Résumé : Tout petit, Jean-Michel Basquiat adorait déjà visiter des musées et dessiner. Il avait promis à son père qu’il deviendrait un artiste célèbre, et il ne s’était pas trompé. Inspirée de l’univers du graffiti, son œuvre, forte et originale, a fait de lui l’une des figures marquantes de l’art au 20e siècle.
Lectorat cible : 7 à 11 ans
Auteurs : María Isabel Sánchez Vegara & Luciano Lozano
Appréciation : Né d’un père d’origine haïtienne et d’une mère portoricaine, Jean-Michel Basquiat a commencé à dessiner très jeune. À l’instar des autres titres de la collection De petit(e) à grand(e), ce livre retrace la vie de l’artiste de l’enfance à l’âge adulte. L’histoire s’arrête avant sa mort à l’âge de 27 ans. Dans un court dossier à la fin du livre, on apprend qu’il a créé des milliers de tableaux et dessins, dont plusieurs portent sur le racisme et les inégalité sociale. Ce livre est fantastique et nous dévoile la vie, à hauteur d’enfant, d’un artiste unique et original qui a grandement contribué à élever le graffiti et l’art urbain au rang des beaux-arts.
Rosalie et Anisha sont deux sœurs qui ne sauraient être plus différentes. Tandis que Rosalie a la tête en l’air et la mémoire courte, Anisha est tout simplement géniale ! À la foire scientifique de l’école, elle remporte toujours le premier prix. Et pourtant, les inventions des élèves défient chaque année les limites entre la science et la magie. Quel projet prépare Anisha ? Rosalie saura-t-elle faire bonne figure avec son simple chapeau de fruits ? Tiens, justement, n’est-ce pas un peu de confiture qui coule sur son front et tache ses mains…
Encore un autre livre dont je ne savais rien avant de commencer ma lecture. Je l’avais repéré précédemment pour avoir trouvé son chemin jusqu’à la liste préliminaire du prix des libraires du Québec dans la catégorie 6-11 ans, mais c’est tout. Je ne m’attendais pas du tout à un roman d’horreur! J’ai été agréablement surprise. On frissonne, le récit nous entraîne toujours plus loin dans la peur et c’est tout à fait délectable.
Les personnages principaux sont des jeunes filles racisées qui portent fièrement leurs tresses et leurs cheveux bouclés. Les illustrations en noir et blanc, aux traits nerveux, ajoutent une couche de terreur au récit. Dégoûtant et inattendu, Le Chapeau de fruits est un surprenant roman d’horreur pour jeunes lecteurs! À découvrir!
Le chapeau de fruits AUTEUR(S) : Amélie Stardust ÉDITION: Québec Amérique, 2018 ISBN: 9782764444160 PRIX: 12,95$ 7 à 10 ans
Aventurière en devenir, la princesse Amira rencontre la princesse Sadie et la libère de la tour dont elle était prisonnière. À leur grande surprise, elles vont devenir amies malgré leurs différences. Sur les routes du royaume, Sadie et Amira vont joindre leurs forces pour déjouer les plans de la sorcière qui a emprisonné Sadie et l’humilie constamment. Rejoignez Sadie et Amira, deux princesses très différentes, dans leur aventure pour s’accepter telles qu’elles sont et écrire leur propre conte de fées.
D’abord publié en ligne sous la forme d’un webcomic, Princesse Princesse est une bande dessinée pour le lectorat jeunesse qui donne un souffle nouveau au conte traditionnel. La princesse emprisonnée au sommet d’une tour est ici une jeune fille qui ne souhaite pas particulièrement être sauvée par un prince, et c’est plutôt Amira, une autre princesse, qui viendra la secourir, après s’être assurée que la première a réellement besoin d’assistance et souhaite sortir de sa tour.
On sent bien que l’autrice souhaite dénoncer les stéréotypes et remettre en question l’hétéronormativité, mais elle le fait plutôt maladroitement. L’histoire aborde notamment le sujet des relations familiales toxiques. La méchante soeur de Sadie traite cette dernière de pleurnicharde, de grosse et de stupide. Plutôt que d’envoyer promener sa soeur ou, à la limite, dénoncer son manque d’empathie, Sadie dira plutôt qu’elle ne lui laissera « plus jamais [lui] faire croire que c’est une mauvaise chose! » (p. 39). On véhicule donc l’idée qu’il faut s’accepter tel que notre ennemi nous voie. Je me serais plutôt attendue à ce qu’on souligne les forces et qualités de Sadie pour contrebalancer la mauvaise image d’elle que nous donne sa soeur. Ou encore, tourner les défauts lancés comme des insultes en qualités: Ainsi, Sadie ne serait pas pleurnicharde, mais sensible et proche de ses émotions; elle ne serait pas grosse, mais en santé et bien dans sa peau; elle ne serait pas stupide, mais en apprentissage… Bref, j’ai eu un malaise.
De plus, je dois admettre que la trame narrative est somme toute assez mince et manque cruellement de substance. Il y a beaucoup de questions soulevées qui resteront sans réponse. Amira devait être mariée à un prince fortuné par sa famille, mais s’enfuit. Sa famille la recherche-t-elle? Comme s’est-elle débrouillée seule alors qu’elle est âgée de seulement 16 ans? Aussi, je comprend que la soeur de Sadie soit jalouse, mais est-ce suffisant pour expliquer sa grande méchanceté? La famille de Samira sait-elle qu’elle est lesbienne? Comment se fait-il que Sadie et Amira, deux inconnues qui viennent de se renccontrer, finissent pas se marier aussi rapidement et ne sachant presque rien l’une de l’autre? La famille de Sadie n’était-elle pas inquiète de la disparition de leur fille? Pourquoi ont-ils accepté que la soeur l’enferment dans une tour? À noter aussi que le découpage des cases manque de fluidité.
Bon, après, oui, le livre est très très mignon et adorable, les couleurs sont belles. Il y a une fin heureuse comme dans les contes les plus romantiques. On a besoin de plus de livres jeunesse qui disent aux enfants que oui, l’amour c’est aussi entre deux femmes et que non, toutes les princesses n’ont pas nécessairement besoin d’être secourues. Cela dit, j’ai quand même été un peu déçue par ce livre. Je m’attendais à plus. J’ai eu l’impression de lire un brouillon plutôt qu’une version finale.
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Princesse princesse AUTEUR(S): Katie O’Neill ÉDITION: Bliss comics, 2020 ISBN: 9782375782125 PRIX: 27,95$ 7 ANS et plus
Caroline vient d’emménager dans un nouveau quartier et elle se sent un peu seule. Si Karim et Hugo, les rois de la récré, voulaient bien l’accepter, tous les autres élèves deviendraient ses amis. Mais comment faire pour rejoindre leur club hyper secret ?
Il y a dans ce livre d’une quarantaine de pages une histoire estivale autour du vélo, de la découverte de soi et du courage. Mais, et il faut le savoir, il y a aussi des passages sexistes. Caroline vient d’arriver dans un nouveau quartier et souhaite rapidement être acceptée de ses camarades pour se faire de nouveaux amis. Elle a donc repéré dans la cours d’école les deux garçons les plus populaires et respectés, et fera tout pour tenter d’intégrer leur groupe. Toutefois, Hugo et Karim sont tout de go réticents à accepter Caroline: Il n’y a plus de place dans leur club et certainement pas pour une FILLE (p.13)! Tout au long du roman, il y aura ces petites flèches lancées ici et là comme quoi les filles sont moins que les garçons: moins courageuses, moins intéressantes, moins digne de respect. Ça commence en page 6 où on mentionne que « le dernier arrivé au petit bois est une fillette! », comme si être une fillette était une insulte, un statut à éviter à tout prix. Puis, quand les garçons mettront Caroline à l’épreuve de monter au sommet d’un silo, d’en faire le tour et de redescendre (persuadés qu’elle se dégonflerait), la jeune fille les épate par son courage. Mais jamais les garçons ne l’admettront, allant même jusqu’à minimiser son exploit (« ce n’était pas vraiment dangereux, même [mon petit frère] aurait pu le faire! » (p. 28)) Ainsi, les efforts et succès de la jeune fille ne sont jamais suffisants aux yeux des garçons.
Alors que Caroline réussi toutes les épreuves imposées par les deux garçons, ces derniers, jaloux, cessent de lui adresser la parole à l’école. Caroline en subira les répercussions puisque, voyant qu’elle n’est pas acceptée par Hugo et Karim, ces camarades de classe lui tourneront le dos aussi. J’aurais aimé que le roman traite un peu plus de la problématique du rejet et de l’intégration à l’école. En fait, toute l’histoire tourne autour de ces moments passés à vélo dans le quartier. Ça aurait été pour une autre histoire, peut-être.
J’ai aussi été un peu découragée par le fait qu’en réalité, Caroline ne se demande pas vraiment si Hugo et Karim méritent son amitié, ou s’ils sont de bonnes personnes qu’il vaut la peine de fréquenter. C’est comme si le plus important était de les impressionner pour être acceptée, pas d’être soi-même ou de se respecter. Je trouve que ça ne véhicule pas vraiment un bon message. Aussi, on ne reviendra pas en fin de récit sur le contenu sexiste du roman. Je n’aurais pas aimé une morale trop apuyée non plus, mais j’aurais apprécié qu’on mentionne, d’une manière ou d’une autre, que les filles ont autant de valeur que les garçons. Est-ce trop utopiste que de demander ceci d’un livre jeunesse?
Bref, je n’ai pas aimé.
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Le club des as AUTEUR(S): Milie Goudin-Lopez , Bastien Quignon ÉDITION: Bayard jeunesse, 2020 ISBN: 9791036312458 PRIX: 10,95$ 7 à 10 ANS
Coucou ! Nous nous appelons Thomas, Noémie, Jade et Sam… Nous avons à peu près ton âge et nous aimerions partager avec toi des petites expériences de vie. Cela te permettra d’en parler avec les adultes qui s’occupent de toi, d’exprimer tes émotions, de raconter à ton tour ce que tu vis à l’école ou à la maison…
Ces trois petits livres sont super pour amener les enfants à parler de tout, sans tabou. Le ton est adapté au lectorat, puisque le premier livre s’adresse aux 3-6 ans, le deuxième, aux 7-10 ans, et le troisième, aux 11 ans et plus. Si vos enfants se questionnent sur des sujets délicats, ces livres les aideront à exprimer leurs émotions, à trouver les mots pour discuter de toutes sortes de sujets et aussi constater qu’ils ne sont pas seuls à vivre certaines expériences de la vie.
Les réponses données aux questionnements des enfants sont réfléchies et accessibles pour leur âge. Par exemple, dans le tome deux (pour les 7-10 ans), on rencontre Hakim, 10 ans (presque 11!) qui parle de ce qui lui est arrivé à l’école avec son copain David: ils ont été harcelés et été victimes de racisme. Ils ont été traités de moches parce qu’ils ont la peau foncée et se sont fait traiter de tous les noms. Hakim et son ami n’aiment pas la violence et ils ne comprennent pas pourquoi certaines personnes (même des adultes!) les insultent.
J’ai aussi bien aimé qu’on invite les lecteurs à prendre un dictionnaire pour chercher la définition des mots qu’il pourraient ne pas comprendre totalement, comme « Racisme » ou « Harcèlement ».
Dans le troisième livre (celui pour les 11 ans et plus), on parle d’homosexualité avec Julia, de consentement avec Fatou, de cyberharcèlement avec Tony, de puberté avec Sarah et de violence sur Internet avec Cyril. Malheureusement, le contexte est français: on parle de SMS, de collège, de maître d’école ou on suggère de composer le 3020 pour faire un signalement. À ce niveau-là, ils sont donc peu adaptés au lectorat québécois. Malgré tout, ils peuvent être intéressant pour amener les enfants à aborder certains sujets tabou ou difficiles.
Plusieurs pans de la vie de Mateus Da Costa demeurent un mystère. Son nom revient à quelques reprises dans les archives, puis, vers la fin de sa vie, les historiens perdent complètement sa trace. Samuel de Champlain a francisé son nom et l’appelle Mathieu de Coste. Une chose cependant est sure : Da Costa est le premier navigateur et interprète d’origine africaine à avoir foulé le sol de notre pays.
Voilà un très bon roman pour lecteurs débutants avec tout juste 58 pages illustrées en noir et blanc. L’autrice, Diane Groulx, a dédié ce livre à ses enfants, Jhonatan et Luisa, « pour qu’ils soient fiers de leurs origines africaines ». Elle a aussi consulté l’historien A. J. B. Johnston qui l’a conseillée dans l’écriture et la vérification de faits historiques sur la vie de Mathieu Da Costa.
Le livre se lit comme une histoire; ainsi, les lecteurs et lectrices en apprennent beaucoup sur la vie de Mathieu Da Costa et la colonisation du Canada dans cette biographie romancée. J’ai beaucoup aimé! Il existe peu de livres sur la contribution des personnes noires à l’histoire du Canada, et ce roman en est un très bon. Enseignants, ce livre sera un bel ajout à votre bibliothèque de classe. Ce livre est presque épuisé; commandez-le vite avant qu’il ne soit trop tard!
Mathieu Da Costa: Premier interprète d’origine africaine en Nouvelle-France AUTEUR(S): Diane Groulx & Jocelyn Jalette ÉDITION: Éditions du soleil de minuit, 2013 ISBN: 9782924279021 PRIX: 9,95$ 7 À 11 ANS
Qui est donc cette petite fille aux grandes lunettes et au cahier rempli de dessins d’animaux ? En vacances à la campagne, Sylvia rencontre Violette, apprentie naturaliste, qui rêve d’apercevoir un loup. En farfouillant dans la remise, les fillettes trouvent une vieille tente qui n’a plus servi depuis des lustres. Ni une ni deux, elles la montent dans le jardin, bien décidées à veiller toute la nuit. Au programme : provisions commandées par yaourtophone, théâtre d’ombres et exploration du pré voisin, quand soudain, au petit matin… Serait-ce la silhouette tant attendue qui se dessine sur la tente ?
Si qui démarque cet album des autres, c’est d’abord son format: Très long et étroit, il s’ouvre comme un petit carnet de notes. Ensuite, ce sont les illustrations naïves aux crayon de bois agrémentés de collages qui ont attiré mon attention. J’ai eu un coup de cœur pour le travail de l’illustratrice Marika Maijala et j’ai déjà hâte de découvrir ces autres albums publiés en français.
Il faut dire aussi que c’est une histoire de loup pas comme les autres que l’on peut lire dans « Gare au loup ». Le loup, au final, ne sera qu’aperçu entre deux arbustes. L’intérêt de l’histoire réside plutôt dans l’amitié nouvelle qui se développe entre deux jeunes filles, l’une maladroite et l’autre appliquée. La première, blanche, arrive en vacances avec sa famille. La deuxième, métissée, apprécie observer et noter ce qui l’entoure pour mieux l’analyse. Deux personnalités bien opposées qui finalement donneront lieu à une aventure assez inattendue. Les deux fillettes apprendront à se connaître à travers le jeu et l’imagination, sans porter attention à leurs différences. J’ai beaucoup, beaucoup aimé! Je vous le conseille vivement!
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Sylvia Lespiègle: Gare au loup AUTEUR(S) : Juha Virta & Marika Maijala ÉDITION: Cambourakis, 2016 ISBN: 9782366240931
PRIX: 26,95$
7 À 9 ANS
A l’enterrement du père Gab, Noé, Théo et Maxime rencontrent Rebecca, petite-fille adoptive du défunt. Les trois garçons accompagnent la fillette qui veut visiter la maison de son aïeul, sans en parler à ses parents. Ils découvrent un lieu à l’abandon, où un vieux chat et un mainate ont été oubliés. Au coucher du soleil, l’oiseau se met à hurler, les prévenant d’un danger imminent.
Rebecca, Max, Noé et Théo ont découvert, dans la maison du père Gab, un passage vers un autre monde. Suite à une erreur de manipulation, les voilà tous les quatre coincés dans un pays étrange et peu accueillant.
Voilà une bande dessinée pour enfants pleine d’action et de mystère avec une petite touche d’épouvante. La maison du grand-père de Rebecca donnera lieu à quelques frissons au cours de la lecture, mais rien de bien méchant. Les dessins sont vifs et détaillés: l’auteurs parvient parfaitement à véhiculer la vitesse, l’énervement ou la peur en quelques coups de crayons. Son style m’a rappelé dans certaines cases les mangas par son utilisation de la simplification du visage pour créer un effet comique. Cette bande dessinée a tout pour plaire: c’est une aventure avec une pointe de magie, et le récit d’une belle amitié.
Dès le premier tome, on rencontre Rebecca, une petite fille noire qui s’ennuie à l’enterrement de son grand-père qu’elle n’a jamais connu. Son père lui permettra d’aller vagabonder le temps que la cérémonie se termine et c’est ainsi qu’elle fera la connaissance de ses nouveaux amis, trois garçons blancs du quartier. Dès cette première rencontre, la couleur de la peau de Rebecca sera sujet à conversation: l’un des garçons est étonné d’apprendre qu’elle est la petite-fille du défunt car elle est noire. Rebecca n’hésitera pas une seconde à répliquer: on imagine bien que ce n’est pas la première fois qu’on lui fait ce genre de remarques.
Rebecca est une fille courageuse (elle n’hésitera pas à aller dans la maison un peu glauque de son grand-père), drôle (elle s’amuse à jouer des tours à ses amis) et fonceuse (elle n’attend pas après les autres pour prendre une décision). Dans le premier tome, on comprend qu’elle est adoptée et que sa vie avant son adoption a été traumatisante pour elle, mais on ignore les détails. Il faudra attendre le tome 2 pour découvrir que Rebecca est née au Rwanda en 1992 et avait deux ans lorsque sa famille a été assassinée à coups de machette (elle en garde d’ailleurs une large cicatrice sur les côtes. Rebecca est donc un personnage très important dans l’histoire et c’est généralement elle qui mène le récit. Elle est aussi présente sur toutes les pages couvertures de cinq des 6 tomes de cette série qui malheureusement a été abandonnée avant la parution du 7e tome. Une excellente bande dessinée !
Je me permet de souligner un passage où l’un des protagonistes fume malgré son jeune âge et offre une cigarette à Rebecca. Cette dernière sera plutôt dégoûtée, mais le fumeur présentera le tabagisme comme quelque chose de pas si mauvais que ça.
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Les enfants d’ailleurs, 1: Le passage AUTEUR(S) : Nykko & Bannister ÉDITION: Dupuis, 2012 ISBN: 9782800155104 PRIX: 17,95$ 7 ans et plus
Chloé et ses amis ne joueront pas avec la nouvelle fille, Maya. Chaque fois que Maya essaie de rejoindre Chloé et ses amis, ils la rejettent. Finalement, Maya cesse de venir à l’école. Lorsque l’enseignante de Chloé donne une leçon sur la façon dont même de petits gestes peuvent changer le monde, Chloé est piquée par l’opportunité manquée d’amitié et réfléchit à quel point cela aurait pu être mieux si elle avait montré un peu de gentillesse envers Maya.
Ça fait déjà plusieurs semaines que j’ai lu ce livre et ce n’est qu’aujourd’hui que je me pose pour rédiger cette critique. J’avais besoin d’un moment d’arrêt, de laisser l’histoire m’habiter quelques temps encore. Car Un petit geste est un livre comme ça. Avec son puissant message anti-intimidation et son art frappant, le livre Un petit geste résonnera auprès des lecteurs longtemps après l’avoir déposé.
Jacqueline Woodson est l’une de mes auteures préférées. J’ai presque tout lu d’elle (elle écrit pour tous les âges) et je n’ai encore jamais été déçue. Quand Jacqueline Woodson écrit, elle m’emporte avec elle dans son univers. Les histoires qu’elle raconte sont toujours criantes de vérité. Chloé, que j’ai rencontrée dans son livre, est une enfant imparfaite, comme les vrais enfants. Comme ceux qui jouent dans la cours d’école, comme ceux qui grandissent vite et ceux qui grandissent lentement.
J’aurais pu lire le texte seul que je l’aurais adoré tout autant. J’aurais pu admirer les illustrations de E. B. Lewis et savourer une histoire sans texte. Mais ensemble, Woodson et Lewis créent quelque chose de puissant. Je les ai adoré ensemble dans The Other Side, et je les adore encore dans Un petit geste.
E. B. Lewis a un style d’illustration hyper-réaliste; ses dessins sont comme des photographies. Son coup de crayon est vif, et son coup de pinceau est léger. Cela créé des illustrations tout en profondeur dans lesquelles l’esquisse est toujours apparente. Ses aquarelles accompagnent à merveille le texte de Woodson.
J’ai été apaisée, attendrie, en colère, émue et pensive en lisant ce livre. C’est une histoire touchante pour explorer comment nos gestes affectent les autres, et pour réaliser que nous n’avons pas toujours une deuxième occasion pour nous rattraper. C’est aussi une histoire sur la gentillesse, celle qu’on a en nous mais qu’on ne transfère pas dans le monde. Celle qui nous reste prise à la gorge, sans trop savoir pourquoi. Enfin, c’est également une histoire sur soi et les autres, sur les différences, sur la dynamique de groupe et sur la découverte de qui on est.
Maya, la nouvelle élève, arrive en milieu d’année. On ne sait pas d’où elle vient et quand elle repartira soudainement, on ne saura pas où est s’en est allée. Elle a été une enfant gentille, impatiente de se faire des amis. Mais personne n’aura été gentille avec elle. Ça m’a brisé le cœur. Avec son puissant message anti-intimidation et son art frappant, le livre Un petit geste résonnera auprès des lecteurs longtemps après l’avoir déposé.
Au niveau de la représentation, Chloé est une petite fille métissée aux cheveux crépus et bruns. Sa couleur de peau ne change rien à l’histoire. Mais c’est tellement rare de voir des personnages principaux aux cheveux crépus laissés en afro en littérature jeunesse sans que ce soit sujet à moqueries ou que ce soit quelque chose de négatif. J’ai été heureuse de rencontrer Chloé; par ce quelle vit, et parce qu’elle est une petite écolière comme les autres, les enfants n’auront pas de mal à s’identifier à elle.
Pistes d’exploitation en milieu scolaire
Tout n’est pas dit dans l’histoire, ce qui fait de ce livre un candidat intéressant à une exploitation en milieu scolaire. Voici quelques pistes pour entamer des discussions autour de cet album avec vos élèves de 2e et 3e cycle du primaire:
Quelle est ta première impression en voyant Maya pour la première fois (page 3-4)? Que peux-tu dire d’elle? Diras-tu qu’elle a beaucoup d’argent ou pas? Qu’est-ce qui te fait penser cela? D’où vient-elle? Pourquoi arrive-t-elle en milieu d’année?
Quelle est ta première impression de Chloé? Dirais-tu quelle est une personne gentille ou pas? Attention: que connais-tu d’elle? Pourquoi ne sourit-elle pas à Maya? Pourquoi regarde-t-elle ailleurs? Pourquoi regarde-t-elle dehors?
Dirais-tu qu’il est facile de se faire de nouveaux amis? T’es-tu déjà retrouvé dans un environnement où tu ne connaissais personne? Si oui, comment aurais-tu aimé que les gens réagissent face à ta venue?
Faut-il du courage pour aller à l’encontre de ce qui est populaire? Faut-il du courage pour se moquer des autres? Ou de la lâcheté? Pourquoi Andrew nargue-t-il Chloé, à ton avis?
Et toi? Que peux-tu faire pour aider les nouveaux à s’intégrer au groupe?
Pourquoi Chloé et ses amies refusent-elles de jouer avec Maya?
Relève dans le texte toutes les instances où Maya tente activement de s’intégrer au groupe. Note la réaction de ses pairs. Propose ensuite une façon alternative et positive dont ces événements auraient pu se dérouler.
Explique dans tes mots la métaphore du caillou jeté dans l’eau.
De quelle manière diras-tu que Maya se sent au début et à la fin de l’histoire? Comment est-ce que le comportement des élèves de la classe l’affectent-elle?
Que pourrait faire Chloé pour se racheter? Est-il trop tard?
Enseignants: Pourquoi ne pas, vous aussi, faire l’expérience du caillou dans l’eau avec vos élèves? Demandez-leur ce qu’ils ont fait de gentil.
* Prix Coretta Scott King Book Awards 2013 pour la version originale anglaise.
Coup de cœur!
Jacqueline Woodson est une autrice américaine.
Un petit geste AUTEUR(S): Jacqueline Woodson & E.B Lewis ÉDITION: D’eux, 2020 ISBN: 9782924645468 PRIX: 21,95$ 7 à 10 ans
Ce livre vous a plu? Vous aimerez peut-être Une poupée pour maman, un album pour les enfants de 8 ans et plus écrit par une personne afro-descendante. Essayez aussi Le prince bégayant et Tiens-toi droite, deux albums pour les lecteurs du 2eme et 3eme cycles du primaire.
« Reviens sur Terre Esther ! », lui rappellent sans cesse ses parents. Mais Esther, elle, est bien décidée à partir à la conquête de l’espace. Puisqu’on lui répète qu’elle est dans la lune, aussi bien aller la visiter. Mais pour cela, il lui faut d’abord construire son vaisseau spatial…
Les Éditions Mammouth Rose ont créé la Petite Collection pour fabriquer de grands lecteurs. En plus de proposer des histoires variées et originales, conçues par des figures reconnues des milieux artistiques et littéraires, La Petite Collection offre aux parents un véritable guide pour les aider à accompagner leur enfant sur le chemin de la lecture. On retrouve donc en accompagnement au livre un feuillet détachable, un guide conçu par une spécialiste reconnue, qui détaille les différentes étapes de l’apprentissage de la lecture. Parfait pour le milieu scolaire!
J’ai beaucoup aimé l’histoire d’Esther, cette petite fille noire qui se passionne pour les sciences. Elle est curieuse, débrouillarde et intelligente. Elle donne vraiment le goût aux enfants de développer cette curiosité nécessaire à tout apprentissage. La couleur de peau d’Esther ne change absolument rien au récit. Esther est une petite fille tout à fait ordinaire, qui nourrit ses rêves et ses passions. Les illustrations de José Bisaillon me charment à chaque fois et c’est toujours un plaisir renouvelé d’admirer ces créations. Elle parvient à utiliser énormément de matériaux différents sans toutefois créer de lourdeur visuelle. J’aime la rondeur de ses personnages et ses collages. Bref, j’ai adoré ce livre jeunesse que je ne peux que vous recommander chaudement!
Coup de cœur!
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Reviens sur Terre, Esther! AUTEUR(S) : Josée Bisaillon ÉDITION: Guy Saint Jean Éditeur, 2018 ISBN: 9782897585020 PRIX: 19,95$ 7-8 ans