Kariba

Résumé: Sibu vit sur les rives du Zambèze. Elle est sans nouvelles de son père parti travailler sur le grand barrage de Kariba. Grâce à ses étranges pouvoirs qui la lient aux animaux de la région, elle décide de partir à sa recherche et de remonter le fleuve. Elle est accompagnée par Amedeo, le fils de l’ingénieur en chef de Kariba. Une sensibilisation à la protection de l’environnement.

Lectorat cible : 9 à 13 ans

Autrice : Daniel Clarke & James Clarke

Édition : Vents d’ouest, 2020

ISBN : 9782344040546

Prix : 32,95$

Appréciation: Les enfants de cette bande dessinée apprendront à se connaître malgré leurs différences. Malgré des visages inexpressifs et un trait inégal, les dessins et couleurs apportent profondeur et lumière. Des scènes d’action et de conflits armés ponctuent le récit. Les transformations fantastiques de Siku se déploient de cases en cases lors de moments charnières du récit. Par le biais de ce récit fantastique, Daniel et James Clarke évoquent le déracinement des tribus dont les foyers et terres sont détruites par la construction de barrages. Cette fiction n’est pas sans rappeler le destin tragique de nombreux peuples dont le territoire est détruit par l’avidité de compagnies souhaitant exploiter les ressources qui s’y trouvent. 

Vous aimerez peut-être: Les bandes dessinées Lulu et Nelson, En vie et Les esclaves de Cumana.

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Créatures (Tome 1): La ville qui ne dort jamais

Résumé : New York a sombré depuis la transformation de tous les adultes en zombies au contact de terrifiants hybrides. Une petite bande d’enfants livrés à eux-mêmes tâche de survivre dans la ville désolée.

Lectorat cible : 9 ans et plus

Auteur : Stéphane Betbeder & Djief

Édition : Dupuis, 2021

ISBN : 9791034738205

Prix : 21,95$

Appréciation : Je suis une amatrice de science-fiction et quand j’ai vu passer cette bande dessinée dans le rayon des nouveautés de mon libraire, j’ai tout de suite su qu’il fallait que je la lise. Et j’ai beaucoup aimé! On nous plonge dans un univers post-apocalyptique très sombre, avec des enfants qui tentent de survivre sans leurs parents depuis que les adultes sont atteint d’une curieuse condition les rendant légumes. L’univers créé par Betbeder et Dijef m’a rappelé celui du jeu vidéo Half-Life ou The last of us (deux excellents jeu d’horreur, soit dit en passant, quoique non appropriés pour les enfants). 

Ce premier tome ne perd pas de temps à placer les personnages et le contexte dans un récit un peu vide comme c’est parfois le cas en bande dessinée jeunesse. Dès les premières pages, on est aspiré dans l’histoire avec des personnages qui ont déjà un passé un monde déjà à la dérive. Il s’en passe des choses dans ce premier tome! Tout n’est pas dit, on se pose beaucoup de questions, mais c’est justement cela qui ne garde en haleine. Comment le monde en est-il arrivé là ? Que sont ces créatures ? Que veulent-elles ? Peut-on vaincre ces monstruosités ? Comment les personnages vont-ils parvenir à survivre? Comment ont-ils survécu jusqu’ici?

L’un des personnages principaux est une jeune fille noire aux cheveux naturels dont le petit frère est albinos et doté de pouvoirs magiques. Sa mère est également assez présente dans le récit puisqu’elle tente de la garder près d’eux sous sédatifs le temps qu’elle trouve une manière de la ramener à son état normal et pour la protéger de la créature maléfique qui rôde et cible les adultes. Cette fillette s’appelle Dina, mais tout le monde l’appelle Vanille puisque lorsqu’elle était petite, sa mère lui faisait des « tresses afro qu’on appelle des vanilles » (appelés des twists chez nous) et le surnom est resté. C’est une forte tête et elle reste concentrée sur son but à atteindre: survivre, protéger son petit frère et garder sa famille ensemble. À la limite, elle n’a pas besoin des autres. Elle tient a garder sa mère près d’elle malgré ce qui se passe dans le monde. Elle a beaucoup de courage et a même sauvé la vie des autres personnages principaux. Débrouillarde et pleine de ressources, elle ne se laisse pas faire du tout! Le récit se termine par la capture de son petit frère par une créature maléfique. Elle est aussi touchée. Finalement, elle aura peut-être besoin des autres… À suivre dans le tome 2! 

Cette BD se dévore d’un coup et elle plaira aux amateurs de sensations fortes et de récits d’horreur (oui, car il y a quand même quelques gouttes de sang et de coups de feu tirés). J’ai très, très hâte de lire la suite! 

Vous aimerez peut-être : Le cercle de providence, Les enfants d’ailleurs et Les Omniscients, trois bandes dessinées de science-fiction avec des enfants racisés comme personnages principaux.

L’arbre à palabres

Planté il a plus de huit cents ans, le vieux baobab raconte son histoire. Tout un village s’est bâti autour de lui et il est devenu l’arbre à palabres, au pied duquel les femmes et les hommes se retrouvent, rient, discutent et prennent les décisions importantes.

Symbole de la liberté de parole, il est le principal ennemi de sinistres personnages qui, un jour, décident d’attaquer le village pour le précipiter dans la nuit.

Amnesty Internal a collaboré avec les éditions Des ronds dans l’O pour la publication de cet album sur la liberté d’expression. Il vous faut absolument lire cet album qui, en ces temps où la liberté d’expression est particulièrement mise à mal, s’avère plus que nécessaire. Ce livre se caractérise par ses illustrations simples et efficaces et son texte poétique qu’on lit comme une dénonciation ou comme un cri du coeur.

Pour une exploitation en milieu scolaire, voici quelques pistes d’exploitation:

  • Que représente le vieil arbre?
  • Pourquoi le vieil arbre est-il la cible d’attaques?
  • Qui raconte cette histoire? Quel est le narrateur?
  • Dans le texte, on fait référence à « mansa Keita ». Mansa veut dire « maître » en yoruba. Effectue une recherche sur Soundjiata Keita, maître de l’empire du Mali.
  • Qu’est-ce que la tradition orale?
  • Qui sont les guerriers qui menacent d’abattre le vieil arbre? Que représentent-ils?
  • Connais-tu l’expression « Renaître de ses cendres? » Que signifie-t-elle?
  • Est-il moral d’imposer ces idées aux autres? Justifie ta réponse.
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L’ARBRE À PALABRES
AUTEUR(S): Remedium
ÉDITION: Des ronds dans l’O
ISBN: 9782374180823
PRIX: 27,95$
9 ans et plus

Ce livre vous a plu?
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Honey et Ketchup

Papa a une nouvelle amoureuse et elle parle anglais. Son fils a mon âge, mais parle anglais lui aussi. Ils viennent de l’Australie. Papa est certain qu’on va bien s’entendre, mais allons-nous nous comprendre ? Sweet, Open, Close, Okay, Frosty, Hi, Honey, Ketchup, Go, Correct, Snap, Crackle, Pop, Stop. Combien de phrases on peut construire avec si peu de mots? Une famille recomposée, une langue à apprivoiser et voilà que le cœur s’agrandit!

Deux choses ont au premier abord attiré mon attention en voyant ce livre chez mon libraire préféré: Le titre rigolo (« Honey et Ketchup? Me semble que ça va pas ensemble! » ai-je pensé) et l’auteur, Jonathan Bécotte, que j’aime beaucoup pour sa poésie du côté ados/jeunes adultes chez Leméac (Maman veut partir et Souffler dans la cassette).

Honey et Ketchup, ce sont les surnoms que se sont donnés deux garçons qui ne parlent pas la même langue et dont les parents sont tombés amoureux. Avec une poésie en prose qui fait avancer le récit plutôt qu’elle ne décrit, ce livre étonne par sa limpidité, par ses jeux de mots, et par son accessibilité. Les illustrations de Sabrina Gendron sont douces et lumineuses. Ce livre est un excellent choix pour une exploitation en milieu scolaire au niveau primaire.

Ketchup est un garçon gentil, adopté en bas âge par un homme blanc. Sa couleur de peau ne change rien au récit et relève surtout du choix créatif de l’illustratrice d’en faire un personnage noir puisque ce n’est pas évoqué dans le texte.

Est-ce que Honey et Ketchup est le meilleur Jonathan Bécotte? Non. Constitue-t-il un excellent livre pour aborder cet auteur pour la première fois pour le lectorat jeunesse? Absolument! À découvrir!

Honey et Ketchup
AUTEUR(S): Jonathan Bécotte & Sabrina Gendron
ÉDITION: Québec Amérique, 2021
ISBN: 9782764442913
PRIX: 12,95$
9 ANS et plus

Ce livre vous a plu?
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Soeurs jumelles

Maureen et Francine sont sœurs jumelles et meilleures amies. Elles partagent tout : les loisirs, la nourriture et les vêtements. Mais juste avant le début de leur sixième année, les goûts de Francine changent. Soudainement, les jumelles ont de moins en moins d’intérêts communs. Elles grandissent en prenant des directions opposées, et Maureen ne peut rien y faire. Ces sœurs qui étaient inséparables réussiront-elles à se reconnecter?

Alerte d’intérêt général: Si vos enfants ont dévoré les romans graphiques de Raina Telgemeier, ils vont assurément adorer Sœurs jumelles. La recette est la même: une histoire réaliste du quotidien qui se déroule en milieu scolaire, des préadolescents comme personnages principaux, beaucoup d’émotions, un coup de crayon très cartoony au niveau des illustrations et un développement des personnages au niveau psychologique. D’ailleurs, l’auteur Varian Johnson remercie Raina Telgemeier pour les conseils qu’elle a partagé avec lui sur la rédaction et le procédé associés à la bande dessinée en postface. Je n’ai pas non plus manqué de remarquer le clin d’œil à la BD Souriez! de Raina Telgemeier en page 135!

Ce sont deux auteurs afro-américains qui ont écrit se livre et ça paraît. Tout est si normalisé et fluide, c’est très rafraîchissant! Ce que Maureen et sa sœur Francine font, ce qu’elles sont, est posé comme la norme, du moins durant ses moments passés en famille. Par exemple, on n’hésite pas à montrer diverses coiffures de cheveux naturels sans en faire un plat, on montre les jumelles dormir avec un bonnet et c’est normal, bref, elles vivent une vie de famille ordinaire. Je trouve cela très chouette de pouvoir lire ce genre d’histoire aujourd’hui. Évidemment, dans la sphère publique, elles seront à l’occasion victimes de racisme, parce que oui, le racisme existe toujours! 😦 Lors d’un après-midi entre amies au centre commercial, Maureen et ses deux copines noires entrent dans un magasin et trouvent un chandail que l’une d’elles aimerait essayer et acheter avec son argent de poche. Toutefois, aucun employé ne vient les voir pour leur offrir du service. Poliment, Nikki interpelle une vendeuse blanche qui préférera les faire patienter pour plutôt servir une nouvelle cliente, prenant pour acquis que les jeunes filles n’ont pas de pouvoir d’achat et ne méritent pas d’être servies. Heureusement, la nouvelle cliente dénoncera le comportement de la vendeuse et quittera le magasin. Les trois amies, bouleversées par ce qu’elles venaient de vivre, s’empresseront d’informer la mère de Nikki qui avait décidé de rester aux alentours pendant que les filles magasinaient. Dans le récit, on ne pourra pas lire le mot « discrimination » ou « micro-agression » ou « racisme », mais la scène est très clairement une référence à ce que vivent plusieurs jeunes noirs dans les centres commerciaux aux États-Unis et ailleurs.

Si le cœur vous en dit, vous pouvez lire cette bande dessinée en parallèle avec votre enfant pour pouvoir discuter de cette scène et de l’histoire dans sa globalité.

Maureen et Francine sont identiques. Du moins, physiquement. À la lecture, en cas de doute, je regardais leurs oreilles pour les différencier car Maureen, contrairement à sa sœur, ne porte pas de boucles d’oreilles! Cela dit, leur personnalité n’aurait pas pu être plus diamétralement opposées! Francine est timide et manque de confiance en elle, mais elle excelle à l’école. Francine est sociable et meurt d’envie de se distancier de sa sœur afin de découvrir qui elle est vraiment. Secrètement, elle jalouse Maureen qui semble exceller dans tout sans efforts, alors que cette dernière envie la sociabilité de sa sœur qu’elle perçoit aussi comme une bouée de sauvetage dans un monde parfois trop bruyant pour elle. Leur relation se dévoile lentement dans le récit et j’ai apprécié cette retenue de la part de l’auteur. C’est une excellente manière de maintenir l’intérêt du lecteur et de rendre les personnages plus réalistes. Maureen et Francine vivent avec leurs parents et ont aussi un demi-frère qui habite en appartement, mais qui agit comme modèle pour les jeunes filles.

Les personnages ont des personnalités bien définies et l’histoire est intéressante. Maureen et Francine apprendront beaucoup durant cette année scolaire particulière, cette année passée à la lisière de l’enfance et de l’adolescence. Entre conflits dans la fratrie, jalousie, prise de confiance en soi et désir d’indépendance, Francine et Maureen connaîtront des hauts et des bas, mais finiront par se réconcilier et se soutenir mutuellement. J’ai vraiment beaucoup, beaucoup aimé ce livre! J’ai été émue vers la fin. Sœurs jumelles est un livre à lire absolument!

Varian Johnson est auteur jeunesse. Il vit aux États-Unis.

Shannon Wright est une illustratrice noire américaine.

Soeurs jumelles
AUTEUR(S): Varian Johnson & Shannon Wright
ÉDITION: Scholastic, 2021
ISBN: 9781443187268
PRIX: 17,95$
9 ANS ET PLUS

Ce livre vous a plu?
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Toussaint Louverture: L’arbre noir de la liberté

Histoire de l’homme qui, né esclave, devint le premier général noir de l’armée française, avant d’être la figure emblématique de la révolution haïtienne. Toussaint Louverture est un catholique fervent qui souhaite la libération de ses frères de race. Son courage et ses luttes permirent, quelques mois après sa mort en janvier 1804, en Haïti de devenir une république noire indépendante.

Ce roman raconte l’histoire de Toussaint Louverture. Le texte est assez complexe pour les plus jeunes, je recommande donc une lecture pour les 9-10 ans et plus. L’histoire s’intéresse beaucoup au contexte politique et social d’Haïti, et c’est surtout dans le dossier documentaire, très fourni, que l’on retrouve plus d’information sur la vie de Louverture. Le dossier documentaire, d’ailleurs, occupe près de la moitié du livre et présente le Code noir, la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la proclamation de Sonthonax abolissant l’esclavage à Saint-Domingue et quelques curiosités littéraires autour de Toussaint Louverture.

J’ai été dérangée par l’utilisation répétée du mot n*gre comme synonyme de noir, ou encore utilisé de manière très désinvolte tout au long du roman, surtout que l’auteur est un homme blanc. Dans le livre, on ne parle pas de la portée de ce mot, ni de sa charge raciste. Pour lecteurs avertis. Aussi, on utilise les mots Indiens et Amérindiens pour parler de la première nation haïtienne, les Taïnos. Peut plaire.

Ce livre vous a plu?
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Toussaint Louverture: L’arbre noir de la liberté
AUTEUR(S) : Yves Pinguilly 
ÉDITION: Oskar Éditeur
ISBN: 9782350009995
PRIX: 21,95$
9 ans et plus

Légendes zurbaines

A la suite du décès de sa mère, Dwayne emménage dans un petit appartement de Brooklyn. Le jeune garçon ne se sent pas à sa place aux côtés de son père, un policier, et de son frère, un inlassable séducteur. Mais ce sentiment disparaît lorsqu’il est recruté par un gang de jeunes justiciers. Avec eux, il enquête sur des monstres qui surgissent des profondeurs de la ville.

L’histoire de cette bande dessinée, résolument urbaine, se déroule au cœur de New York aux États-Unis. J’ai adoré suivre l’histoire de cette famille qui tente de se reconstruire en parallèle à celle de la ville de New York qui, tel un organisme vivant, essaie de garder son identité. Tous les personnages principaux de Légendes Zurbaines sont forts, bien définis et uniques. Il ne faut pas se fier à la première impression car ils ne sont pas ce qu’ils paraissent être; ils sont résolument humains avant tout.

La mère de Dwayne, le personnage principal, est décédée quelques mois plus tôt et ce dernier a du mal a accepter avoir dû quitter son Indiana natale pour aller vivre dans le New York où son père a grandi. Il a le sentiment d’avoir abandonné sa mère là-bas, alors que son grand frère est plutôt heureux de repartir à zéro. Ce parallèle entre l’histoire de la ville et des humains qui l’habite est aussi présent dans le récit de Cajou, dont le père est un promoteur immobilier riche dont la compagnie exproprie les moins fortunés. Ceux que le richissime père de Cajou a contraint à partir, eh bien ce sont eux qui ont construit la ville et ils méritent aussi de pouvoir y vivre dans la dignité. Le père souhaite faire en sorte que tous aient un meilleur avenir, mais il comprendra grâce à son fils et à sa bande qu’il ne peut pas se contenter de tourner le dos au passé.

Les personnages principaux sont issus de diverses origines également : Cajou, un garçon intrépide à la fois juif et catholique, « Le Rat », un garçon noir amoureux des maths et des sciences, Mya, une jeune asiatique élevée à l’école de la rue ayant perdu son frère dans de mystérieuses circonstances, Riff Raff, un sans-abri qui connait Brooklyn comme le fond de sa poche et Dwayne, qui a un fort sens de la justice et de l’honnêteté. Au delà de l’origine et de la couleur de la peau, cette diversité constitue une représentation positive de personnages racisés car on est bien lui du « personnage noir/asiatique/juif de service ». Au contraire, chaque personnage a une identité propre qui ne se résume pas à la couleur de sa peau et sa présence ne sert pas qu’à faire joli. Ces personnages agissent sur l’histoire, s’affirment, se développent et se dévoilent au plus grand bonheur des lecteurs qui pourront s’y reconnaître ou simplement les considérer comme des personnes humaines et uniques ayant autant de valeur que les personnages blancs.

On y retrouve un excellent découpage de planches et un montage de cases qui convient parfaitement au rythme effréné du récit. Les couleurs sont superbes aussi. J’ai repéré une toute petite coquille en page 85 où on peut lire « Bâteiments » au lieu de « Bâtiments ».

La bande dessinée se termine par un petit dossier où on présente les personnages principaux, une carte des quartiers de Brooklyn où se déroule l’histoire, et quelques légendes urbaines célèbres comme les alligators dans les égouts, les gargouilles vivantes, les punaises de lit suceuses de sang, les rats mutants et le monstre du canal de Gowanus.

Bourrée d’action et qui fait frissoner, Légendes Zurbaines plaira aux amateurs de bandes dessinées dès l’âge de 10 ans!

Michael Yates est un auteur américain.

Cour de cœur!

Légendes Zurbaines
AUTEUR(S):  Nick Bruno, Paul Down & Michael Yates
ÉDITION: Humanoïdes associés, 2019
ISBN: 9782731632187
PRIX: 25,95$
9 à 14 ans

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Les Chroniques d’Under York, Le Loup de la 135e et Jean-Michel Basquiat: L’enfant radieux, trois livres jeunesse se déroulant à New York.

Zibeline (tome 1): Sur l’autre rive

Quand, à huit ans, on est propulsée dans un monde inconnu… Une seule solution : se faire de nouveaux amis! Une seule envie : retrouver sa famille!

Tannicia a huit ans, un caractère bien trempé et un destin hors du commun. Après une dispute avec son grand frère, alors qu’elle part en ronchonnant chercher de l’eau à la rivière, elle est capturée par un sorcier pour servir de victime sacrificielle lors d’une cérémonie vaudou. Bon, déjà, j’ai décroché à partir de ce moment-là. Encore une histoire où le vodou est présenté comme quelque chose de magique, de dangereux, de sauvage et de mal. Ugh. Les méchants sont vodouisants, les gentils ne le sont pas. Bonjour les stéréotypes! Mais bon, j’ai laissé sa chance au coureur et j’ai continué ma lecture en espérant que les auteurs se reprennent.

Un peu plus loin dans l’histoire, Tannicia finira par s’échapper de ses ravisseurs grâce à son fort caractère, mais se retrouvera bien malgré elle propulsée dans un univers inconnu peuplé d’animaux de la jungle anthropomorphisés. Et voilà, encore un. Le personnage principal est noir, et se retrouve confronté à des lions, des singes et des crocodiles. Encore une fois, je me suis dit: « Bon, ok, ça se passe dans la jungle, passons… » Mais je n’ai pas pu m’empêcher d’être agacée. Parce que ce n’est pas vraiment la jungle. C’est un monde imaginaire inventé par l’auteur, un monde qui n’existe même pas dans la réalité des personnages, qui est parallèle à leur univers. De tous les mondes imaginables qui auraient pu être inventés, c’est celui-là que les auteurs (2 Blancs et 1 Algérien) ont choisi. Ouf.

Dans ce nouveau monde, Tannicia devra changer de nom, pour suivre les coutumes locales. Ce n’est pas sans rappeler le traitement réservé aux millions d’esclaves qui ont été arrachés à leur pays et à qui on a donné des noms qui n’étaient pas les leurs… Tannicia sera réfractaire au début à ce changement de nom, mais finira par en choisir un et ce sera le titre de la série: Zibeline.

Ce premier tome se termine sur une note intrigante pour donner le goût de poursuivre la série. Ce ne sera pas mon cas, je vais passer. Next…

Zibeline, 1: Sur l’autre rive
AUTEUR(S): Régis Hautière, Régis Goddyn & Mohamed Aouamri
ÉDITION: Casterman, 2019
ISBN: 9782203166899
PRIX: 26,95$
9 ans et plus

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Lulu et Nelson, Les enfants du Bayou ou Les enfants d’ailleurs, trois bandes dessinées d’aventure que j’ai personnellement préféré à Zibeline.

Les princesses magiques (tome 3): La lune mystérieuse

la lune mystérieuse princesses magiquesLors d’une tournée dans la savane avec Valentin, le garde-chasse, Lulu, princesse d’Undala, s’est rendue compte de la disparition de nombreux animaux. De retour au palais, grâce aux bagues magiques, elle appelle à la rescousse ses amies les princesses Yaminta, Clarabelle et Emilie. Un roman à la couverture pailletée.

Il faut arrêter avec cette représentation des personnages noires vivant dans la savane et ayant des animaux sauvages comme animaux de compagnie. Est-ce qu’on accepterait que les Québécois soient représentés encore et encore comme des colons vivant dans des igloos, tuant des animaux à mains nues pour se nourrir et s’habiller, ou comme des bûcherons ne sachant pas s’exprimer correctement et ayant tous 14-15 frères et sœurs? Je ne crois pas, non. Alors, pourquoi est-ce que ça passe pour les personnes noires? Ugh.

Bon, après, bonjour les paillettes, diadèmes, carrosses et joyaux. Pour faire de l’escalade, Lulu porte une robe dorée. Et même si elle est capable de faire la roue sans l’aide du prince d’à-côté, elle n’est pas libre de son temps: entre les injonctions portées sur elle par la royauté et diverses règles démodées de bienséance qu’elle doit respecter en tant que princesse, Lulu ne semble pas vraiment maître de son destin.

Parce qu’elle aime grimper aux arbres, Lulu sera comparée à une lionne et traitée de sauvage. Ce à quoi la fillette répondra, les yeux pétillants : « Il n’y a rien de plus sauvage qu’une princesse magique! » (p.107). Pitié. 😬 

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Les princesses magiques
AUTEUR(S)
: Paula Harrison Bouton acheter petit
ÉDITION: Pocket, 2018
ISBN: 9782266280587
PRIX: 8,95$
9 à 12 ans

 

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Vous aimerez peut-être Princesses d’Afrique ou encore Princesse Rosa et le mystère de la baleine.

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Lulu et Nelson (tome 1): Cap sur l’Afrique

La vie ne prend pas toujours le chemin le plus court pour nous mener là où elle doit nous mener. Elle aime les détours. Et ceux-ci regorgent d émotions inconnues, d’expériences inédites et de rencontres magiques… Dans un pays en proie aux inégalités, Lulu – italienne intrépide – et Nelson – sud-africain, plein d’espoir -, que tout tend à séparer, se retrouvent unis autour d’un même combat : la quête de la liberté. Laissez-vous conter l’un des plus beaux détours de leur vie…

J’ai adoré la série La Balade de Yaya de Girard et Omont, ainsi que Les Carnets de Cerise. Alors quand j’ai su que ces deux auteurs collaboraient à nouveau pour une nouvelle série, j’ai tout de suite voulu la lire. Et je n’ai pas du tout été déçue!

Je vais débuter cette critique en soulignant la qualité des illustrations car c’est vraiment ce qui attire l’œil au premier abord. Avez-vous vu cette page couverture sublime? On retrouvera ce même mouvement, cette même profondeur et cette même luminosité tout au long de la bande dessinée. D’ailleurs, la luminosité des illustrations contraste avec le récit assez sombre qui aborde la thématique de la mort, du deuil, du racisme et de la famille. Car oui, dès les premières pages, on assiste à la mort de la mère de Lulu sous les griffes d’un lion en plein spectacle de cirque auquel sa propre fille assistait (heureusement, les auteurs nous ont épargné les détails… vive l’ellipse!). Puis, très rapidement, il y a la mort des lions du cirque dans un incendie. Lulu sera dévastée car malgré les circonstances entourant le décès de sa mère, elle est restée très attachée aux fauves et veut elle aussi devenir dompteuse de lions. C’est ainsi qu’elle s’est mis dans la tête d’aller en Afrique du sud pour y acheter de nouveaux lions et sauver le cirque familial dont le père ne veut plus s’occuper.

Elle se retrouvera donc à des kilomètres de son Italie natale, en pleine manifestation contre l’Apartheid avec son père, ne comprenant pas trop ce qui se passe. Sa vie, c’était le cirque et c’est tout (elle n’a d’ailleurs jamais vraiment aimé l’école, surtout depuis que sa mère ne peut plus lui faire réviser ses leçons). Témoin d’un acte de racisme contre un jeune garçon (Nelson), le père de Lulu tentera de le défendre et se retrouvera en prison pour voies de fait sur un officier de police. Seule, Lulu suivra Nelson qui l’aidera à retrouver son père et, elle l’espère, trouver des lions à ramener chez elle pour réaliser son rêve.

Lulu ne sait rien des inégalités raciales, mais se positionne très rapidement contre cette idée d’apartheid et refuse de traiter les Noirs différemment des Blancs. Dans un train en compagnie de Nelson, elle refusera même de changer de wagon lorsqu’un employé lui suggérera de s’installer dans un wagon pour Blancs. Elle était très bien là où elle était et enverrait promener l’employé qui ne manquera pas de l’insulter au passage.

Nelson est un personnage intéressant, mais assez peu développé dans ce premier tome. On en sait assez peu de lui, surtout parce qu’il arrive vers la fin de l’histoire. J’espère que les prochains tomes permettront aux auteurs de lui donner un peu plus de substance. Mais à première vue, c’est un garçon vif d’esprit qui ne s’apitoie pas sur son sort. Il comprend très bien que sa couleur de peau fait de lui un citoyen de seconde zone dans l’Afrique du sud des années 1950. Mais il ne se méfie pas non plus systématiquement des personnes blanches et se liera d’amitié assez rapidement avec Lulu.

Cette bande dessinée plaira tant aux 9-10 ans et plus qu’aux ados. Déjà parce que les personnages sont assez jeunes, mais aussi parce que le traitement des sujets comme les droits des animaux ou la ségrégation raciale est assez mature pour allumer les lecteurs plus âgés. Les personnages adultes sont également bien présents: Nelson et Lulu évoluent dans un monde au final assez loin de leur univers d’enfants, et la vie ne leur fait pas de cadeau. Je précise au passage que les adultes sont parfois assez durs avec nos deux héros, tels qu’ils le sont parfois dans la vraie vie: Par exemple, préfet de police ne démontrera aucune sympathie pour cette petite fille blanche venue voir et libérer son père de prison. Autre exemple: le père de Lulu, excédé par l’obsession de sa fille pour les lions du cirque et son refus d’aller au pensionnat, lui sortira un « Mais qu’est-ce que tu as dans la tête, bordel! » plein de colère. Rien de bien grave, mais je suggère quand même de lire en duo avec les plus jeunes de 9 ans pour pouvoir discuter de cette lecture.

Bref, on sent bien que ce premier tome sert surtout à mettre les bases du récit: on y rencontre les personnages, on apprend à les connaître, on se situe dans le temps et l’espace. Mais il ne s’y passe pas grand chose. C’est la petite fille de Lulu qui reçoit une lettre de sa grand-mère et nous dévoilera son histoire. Les mots de la lettres de Lulu livrent ainsi tout au long du livre son ressenti et offre un regard rétrospectif sur son voyage en Afrique du Sud. Cap sur l’Afrique se termine toutefois sur une note qui donne le goût de continuer la série. Je sens que les prochains mois d’attente vont être très long! J’ai trop hâte de retrouver Lulu et Nelson dans le tome 2! J’ai eu un coup de coeur pour ce premier tome, mais cela pourrait changer à la lecture des tomes à venir. J’ai quand même quelques attentes:

  • Le personnage de Nelson sera-t-il plus développé ? Après tout, le titre est « Lulu et Nelson », pas « Lulu (et un garçon qui s’appelle Nelson à côté) ». Croisons les doigts!
  • Le contexte dans lequel se déroule l’histoire est intéressant. J’espère qu’une plus grande place sera accordée à la situation politique d’Afrique du Sud durant les luttes pour mettre fin à l’apartheid. Je suis curieuse de voir comment le personnage de Lulu et de son père agiront face à ces luttes. J’espère que les Sud Africains seront maîtres de leur destin et que Nelson, en particulier, aura une certaine autonomie, qu’il pourra prendre en maturité de manière indépendante de Lulu. À suivre.
  • Les animaux au cirque, c’est aujourd’hui dépassé. Leur présence dans le livre ne m’a pas dérangée car je remets l’histoire dans son contexte historique. Ce serait injuste de dénoncer la maltraitance envers les animaux dans ce cas-ci. Mais justement, j’ai hâte de voir si les auteurs vont aborder ce sujet, et surtout, comment.

Bref, cette bande dessinée à été un coup de cœur pour moi, mais j’espère que la suite ne me décevra pas!

Coup de cœur!

Lulu et Nelson (tome 1): Cap sur l’Afrique
AUTEUR(S) : Charlotte Girard, Jean-Marie Omont & Aurélie Neyret
ÉDITIONSoleil, 2020
ISBN: 9782302078963
PRIX: 24,95$
9 ans et plus

Ce livre vous a plu?
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