Les maîtres enlumineurs

Résumé : Tevanne, riche cité, est entre les mains de quatre grandes familles marchandes. La ville doit sa fortune aux secrets de l’enluminure qui a le pouvoir d’agir sur les objets qu’elle recouvre. Sancia Grando a le don de revivre le passé des objets et d’entendre leur enluminure. Elle est engagée pour voler un objet magique qui peut changer l’enluminure et mener la ville à sa perte.

Lectorat cible : 14 ans et plus

Auteurs : Robert Jackson Bennett

Édition : Albin Michel Jeunesse, 2021

ISBN : 9782226441515

Prix : 39,95$

Appréciation : Surprise! Le personnage principal de ce roman est une femme noire. La page couverture, supposé la représenter, est passée complètement à côté. Ce n’est pas la première fois que ça arrive et ça s’appelle du whitewashing: effacer ou remplacer des personnages racisés par des personnages blancs (ici, sur la page couverture). L’auteur Robert Jackson Bennett, un homme blanc, a fait de ses deux personnages principaux des femmes noires (vraiment badass qui plus est!), et l’éditeur francophone a décidé de ne rien laisser paraître sur sa couverture. C’est quand même dommage. Surtout que le roman est vraiment bien écrit, avec un rythme bien soutenu et aucun temps mort. Premier tome d’une trilogie, Les maîtres enlumineurs se termine sur une note qui donne le goût de continuer la série. Il y a aussi le début d’une romance saphique, mais il faudra attendre les tomes 2 et 3 pour connaître où ça s’en va. Je conseille ce roman aux amateurs de science-fiction, de romans avec de la magie et de la technologie, et des personnages féminins forts.

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Princesse Princesse

Aventurière en devenir, la princesse Amira rencontre la princesse Sadie et la libère de la tour dont elle était prisonnière. À leur grande surprise, elles vont devenir amies malgré leurs différences. Sur les routes du royaume, Sadie et Amira vont joindre leurs forces pour déjouer les plans de la sorcière qui a emprisonné Sadie et l’humilie constamment. Rejoignez Sadie et Amira, deux princesses très différentes, dans leur aventure pour s’accepter telles qu’elles sont et écrire leur propre conte de fées.

D’abord publié en ligne sous la forme d’un webcomic, Princesse Princesse est une bande dessinée pour le lectorat jeunesse qui donne un souffle nouveau au conte traditionnel. La princesse emprisonnée au sommet d’une tour est ici une jeune fille qui ne souhaite pas particulièrement être sauvée par un prince, et c’est plutôt Amira, une autre princesse, qui viendra la secourir, après s’être assurée que la première a réellement besoin d’assistance et souhaite sortir de sa tour.

On sent bien que l’autrice souhaite dénoncer les stéréotypes et remettre en question l’hétéronormativité, mais elle le fait plutôt maladroitement. L’histoire aborde notamment le sujet des relations familiales toxiques. La méchante soeur de Sadie traite cette dernière de pleurnicharde, de grosse et de stupide. Plutôt que d’envoyer promener sa soeur ou, à la limite, dénoncer son manque d’empathie, Sadie dira plutôt qu’elle ne lui laissera « plus jamais [lui] faire croire que c’est une mauvaise chose! » (p. 39). On véhicule donc l’idée qu’il faut s’accepter tel que notre ennemi nous voie. Je me serais plutôt attendue à ce qu’on souligne les forces et qualités de Sadie pour contrebalancer la mauvaise image d’elle que nous donne sa soeur. Ou encore, tourner les défauts lancés comme des insultes en qualités: Ainsi, Sadie ne serait pas pleurnicharde, mais sensible et proche de ses émotions; elle ne serait pas grosse, mais en santé et bien dans sa peau; elle ne serait pas stupide, mais en apprentissage… Bref, j’ai eu un malaise.

De plus, je dois admettre que la trame narrative est somme toute assez mince et manque cruellement de substance. Il y a beaucoup de questions soulevées qui resteront sans réponse. Amira devait être mariée à un prince fortuné par sa famille, mais s’enfuit. Sa famille la recherche-t-elle? Comme s’est-elle débrouillée seule alors qu’elle est âgée de seulement 16 ans? Aussi, je comprend que la soeur de Sadie soit jalouse, mais est-ce suffisant pour expliquer sa grande méchanceté? La famille de Samira sait-elle qu’elle est lesbienne? Comment se fait-il que Sadie et Amira, deux inconnues qui viennent de se renccontrer, finissent pas se marier aussi rapidement et ne sachant presque rien l’une de l’autre? La famille de Sadie n’était-elle pas inquiète de la disparition de leur fille? Pourquoi ont-ils accepté que la soeur l’enferment dans une tour? À noter aussi que le découpage des cases manque de fluidité.

Bon, après, oui, le livre est très très mignon et adorable, les couleurs sont belles. Il y a une fin heureuse comme dans les contes les plus romantiques. On a besoin de plus de livres jeunesse qui disent aux enfants que oui, l’amour c’est aussi entre deux femmes et que non, toutes les princesses n’ont pas nécessairement besoin d’être secourues. Cela dit, j’ai quand même été un peu déçue par ce livre. Je m’attendais à plus. J’ai eu l’impression de lire un brouillon plutôt qu’une version finale.

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Princesse princesse
AUTEUR(S): Katie O’Neill
ÉDITION: Bliss comics, 2020
ISBN: 9782375782125
PRIX: 27,95$
7 ANS et plus

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Derrière les yeux de Billy

Billy a peur de tout perdre, alors elle perd tout. C’est plus fort qu’elle. Elle se dit que le jour où elle perdra quelque chose qu’elle aime plus que tout au monde, elle sera bien préparée. Mais, malgré son entraînement intensif pour s’endurcir contre le pire, le jour où son papi a fermé ses yeux pour toujours, Billy n’était pas prête.

Quel bel album qui aborde la thématique du deuil du point de vue d’une enfant avec beaucoup de poésie. Perdre un être cher, est-ce que c’est comme perdre un objet? Est-ce qu’on le retrouve au printemps, quand la neige a fondu? Est-ce que si on se pratique a perdre des choses, est-ce que cela fait moins mal lorsque quelqu’un qu’on aime meurt?

Billy est une enfant qui tente de donner un sens à la disparition de son grand-père. Elle vit beaucoup de frustration car personne ne semble avoir les mots pour lui expliquer la mort, le deuil. Si son papi s’est « endormi », c’est qu’il se réveillera? S’il s’est « envolé », c’est qu’il peut retomber? Grâce au soutien de son oncle, Billy trouvera une manière d’apaiser sa peine: faire une place dans son coeur et ses souvenirs pour son grand-papa. Ne jamais l’oublier. Puis, quand Billy grandira, elle pourra ajouter d’autres souvenirs, mais celui de son grand-père sera toujours là si elle le chéri.

Le texte et est fort et beau. Sur le site de Radio-Canada, on peut écouter une version audio du livre.

Au niveau de la représentation, on a un personnage principal métissé dont le père est noir et la mère, blanche. Elle vit une vie tout à fait ordinaire: Elle fait du sport, va au camp de vacances, se fait des amis, tombe amoureuse d’une fille dans sa classe et fonde une famille avec elle. J’ai adoré cet album sur la vie, sur la mort, sur la filiation et la transmission. Un livre excellent!

* Prix Espiègle 2019.

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Derrière les yeux de Billy
AUTEUR(S) : Vincent Bolduc & Chloloula
ÉDITION: Dent-de-lion, 2018
ISBN: 9782924926000
PRIX: 22,50$
8 à 11 ans

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Jem et les Hologrammes (tome 1): Showtime!

L’adaptation de la série animée du Club Dorothée en comics. Jerrica Benton, alias Jem, est la fille du patron de la maison de disque Starlight. A la mort de ce dernier, elle hérite de la moitié des parts et d’une pension pour orphelines qu’elle gère avec sa soeur Kimber. Face à la malhonnêteté de l’ancien associé de son père et des Misfits, ses chanteuses, Jerrica monte son propre groupe pop-rock.

Je suis trop jeune pour avoir écouté la version originale de Jem & The Holograms à la télé dans les années 80. Je connaissais de nom, bien entendu, mais je ne me suis jamais arrêtée pour l’écouter, ni pour regarder le film sorti en 2015. Mais mes amies plus âgées que moi ne cessaient de me dire que, me connaissant, je devrais adorer la franchise. Des filles qui font de la musique dans un univers éclaté et qui écrasent les stéréotypes de genre, ça devrait me plaire! Et elles n’avaient pas tort! (Merci, les amies! 😉 ) J’ai beaucoup aimé l’univers de ces quatre musiciennes qui tentent de percer dans le domaine. Je les ai trouvées vraiment cool avec leurs costumes, leur maquillage extravagant et leur façon d’être totalement libres.

L’histoire est faite de rivalités, de concours musicaux, d’amitié et d’amour. Le groupe de Jem est constitué d’une blanche timide, d’une lesbienne, d’une grosse et d’une noire. Leurs rivales, les Misfits, est un groupe constitué d’une métisse grosse et lesbienne, d’une noire immigrée du Royaume-Uni, et de deux blanches. J’ai aimé cette diversité raciale, corporelle et identitaire que l’on voit trop peu en littérature jeunesse! Tous ces personnages principaux, chacun dans la vingtaine, ont une personnalité différente et tous pourront se reconnaître en elles. L’histoire ne se déroule pas dans les années 80, mais plutôt de nos jours, avec son lot de technologie et de réseaux sociaux. Je ne saurais dire si cette adaptation déplaît aux fans de première heure, mais pour une personne qui ne connaissait pas du tout l’univers, j’ai bien aimé!

J’ai aussi aimé la palette des couleurs pastel utilisée: le rose bonbon, le bleu pâle, le vert électrique, le jaune canari et le mauve sur fond blanc immaculé. Il y a quelques coquilles au niveau de l’encrage ici-et-là, mais un œil non avisé pourrait ne même pas les voir passer. Bref, j’ai vraiment aimé cette bande dessinée et je continuerai sans doute la série!

Connaissez-vous Jem et les Hologrammes? Aviez-vous écouté la série télé originale? Avez-vous lu l’adaptation BD?

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Jem et les Hologrammes, 1: Showtime!
AUTEUR(S): Kelly Thompson, Sophie Campbell & Maria Victoria Robado
ÉDITION: Glénat, 2017
ISBN: 9782344017715
PRIX: 24,95$
13 ANS ET PLUS

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J’adore ce passage

Une histoire d’amour simple et bouleversante entre deux adolescentes d’une petite ville américaine. Elisabeth et Rae semblent tout partager: leurs balades en montagne, leur goût pour la musique, leurs rires et leurs doutes. Au fil de leurs échanges, elles se découvrent, se racontent l’une l’autre, s’aiment, se débattent avec l’intensité de leurs sentiments. Par la jeune prodige Tillie Walden, autrice de Spinning (Prix Eisner, 2018) et de Dans un rayon de soleil.

J’ai adoré Spinning et Dans un rayon de soleil, alors quand j’ai vu que l’un des personnages du dernier Tillie Walden était noir, je me suis dit « Yes! Je vais enfin pouvoir en parler sur Mistikrak! » 🙂 Tillie Walden est sans doute mon autrice préférée de bandes dessinées ces temps-ci. J’aime comment elle aborde les thématiques queer, ainsi que son style d’illustration. J’adore les titres parus lors de la vague belge-japonaise nouvelle manga d’il y a quelques années et Tillie Walden a un peu de ce style et de cette sensibilité-là.

L’histoire se raconte par le biais de courts moments croqués çà et là: on apperçoit les adolescentes allongées sur le gazon dans la cour d’une maison de campagne, debout sur le littoral, faisant leurs devoirs dans une chambre, discutant lors d’une froide journée d’hiver, etc. Chaque page agit comme une photographie capturant une idée, une émotion, un échange entre les deux amoureuses. Tillie Walden joue avec la perspective, la grosseur et la hauteur relative entre ses personnages et leur environnement. Ainsi, elles sont allongées sur une montagne, telles des déesses, ou assises sur des maisons comme des géantes.

Avec peu de mots et peu de cases, l’autrice parvient a bien développer ses personnages et à capturer l’éveil du sentiment amoureux entre deux adolescentes lesbiennes. Leur amour se développe timidement et lentement. Elles s’aiment mais ne savent pas comment en parler au monde. On assiste à leurs premiers rapprochements, leurs premières disputes. On n’a pas les détails, mais on n’en a pas besoin non plus. 

Voici ce qu’on sait de l’adolescente noire de l’histoire: Elle déteste sa belle-mère et elle sait qu’elle la déteste aussi. Elle se trouve moche. Elle aime cuisiner. Elle aime beaucoup la musique et est musicienne. Elle est un personnage complexe et imparfait, plein de mystère. C’est elle qui brisera la relation en premier, disant ne plus pouvoir continuer, ne pas être « comme ça », que c’est mal. Et on sent toute sa détresse et sa peine dans ses larmes. Les adolescentes se quitteront et se rapprocheront de nouveau, ne sachant pas comment gérer ses émotions qui les submergent.

J’adore ce passage est une très belle histoire faite de silences, de pauses, de soupirs. Tillie Walden, prodige de la bande dessinée américaine, saisit ici la vérité d’un amour adolescent.

Coup de CŒUR!  

* Lauréat du Prix Ignatz Award for Promising New Talent 2016

J’adore ce passage
AUTEUR(S): Tillie Walden
ÉDITION: Gallimard jeunesse, 2019
ISBN: 9782075129718
PRIX: 24,95$
12 ans et plus

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Vous aimerez peut-être Les quatre soeurs March, Roller Girl ou Si on était…, 3 bandes dessinées pour préados et ados avec un contenu queer.

Les quatre soeurs March

Les quatre soeurs march ray terciero bre indigoLes quatre soeurs March Meg, Jo, Beth et Amy passent une année difficile. Non seulement leur père est parti à l’autre bout du monde et leur mère se tue à la tâche pour boucler les fins de mois, mais en plus chaque sœur doit affronter ses propres problèmes. Histoires à l’école, soucis de santé, ennuis avec les garçons ou sentiment d’être perdue, les filles March ont toutes besoin de la même chose : se soutenir les unes les autres. En restant unies, ces quatre jeunes femmes trouvent le courage d’être elles-mêmes…

Alerte coup de cœur!!! Je vous le dis d’emblée, ma critique contient de nombreux SPOILERS. Vous êtes averti.e.s! 😉 Ce roman graphique est tout simplement sublime. Les personnages sont bien développés et l’histoire bien ficelée. Chacune des soeurs March a sa propre personnalité, sa passion, ses intérêts et fait face à ses propres difficultés. Meg est l’aînée et la fille biologique de Mr. March. Si elle s’intéresse à l’univers de la mode au début du récit (elle voudra même épouser un riche garçon afin que l’argent ne soit plus jamais un soucis pour elle), elle restera longtemps gênée par la pauvreté de sa famille. Son origine modeste et le fait d’avoir grandi à Brooklyn finira par devenir une fierté et, à la fin du récit, elle annoncera vouloir entamer des études de droit pour pouvoir aider les familles démunies. Tout au long de l’histoire, on voit Meg porter diverses coupes de cheveux: des tresses avec des rallonges, des perruques, un afro, des twists (vanilles), des tresses courtes, un brushing, des fauxlocs, des updos, un TWA, etc. Cela représente bien la manière dont les femmes noires portent leurs cheveux dans la vraie vie.

Jo est la fille biologique de Mme March. Elle a été adopté par Mr. March à son grand bonheur. Passionnée de littérature, elle lit du Toni Morrison, du Jennifer Egan, du Alice Walker ou du Michael Cunningham. Même si elle est blanche, elle est très au fait des problématiques touchant les communautés noires et n’hésite pas à manifester pour défendre leurs droits ou celui des femmes. Elle se découvrira lesbienne et apprendra à s’accepter telle qu’elle est. On découvrira aussi que sa tante célibataire l’est aussi et n’a jamais eu de relation amoureuse par évitement car elle n’accepte pas son homosexualité. Les deux femmes, malgré des débuts rocailleux, finiront par être très proches.

quatre soeurs march 3

Beth et Amy sont les deux filles biologiques de Mr. et Mme March. Beth s’intéresse à la musique et sa chanteuse préférée est Nina Simone. D’abord timide, elle surmontera sa peur et trouvera le courage de chanter en public après avoir vaincu le cancer. Elle ne s’entend pas toujours avec sa petite sœur qui n’apprécie pas devoir partager sa chambre avec elle. Beth est très studieuse et travaillante. Son diagnostic de cancer tombera comme une tonne de pierres sur la famille. Par solidarité, ses trois sœurs se raseront les cheveux lorsque la chimiothérapie lui fera perdre les siens.

Amy est la petite dernière, mais elle ne manque pas de personnalité. Même si elle adore se chamailler, ses dehors un peu brusques cachent un cœur vulnérable qui se fait du souci pour sa famille. D’abord égoïste, elle apprendra à développer son empathie et à relativiser les choses. Elle est une pure geek: elle apprécie les super-héros, les jeux vidéo, le dessin, les couleurs pastels et les arcs-en-ciel. Et même si on se moque d’elle, elle demeurera persuadée d’être la plus cool. Bravo pour elle! Cela dit, elle sera tout de même très blessée par l’intimidation qu’elle subit à l’école. À un moment du récit, son enseignante la surprendra en train de dessiner durant son cours d’histoire. Elle sera grondée et l’enseignante dira que les « gens comme elle » doivent travailler encore plus. Amy sera dévastée et humiliée par ce qu’elle pense être du racisme. Par « les gens comme elle », faisait-elle référence aux personnes noires?? Elle découvrira plutôt que son enseignante, impressionnée par son talent en dessins, voulait plutôt dire que si Amy veut travailler dans le domaine des arts, il faudra travailler très dur, et ça commence par être attentive en classe. Par « les gens comme elle », elle voulait plutôt dire « les artistes ». L’enseignante l’encouragera à poursuivre ses rêves de devenir bédéiste.

quatre soeur march 4

Mr. March est un militaire déployé au Moyen-Orient. C’est un père aimant et aimé qui sera blessé à la guerre. Il manque beaucoup à toutes les filles et femmes de sa famille, et elles lui écrivent souvent des courriels et des lettres. La bande dessinée est d’ailleurs entrecoupée de ces messages retranscrits tels qu’on les voit sur un écran d’ordinateur ou sur une feuille de papier. Il y a aussi le journal intime de Jo dans lequel elle se confie, et le carnet de pensées de Meg. Le récit garde un bon rythme tout au long de l’histoire qui se déroule sur plusieurs mois. J’ai aussi aimé que la bande dessinée de Rey Terciero aborde la thématique queer, ce qui ne se fait pas souvent en littérature jeunesse. Points bonis pour la présence d’une belle diversité corporelle parmi les personnages du livre: on y voit des corps grands et élancés, petits et trapus, maigres ou gros. Vous devez absolument lire cette bande dessinée. Elle plaira aux préados, aux ados et aux jeunes adultes. Un tour de force. Sublime!

Coup de cœur!

Bre Indigo est une illustratrice noire américaine et queer.

Bre indigo

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Les quatre soeurs MarchBouton acheter petit
AUTEUR(S) : Rey Terciero & Bre Indigo
ÉDITION: Jungle, 2019
ISBN: 9782822228060
28,95$
10 ANS ET PLUS

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Vous aimerez peut-être Roller Girl, ou encore Le Garçon sorcière, deux bandes dessinées jeunesse avec des personnages queer. Essayez aussi La grande aventure de Concombre.

rollergirl    Garçon sorcière    grande aventure de concombre royaume du donut

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Des mensonges dans nos têtes

Des mensonges dans nos têtes1959, en Virginie. C’est l’histoire de deux filles qui croient qu’elles se détestent parce qu’elles n’ont pas la même couleur de peau et qu’elles ne sont pas nées du même côté.
C’est l’histoire de Sarah et Linda qui croient qu’elles se détestent mais c’est aussi l’histoire de l’année où tout va changer parce que les mensonges des autres vont voler en éclats et que les vies, les cœurs de Sarah et Linda vont s’en trouver bouleversés pour toujours…

C’est d’abord le sujet du livre qui m’a interpellé. Une histoire d’amour impossible entre deux adolescentes dans les États-Unis en pleine lutte pour les droits civiques, je n’avais jamais lu quelque chose de semblable auparavant. Le roman débute tout de go lors de la rentrée scolaire. Racisme, insultes lancées à tue-tête, ici scandés par la foule d’élèves blancs (« Un, deux, trois, l’intégration on n’en veut pas ! »), là crachés par des dizaines d’élèves croisant le passage de Sarah, jeune fille noire surdouée intégrant une école pour Blancs. « Sale négresse qui pue! » par-ci, ricanements, dénigrements et déchets lancés par-là… C’est très dur à lire et ça dure près de la moitié du roman. Cela m’a agacé, car même si le contexte historique a permis tant de haine, plutôt que de faire avancer l’histoire, l’auteur consacre plusieurs pages à ses effusions de racisme.

J’ai eu un malaise constant en lisant ce roman. Voilà cette femme américaine, blanche, qui fait parler une personne noire (fictive, mais s’inspirant de personnes ayant réellement existées), et qui semble carburer aux insultes racistes. « Black Twitter », ces afro-américains qui échangent en 140 caractère sur les réseaux sociaux (parfois en étant totalement ignorés par la majorité blanche) n’ont pas manqué de le soulever également. Et ce, pour plusieurs raisons (traduction libre de quelques propos recueillis sur Twitter concernant la version originale du roman, The Lies We Tell Ourselves. Notez que ces propos ne sont pas les miens):

  • Quelqu’un peut-il me dire pour qui a été écrit ce roman ?? V’là 100 pages d’insultes en continu envers les Noirs.

  • Auteurs blancs, écoutez ceci: Quand vous écrivez un livre sur le racisme, votre livre est automatiquement catégorisé comme ayant un « White Gaze » [c’est-à-dire un regard Blanc sur la chose, n’abordant que la vision des Blancs sur le racisme].

  • OH MON DIEU, LADY [c’est-à-dire l’auteure], comment as-tu pu penser que c’était ta place d’écrire ceci ?

  • Je deviens vraiment frustrée lorsque les gens donnent de bonnes critiques à ce livre.

Bref, vous l’aurez compris, les gens étaient plutôt furieux. Que l’on soit d’accord ou pas avec cette colère, cette situation fait réfléchir et mérite qu’on y porte attention. L’idée n’est pas d’interdire les personnes blanches d’écrire sur le racisme ou de créer des personnages noirs dans leurs œuvres. L’idée est pour ces personnes blanches d’être conscientes de leur « blanchitude », de leur regard, de leur privilège. L’idée est aussi de réaliser que pendant que les personnes blanches parlent « pour nous », les médias accordent peu de place aux artistes noirs, et qu’il est difficile de parler pour nous-mêmes. L’idée, enfin, est d’être conscient de trois choses cruciales : QUI parle ? POUR QUI parle-t-on? POURQUOI parle-t-on de ceci ?

L’auteure Robin Talley, ayant eu vent de la controverse entourant son roman, s’est par la suite excusée sur sa page officielle, se disant « reconnaissante à ceux qui ont soulevé ses problématiques » et souhaitant « s’excuser profondemment pour les blessures [qu’elle a] occasionnées ». Elle dit avoir « appris » de cette expérience et prend les points soulevés par ses détracteurs « très, très au sérieux. » Elle ajoute que lorsqu’elle a écrit ce roman en 2010, elle a « fait ses recherches », mais n’a pas « pris un moment de recul pour [se] demander si [elle] devai[t] raconter cette histoire en premier lieu. » Elle semble avoir compris que nonobstant les recherches qu’elle puisse avoir effectuées, son écriture était, par nature, limitée par sa propre expérience.

Oh, well.

Auteur(s) / illustrateur(s) : Robin Talley
Maison d’édition: Mosaic Bouton acheter petit
Année de publication: 2014
ISBN: 9782280338677
Public cible: Ados

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Princesse Nina

Princesse NinaNina est une princesse intelligente, curieuse, gentille et un peu sauvage. Un jour, le roi et la reine décident qu’il est temps de lui chercher un prince. Bien que la princesse ne soit pas du tout d’accord, elle se prête tout de même au jeu. Malgré les qualités de certains de ces princes, pas un seul n’arrive à lui plaire. Le roi et la reine ne savent plus que faire. C’est alors qu’arrive la princesse Melowo et, subitement, la princesse Nina devient terriblement timide… Un conte moderne et amusant au sujet de deux princesses persévérantes et follement amoureuses.

C’est d’abord la couverture qui m’a interpellé dans ce livre. Ladite princesse, Nina, a l’air boudeuse et ennuyée, assise sur son trône royal. Cet image m’a fait sourire car la Nina que l’illustratrice Compiet a dessinée me semblait du même coup terriblement sympathique. Cette histoire m’a beaucoup interpellée! Elle est bien racontée et l’histoire m’a plu. Tout au long du récit, on se demande « mais quel prince réussira à charmer Nina? » pour finalement réaliser que ce ne sera pas un prince, mais une princesse qui fera battre son coeur. Une princesse du Ghana, qui plus est! Je n’avais encore jamais vu ce genre de représentation dans un livre pour enfant. Je l’ai mentionné plusieurs fois sur ce blogue, mais c’est toujours un plaisir de retrouver des personnages noirs dans le rôle de l’amoureuse ou de l’amoureux d’un personnage blanc. C’est assez rare, alors que de plus en plus de couple mixtes se forment en occident.

Petit détail qui m’a déplu: on décrit Nina comme étant « un peu sauvage ». Ces mots sont écrit en caractères gras dans le texte, ce qui laisse penser que ce trait se situe au centre de ce qui la définit. Plus loin, on dit que:

Ses vêtements étaient toujours pleins de taches, les blagues polissonnes du cuisinier la faisaient rire et elle était folle d’équitation.

Mais est-ce assez pour l’affubler de l’épithète « sauvage »? Parce qu’elle aime se salir? Parce qu’elle ne joue pas tranquillement assise avec des poupées? Hum… Bref, le choix de ce mot m’a déplu.

Les deux princesses sont amoureuses et sont heureuses ensemble. Le message est positif, l’histoire est passionnante (les enfants aiment presque tous les histoires de château et de royauté!), les personnages sont attachants, les princes sont rigolos. Un petit bijou qu’il faut vite aller emprunter à sa médiathèque ou bibliothèque de quartier!

Coup de cœur !

Auteur(s) / illustrateur(s) : Marlise Achterbergh
Maison d’édition: Ballon Media Bouton acheter petit
Année de publication: 2013
ISBN: 9789037490664
Public cible: 5 à 7 ans

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