ces origines. Élodie est simplement une petite fille qui vit dans une maison donnant sur une ruelle arrière. C’est tout.
Le format à l’italienne de cet album splendide rappelle, par sa longueur, la linéarité des ruelles montréalaises. Les auteurs ne s’empêchent pas quelques fantaisies en optant de manière impromptue pour une mise en page verticale; il faudra donc tourner l’album de sens pour continuer la lecture. Un récit du quotidien drôle et touchant par sa familiarité. Le texte, majoritairement en prose, intègre de manière harmonieuse des phylactères empruntés aux bandes dessinées lorsqu’il y a présence de dialogues, parfois en hors-champs. Je recommande vivement !
Auteur(s) / illustrateur(s) : Céline Comtois & Geneviève Després Maison d’édition: D’eux Année de publication: 2017 ISBN: 9782924645161 Public cible: 4 à 11 ans. Vous aimerez peut-être: Un petit garçon qui avait peur de tout et de rien, un livre jeunesse québécois.