Résumé: Kiera Johnson est une élève afro-américaine exemplaire, tutrice en mathématiques et l’une des rares lycéennes noires à être membre de l’Académie Jefferson. Personne ne sait qu’elle a conçu le très populaire RPG Slay, dédié aux joueurs afro-descendants, pas même Malcom, son petit ami blanc. Un jour, un adolescent est assassiné à cause du jeu. C’est le début des ennuis pour Kiera.
Appréciation: Si votre ado aime les récits réalistes sur fond d’amitié et de vie à l’école, ainsi que les jeux vidéo, alors Slay est le roman qu’il lui faut lire. Le récit est bien écrit et on ne se lasse jamais de suivre Kiera dans son quotidien. L’autrice Brittney Morris a créé ce personnage pour se reconcillier avec ses expériences en tant que fille noire, et elle a réalisé que le peuple noir mérite toute la grandeur que nos ancêtres ont imaginée pour nous. Une histoire inspirante pour les jeunes gameuses qui peinent à voir un reflet d’elles-mêmes dans l’offre actuelle de jeux vidéo. Du bonbon.
Résumé: Un père et son fils vous font découvrir toutes les merveilleuses choses qui les unissent. Qu’il s’agisse de préparer des biscuits, de se lancer dans une aventure imaginaire au coeur de la jungle ou de lire une histoire à l’heure du coucher, le jeune garçon admire son papa. Il n’a pas besoin de voyager dans une fusée ou de travailler comme agent secret pour être un papa brillant. Il lui suffit d’être lui-même!
Appréciation: Voici une belle déclaration d’amour d’un fils envers son père. Non, il n’est pas un agent secret, n’a jamais été dans l’espace, et n’a jamais gagné de course automobile. Mais il est super pour plein d’autres raisons qui font du quotidien en famille un pur bonheur. Le texte de Susan Quin fait usage de mots simples et les rimes leur donne un rythme agréable. Les illustrations de Marina Ruiz, mélange de crayon de bois et d’aquarelle, sont douces et détaillées. Un très bon livre à lire collé-collé avec son papa!
Résumé: Calvin a toujours su qu’il était un garçon, même si tout le monde le voit comme une fille. Un jour, Calvin prend son courage à deux mains et explique à ses parents que dans son coeur et dans sa tête, il est un garçon, pas une fille. Ses parents lui expliquent qu’il y a un mot pour désigner comment il se sent : transgenre. La famille de Calvin est aimante et le soutient, mais comment cela va-t-il se passer à l’école? Ses amis vont-ils l’aimer et le respecter autant que sa famille?
Appréciation : Il existe peu de livres jeunesse sur la transidentité ayant un personnage principal racisé. Moi, Calvin est l’un des rares albums qui aborde ce sujet. On y rencontre un jeune enfant qui veut être vu tel qu’il est vraiment. Ce livre est un appel au soutien des familles, amis et école des enfants transgenres. Il est intéressant d’être témoin du parcours de Calvin vers l’affirmation de soi. Il n’est pas vraiment question des difficultés que peuvent rencontrer les enfants transgenres dans notre société binaire, mais plutôt du ressenti identitaire de l’enfant. Le parcours du personnage principal est présenté de manière positive et inspire l’espoir et la bienveillance. Lisez cet album sans hésitation; vous y verrez un bel exemple de la force avec laquelle les enfants peuvent briller si on leur en donne la chance.
L’histoire de ce livre est inspirée de l’histoire familiale des auteurs Vanessa et JR Ford dont le fils est un enfant transgenre. La famille est très impliquée dans le soutien des jeunes trans et non-binaires.
Résumé : Pour son goûter d’anniversaire, la princesse du royaume d’Odoi-et-Aleuil, naturellement drôle et vive d’esprit, prend les opérations en main. Mais l’un de ses invités conteste son organisation, au prétexte qu’elle est une fille et lui un garçon. La princesse ne se laisse pas faire et lui démontre qu’il a tort. Un album qui aborde le thème de l’égalité des sexes.
Appréciation: Si vous êtes à la recherche d’un livre jeunesse sur les princesses qui s’éloigne du cliché de la demoiselle en détresse, Les princesses aussi veulent commander pourrait être un bon choix. La petite Lisa, comme elle est la seule fille de la famille, est surprotégée et souhaite avoir plus de liberté. Elle n’a pourtant pas peur de grimper aux arbres ou de toucher les araignées velues! Et pourquoi ce devrait être elle qui nettoie le château toute seule alors que ces cinq frères ne font rien? De jolies illustrations et un magnifique livre objet font de la lecture de cet album un moment agréable. Seul petit bémol: à vouloir déconstruire les clichés, le récit provoque parfois l’effet contraire (donner des ordres serait un métier de garçon?) Une belle lecture malgré tout!
Résumé : Ce guide explore l’importance et l’influence des images sur les jeunes que ce soit à la télévision, au cinéma, dans les jeux vidéos, les publicités ou les séries. L’auteure analyse la nature de ces images et leurs effets puis propose des outils pour que les adolescents puissent modifier leur regard.
Appréciation : Wow wow wow! Avez-vous vu ce livre? Les éditions la ville brûle (qui ne m’ont encore jamais déçue) viennent de sortir un superbe livre documentaire qui fait réfléchir les jeunes au regard, au male gaze, à la banalisation de la culture du viol dans les séries télé, à la porno, à la fabrication des images qu’on consomme parfois trop passivement, et à la manière dont les femmes sont filmées à l’écran. On y parle aussi de la présence des femmes derrière l’écran: Tout le monde connaît les Frères Lumières, mais qui a entendu parler d’Alice Guy, la première à comprendre que le cinéma pouvait être utilisé pour raconter des histoires et la première cinéaste blanche au monde? Alice Guy est également la première à filmer une histoire avec un casting composé entièrement d’acteurs noirs lorsqu’en 1912, certains acteurs refusaient de tourner d’apparaître à l’écran avec Noirs et qu’elle décide de les virer et des les remplacer par une distribution entièrement afro-américaine, sans changer l’histoire: rien dans le film ne fait référence à la ségrégation, ni au racisme. Ce film aurait pu être tourné avec des acteurs blancs et ça n’aurait rien changé à l’histoire.
Sous nos yeux aborde aussi la question du female gaze, du désir féminin et du mouvement #MeToo. Le tout est présenté d’une manière non condescendante, à hauteur d’adolescent qu’on sait capable de réfléchir par eux-mêmes et faire preuve d’empathie. On les amène à se questionner sur les images qu’ils consomment et à ne pas être de petits moutons qui suivent le troupeau sans réfléchir. Je vous recommande fortement ce livre!
Résumé : Pablo s’en va à la découverte des couleurs. Il part du jardin et suit un fil qui le mène au potager, à la forêt, à la banquise ou encore à la fête foraine. Un album à la couverture découpée qui laisse voir toutes les couleurs présentes successivement sur les pages.
Appréciation : Un livre grand format pour apprendre les couleurs ? Je dis OUI! Rouge comme un coquelicot, brun comme un tronc, orange comme un renard, mauve comme des iris, jaune comme une abeille, bleu comme une méduse… De page en page, on suit avec joie le petit Pablo alors qu’il découvre le monde qui l’entoure. Les couleurs sont vives et les associations choisies pour représenter les couleurs sont originales. À la fin de l’album, on découvre la maman de Pablo, assise à tricoter sur un banc. Très bon!
Résumé : Tout petit, Jean-Michel Basquiat adorait déjà visiter des musées et dessiner. Il avait promis à son père qu’il deviendrait un artiste célèbre, et il ne s’était pas trompé. Inspirée de l’univers du graffiti, son œuvre, forte et originale, a fait de lui l’une des figures marquantes de l’art au 20e siècle.
Lectorat cible : 7 à 11 ans
Auteurs : María Isabel Sánchez Vegara & Luciano Lozano
Appréciation : Né d’un père d’origine haïtienne et d’une mère portoricaine, Jean-Michel Basquiat a commencé à dessiner très jeune. À l’instar des autres titres de la collection De petit(e) à grand(e), ce livre retrace la vie de l’artiste de l’enfance à l’âge adulte. L’histoire s’arrête avant sa mort à l’âge de 27 ans. Dans un court dossier à la fin du livre, on apprend qu’il a créé des milliers de tableaux et dessins, dont plusieurs portent sur le racisme et les inégalité sociale. Ce livre est fantastique et nous dévoile la vie, à hauteur d’enfant, d’un artiste unique et original qui a grandement contribué à élever le graffiti et l’art urbain au rang des beaux-arts.
Résumé : Tevanne, riche cité, est entre les mains de quatre grandes familles marchandes. La ville doit sa fortune aux secrets de l’enluminure qui a le pouvoir d’agir sur les objets qu’elle recouvre. Sancia Grando a le don de revivre le passé des objets et d’entendre leur enluminure. Elle est engagée pour voler un objet magique qui peut changer l’enluminure et mener la ville à sa perte.
Appréciation : Surprise! Le personnage principal de ce roman est une femme noire. La page couverture, supposé la représenter, est passée complètement à côté. Ce n’est pas la première fois que ça arrive et ça s’appelle du whitewashing: effacer ou remplacer des personnages racisés par des personnages blancs (ici, sur la page couverture). L’auteur Robert Jackson Bennett, un homme blanc, a fait de ses deux personnages principaux des femmes noires (vraiment badass qui plus est!), et l’éditeur francophone a décidé de ne rien laisser paraître sur sa couverture. C’est quand même dommage. Surtout que le roman est vraiment bien écrit, avec un rythme bien soutenu et aucun temps mort. Premier tome d’une trilogie, Les maîtres enlumineurs se termine sur une note qui donne le goût de continuer la série. Il y a aussi le début d’une romance saphique, mais il faudra attendre les tomes 2 et 3 pour connaître où ça s’en va. Je conseille ce roman aux amateurs de science-fiction, de romans avec de la magie et de la technologie, et des personnages féminins forts.
Vous aimerez peut-être : L’enceinte 9, Akata Witch et Horizon, trois romans pour adolescents avec beaucoup d’action et une touche de science-fiction.
Résumé : Sais-tu que TA VIE compte? On dit que la matière, c’est tout ce qui compose l’Univers : l’énergie, les étoiles, l’espace… Alors comme tu fais partie de l’Univers, ta vie compte aussi! Tu comptais depuis le début des temps, depuis bien avant ta venue au monde.
Appréciation : Vous avez senti, vous aussi, comment les derniers mois ont été difficiles en termes de charge raciale avec tout ce qui se passe dans les médias? Ouf. Parfois, on a besoin de fermer les écrans, de fermer le monde autour de nous qui trop souvent nous envoie le message que notre vie ne faut pas autant que celle des autres. Dernièrement, je me suis beaucoup inquiétée pour mes neveux et nièces, pour les enfants noirs de notre société. Dans quel monde les a-t-on lâchés? Comment réagiront-ils lorsqu’ils auront mieux conscience du racisme systémique, du racisme ordinaire, de la brutalité policière, du sexisme, etc.?
Bref, j’ai eu besoin de m’enfermer dans un livre et il y avait l’album Parce que ta vie compte qui traînait sur ma table de chevet depuis un bon moment. Cette lecture a été comme un baume au cœur. Déjà par ses illustrations, d’une infinie beauté, qui mélangent les matières et les textures. Ensuite par son texte qui rassure, valide nos expériences et nous donne de l’espoir. On se sent connecté au monde en lisant ce livre, on sent qu’on fait partie de l’univers, de quelque chose de plus grand. Un enfant noir qui a été espéré, attendu, aimé, soutenu, admiré, protégé (même si c’était parfois difficile), voilà ce dont le livre parle. De ses premiers pas à ses premiers mots, de la première fois qu’un livre lui a renvoyé son image comme un miroir, des fois où ses camarades de classe se sont moqué de son nom ou de ses vêtements, des moments où il a douté de lui et de sa valeur, de sa découverte des luttes pour la justice raciale qui ont été menée par ses aïeux, des enfants de son âge (Trayon, Tamir, Philando) qui sont morts à cause de la couleur de leur peau sous les balles de policiers. Ce livre parle de tout ça, et bien d’autres choses. Il parle de nos ancêtres qui étaient des reines, des chefs, des légendes, il parle de la beauté que nous avons en chacun de nous, il parle de la force qui nous habite, il parle de notre puissance et de notre magie.
L’album se termine par une note de l’auteure qui raconte comment ses craintes de mères augmentaient alors qu’elle voulait garder son fils à l’abri de la dureté et de la cruauté de notre monde. Elle a écrit Parce que ta vie compte pour fournir aux parents un point de départ pour les discussions sur le racisme qui règne dans son pays (les États-Unis, mais aussi ailleurs!) à l’heure actuelle. Parce que ta vie compte s’adresse aux Noirs, mais devrait être lu par tous, peu importe la couleur de la peau. Simplement parce qu’il s’agit d’un magnifique livre et qu’il peut être utilisé en classe ou en famille, pour entamer des discussions sur l’empathie et le racisme. Un incontournable.
Coup de cœur !
À propos des auteurs : Bryan Collier est un illustrateur noir américain. Il a remporté à la fois le prix Coretta Scott King en tant qu’illustrateur et le prix Ezra Jack Keats New Illustrator Award pour Uptown.
Tami Charles est une autrice et ex-enseignante au primaire noire américaine. La diversité en littérature jeunesse lui tient particulièrement à cœur.
Henri rentre un soir de l’école avec comme devoir de trouver son livre préféré. Ne sachant pas comment s’y prendre, il se rend à la bibliothèque et à la librairie. Il observe beaucoup de livres, de toutes les formes et de toutes les tailles, mais aucun d’entre eux ne lui donne envie d’en lire davantage. Son échec se transforme pourtant rapidement en triomphe : sa mère a gardé tous les livres qu’il avait écrits quand il était plus jeune. Henri a alors une excellente idée.
À la recherche d’un livre inspirant pour les lecteurs récalcitrants? Mon livre préféré dans tout l’univers est celui qu’il vous faut. On y rencontre Henri qui n’a jamais trouvé un livre qui le faisait vibrer. En fait, même s’il peut aimer les dinosaures, les livres de dinosaures lui donnent mal à la tête. Amener des livres pour lire sur le bord de la piscine lui donne davantage envie de les mettre à l’eau pour voir s’ils flotteront. Certains livres sont trop longs, d’autres trop ennuyants, d’autres encore contiennent des images qui n’ont rien à voir avec les « trucs cool [qu’il] aime, ou avec ce [qu’il] ressens… » La vérité, c’est qu’Henri a des difficultés en lecture. L’histoire qui nous est racontée est celle de l’auteur du livre, Malcolm Mitchell, qui affirme que la lecture a toujours été pour lui un défi de taille. Enfant, il ne savait pas bien lire, mais il se savait tout aussi intelligent que ses camarades de classe (et avec raison!). Heureusement, grâce à des bourses d’études, il a pu aller à l’université pour jouer du Football. Plus tard, il a rempoté le Super Bowl! Mais ses difficultés en lecture étaient toujours présentes. Il a persévéré et a réalisé que sa façon de lire ne définissait pas qui il était. Mon livre préféré dans tout l’univers s’inspire de son parcours de lecteur. Aujourd’hui, Malcolm Mitchell s’implique beaucoup dans des initiatives qui favorisent la littératie auprès des jeunes, notamment afro-américains.
Le texte de Mon livre préféré dans tout l’univers est inspirant. En tant que grande amoureuse de littérature et bibliothécaire jeunesse, il m’a touché en plein coeur! Chaque enfant a un parcours de lecture unique. Ce livre nous le rappelle avec beaucoup de bienveillance.
Coup de coeur!
Malcolm Mitchell est un footballeur et auteur américain.
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Mon livre préféré dans tout l’univers Auteur(s) : Malcolm Mitchell & Michael Robertson Édition : Scholastic, 2021 ISBN : 9781443192149 Prix : 11,99 5 à 8 ans