Sous nos yeux: Petit manifeste pour une révolution du regard

Résumé : Ce guide explore l’importance et l’influence des images sur les jeunes que ce soit à la télévision, au cinéma, dans les jeux vidéos, les publicités ou les séries. L’auteure analyse la nature de ces images et leurs effets puis propose des outils pour que les adolescents puissent modifier leur regard.

Lectorat cible : 12 ans et plus

Autrices : Iris Brey & Mirion Malle

Édition : La ville brûle, 2021

ISBN : 9782360121373

Prix : 21,95$

Appréciation : Wow wow wow! Avez-vous vu ce livre? Les éditions la ville brûle (qui ne m’ont encore jamais déçue) viennent de sortir un superbe livre documentaire qui fait réfléchir les jeunes au regard, au male gaze, à la banalisation de la culture du viol dans les séries télé, à la porno, à la fabrication des images qu’on consomme parfois trop passivement, et à la manière dont les femmes sont filmées à l’écran. On y parle aussi de la présence des femmes derrière l’écran: Tout le monde connaît les Frères Lumières, mais qui a entendu parler d’Alice Guy, la première à comprendre que le cinéma pouvait être utilisé pour raconter des histoires et la première cinéaste blanche au monde? Alice Guy est également la première à filmer une histoire avec un casting composé entièrement d’acteurs noirs lorsqu’en 1912, certains acteurs refusaient de tourner d’apparaître à l’écran avec Noirs et qu’elle décide de les virer et des les remplacer par une distribution entièrement afro-américaine, sans changer l’histoire: rien dans le film ne fait référence à la ségrégation, ni au racisme. Ce film aurait pu être tourné avec des acteurs blancs et ça n’aurait rien changé à l’histoire.

Sous nos yeux aborde aussi la question du female gaze, du désir féminin et du mouvement #MeToo. Le tout est présenté d’une manière non condescendante, à hauteur d’adolescent qu’on sait capable de réfléchir par eux-mêmes et faire preuve d’empathie. On les amène à se questionner sur les images qu’ils consomment et à ne pas être de petits moutons qui suivent le troupeau sans réfléchir. Je vous recommande fortement ce livre! 

Coup de coeur !

Vous aimerez peut-être : Les règles, quelle aventure!, Nous sommes tous des féministes, et Histoires du soir pour filles rebelles, trois livres jeunesse féministes.

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Babel Corp. (tome 1) : Genesis 11

À bord du vaisseau Genesis 11, Emmett, issu d’un quartier pauvre, participe à un jeu de survie avec d’autres adolescents défavorisés. Au bout d’un voyage d’une année, seuls les huit meilleurs pourront débarquer sur une planète mystérieuse pour y récolter la noxolyte, une substance fossile puissante et dangereuse. À bord, les épreuves cruelles et truquées se multiplient.

Ça faisait longtemps que je n’avais pas lu un bon roman de science-fiction qui se déroule dans l’espace. Dans le genre, Babel Corp. est excellent! L’histoire va très vite: l’auteur ne perd pas de temps avec des détails. Dès le début, c’est un feu roulant d’action qui se déroule sous nos yeux de lecteurs. On rencontre rapidement les personnages qui nous accompagneront tout au long de l’aventure : des jeunes ados de partout dans le monde qui embarquent dans cette aventure spatiale pour améliorer leur sort ou celui de leurs proches. Bon, j’admets qu’au début, ça fait un peu liste d’épicerie (Un personnage noir? Check. Un personnage asiatique? Check. Un personnage arabe? Check. etc.), mais heureusement, l’auteur donne suffisamment d’espace à chacun des personnages d’exister au-delà d’être là pour faire croire à un désir maladroit d’inclure plus de diversité. Les personnages ne parlent pas tous la même langue et ils utilisent des traducteurs instantanés pour se comprendre. Ainsi, l’anglais n’est pas imposée comme langue de communication universelle dans le roman. J’ai trouvé ça chouette.

Le personnage principal est Emmett, un ado déterminé et généreux, qui embarque sur le Genesis 11 pour ramasser les fonds nécessaires pour soigner sa mère malade. Il fera tout pour tenter de gagner la compétition, mais restera un concurrent aimable et sympa. Il se liera d’amitié avec Kaya, une jeune japonaise mystérieuse pleine de sagesse. [SPOILERS] Cette dernière sera tuée par un ennemi extraterrestre au 2/3 du récit en une scène particulièrement bien menée. Je ne m’y attendais pas du tout! Mais je parie qu’elle reviendra d’une manière ou d’une autre dans les prochains tomes. J’ai comme un feeling qu’on a pas fini d’entendre parler d’elle… 😉 [FIN SPOILERS]

Franchement, Babel corp. est un excellent romans pour les ados et jeunes adultes. Points boni pour la page couverture qui est très belle. Hâte de lire la suite!

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Babel Corp. : Genesis 11
AUTEUR(S) : Scott Reintgen 
ÉDITION: Milan jeunesse, 2020
ISBN: 9782745979667
PRIX: 29,95$
12 ans et plus

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être les deux prochains tomes de la série, Eden et Ascension. Essayez aussi L’enceinte 9, un excellent roman pour adolescents.

Né coupable

En mars 1944, la ségrégation bat son plein en Caroline du Sud. George Stinney, jeune Afro-Américain de 14 ans, est arrêté pour le meurtre de deux fillettes blanches. Le garçon, qui reconnaît les avoir croisées quelques heures avant leur disparition, est le coupable idéal aux yeux du shérif. Interrogé et poussé à signer des aveux dont il ne comprend pas le sens, il est condamné à mort.

Né Coupable de Florence Cadier est un livre nécessaire pour ne jamais oublier l’histoire et à quel point la justice est fragile. Un livre pour aussi se souvenir que les erreurs judiciaires existent encore aujourd’hui et que la plupart des victimes sont noires.

Tout ce passe très vite dans l’histoire: c’est comme un tourbillon immense, celui-là même qui a emporté avec lui George Stinney, le personnage principal. L’autrice maîtrise très bien le suspense et les émotions, un équilibre fragile qui ne peut que garder captif le lecteur. J’ai eu du mal à reposer ce livre!

Attention: certains passages sont très troublants, notamment le racisme éhonté du corps policier et des enquêteurs. Il mot « nègre » est également utilisé à quelques reprises dans le texte. George Stinney est interrogé et poussé à signer des aveux dont il ne comprend pas le sens, et il est transféré en prison sans revoir ses parents. Cette dernière n’obtient même pas le droit d’assister à son procès. Il ne faudra que dix minutes au jury, composé de 12 hommes blancs, pour condamner George, 83 jours après son arrestation. Aucun témoin n’a été appelé à la barre. Aucune preuve, ni les aveux de l’adolescent, n’ont été trouvé dans les archives de police.

Notons au passage que l’autrice est une française blanche, donc assez éloignée de la réalité qui est raconté dans le roman. Il s’agit toutefois d’une histoire vraie: en effet, George Stinney est le plus jeune condamné au XXe siècle à mourir sur la chaise électrice. L’autrice, journaliste, a effectué plusieurs recherches sur cette affaire avant d’écrire ce roman, soutenu par Amnesty International. Et même si les dialogues, les noms et les actes relatés dans le livre sont de sont crû, l’histoire de George Stinney a réellement eu lieu. Elle questionne d’ailleurs en postface: « Les Noirs étaient les parfaits boucs émissaires d’une société blanche suprématiste. Peut-on dire que cela ait changé? » (p.151). À lire de toute urgence!

Je remercie les éditions talents hauts de m’avoir offert ce livre.

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Né coupable
AUTrice : Florence Cadier 
ÉDITION: Talents hauts, 2021
ISBN: 9782362664090
PRIX: 24,95$
12 ANS et plus

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être le deuxième tome de Ku Klux Klan : Des ombres dans la nuit, Les cagoules de la terreur, inspiré d’une histoire vraie. Essayez aussi Dorothy Counts: affronter la haine raciale, et Angela Davis: Non à l’oppression.

Blue Pearl

1860. Lizzie vit avec sa mère Abigail, esclave dans une plantation de coton au sud de la Virginie. Cuisinière des propriétaires, elle bénéficie d’une situation plus enviable que celle des esclaves des champs. Pour les 10 ans de sa fille, elle lui confectionne une poupée noire en tissu qui attise la convoitise et la jalousie de Laura-May, la fille des maîtres.

J’ai franchement bien aimé ce roman! Il s’agit d’un livre jeunesse, mais tant la richesse du contexte choisi que le développement des personnages est effectué avec soin. Il consitue une belle porte d’entrée pour les jeunes lecteurs et lectrices qui veulent explorer le sujet de l’esclavage. L’histoire relate le quotidien très dur des esclaves aux États-Unis. Il y a aussi, en filigrane, l’histoire de Blue Pearl, cette petite poupée qui semble représenter ce qui a de plus humain dans un monde violent et haineux. L’autrice fait usage d’un vocabulaire riche et recherché. Attention, il y a une scène de viol dans ce roman, ainsi qu’un meurtre (impuni) d’enfant. Pour lecteurs avertis.

Un livre pour souligner le mois de l’histoire des Noirs.

Blue Pearl
AUTEUR(S) : Paula Jacques 
ÉDITIONGallimard Jeunesse, 2020
ISBN: 9782075127875
PRIX: 23,95$
12 ANS ET PLUS

Ce livre vous a plu? Vous aimerez peut-être Alma: Le vent se lève, La case de l’oncle Tom ou Catfish, trois livres pour la jeunesse sur le sujet de l’esclavage.

Akata Witch

Mon nom est Sunny Nwazue et je perturbe les gens. Je suis nigériane de sang, américaine de naissance et albinos de peau. Être albinos fait du soleil mon ennemi. C’est pour ça que je n’ai jamais pu jouer au foot, alors que je suis douée. Je ne pouvais le faire que la nuit. Bien sûr, tout ça, c’était avant cette fameuse après-midi avec Chichi et Orlu, quand tout a changé. Maintenant que je regarde en arrière, je vois bien qu’il y avait eu des signes avant-coureurs. Ce n’est pas comme si des choses bizarres ne m’étaient pas déjà arrivées. Rien n’aurait pourtant pu me préparer à ma véritable nature de Léopard. Être un Léopard, c’est posséder d’immenses pouvoirs. Si j’avais su en les acceptant qu’il me faudrait sauver le monde, j’y aurais peut-être réfléchi à deux fois. Mais, ce que j’ignorais alors, c’est que je ne pouvais pas empêcher mon destin de s’accomplir.

Il y a quelque chose de spécial dans ce roman. Il a eu une très belle couverture médiatique, est écrit par une personne noire et a pour personnages principaux presque qu’exclusivement des noirs. C’est assez rare de retrouver ces trois éléments ensemble pour un seul livre, jeunesse en plus! Évidement, je ne pouvais pas passer à côté. Déjà, quand j’ai repéré ce livre à la librairie, la page couverture m’a beaucoup plu. Cet autobus coloré, ces couleurs éclatantes et bien entendu, cette jeune fille, cheveux afro, habillée à l’occidentale, qui semble avoir tellement de pouvoir. J’ai été intriguée. La quatrième de couverture pose clairement les bases du récit et du personnage principal:

Mon nom est Sunny Nwazue et je perturbe les gens. Je suis nigériane de sang, américaine de naissance et albinos de peau. Contrairement au reste de ma famille, j’ai des cheveux jaune paille, la peau couleur « lait tourné » et des yeux noisette. Être albinos fait du soleil mon ennemi. Ma peau brûle tellement vite que j’ai parfois l’impression d’être inflammable.

Cette différence sera la force de Sunny car c’est grâce à elle qu’elle développera des pouvoirs. J’ai aimé ce message sous-jacent au récit: nos différences sont nos forces, c’est en elles que nous devons puiser courage, fierté et énergie.

Ce qui rend ce roman spécial également, c’est la manière qu’a l’auteure de rendre visible le blackness, par opposition à la blanchité qui est souvent posée comme étant la norme, le standard auquel il faut se référer en littérature jeunesse. Ce sont des choses toutes bêtes, mais qui font partie de mon quotidien et du quotidien de nombreuses personnes racisées, mais que je ne retrouve pas ailleurs dans mes lectures. Des choses comme des personnages qui tchouipent, une mythologie africaine plutôt que grecque ou romaine, des langues non occidentales, une couleur de peau normalisée. Vous en connaissez beaucoup, des livres jeunesse dans lesquels les personnages tchouipent? Pas moi. Pourtant, c’est fou, quand on y pense, ça fait tellement partie de ma culture, de mon quotidien, et moi qui lit énormément, je le fois jamais dans mes lectures. Ça fait réfléchir…

Ce roman est bourré de fantaisie, de magie, de mystère, mais sans que ce soit à travers le « white gaze » (le regard blanc, en quelque sorte). Car si oui, on y parle de magie, on est bien loin des chapeaux pointus des sorcières au nez crochu, ou encore des chamans menaçants. On découvre tous les éléments magiques et nigérians des yeux de Sunny qui doit s’adapter à la culture après avoir vécu longtemps aux États-Unis. Les lecteurs blancs pourraient être déstabilisés au début, mais seront rassurés de constater que Sunny peut aussi s’étonner des mêmes choses qu’eux. Même si Sunny parle l’igbo, elle a toujours l’accent américain et se sent parfois comme une étrangère. Son parcours de vie est intéressant: Noire, mais albinos, Nigériane d’origine, mais américaine de culture: qui est-elle? Au-delà de la quête magique, c’est l’histoire de Sunny et sa découverte de soi qui m’a interpellé dans ce roman.

On a beaucoup comparé ce roman à la saga d’Harry Potter: un trio d’amis dans l’enfance (même s’ils sont quatre avec l’arrivée de Sunny), des guides adultes qui agissent comme des professeurs, des méchants à combattre, un personnage principal prédestiné à faire de grandes choses, des niveaux à atteindre, le devoir de se choisir un couteau à juju (une baguette magique dans Harry Potter), un monde magique inconnu des gens normaux, des esprits qui rappellent les patronus de l’univers de J.K. Rowling… Oui, mais en même temps, je me dis, bien sûr qu’on va comparer à Harry Potter, les référents sont blancs (auteure blanche et personnages blancs) et ce sont ces référents que nous avons en tout temps, tout moment en occident. C’est comme si on essayait de comprendre Akata Witch, de le catégoriser, de se dire « Je comprends pas trop ce livre, mais si tu me dis que c’est comme Harry Potter, ah!, là, je m’y retrouve ». J’aime voir Akata Witch comme une histoire unique en soi, pas une pâle copie « racisée » d’Harry Potter. Je veux dire… c’est un roman de fantasy, bien sûr qu’on va retrouver des tropes narratives spécifiques à ce genre littéraire. C’est trop facile de tomber dans la comparaison, à mon avis. Au contraire, je trouve que l’auteure Nnedi Okorafor a trouvé une manière rafraîchissante d’insuffler un vent de nouveauté au genre.

J’ai aimé le funky train et les chittims (ces pièces de monnaies magiques), et aussi le mystérieux personnage de Black Hat Otokoto qui ajoute une bonne dose de suspense au récit. Même si les personnages sont jeunes (12 ans pour Sunny), enfants et adultes aimeront ce roman initiatique à l’univers riche et aux personnages bien campés, qui mélange fantasy, action et critique de la société occidentale.

Coup de cœur!

* Prix Amelia Bloomer Book List du American Library Association en 2012.

* Prix des libraires du Québec 2021.

Nnedi Okorafor est une autrice américaine d’origine Nigériane.

Akata Witch (tome 1)
AUTEUR(S) : Nnedi Okorafor
ÉDITIONÉcole des loisirs, 2020
ISBN: 9782211304344
PRIX: 16,99$
12 ans et plus

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être le tome 2 de la série, Akata Warrior. Essayez aussi La promesse du fleuve, un roman initiatique de fantasy, et Les Belles, un roman avec des éléments de science-fiction écrit par une autrice racisée.

J’adore ce passage

Une histoire d’amour simple et bouleversante entre deux adolescentes d’une petite ville américaine. Elisabeth et Rae semblent tout partager: leurs balades en montagne, leur goût pour la musique, leurs rires et leurs doutes. Au fil de leurs échanges, elles se découvrent, se racontent l’une l’autre, s’aiment, se débattent avec l’intensité de leurs sentiments. Par la jeune prodige Tillie Walden, autrice de Spinning (Prix Eisner, 2018) et de Dans un rayon de soleil.

J’ai adoré Spinning et Dans un rayon de soleil, alors quand j’ai vu que l’un des personnages du dernier Tillie Walden était noir, je me suis dit « Yes! Je vais enfin pouvoir en parler sur Mistikrak! » 🙂 Tillie Walden est sans doute mon autrice préférée de bandes dessinées ces temps-ci. J’aime comment elle aborde les thématiques queer, ainsi que son style d’illustration. J’adore les titres parus lors de la vague belge-japonaise nouvelle manga d’il y a quelques années et Tillie Walden a un peu de ce style et de cette sensibilité-là.

L’histoire se raconte par le biais de courts moments croqués çà et là: on apperçoit les adolescentes allongées sur le gazon dans la cour d’une maison de campagne, debout sur le littoral, faisant leurs devoirs dans une chambre, discutant lors d’une froide journée d’hiver, etc. Chaque page agit comme une photographie capturant une idée, une émotion, un échange entre les deux amoureuses. Tillie Walden joue avec la perspective, la grosseur et la hauteur relative entre ses personnages et leur environnement. Ainsi, elles sont allongées sur une montagne, telles des déesses, ou assises sur des maisons comme des géantes.

Avec peu de mots et peu de cases, l’autrice parvient a bien développer ses personnages et à capturer l’éveil du sentiment amoureux entre deux adolescentes lesbiennes. Leur amour se développe timidement et lentement. Elles s’aiment mais ne savent pas comment en parler au monde. On assiste à leurs premiers rapprochements, leurs premières disputes. On n’a pas les détails, mais on n’en a pas besoin non plus. 

Voici ce qu’on sait de l’adolescente noire de l’histoire: Elle déteste sa belle-mère et elle sait qu’elle la déteste aussi. Elle se trouve moche. Elle aime cuisiner. Elle aime beaucoup la musique et est musicienne. Elle est un personnage complexe et imparfait, plein de mystère. C’est elle qui brisera la relation en premier, disant ne plus pouvoir continuer, ne pas être « comme ça », que c’est mal. Et on sent toute sa détresse et sa peine dans ses larmes. Les adolescentes se quitteront et se rapprocheront de nouveau, ne sachant pas comment gérer ses émotions qui les submergent.

J’adore ce passage est une très belle histoire faite de silences, de pauses, de soupirs. Tillie Walden, prodige de la bande dessinée américaine, saisit ici la vérité d’un amour adolescent.

Coup de CŒUR!  

* Lauréat du Prix Ignatz Award for Promising New Talent 2016

J’adore ce passage
AUTEUR(S): Tillie Walden
ÉDITION: Gallimard jeunesse, 2019
ISBN: 9782075129718
PRIX: 24,95$
12 ans et plus

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Les quatre soeurs March, Roller Girl ou Si on était…, 3 bandes dessinées pour préados et ados avec un contenu queer.

Alabama Blues

Alabama bluesLou se sent délaissé et incompris par sa mère, son beau-père et ses petites sœurs. Alors qu’il erre un soir avant de rentrer chez lui, il fait la rencontre de Dexter La Cie, musicien de rue. Qui est-il? C’est ce que se demande Lou en écoutant, un soir, le vieux mendiant de la place jouer du saxo. Est-il un SDF égaré, un musicien usé ? Les Chics Types comprennent vite, eux, qu’ils ont beaucoup à apprendre de ce jazzman aussi mystérieux que virtuose. Grâce à Dexter, grâce à la musique et au blues, Lou va réussir à ouvrir son cœur. Alors, lis et écoute, et laisse-toi séduire aussi, lecteur.

Voilà un petit livre de 170 pages bien sympathique. Les personnages sont attachants et bien développés. Le texte est bien rythmé, mais on y retrouve de l’argot lyonnais qui m’était parfois inconnu. Rien pour miner la compréhension, toutefois. Tout au long de la lecture de ce roman musical, on retrouve des codes QR qui renvoient à diverses chansons des Chics Types qu’on peut écouter pour accompagner l’histoire. Le livre se lit très bien sans, mais j’ai quand même beaucoup apprécié l’expérience complète incluant les notes de blues fournies par l’éditeur en fond sonore. On retrouve d’ailleurs la totalité des chansons auxquelles ont fait référence dans le livre sur le site du livre.

Dexter est un musicien noir vivant dans la rue. D’abord méfiant, le personnage principal hésite à l’approcher malgré son grand talent musical et ira même jusqu’à le dénoncer à de (faux) policiers alors que Dexter n’a rien fait de mal, l’accusant de voler des instruments pour les revendre. Au fil des pages, les deux personnages apprendront à s’apprivoiser.

Dans le roman, on raconte l’histoire de la musique blues en parallèle à l’histoire esclavagiste des États-Unis:

Dans les grandes plantations de coton, les esclaves étaient traités pire que le bétail. Ils avaient été arrachés à leur terre d’Afrique et vendus aux riches Blancs. Les mères étaient séparées de leurs enfants, les maris de leurs femmes. Battus, exploités, violentés, ils n’avaient que la musique pour soulager leur peine. Alors, tout au long de leurs longues journées de travail, ils se donnaient du courage en scandant de la voix les gestes du labeur. Et les chants qui s’élevaient le soir dans les baraquements exprimaient la nostalgie du pays perdu, des amours déchirés. Ainsi naquit le blues. […] Comment vous faire comprendre ça à vous, enfants de la patrie des Droits de l’Homme? (p.158-159)

La Louisiane et la Nouvelle-Orléans ont une belle place également dans l’histoire, et on y fait également référence à l’ouragan Katrina qui a dévasté la région en 2005. Bref, voilà un bon roman qui plaira aux amateurs de musique, d’histoire et qui s’intéressent à la psychologie des personnages. À découvrir!

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Alabama BluesBouton acheter petit
AUTEUR(S) : Maryvonne Rippert
ÉDITION: OSKAR, 2014
ISBN: 9791021402836
Prix: 23,95$
12 ans et plus

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Little Lou: La route du sud ou encore Un air de liberté à Congo Square, un roman dont l’histoire se déroule en Louisiane.

Little Lou 2 Route Sud    Nola Forever fabien fernandez

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Les raptors: Les rois du Nord

raptors rois du nordDepuis leur création en 1995 jusqu’à leur consécration lors de la finale au championnat de la NBA en 2019, les Raptors de Toronto ont connu une histoire unique et fascinante. Apprenez comment la seule équipe canadienne de l’Association Nationale de Basketball a su faire sa place dans le monde du basketball professionnel américain. Dans ce livre, vous trouverez une foule d’informations sur les débuts de l’équipe, son évolution au sein de la NBA. ses joueurs étoiles, ses statistiques, ses moments forts ainsi que sur les anecdotes ayant parsemé son parcours hors du commun vers la victoire.

Ce livre de 127 pages satisfera le plus gourmand des fans des Raptors de Toronto. De la création de l’équipe aux symboles utilisés par les Raptors, on retrouve dans ce livre l’histoire complète de l’équipe de basketball, les profils des joueurs les plus marquants et les meilleures saisons jouées à la NBA.

J’aurais aimé une petite introduction sur la forme que prend le livre, par exemple, pour expliquer au lecteur qu’il trouvera tout au long de sa lecture des encadrés intitulés « L’info à trois points » qui résument l’essentiel de l’information. Le texte est assez dense, et malgré la présence de nombreuses illustrations et photographies, il y a certains passages plus difficiles à lire en raison du manque de contrastre entre la couleur de la page et la couleur du texte. Préparez-vous: il y a énormément d’information dans ce livre et le tout est présenté de manière assez compacte, merci. C’est très complet et intéressant. Par contre, en tant que bibliothécaire, je ne peux que déplorer l’absence d’un index ou d’une table des matières plus claire qui aurait facilité le repérage de l’information et la recherche documentaire. En effet, un chapitre intitulé « Tout devient soudainement intéressant », ça ne dit malheureusement pas grand chose sur le contenu de ce chapitre. Dommage.  Il n’y a pas non plus de lexique, et ça n’aurait pas été de trop compte tenu de la présence d’un vocabulaire assez complexe dans le texte. Même le plus érudit des enfants de 11-12 ans aura peut-être du mal avec des mots moins courants comme « crétacé », « intronisé » ou « incartade ». De plus, la division du texte en des sous-sections plus digestes aura allégé la lecture.

Raptors rois du nord 2

Je suis contente qu’un livre jeunesse sur l’équipe de basket préférée des Canadiens existe en français, mais j’aurais aimé une présentation de meilleure qualité (pas fan de la couverture souple…), et que l’angle choisi soit mieux adapté au lectorat jeunesse. Si vous me lisez depuis longtemps, vous savez que Les Malins n’est absolument pas ma maison d’édition préférée, et j’attend toujours qu’ils publient un livre jeunesse qui me fera vibrer et que je pourrai recommender à mes petits lecteurs de la bibliothèque avec enthousiasme.

 

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Les raptors: Les rois du Nord
Auteur(s): Sandrine DucharmeBouton acheter petit
ÉDITIONLes Malins, 2019
ISBN: 9782898100888
PRIX: 19,95$
12 ans et plus

 

Ce livre vous a plus ? Vous aimerez peut-être J’apprend le basket, un documentaire pour les jeunes lecteurs sur le basketball. Essayez aussi Cassius, un roman jeunesse sur la vie du boxeur Mohamed Ali.

j'apprends le basket      Cassius Catherine Locandro

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Cassius

Cassius Catherine LocandroDans les années 1950 aux États-Unis, un Noir ne peut pas s’asseoir à côté d’un Blanc dans le bus. Il ne peut pas non plus boire la même eau que lui, ni fréquenter les mêmes écoles. Les Blancs et les Noirs ne sont pas égaux en droits : c’est la loi qui le dit. Malgré leur jeune âge, Cassius et son frère subissent cette violence au quotidien. Ils encaissent les inégalités comme autant de coups… jusqu’au jour où l’aîné découvre la boxe. Dans les gymnases, la couleur de la peau importe peu. Rapidement, s’entraîner devient pour Cassius une obsession, gagner, une nécessité…

Au-delà du portrait de l’un des plus grands sportifs de tous les temps, Cassius est un roman sur l’Amérique de la ségrégation raciale. Catherine Locandro peint avec les mots cette période difficile de l’histoire des États-Unis sans jamais perdre de vue le destin de son personnage principal. Dans une écriture vive et travaillée, on découvre un Mohamed Ali sûr de lui, plein de fougue et inspirant qui, même si son histoire est imaginée par l’auteure, nous informe sur l’héritage de ce célèbre boxeur. Les chapitres très courts donnent au roman un rythme soutenu porté par des personnages attachants dont le lecteur se soucie. Le contexte est bien campé sans toutefois alourdir le texte.

Rudy suit son père et s’installe avec lui parmi d’autres spectateurs. L’enfant remarque que, comme sur le mu de la gloire dans le gymnase de l’auditorium, Blancs et Noirs sont mélangés dans la salle, certains assis côte à côte. Cassius lui a raconté qu’un journaliste avait demandé à Martin pourquoi la ségrégation ne s’appliquait pas dans son gymnase. Le sergent avait répondu que Blancs et Noirs devant s’affronter sur le ring, il était logique qu’ils apprennent à se connaître à l’entraînement… (p.124)

Je recommande ce livre aux amateurs de romans historiques, de bio-fictions ou de récits réalistes. Un roman excellent qui parvient a maintenir l’intérêt du lecteur jusqu’à la toute fin. Très bon !

Un livre pour souligner le mois de l’histoire des Noirs. 

Je remercie les éditions Albin Michel Jeunesse de m’avoir offert ce livre. 

Auteur(s) / illustrateur(s) : Catherine Locandro
Maison d’éditionAlbin Michel JeunesseBouton acheter petit
Année de publication: 2019
ISBN: 9782226437570
Lectorat cible: Ados
Vous aimerez peut-être: Mohamed Ali, champion du monde, un livre jeunesse sur la vie du boxeur américain.

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Angela Davis : NON à l’oppression

Angela davis non à l'oppressionNée dans l’Amérique de la ségrégation raciale, Angela Davis fut très tôt confrontée à l’exclusion. Cette prise de conscience précoce favorisa son engagement dans les mouvements de défense des Noirs mais aussi dans les mouvements pacifistes des années 1960 et 1970.   

L’auteure fait parler Angela Davis tout au long du livre, créant ainsi un lien intime avec le lecteur. J’avais déjà lu un autre titre de la collection Ceux qui ont dit non de la maison d’édition Actes Sud Junior avec beaucoup de plaisir. Cette lecture ne m’a pas du tout déplue, bien au contraire. La voix d’Angela Davis, romancée, bien sûr, inspire et éveille sous la plume d’Elsa Solal. Extrait:

La communauté noire endurait des rafles en permanence, la police raciste, les violences, lynchages, supplices et exsécutions sommaires redoublaient. J’ai continué mes études et mes voyages mais je vivais très mal d’être loin du mouvement des droits civiques qui prenait de l’ampleur dans mon pays. Une vague de révolte se sulevait. Dès que ce fut possible, je suis rentrée aux États-Unis pour en être. (p.28)

On retrouve en fin d’ouvrage une bibliographie pour aller plus loin et en apprendre plus sur l’histoire des États-Unis et celle qui est rapidement devenue la femme la plus recherchée de ce pays. Ce petit livre de 72 pages se met facilement dans la poche et se lit rapidement n’importe où. Il se glisse facilement dans une bibliothèque de classe ou sur la table de chevet de votre ado. Fortement recommandé pour initier les jeunes au militantisme, à la politique et à l’histoire.

Auteur(s) / illustrateur(s) : Elsa Solal
Maison d’édition: Actes sud junior Bouton acheter petit
Année de publication: 2017
ISBN: 9782330081973
Public cible: À partir de 12 ans
Vous aimerez peut-êtreLes règles, quelle aventure !, un livre qui parle de menstruations.

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