Résumé : L’Américain Martin Luther King est le plus célèbre personnage de la lutte non violente pour les droits et l’égalité des Noirs dans la société américaine. Il a reçu le prix Nobel de la paix en 1964.
Lectorat cible : 8 à 12 ans
Autrices : Anastassia Elias, Elsa Paris & Anne Blanchard
Appréciation : Voici un petit livre d’à peine une soixantaine de pages sur la vie du pasteur américain qui a lutté de façon non violente pour les droits civiques des noirs américains aux États-Unis. Environ la moitié du livre – qui tient sur une main – s’intéresse à la vie de Martin Luther King. Puis, un vaste dossier documentaire offre davantage de contexte à cette courte biographie: quelques repères historiques, un chapitre sur l’histoire américaine de l’esclavage à la guerre de sécession, la ségrégation, le Ku Klux Klan, le mouvement des droits civiques, ainsi que les répercussions et les limites de l’engagement de Martin Luther King. On aborde aussi le rôle historique de figures emblématiques telles que Malcolm X, Barack Obama, Rosa Parks et Ruby Bridges. À découvrir!
Résumé : Originaire de Basse-Pointe, en Martinique, Aimé Césaire fera de brillantes études à Paris. Ami de Senghor et de Damas, il inventera avec eux la notion de négritude : la défense des valeurs des peuples noirs. Grand poète, Aimé Césaire sera aussi député et maire de Fort-de-France au cours d’une vie où poétique et politique ne feront plus qu’un.
Lectorat cible : 8 à 12 ans
Autrice : Bruno Doucey, Hypathie Aswang & Christian Kingue Epanya
Appréciation : Publié dans la collection « Des graines et des guides » aux éditions À dos d’âne, ce livre biographique raconte la vie d’Aimé Césaire, de sa naissance à Basse-Pointe en Martinique, à sa mort à Fort-de-France. Le texte principal est abondamment illustré alors que le dossier documentaire en fin d’ouvrage donne à voir des photographies d’archives et divers tableaux historiques. On y voit la Maison de la négritude et des droits de l’homme à Champagny ainsi qu’une carte des départements et régions d’outre-mer français. On présente aussi les compagnons de route de Césaire: Léon-Gontran Damas, Léopold Sédar Senghor, Édouard Glissant et Paulette Nardal. Un livre mi-roman, mi-documentaire à lire dès 8-12 ans (et plus!).
À propos de l’illustrateur: Christian Kingue Epanya est Camerounais. Il a étudié en France et a remporté en 1993 le Prix UNICEF des illustrateurs. Formateur, il anime des stages d’écriture et d’illustration en France et à l’étranger.
Résumé : Tout petit, Jean-Michel Basquiat adorait déjà visiter des musées et dessiner. Il avait promis à son père qu’il deviendrait un artiste célèbre, et il ne s’était pas trompé. Inspirée de l’univers du graffiti, son œuvre, forte et originale, a fait de lui l’une des figures marquantes de l’art au 20e siècle.
Lectorat cible : 7 à 11 ans
Auteurs : María Isabel Sánchez Vegara & Luciano Lozano
Appréciation : Né d’un père d’origine haïtienne et d’une mère portoricaine, Jean-Michel Basquiat a commencé à dessiner très jeune. À l’instar des autres titres de la collection De petit(e) à grand(e), ce livre retrace la vie de l’artiste de l’enfance à l’âge adulte. L’histoire s’arrête avant sa mort à l’âge de 27 ans. Dans un court dossier à la fin du livre, on apprend qu’il a créé des milliers de tableaux et dessins, dont plusieurs portent sur le racisme et les inégalité sociale. Ce livre est fantastique et nous dévoile la vie, à hauteur d’enfant, d’un artiste unique et original qui a grandement contribué à élever le graffiti et l’art urbain au rang des beaux-arts.
Résumé : L’histoire de Katherine Johnson. Dès son enfance, elle doit se battre pour surmonter sa condition de femme noire dans un monde dirigé par des hommes blancs. Devenue ingénieure à la NASA, elle réussit à surpasser les machines et joue un rôle déterminant dans l’envoi de fusées et d’hommes dans l’espace.
Appréciation : Vos enfants sont friands d’histoires vraies? Vous recherchez des modèles à faire connaître à vos élèves? L’incroyable destin de Katherine Johnson est peut-être le livre pour vous. Il s’agit d’un roman documentaire. En effet, l’histoire principale raconte une version romancée de la vie de Katherine Johnson, et le texte est entrecoupé de dossiers documentaires pour contextualiser ce qui se passe dans l’histoire. Il y a donc cinq dossiers très intéressants dans le livre, dont l’histoire des Noirs Américains, dans lequel on aborde l’esclavage et la ségrégation raciale aux États-Unis, la NASA, des astronautes américains célèbres et les Noirs Américains aujourd’hui. Recommandé!
Résumé : Sais-tu que TA VIE compte? On dit que la matière, c’est tout ce qui compose l’Univers : l’énergie, les étoiles, l’espace… Alors comme tu fais partie de l’Univers, ta vie compte aussi! Tu comptais depuis le début des temps, depuis bien avant ta venue au monde.
Appréciation : Vous avez senti, vous aussi, comment les derniers mois ont été difficiles en termes de charge raciale avec tout ce qui se passe dans les médias? Ouf. Parfois, on a besoin de fermer les écrans, de fermer le monde autour de nous qui trop souvent nous envoie le message que notre vie ne faut pas autant que celle des autres. Dernièrement, je me suis beaucoup inquiétée pour mes neveux et nièces, pour les enfants noirs de notre société. Dans quel monde les a-t-on lâchés? Comment réagiront-ils lorsqu’ils auront mieux conscience du racisme systémique, du racisme ordinaire, de la brutalité policière, du sexisme, etc.?
Bref, j’ai eu besoin de m’enfermer dans un livre et il y avait l’album Parce que ta vie compte qui traînait sur ma table de chevet depuis un bon moment. Cette lecture a été comme un baume au cœur. Déjà par ses illustrations, d’une infinie beauté, qui mélangent les matières et les textures. Ensuite par son texte qui rassure, valide nos expériences et nous donne de l’espoir. On se sent connecté au monde en lisant ce livre, on sent qu’on fait partie de l’univers, de quelque chose de plus grand. Un enfant noir qui a été espéré, attendu, aimé, soutenu, admiré, protégé (même si c’était parfois difficile), voilà ce dont le livre parle. De ses premiers pas à ses premiers mots, de la première fois qu’un livre lui a renvoyé son image comme un miroir, des fois où ses camarades de classe se sont moqué de son nom ou de ses vêtements, des moments où il a douté de lui et de sa valeur, de sa découverte des luttes pour la justice raciale qui ont été menée par ses aïeux, des enfants de son âge (Trayon, Tamir, Philando) qui sont morts à cause de la couleur de leur peau sous les balles de policiers. Ce livre parle de tout ça, et bien d’autres choses. Il parle de nos ancêtres qui étaient des reines, des chefs, des légendes, il parle de la beauté que nous avons en chacun de nous, il parle de la force qui nous habite, il parle de notre puissance et de notre magie.
L’album se termine par une note de l’auteure qui raconte comment ses craintes de mères augmentaient alors qu’elle voulait garder son fils à l’abri de la dureté et de la cruauté de notre monde. Elle a écrit Parce que ta vie compte pour fournir aux parents un point de départ pour les discussions sur le racisme qui règne dans son pays (les États-Unis, mais aussi ailleurs!) à l’heure actuelle. Parce que ta vie compte s’adresse aux Noirs, mais devrait être lu par tous, peu importe la couleur de la peau. Simplement parce qu’il s’agit d’un magnifique livre et qu’il peut être utilisé en classe ou en famille, pour entamer des discussions sur l’empathie et le racisme. Un incontournable.
Coup de cœur !
À propos des auteurs : Bryan Collier est un illustrateur noir américain. Il a remporté à la fois le prix Coretta Scott King en tant qu’illustrateur et le prix Ezra Jack Keats New Illustrator Award pour Uptown.
Tami Charles est une autrice et ex-enseignante au primaire noire américaine. La diversité en littérature jeunesse lui tient particulièrement à cœur.
L’existence d’Amal, lycéen passionné d’art, est bouleversée le jour où une simple bagarre entre garçons le conduit en prison. Inspiré de l’histoire vraie de Y. Salaam. Prix Walter Dean Myers, catégorie teens, 2021.
Ce roman en vers libres est un véritable coup du coeur. L’autrice haïtienne Ibi Zoboi s’est inspirée de l’histoire vraie du Central Park Five qui a secouée les États-Unis entre 1989 et 2002: 5 adolescents noirs sont arrêtés après la violente aggression d’une jeune femme à New York qui restera plusieurs jours dans le coma et se réveillera avec de graves séquelles. Les médias ont rapidement affirmé que le crime avait été l’oeuvre d’un gang d’adolescents qui s’adonnaient à se qu’ils prétendaient être du « wilding ». En réalité, les médias ont mal interprétés ce que les jeunes de l’époque appelaient « willin’ out »: sortir, s’amuser entre amis. Ainsi, dans l’oeil des médias américains, ce terme est devenu synonyme de rôder, flâner, faire du grabuge, bref, un acte malveillant rapidement associé à la tristement célèbre affaire de la joggeuse de Central Park. Cette histoire vous semble familière? C’est que vous avez probablement vu ou entendu parler de la récente série Netflix When they See Us de la réalisatrice Ava DuVernay qui reprend aussi cette affaire.
Bien que Mes coups seront mes mots ne raconte pas exactement l’histoire de Yussef Salaam, l’un des cinq adolescents faussement accusés du crime de la joggeuse de Central Park, le personnage d’Amal est inspiré de lui en tant qu’artiste et adolescent incarcéré, soutenu par sa famille, grand lecteur et passionné de dessin pour garder son esprit libre. Le roman est d’ailleurs imprégné de certains des poèmes que Yussef Alaam a écrits pendant son incarcération. Ce dernier a également contribué à l’écriture du livre.
Je vous recommande chaudement ce roman percutant pour la qualité de son écriture et pour la lumière qu’il jette sur le racisme systémique aux États-Unis pour le lectorat francophone. On y aborde des thématiques comme la ségrégation des quartiers blancs et noirs, le Prison Industrial Complex et le mouvement pour l’abolition des prisons considérées comme le nouveau système d’asservissement des Noirs après l’esclavage et dans lequel on dénonce les gains que le gouvernement fait grâce au système carcéral. On y parle aussi de l’adolescence et du passage à l’âge adulte, et surtout, on y parle d’espoir. D’ailleurs, Amal veut dire « espoir » en arabe. Ce roman est tout simplement incontournable. En guise d’extrait, voici le poème JUSTICE AVEUGLE II qu’on peut lire à la page 208-209:
Coup de coeur!
* Prix 2021 du Walter Dean Myers, qui célèbre l’héritage de cet auteur de fiction pour jeunes adultes, ainsi que la diversité en littérature jeunesse.
Ibi Zoboi est est une autrice américaine née en Haïti.
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Mes coups seront mes mots AUTEUR(S) : Ibi Zoboi , Yusef Salaam ÉDITION: Gallimard jeunesse, 2021 ISBN: 9782075154208 PRIX: 29,95$ 13 ans et plus
Ce livre vous a plu? Vous aimerez peut-être Signé poète X et Frères, deux romans pour adolescents écrits en vers libres. Essayez aussi My life Matters (plus tard réédité sous le titre de Tyler Johnson était là).
Cette histoire sans paroles suit cinq personnes qui laissent tout derrière elles pour quitter leur pays.
Parfois, les mots sont superflus car les images parlent d’elles-mêmes. Dans En vie, on suit le parcours de cinq personnages qui ont tout quitté pour entreprendre un long voyage vers des conditions de vie meilleures, dans un pays qu’ils ne connaissent pas. Chaque page constitue une planche titrée qui résume ce qui se passe dans les cases. Le récit est porteur d’espoir puisqu’à la fin, les réfugiés parviennent à s’installer en France.
En vie ne raconte pas seulement l’histoire de ces cinq personnages qui fuient la famine, la guerre, un mariage forcé ou le chômage, mais aussi l’histoire de milliers de personnes réelles qui décident de tout laisser derrière elles. Dans le dossier en postface, on mentionne bien que personne ne quitte son pays, sa famille et ses amis pour le plaisir. Le voyage est long et dangereux. Des familles sont séparées et il y a toujours le risque d’être renvoyé dans le pays qu’on a été contraint de fuir et de devoir tout recommencer.
Ce livre parle aussi de SOS méditerranée, une association française dont la vocation est de porter assistance à toute personne en détresse sur mer se trouvant dans le périmètre de son action, sans aucune discrimination. Les marins ont le devoir de porter assistance et d’aider les personnes qui risquent de se noyer, par exemple lorsqu’ils aperçoivent des migrants dont le bateau ne peut résister aux vagues.
Le livre est publié dans un contexte français et les statistiques fournies sont également françaises, ce qui n’est pas facile d’accès pour un petit québécois qui n’a jamais entendu parler de villes comme Saint-Lô, Carquefou, Concarneau ou Le Puy en Velay, ou encore qui ne saisit pas encore très bien la valeur de l’euro par rapport au dollar canadien. Malgré tout, cette BD, lorsqu’utilisée en parallèle avec d’autres livres sur les réfugiés, peut constituer une belle porte d’entrée vers des discussions sur la solidarité.
À noter que ce livre est la version adaptée au lectorat jeunesse d’une BD pour adulte du même titre. En vie est aussi un album caritatif : sur chaque album, 2,5€ sont reversés à SOS Méditerannée.
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En vie… AUTEUR(S) : Joub & Nicoby ÉDITION: KOMICS INITIATIVE, 2021 ISBN: 9782491374150 PRIX: 27,95$ 8 ANS et plus
Harriet Tubman (1820-1913) est née esclave en Amérique. Elle a lutté pour conquérir sa liberté, puis après l’avoir obtenue, elle a poursuivi son combat contre l’esclavage et la ségrégation raciale.
Pendant plus de deux siècles, l’esclavage américain a brisé les vies de centaines de millions de personnes. Des origines de la traite négrière aux chasseurs d’esclaves, en passant par le fonctionnement du Chemin de Fer Clandestin, cet album documentaire retrace l’histoire de l’institution esclavagiste aux Etats-Unis, dans laquelle s’imbrique celle, héroïque, d’Harriet Tubman. Elle a bravé tous les périls de sa condition pour saisir elle-même sa liberté, a aidé des dizaines d’esclaves à s’échapper, s’est engagée dans la guerre de Sécession et représente aujourd’hui encore une icône de la lutte anti-esclavagiste.
Harriet Tubman, quelle héroïne! Ce livre est un bijou d’album. Il est parvenu avec beaucoup de doigté à lier l’histoire personnelle d’Harriet avec la grande Histoire des États-Unis. Le livre se divise en plusieurs parties: Les débuts de l’esclavage, Le mariage d’esclaves, Le marché aux esclaves, Fuir, Chasseurs d’esclaves, L’indomptable Frederick Douglas, etc. Chaque section documentaire est richement détaillée et permet de contextualiser la traite négrière et d’illustrer les conditions de vie terribles des personnes prises en esclavage. De plus, l’autrice Fleur Daugey se glisse dans la peau d’Harriet Tubman pour raconter les différentes étapes de sa vie en lien avec chacune des sections. La petite histoire éclaire donc la grande Histoire.
Les illustrations accompagnent le texte à merveille et amène une profondeur au récit. Les couleurs, sobres, sont savamment choisies. À la lecture de cet album, on comprend qu’Harriet Tubman était une femme comme les autres, mais qui avait le courage de ses convictions. Combien d’entre nous aujourd’hui avons le même courage?
Parce qu’il met bien en contexte et prend le temps d’expliquer ce qui a mener les États-Unis à adopter l’esclavage comme système économique pendant des siècles, ce livre peut être lu à un enfant qui n’a pas encore les connaissances historiques nécessaires à la compréhension de l’histoire d’Harriet Tubman. Plaira aussi aux adolescents et aux adultes! À lire absolument!
Coup de cœur!
Libre! Harriet Tubman, une héroïne américaine AUTEUR(S): Fleur Daugey & Olivier Charpentier ÉDITION: Actes Sud Junior, 2020 ISBN: 9782330136901 PRIX: 28.95$ 10 ANS ET PLUS
Vers l’an 1800, Pablo, jeune métis, enfant naturel d’une esclave africaine et d’un commerçant espagnol, vit une vie de chien dans le petit village de la forêt amazonienne où le sort l’a fait naître. Il y subit, jour après jour, les persécutions des fils légitimes de son père.
Fuyant les mauvais traitements et la dureté de sa condition, il part à la recherche de sa mère, que le commerçant a vendue, voici des années, pour l’éloigner.
Dans l’aventure qui l’emmène à travers plusieurs régions d’Amérique du Sud et lui fait affronter de nombreux dangers, Pablo va être aidé par deux Européens de passage, qui ne sont pas les premiers venus. Il s’agit du savant allemand Alexander von Humboldt et de son assistant français, le botaniste Aimé Bonpland, esprits éclairés, dont les travaux scientifiques et les prises de position humanistes vont marquer leur époque.
Je qui étonne d’abord dans ce livre, c’est sa manière d’emprunter des codes tant du côté de la bande dessinée que de l’album. Hybride, il se lit de manière peu commune, de cases en cases, avec les phrases qui commence ici et finissent là-bas. J’ai particulièrement aimé cet équilibre entre l’image et le texte: on a vraiment l’impression de voir un film image par image.
L’histoire est une incursion intéressant dans le passé et fait voyager en Australie. On apprend rapidement à connaître Pablo et son histoire. Par contre, il est rapidement relayé en second plan lorsque arrivent deux européens adultes dans l’histoire: un Allemand nommé Alexander von Humboldt et un Français nommé Aimé Bonpland, tous deux animés par la science et l’aventure. D’un coup, ce sont eux que le lecteur va suivre dans leur recherches de nouvelle plantes à identifier, d’animaux inconnus à découvrir et de contrées à cartographier. Ils vont défendre Pablo de ses méchants frères, ils vont lui écrire une lettre lui permettant de se rendre à l’école, puis ils le conduiront jusqu’à la ville où Pablo espère retrouver sa mère. Ce sont donc eux qui font avancer le récit. Laissé chez un prêtre, Pablo ne pourra pourtant pas aller à l’école et on fera de lui un esclave comme les autres, même si sa condition se révèle légèrement moins pire que celle d’esclaves noirs à cause du fait qu’il soit métis.
Un peu plus loin dans le récit, Pablo, s’étant enfui de chez le prête, se retrouvera sur un bateau à nouveau en compagnie des deux Européens et ces derniers le prendront de nouveau sous son aile. Ils l’achèteront afin qu’il échappe à une vie d’esclave pénible, l’aideront à trouver sa mère, embaucheront cette dernière dans leur villa comme employée et enverront Pablo à l’école. Bref, j’avais espéré lire le récit d’un jeune garçon métis en temps d’esclavage, mais c’est plutôt celui de deux européens et de leur générosité qui est raconté. En fin d’album, on retrouve un dossier pour en savoir plus sur Alexander von Humboldt et Aimé Bonplan (car oui, ils ont vraiment existé), ainsi que sur la traite des Noirs.
Un intéressant récit malgré tout, bien écrit et illustré, même si ce n’est pas vraiment l’histoire promise par le résumé en quatrième de couverture qui nous est raconté. Le sous-titre mentionne bien pourtant « Aimé Bonpland et Alexander von Humboldt en Amérique du Sud ».
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Les esclaves de Cumana AUTEUR(S) : Olivier Melano ÉDITION: L’école des loisirs, 2015 ISBN: 9782211217255 PRIX: 22,95$ 11 à 13 ANS
Ce livre vous a plu? Vous aimerez peut-être Catfish: Le voyage d’un esclave vers la liberté ou La statue de la liberté: quatre garçons racontent son histoire, deux livres jeunesse à la lisière entre l’album et la bande dessinée. Essayez aussi Fechamos (on ferme), un album similaire dont l’histoire se déroule aussi en Amérique du Sud.
En mars 1944, la ségrégation bat son plein en Caroline du Sud. George Stinney, jeune Afro-Américain de 14 ans, est arrêté pour le meurtre de deux fillettes blanches. Le garçon, qui reconnaît les avoir croisées quelques heures avant leur disparition, est le coupable idéal aux yeux du shérif. Interrogé et poussé à signer des aveux dont il ne comprend pas le sens, il est condamné à mort.
Né Coupable de Florence Cadier est un livre nécessaire pour ne jamais oublier l’histoire et à quel point la justice est fragile. Un livre pour aussi se souvenir que les erreurs judiciaires existent encore aujourd’hui et que la plupart des victimes sont noires.
Tout ce passe très vite dans l’histoire: c’est comme un tourbillon immense, celui-là même qui a emporté avec lui George Stinney, le personnage principal. L’autrice maîtrise très bien le suspense et les émotions, un équilibre fragile qui ne peut que garder captif le lecteur. J’ai eu du mal à reposer ce livre!
Attention: certains passages sont très troublants, notamment le racisme éhonté du corps policier et des enquêteurs. Il mot « nègre » est également utilisé à quelques reprises dans le texte. George Stinney est interrogé et poussé à signer des aveux dont il ne comprend pas le sens, et il est transféré en prison sans revoir ses parents. Cette dernière n’obtient même pas le droit d’assister à son procès. Il ne faudra que dix minutes au jury, composé de 12 hommes blancs, pour condamner George, 83 jours après son arrestation. Aucun témoin n’a été appelé à la barre. Aucune preuve, ni les aveux de l’adolescent, n’ont été trouvé dans les archives de police.
Notons au passage que l’autrice est une française blanche, donc assez éloignée de la réalité qui est raconté dans le roman. Il s’agit toutefois d’une histoire vraie: en effet, George Stinney est le plus jeune condamné au XXe siècle à mourir sur la chaise électrice. L’autrice, journaliste, a effectué plusieurs recherches sur cette affaire avant d’écrire ce roman, soutenu par Amnesty International. Et même si les dialogues, les noms et les actes relatés dans le livre sont de sont crû, l’histoire de George Stinney a réellement eu lieu. Elle questionne d’ailleurs en postface: « Les Noirs étaient les parfaits boucs émissaires d’une société blanche suprématiste. Peut-on dire que cela ait changé? » (p.151). À lire de toute urgence!
Je remercie les éditions talents hauts de m’avoir offert ce livre.
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Né coupable AUTrice : Florence Cadier ÉDITION: Talents hauts, 2021 ISBN: 9782362664090 PRIX: 24,95$ 12 ANS et plus