L’incroyable destin de Katherine Johnson, mathématicienne de génie à la NASA

Résumé : L’histoire de Katherine Johnson. Dès son enfance, elle doit se battre pour surmonter sa condition de femme noire dans un monde dirigé par des hommes blancs. Devenue ingénieure à la NASA, elle réussit à surpasser les machines et joue un rôle déterminant dans l’envoi de fusées et d’hommes dans l’espace.

Lectorat cible : 8 à 12 ans

Auteurs : Pascale Hédelin & Javi Rey

Édition : Bayard Poche, 2020

ISBN : 9791036315473

Prix : 10,95$

Appréciation : Vos enfants sont friands d’histoires vraies? Vous recherchez des modèles à faire connaître à vos élèves? L’incroyable destin de Katherine Johnson est peut-être le livre pour vous. Il s’agit d’un roman documentaire. En effet, l’histoire principale raconte une version romancée de la vie de Katherine Johnson, et le texte est entrecoupé de dossiers documentaires pour contextualiser ce qui se passe dans l’histoire. Il y a donc cinq dossiers très intéressants dans le livre, dont l’histoire des Noirs Américains, dans lequel on aborde l’esclavage et la ségrégation raciale aux États-Unis, la NASA, des astronautes américains célèbres et les Noirs Américains aujourd’hui. Recommandé! 

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Mes coups seront mes mots

L’existence d’Amal, lycéen passionné d’art, est bouleversée le jour où une simple bagarre entre garçons le conduit en prison. Inspiré de l’histoire vraie de Y. Salaam. Prix Walter Dean Myers, catégorie teens, 2021.

Ce roman en vers libres est un véritable coup du coeur. L’autrice haïtienne Ibi Zoboi s’est inspirée de l’histoire vraie du Central Park Five qui a secouée les États-Unis entre 1989 et 2002: 5 adolescents noirs sont arrêtés après la violente aggression d’une jeune femme à New York qui restera plusieurs jours dans le coma et se réveillera avec de graves séquelles. Les médias ont rapidement affirmé que le crime avait été l’oeuvre d’un gang d’adolescents qui s’adonnaient à se qu’ils prétendaient être du « wilding ». En réalité, les médias ont mal interprétés ce que les jeunes de l’époque appelaient « willin’ out »: sortir, s’amuser entre amis. Ainsi, dans l’oeil des médias américains, ce terme est devenu synonyme de rôder, flâner, faire du grabuge, bref, un acte malveillant rapidement associé à la tristement célèbre affaire de la joggeuse de Central Park. Cette histoire vous semble familière? C’est que vous avez probablement vu ou entendu parler de la récente série Netflix When they See Us de la réalisatrice  Ava DuVernay qui reprend aussi cette affaire.

Bien que Mes coups seront mes mots ne raconte pas exactement l’histoire de Yussef Salaam, l’un des cinq adolescents faussement accusés du crime de la joggeuse de Central Park, le personnage d’Amal est inspiré de lui en tant qu’artiste et adolescent incarcéré, soutenu par sa famille, grand lecteur et passionné de dessin pour garder son esprit libre. Le roman est d’ailleurs imprégné de certains des poèmes que Yussef Alaam a écrits pendant son incarcération. Ce dernier a également contribué à l’écriture du livre.

Je vous recommande chaudement ce roman percutant pour la qualité de son écriture et pour la lumière qu’il jette sur le racisme systémique aux États-Unis pour le lectorat francophone. On y aborde des thématiques comme la ségrégation des quartiers blancs et noirs, le Prison Industrial Complex et le mouvement pour l’abolition des prisons considérées comme le nouveau système d’asservissement des Noirs après l’esclavage et dans lequel on dénonce les gains que le gouvernement fait grâce au système carcéral. On y parle aussi de l’adolescence et du passage à l’âge adulte, et surtout, on y parle d’espoir. D’ailleurs, Amal veut dire « espoir » en arabe. Ce roman est tout simplement incontournable. En guise d’extrait, voici le poème JUSTICE AVEUGLE II qu’on peut lire à la page 208-209:

Coup de coeur!

* Prix 2021 du Walter​ ​Dean​ ​Myers, qui célèbre l’héritage de cet auteur de fiction pour jeunes adultes, ainsi que la diversité en littérature jeunesse.

Ibi Zoboi est est une autrice américaine née en Haïti.

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Mes coups seront mes mots
AUTEUR(S) : Ibi Zoboi , Yusef Salaam 
ÉDITION: Gallimard jeunesse, 2021
ISBN: 9782075154208
PRIX: 29,95$
13 ans et plus

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Signé poète X et Frères, deux romans pour adolescents écrits en vers libres. Essayez aussi My life Matters (plus tard réédité sous le titre de Tyler Johnson était là).

Lever de terre

Lever de Terre raconte l’histoire de la première navette spatiale habitée qui a quitté l’orbite de la Terre pour voler vers la Lune. Mais c’est également l’histoire de la photo prise par Bill Anders pendant ce vol, en orbite autour de la Lune, alors qu’il admirait la Terre.

La première fois qui m’a plu dans cet album, ce sont les illustrations. Le choix de couleur donne un effet vieillot, voir vintage, et le fond beige se découpe nettement des traits de crayons, créant beaucoup de profondeur. Et puis, le texte m’a charmée. L’auteur parvient à capturer un moment de l’histoire américaine, comme une photo prise sur le vif et qui raconte une histoire très personnelle au travers la Grande Histoire de ce pays. Car c’est sur fond de manifestations pour les droits civiques et la vie d’une famille noire américaine qu’on nous dévoile les moments entourant le lancement de la fusée Apollo 8, de son décollage spectaculaire à son arrivée sur la lune. Une petite fille noire suit avec frénésie cette aventure spatiale, comme si cela lui permettait d’oublier la ségrégation et le racisme de son pays. Elle aussi rêve de voyager loin, loin, là où la terre n’a pas de frontières…

On trouve en fin d’album un petit dossier sur la photo Lever de terre, où l’on voit la planète bleue de la lune, prise à un moment où justement, les gens sur terre semblaient avoir bien du mal à vivre ensemble en paix. Pourtant, la photo est claire: la Terre « n’est qu’un seul monde ». Superbes illustrations de Christy Lundy. Un album vraiment génial que je vous recommande vivement!

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Lever de terre
AUTEUR(S) : James Gladstone & Christy Lundy 
ÉDITION: Les 400 Coups, 2021
ISBN: 9782895406310
PRIX: 19,95$
6 à 10 ANS

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Des blanches et des noires : pas de pause dans la ségrégation ou Estelle et Noé: À la découverte de l’univers. Essayez aussi Le Coq solitaire, un album pour les 6 à 10 ans.

Né coupable

En mars 1944, la ségrégation bat son plein en Caroline du Sud. George Stinney, jeune Afro-Américain de 14 ans, est arrêté pour le meurtre de deux fillettes blanches. Le garçon, qui reconnaît les avoir croisées quelques heures avant leur disparition, est le coupable idéal aux yeux du shérif. Interrogé et poussé à signer des aveux dont il ne comprend pas le sens, il est condamné à mort.

Né Coupable de Florence Cadier est un livre nécessaire pour ne jamais oublier l’histoire et à quel point la justice est fragile. Un livre pour aussi se souvenir que les erreurs judiciaires existent encore aujourd’hui et que la plupart des victimes sont noires.

Tout ce passe très vite dans l’histoire: c’est comme un tourbillon immense, celui-là même qui a emporté avec lui George Stinney, le personnage principal. L’autrice maîtrise très bien le suspense et les émotions, un équilibre fragile qui ne peut que garder captif le lecteur. J’ai eu du mal à reposer ce livre!

Attention: certains passages sont très troublants, notamment le racisme éhonté du corps policier et des enquêteurs. Il mot « nègre » est également utilisé à quelques reprises dans le texte. George Stinney est interrogé et poussé à signer des aveux dont il ne comprend pas le sens, et il est transféré en prison sans revoir ses parents. Cette dernière n’obtient même pas le droit d’assister à son procès. Il ne faudra que dix minutes au jury, composé de 12 hommes blancs, pour condamner George, 83 jours après son arrestation. Aucun témoin n’a été appelé à la barre. Aucune preuve, ni les aveux de l’adolescent, n’ont été trouvé dans les archives de police.

Notons au passage que l’autrice est une française blanche, donc assez éloignée de la réalité qui est raconté dans le roman. Il s’agit toutefois d’une histoire vraie: en effet, George Stinney est le plus jeune condamné au XXe siècle à mourir sur la chaise électrice. L’autrice, journaliste, a effectué plusieurs recherches sur cette affaire avant d’écrire ce roman, soutenu par Amnesty International. Et même si les dialogues, les noms et les actes relatés dans le livre sont de sont crû, l’histoire de George Stinney a réellement eu lieu. Elle questionne d’ailleurs en postface: « Les Noirs étaient les parfaits boucs émissaires d’une société blanche suprématiste. Peut-on dire que cela ait changé? » (p.151). À lire de toute urgence!

Je remercie les éditions talents hauts de m’avoir offert ce livre.

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Né coupable
AUTrice : Florence Cadier 
ÉDITION: Talents hauts, 2021
ISBN: 9782362664090
PRIX: 24,95$
12 ANS et plus

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être le deuxième tome de Ku Klux Klan : Des ombres dans la nuit, Les cagoules de la terreur, inspiré d’une histoire vraie. Essayez aussi Dorothy Counts: affronter la haine raciale, et Angela Davis: Non à l’oppression.

Noirs et Blancs

Il y a bien longtemps, les éléphants étaient noirs ou blancs. Ils se détestaient, s’affrontèrent et finirent par disparaître. Mais un jour, les petits-enfants des éléphants qui n’avaient pas voulu la guerre sortirent de la jungle où ils étaient restés cachés. Ils étaient gris… Par David McKee, le créateur d’Elmer, une fable essentielle pour parler ensemble des conflits et de la paix, chez les éléphants et n’importe où sur la Terre.

Je ne sais pas pourquoi, mais ça m’a pris beaucoup de temps pour me résigner à écrire cette critique. Ce livre m’a laissée assez indifférente… Le texte ne m’a pas marqué, les illustrations ne m’ont pas plu, le livre-objet m’a semblé peu intéressant. Et puis, je sais pas, mais des éléphants avec une arme à feu ou un poing ou un canon à la place de la trompe, ça me perturbe!!

Au début de l’histoire, les éléphants Noirs et Blancs ne s’entendent pas et se font la guerre. Pour échapper à celle-ci, certains d’entre eux iront se réfugier dans la forêt. Aucun éléphant Noir et aucun éléphant Blanc n’aura survécu à la guerre. Mais des années plus tard, des éléphants gris sortent de la forêt. Ce sont des éléphants pacifiques, du moins, au premier abord. Car bien vite, les éléphants gris aux grandes oreilles se mettront à regarder d’un mauvais œil les éléphants gris aux petites oreilles…

Ce livre est quand même intéressant pour sa manière d’aborder le vivre-ensemble. On entend souvent que le métissage aura raison du racisme et que lorsque tous les êtres humains seront métissés, il n’y aura plus de haine raciale. C’est totalement utopique, évidemment, car non, les personnes métissées ne sont pas là pour nous sauver de notre propre bêtise. Point positif: L’histoire se termine sur une fin ouverte qui peut amener à de bonnes discussions sur les différences, le vivre-ensemble, la tolérance et le racisme.

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Noirs et Blancs
AUTEUR(S): David McKee
ÉDITION: Gallimard jeunesse, 2016
ISBN: 9782070562299
PRIX: 8,95$
4 À 6 ANS

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être un Un mouton au pays des cochons ou Charlie et ses drôles d’habits, deux albums sur le vivre-ensemble. Essayez aussi Fourchon, un livre jeunesse sur le métissage.

Sulwe

Sulwe a la peau noire comme le ciel de minuit. Elle est plus foncée que tous les autres membres de sa famille. Elle est aussi plus foncée que tout le monde à son école. Tout ce que Sulwe souhaite, c’est être belle et avoir le teint aussi clair que celui de ses parents. Mais un soir, une aventure magique dans le ciel lui ouvrira les yeux et changera tout…

Qu’il est rare de trouver des livres jeunesse abordant de front la thématique de la couleur de peau noire. Sulwe parle sans détour du mal-être que peut surgir chez les enfants noirs face à leur couleur de peau, en plus de rendre visible le concept de colorisme. Le colorisme, c’est une discrimination basée sur le teint de la peau qui sous-entend que les peaux claires et brunes sont plus jolies et plus désirables que les peaux foncées et marrons. Le colorisme existe dans les communautés racisées, et pas seulement noires!

Les enfants noirs retrouveront dans ce magnifique album un miroir d’eux-mêmes. Les enfants blancs y trouveront une sensibilité à développer envers les différences. Je le dis souvent et je le redis: les livres avec des personnages noirs ne sont pas que pour les enfants noirs! Développer son empathie, c’est important et cela doit faire partie du développement global de l’enfant. Un enfant qui n’a pas la peau noire (ou même: un enfant qui a la peau noire, mais pas foncée) peut lire ce livre et être capable de se mettre à la place de la petite Sulwe.

En milieu scolaire, vous pouvez prendre le temps de discuter de l’intimidation et des moqueries avec vos élèves en lisant ce livre:

  • Comment penses-tu que Sulwe s’est senti en se faisant traité de charbon?
  • Qu’aurais-tu fait si tu avais été témoin d’une telle scène d’intimidation?
  • Pourquoi penses-tu que Sulwe voudrait avoir une peau plus pâle?
  • Sulwe signifie étoile. Et toi, que signifie ton prénom?
  • Trouve trois choses que tu as en commun avec Sulwe.
  • Pourquoi avons-nous autant besoin de la lumière et de la noirceur?
  • Nomme deux choses que tu aimes faire la nuit et deux choses que tu aimes faire le jour.
  • Trouve la définition du mot racisme dans le dictionnaire.
  • Et toi? As-tu le même teint ou la même couleur de cheveux que tes parents, que tes frères et sœurs?

Le récit est assez triste: cela fait mal de voir une si jolie petite fille se dévaloriser autant. Herueusement, à la fin de l’histoire, Sulwe découvre que la beauté est aussi à l’intérieur, et qu’il ne faut pas attendre que les autres nous trouvent jolie pour savoir qu’on l’est. Elle apprendra qu’elle est belle car elle choisi de l’être, et que sa beauté est quelque chose de précieux à chérir. Les illustrations de Vashti Harrison sont magnifiques. Bref, Sulwe est un très très bon livre que j’ai beaucoup aimé! Fortement recommandé!

Coup de cœur!

Lupita Nyong’o est une autrice kényane.

Vashti Harrison est une illustratrice américaine.

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Sulwe
AUTEUR(S)
: Lupita Nyong’o & Vashti Harrison
ÉDITION: Scholastic, 2020
ISBN: 9781443181884
PRIX: 14,99$
5 ans et plus

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Gros Chagrin ou Pain doré, deux albums qui abordent la thématique de la couleur de la peau. Essayez aussi Lili Rose veut être gentille, un livre jeunesse avec pour personnage principal, une petite fille noire.

Et si on se parlait?

Coucou  ! Nous nous appelons Thomas, Noémie, Jade et Sam… Nous avons à peu près ton âge et nous aimerions partager avec toi des petites expériences de vie. Cela te permettra d’en parler avec les adultes qui s’occupent de toi, d’exprimer tes émotions, de raconter à ton tour ce que tu vis à l’école ou à la maison…

Ces trois petits livres sont super pour amener les enfants à parler de tout, sans tabou. Le ton est adapté au lectorat, puisque le premier livre s’adresse aux 3-6 ans, le deuxième, aux 7-10 ans, et le troisième, aux 11 ans et plus. Si vos enfants se questionnent sur des sujets délicats, ces livres les aideront à exprimer leurs émotions, à trouver les mots pour discuter de toutes sortes de sujets et aussi constater qu’ils ne sont pas seuls à vivre certaines expériences de la vie.

Les réponses données aux questionnements des enfants sont réfléchies et accessibles pour leur âge. Par exemple, dans le tome deux (pour les 7-10 ans), on rencontre Hakim, 10 ans (presque 11!) qui parle de ce qui lui est arrivé à l’école avec son copain David: ils ont été harcelés et été victimes de racisme. Ils ont été traités de moches parce qu’ils ont la peau foncée et se sont fait traiter de tous les noms. Hakim et son ami n’aiment pas la violence et ils ne comprennent pas pourquoi certaines personnes (même des adultes!) les insultent. 


J’ai aussi bien aimé qu’on invite les lecteurs à prendre un dictionnaire pour chercher la définition des mots qu’il pourraient ne pas comprendre totalement, comme « Racisme » ou « Harcèlement ».

Dans le troisième livre (celui pour les 11 ans et plus), on parle d’homosexualité avec Julia, de consentement avec Fatou, de cyberharcèlement avec Tony, de puberté avec Sarah et de violence sur Internet avec Cyril. Malheureusement, le contexte est français: on parle de SMS, de collège, de maître d’école ou on suggère de composer le 3020 pour faire un signalement. À ce niveau-là, ils sont donc peu adaptés au lectorat québécois. Malgré tout, ils peuvent être intéressant pour amener les enfants à aborder certains sujets tabou ou difficiles.

Ces livres vous ont plu?
Vous aimerez peut-être Les races, ça existe ou pas?, Les mots indispensables pour parler du racisme, ou encore C’est ta vie! L’encyclopédie qui parle d’amitié, d’amour et de sexe aux enfants, trois livres documentaires pour la jeunesse.

Louis Armstrong

Sais-tu que Louis Armstrong a découvert la musique à l’âge de cinq ans en écoutant, à l’église, du gospel ? Et toi, y a-t-il un lieu où tu aimes écouter la musique ? Et as-tu déjà rêvé très fort, comme Armstrong, d’avoir un instrument bien à toi ? Louis a huit ans, quand il s’offre son premier cornet à piston (c’est le cousin de la trompette). En écoutant ce disque, tu pourras peut-être devenir, toi aussi, un très grand musicien de jazz !

J’ai lu et écouté ce livre à l’heure du souper avec des enfants de 10 et 7 ans. Nous avons vraiment aimé écouter les morceaux de jazz et nous discutions de musique, de la vie aux États-Unis au siècle dernier et de la ségrégation lorsque le narrateur cessait sa lecture. C’était vraiment agréable!

Le livre est un objet de qualité à couverture rigide, abondamment illustré. En plus du texte principal, lu par un acteur sur le CD d’accompagnement, il y a des encarts pour aller plus loin dans lesquels ont retrouver de l’information complémentaire. On questionne aussi les lecteurs en les faisant discuter sur les liens qu’ils peuvent faire entre ce qui s’est passé dans la vie de Louis Armstrong et leur propre vie.

Les extraits musicaux sont bien choisis et généraux: jusqu’à 3 minutes par extrait! Ce livre est fantastique pour une lecture avec tous les enfants d’une même fratrie d’âge différents: chacun y retirera quelque chose, que ce soit l’écoute de musique, la découverte d’un nouveau musicien, la géographie des États-Unis et l’histoire de ce pays, les particularité du jazz comme style musical, ou tout simplement l’histoire d’un garçon qui a poursuivit ses rêves. Fortement recommandé!

Coup de cœur!

À la découverte des musiciens: Louis Armstrong
AUTEUR(S) : Rémi Courgeon & Stéphane Ollivier 
ÉDITION: Gallimard jeunesse, 2015
ISBN: 9782070668519
PRIX: 29,95$
6 à 10 ans

Ce livre vous à plu?
Vous aimerez peut-être Ray Charles, un livre-audio paru dans la même collection chez Gallimard. Essayez aussi Des noires et des blanches et Mon voisin Oscar, deux livres jeunesse sur des musiciens afro-descendants.

Ku Klux Klan: Des ombres dans la nuit

KKK des ombres dans la nuit romanBilly Caldwell mène une enfance paisible en ce début des années 50 dans l’Etat du Mississippi, entouré de l’affection de son père et de ses amis. Jusqu’au jour où il découvre l’existence du Ku Klux Klan et le racisme dont sont victimes les Noirs. Révoltés par cette violence, les Caldwell vont alors procéder à des choix, quitte à mettre leur vie en péril.

Ce roman se lit d’une traite, sans interruption. Le premier chapitre pose les bases du récit qui suivra. Un garçon rencontre son grand-père qui reçoit la Médaille d’honneur, la plus grande distinction qui peut être accordée à un civil au États-Unis. Le deuxième et dernier chapitre sera constitué des souvenirs du vieil homme et des questionnement de son petit fils.

Les Caldwell sont une famille blanche qui a dénoncé le racisme et les violences dont sont victimes les Noirs du Sud. Ils feront face à la colère de leur compatriotes blancs qui les traiteront de traites et de « lèche-négro », entre autres. Ils recevront des menaces pour avoir publié un journal dénonçant le racisme et seront boycottés. Malgré toutes ses attaques, ils demeureront convaincus que Noirs et Blancs sont égaux et n’ont pas à recevoir un traitement différent dans la société: tous ont droit au respect. 

Je regrette tout de même qu’on s’intéresse à une famille blanche alors qu’on sait qu’une vaste majorité des américains blancs du sud étaient racistes ou complices dans le maintien des lois Jim Crow. Même s’il peut être intéressant de lire sur l’expérience de Blancs qui se sont levés pour dénoncer la ségrégation, ça fait un peu « sauveur blanc », en mode regardez-cette-gentille-famille-qui-a-aidé-des noirs-durant-ces-moments-difficiles!

Certains passages de ce livre sont particulièrement difficiles. Pour lecteurs avertis. Le roman est assorti d’un dossier documentaire d’une trentaine de pages où on en apprend plus sur la société secrète ultra-violence nommée KKK, sur les liens qu’avait l’organisation avec le FBI, avec la politique américaine (en particulier les démocrates, beaucoup plus à droite sur l’échiquier politique à l’époque), sur les lois Jim Crow, sur l’assassinat d’Abraham Lincoln, et sur la ségrégation. On y apprend aussi comment la renaissance du KKK en 1915 était liée à l’immigration de millions d’Anglo-Saxons, d’Allemands, de Russes, de Slaves et d’Italiens entre 1878 et 1914. Bref, voilà un livre complet pour en apprendre davantage sur un pan sombre de l’histoire américaine.

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Ku Klux Klan: Des ombres dans la nuit
AUTEUR(S)
: Roger Martin Bouton acheter petit
ÉDITION: Oskar, 2011
ISBN: 9782350007236
PRIX: 19,95$
12 ANS ET PLUS

Ce livre vous a plus ?
Vous aimerez peut-être L‘arbre aux fruits amers, un docu-fiction issu de la même collection chez Oskar Éditeur. Des blanches et des noires: Pas de pause pour la ségrégation pourrait aussi vous plaire.

arbre-aux-fruits-amers    Des blanches et des noires pas de pause pour la ségrégation Isabelle Wlodarczyk

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Sortir d’ici

Jade aime la vie qu’elle mène dans son quartier, entourée de ses amis et de sa mère. Mais cette dernière veut l’envoyer au lycée situé de l’autre côté de la ville, celui où vont les Blancs, les riches ou les élèves pauvres mais brillants, comme elle. Dans cet établissement où elle n’est pas la bienvenue, Jade découvre un monde dont elle ignore les codes.

Vous allez adorer ce roman si vous aimez les récits réalistes et les personnages bien développés. Je me suis tellement reconnue en Jade, dans son discours, ses expériences et ses questionnements. Pourtant, contrairement à elle, je n’ai pas grandi dans un milieu pauvre, ni dans une communauté majoritairement noire, et je n’ai pas eu de bourses d’études ciblée pour les personnes racisées. Pourtant, plutôt que nos différences, c’est bien nos ressemblances qui ont fait en sorte que je m’identifie à ce personnage. Nous sommes toutes les deux noires, avons toutes les deux eu des amitiés mixtes qui ont été bousculées par l’incompréhension de nos amies blanches face au racisme que nous subissons, et nous avons toutes les deux été discriminées au moment d’être choisie pour un programme scolaire d’envergure. Tout lecteur qui a fait face à des difficultés (peut importe leur nature) ou de la discrimination, ou qui s’est questionné sur le privilège, verra en Jade un certain reflet de lui-même. C’est là toute la puissance de l’écriture de Renée Watson: rendre ses personnages vrais, authentiques et imparfaits.

Même si je n’ai pas été d’accord avec tous les propos de Jade, j’ai pu comprendre son point de vue. J’ai aussi compris le point de vue de ses détracteurs. Car l’autrice Renée Watson prend bien soin de montrer les deux côtés de la médaille à une problématique. Lorsqu’elle parle du racisme subi par Jade et sa frustration face aux Blancs qui minimisent sa douleur et sa colère, elle parle aussi des Blancs qui ne savent pas comment réagir et qui se sentent injustement visés. Plutôt que de présenter la fragilité blanche comme un problème qui ne concerne que les Blancs (« qu’ils s’éduquent! » diront certains), Renée Watson présente le point de vue des personnes blanches dans toute sa complexité, et valide tout autant les expériences des personnes noires que blanches. Ainsi, Sam, l’amie blanche de Jade, aura une voix bien à elle et aura l’opportunité de s’exprimer, par exemple, lors de cet échange entre elle et Jade après que leur amitié ait été ébranlée par une succession de micro-agressions:

— Parfois… je ne sais pas… je suis juste mal à l’aise de parler de ce genre de choses. Et je ne sais pas quoi te dire quand quelque chose d’injuste t’arrive. Comme l’autre jour au centre commercial. Je me suis sentie super mal. Mais j’étais censée faire quoi?
— Tu n’es pas toujours obligée de faire quelque chose. Mais quand tu balaies ce que je dis d’un revers de la main comme si je l’inventais ou si j’exagérais, ça me donne l’impression que tu te fiches de ce que je ressens. (p. 287)

J’ai souvent du mal avec les mauvaises traductions françaises des romans anglophones. Mais j’ai trouvé que « Sortir d’ici » était une excellente adaptation du titre original, « Piecing Me Together ». Car c’est bien ce désir de quitter la prison de verre qui l’entoure qui anime Jade tout au long du roman. Sortir d’ici, ce n’est pas nécessairement de quitter sa communauté afro-américaine pauvre, mais plutôt, quitter cet endroit où les opportunités sont trop peu nombreuses. Jade a souvent l’impression que ses chances d’avancement social sont quasi-nulles sans l’aide de personnes plus fortunées. Elle est intelligente, travaillante, déterminée et polyvalente: alors pourquoi est-ce si difficile? Elle intégrera un programme qui offre aux jeunes filles pauvres l’opportunité d’élargir leurs horizons en allant au musée, au cinéma ou en apprenant à bien se nourrir, par exemple. Au sujet de ce programme, Jade sera agacée par le fait qu’on ne lui montre que des choses extérieures à sa communauté, comme si cette dernière n’avait rien à offrir. Et elle n’hésitera pas à le dire. Jade est une forte tête et j’ai aimé cela d’elle. Elle comprend bien que le monde ne semble pas être fait pour elle, que sa mère a beau être pleine de bonne volonté, que ses voisins soient pleins de rêves ou qu’elle soit tout aussi capable qu’une personne plus fortunée (et, accessoirement, blanche), cela ne semble être jamais suffisant pour l’affronter. À ce sujet, elle dit même: « Parfois, j’ai l’impression de partir de chez moi le matin en un seul morceau, riche des baisers de maman qui a placé ses espoirs en moi. Mais quand je rentre le soir, j’ai l’âme en miette. » (p.107). Car Jade subit de nombreuses micro-agressions, ces petits gestes qui se veulent anodins, mais qui heurtent les personnes racisées, et qu’il est difficile de démontrer qu’il s’agit d’attaques. Jade est aussi grosse, et j’ai apprécié qu’une personne grosse soit le personnage principal d’un roman, sans que ce personnage soit malheureux à cause de son poids.

« Je ne sais pas ce qui est pire. Être maltraitée à cause de la couleur de sa peau, à cause de son poids, ou devoir prouver que c’est vraiment ce qui s’est passé. » (p.166)

J’ai pris des tas de notes sur ce roman, j’ai surligné énormément de passages en me disant « Oh, mon Dieu, c’est tellement bien dit » ou « C’est exactement ça! ». Vous devez absolument lire ce roman et me dire ce que vous en avez pensé. Fortement recommandé!

Renée Watson est une autrice américaine.

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Sortir d’ici
AUTEUR(S) : Renée Watson
ÉDITIONCasterman, 2019
ISBN: 9782203185661
PRIX: 28,95$
13 ans et plus

Ce livre vous a plu? Vous aimerez peut-être Le garçon qui n’était pas noir, La haine qu’on donne ou encore My life matters, trois romans pour adolescents dans lesquels un personnage doit aller à l’école dans un quartier homogène qui n’est pas le sien.