Martin Luther King: Un rêve d’égalité

Résumé : L’Américain Martin Luther King est le plus célèbre personnage de la lutte non violente pour les droits et l’égalité des Noirs dans la société américaine. Il a reçu le prix Nobel de la paix en 1964.

Lectorat cible : 8 à 12 ans

Autrices : Anastassia Elias, Elsa Paris & Anne Blanchard

Édition : À dos d’âne, 2019

ISBN : 9782376060826

Prix : 15,95$

Appréciation : Voici un petit livre d’à peine une soixantaine de pages sur la vie du pasteur américain qui a lutté de façon non violente pour les droits civiques des noirs américains aux États-Unis. Environ la moitié du livre – qui tient sur une main – s’intéresse à la vie de Martin Luther King. Puis, un vaste dossier documentaire offre davantage de contexte à cette courte biographie: quelques repères historiques, un chapitre sur l’histoire américaine de l’esclavage à la guerre de sécession, la ségrégation, le Ku Klux Klan, le mouvement des droits civiques, ainsi que les répercussions et les limites de l’engagement de Martin Luther King. On aborde aussi le rôle historique de figures emblématiques telles que Malcolm X, Barack Obama, Rosa Parks et Ruby Bridges. À découvrir!

Vous aimerez peut-être : Dans la même collection, il y a Aimé Césaire: . Un volcan nommé poésie. Essayez aussi De petit à grand: Jean-Michel Basquiat et Les grandes vies: Maya Angelou.

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Aimé Césaire: Un volcan nommé poésie

Résumé : Originaire de Basse-Pointe, en Martinique, Aimé Césaire fera de brillantes études à Paris. Ami de Senghor et de Damas, il inventera avec eux la notion de négritude : la défense des valeurs des peuples noirs. Grand poète, Aimé Césaire sera aussi député et maire de Fort-de-France au cours d’une vie où poétique et politique ne feront plus qu’un.

Lectorat cible : 8 à 12 ans

Autrice : Bruno Doucey, Hypathie Aswang & Christian Kingue Epanya

Édition : À dos d’âne, 2019

ISBN : 9782376060895

Prix : 15.95$

Appréciation : Publié dans la collection « Des graines et des guides » aux éditions À dos d’âne, ce livre biographique raconte la vie d’Aimé Césaire, de sa naissance à Basse-Pointe en Martinique, à sa mort à Fort-de-France. Le texte principal est abondamment illustré alors que le dossier documentaire en fin d’ouvrage donne à voir des photographies d’archives et divers tableaux historiques. On y voit la Maison de la négritude et des droits de l’homme à Champagny ainsi qu’une carte des départements et régions d’outre-mer français. On présente aussi les compagnons de route de Césaire: Léon-Gontran Damas, Léopold Sédar Senghor, Édouard Glissant et Paulette Nardal. Un livre mi-roman, mi-documentaire à lire dès 8-12 ans (et plus!). 

À propos de l’illustrateur: Christian Kingue Epanya est Camerounais. Il a étudié en France et a remporté en 1993 le Prix UNICEF des illustrateurs. Formateur, il anime des stages d’écriture et d’illustration en France et à l’étranger.

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L’incroyable destin de Katherine Johnson, mathématicienne de génie à la NASA

Résumé : L’histoire de Katherine Johnson. Dès son enfance, elle doit se battre pour surmonter sa condition de femme noire dans un monde dirigé par des hommes blancs. Devenue ingénieure à la NASA, elle réussit à surpasser les machines et joue un rôle déterminant dans l’envoi de fusées et d’hommes dans l’espace.

Lectorat cible : 8 à 12 ans

Auteurs : Pascale Hédelin & Javi Rey

Édition : Bayard Poche, 2020

ISBN : 9791036315473

Prix : 10,95$

Appréciation : Vos enfants sont friands d’histoires vraies? Vous recherchez des modèles à faire connaître à vos élèves? L’incroyable destin de Katherine Johnson est peut-être le livre pour vous. Il s’agit d’un roman documentaire. En effet, l’histoire principale raconte une version romancée de la vie de Katherine Johnson, et le texte est entrecoupé de dossiers documentaires pour contextualiser ce qui se passe dans l’histoire. Il y a donc cinq dossiers très intéressants dans le livre, dont l’histoire des Noirs Américains, dans lequel on aborde l’esclavage et la ségrégation raciale aux États-Unis, la NASA, des astronautes américains célèbres et les Noirs Américains aujourd’hui. Recommandé! 

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En vie

Cette histoire sans paroles suit cinq personnes qui laissent tout derrière elles pour quitter leur pays.

Parfois, les mots sont superflus car les images parlent d’elles-mêmes. Dans En vie, on suit le parcours de cinq personnages qui ont tout quitté pour entreprendre un long voyage vers des conditions de vie meilleures, dans un pays qu’ils ne connaissent pas. Chaque page constitue une planche titrée qui résume ce qui se passe dans les cases. Le récit est porteur d’espoir puisqu’à la fin, les réfugiés parviennent à s’installer en France.

En vie ne raconte pas seulement l’histoire de ces cinq personnages qui fuient la famine, la guerre, un mariage forcé ou le chômage, mais aussi l’histoire de milliers de personnes réelles qui décident de tout laisser derrière elles. Dans le dossier en postface, on mentionne bien que personne ne quitte son pays, sa famille et ses amis pour le plaisir. Le voyage est long et dangereux. Des familles sont séparées et il y a toujours le risque d’être renvoyé dans le pays qu’on a été contraint de fuir et de devoir tout recommencer.

Ce livre parle aussi de SOS méditerranée, une association française dont la vocation est de porter assistance à toute personne en détresse sur mer se trouvant dans le périmètre de son action, sans aucune discrimination. Les marins ont le devoir de porter assistance et d’aider les personnes qui risquent de se noyer, par exemple lorsqu’ils aperçoivent des migrants dont le bateau ne peut résister aux vagues.

Le livre est publié dans un contexte français et les statistiques fournies sont également françaises, ce qui n’est pas facile d’accès pour un petit québécois qui n’a jamais entendu parler de villes comme Saint-Lô, Carquefou, Concarneau ou Le Puy en Velay, ou encore qui ne saisit pas encore très bien la valeur de l’euro par rapport au dollar canadien. Malgré tout, cette BD, lorsqu’utilisée en parallèle avec d’autres livres sur les réfugiés, peut constituer une belle porte d’entrée vers des discussions sur la solidarité.

À noter que ce livre est la version adaptée au lectorat jeunesse d’une BD pour adulte du même titre. En vie est aussi un album caritatif : sur chaque album, 2,5€ sont reversés à SOS Méditerannée.

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En vie…
AUTEUR(S) : Joub & Nicoby 
ÉDITION: KOMICS INITIATIVE, 2021
ISBN: 9782491374150
PRIX: 27,95$
8 ANS et plus

Ce livre vous a plu?
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Spiderman: La chasse aux araignées

Spider-Man/Peter Parker, l’autre Spider-Man/Miles Morales et Ghost-Spider/Gwen Stacy font désormais équipe et rien ne peut les arrêter ! Excepté peut-être Kraven le Chasseur qui élimine ses proies les unes après les autres… Parviendront-ils à battre ce terrible adversaire? Rien n’est moins sûr!

Ce récit de l’univers Marvel fait suite au film Spiderman: Dans le spider Verse sorti au cinéma en 2018. Pour ceux et celles qui ont du mal à savoir par quel livre commencer une série de comics américain, La chasse aux araignées est une bonne porte d’entrée. Le récit se lit bien en lui même, sans avoir lu d’autres comics de Spiderman. Bon, il faut minimalement savoir que Miles Morales est le nouveau Spiderman et que Peter Parker est le premier Spiderman; mais c’est bien connu en général. Dans le livre, on retrouve aussi Gwen Stacy qui était aussi présente dans le film. Mais ne vous inquiétez pas, si vous n’avez pas vu le film, les 2-3 premières pages vous feront un résumé rapide de ce que vous avez manqué.

On a donc une histoire de super-héros avec un Spider-man afro-latino, Miles Morales, sur ses années d’adolescence. La collection Marvel Action s’adresse a un lectorat jeunesse, on n’entre pas dans la politique ou les conflits mondiaux comme c’est le cas dans les séries Marvel pour adultes. On se contente de poser un récit assez simple du bien contre le mal, avec un antagoniste bien méchant et des héros valeureux. Le récit se déroule dans une école secondaire, avec son lot d’adolescents et de téléphones cellulaires. Parlant de téléphones cellulaires, on retrouve des échanges de messages textes dans le texte, fautes d’orthographes incluses. On peut donc lire un glorieux « Ah, 6 jpouvais thwipper d’un coin à l’autre kom certains » (p.6) ou encore « vrmen t pire k mon père » (p.7). Avec l’argot parisien en plus, ça devient vite assez lourd. Toutefois, l’histoire offre un bon moment de divertissement, qui plaira aux amateurs de super-héros. Peut plaire.

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Marvel action Spiderman: La chasse aux araignées
AUTEUR(S): Erik Burnham & Christopher Jones
ÉDITION: Panini, 2020
ISBN: 9782809488326
PRIX: 16,95$
8 ANS ET PLUS

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Derrière les yeux de Billy

Billy a peur de tout perdre, alors elle perd tout. C’est plus fort qu’elle. Elle se dit que le jour où elle perdra quelque chose qu’elle aime plus que tout au monde, elle sera bien préparée. Mais, malgré son entraînement intensif pour s’endurcir contre le pire, le jour où son papi a fermé ses yeux pour toujours, Billy n’était pas prête.

Quel bel album qui aborde la thématique du deuil du point de vue d’une enfant avec beaucoup de poésie. Perdre un être cher, est-ce que c’est comme perdre un objet? Est-ce qu’on le retrouve au printemps, quand la neige a fondu? Est-ce que si on se pratique a perdre des choses, est-ce que cela fait moins mal lorsque quelqu’un qu’on aime meurt?

Billy est une enfant qui tente de donner un sens à la disparition de son grand-père. Elle vit beaucoup de frustration car personne ne semble avoir les mots pour lui expliquer la mort, le deuil. Si son papi s’est « endormi », c’est qu’il se réveillera? S’il s’est « envolé », c’est qu’il peut retomber? Grâce au soutien de son oncle, Billy trouvera une manière d’apaiser sa peine: faire une place dans son coeur et ses souvenirs pour son grand-papa. Ne jamais l’oublier. Puis, quand Billy grandira, elle pourra ajouter d’autres souvenirs, mais celui de son grand-père sera toujours là si elle le chéri.

Le texte et est fort et beau. Sur le site de Radio-Canada, on peut écouter une version audio du livre.

Au niveau de la représentation, on a un personnage principal métissé dont le père est noir et la mère, blanche. Elle vit une vie tout à fait ordinaire: Elle fait du sport, va au camp de vacances, se fait des amis, tombe amoureuse d’une fille dans sa classe et fonde une famille avec elle. J’ai adoré cet album sur la vie, sur la mort, sur la filiation et la transmission. Un livre excellent!

* Prix Espiègle 2019.

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Derrière les yeux de Billy
AUTEUR(S) : Vincent Bolduc & Chloloula
ÉDITION: Dent-de-lion, 2018
ISBN: 9782924926000
PRIX: 22,50$
8 à 11 ans

Ce livre vous a plu?
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Le club des licornes: La licorne noire

C’est la rentrée. Après les vacances d’été, le club des Licornes reprend ses activités. Les retrouvailles sont joyeuses. À la première récré, le club fait le point sur les profs et les nouveaux : dans l’une des classe, il y a une nouvelle très spéciale : une licorne noire. Qui est-elle ? Pourquoi est-elle noire ? Est-elle sympa ou pas ? Autant de questions qui alimentent les conversation et les fantasmes au sein du club. Petit à petit, les licornes du club apprendront à connaitre la nouvelle et à accepter sa différence. Mais de là à l’accueillir au sein du club… c’est une autre affaire ! 

Edna, la licorne noire, se présente assez tard dans le récit. C’est d’abord l’annonce de sa venue qui inquiète les autres licornes: elles auraient voulu savoir qui allait être la nouvelle élève et choisir elles-mêmes de l’accepter ou pas. Elles n’ont jamais entendu parler de licornes noires… est-ce que ça existe vraiment? C’est bizarre! Si ça se trouve, elle a des pouvoirs maléfiques! Lorsqu’Edna arrive enfin, au chapitre 4, la direction du club des licornes l’accueille en grandes pompes. Il est temps de mettre fin aux rumeurs. La directrice affirme dans un discours solennel:

« Edna vient d’un pays où une race de chevaux belliqueux a pris le pouvoir et accuse les licornes de sorcellerie. Ces cheveux brutaux ont décidé que toutes les activités sont désormais interdites aux licornes. Les licornes sont pourchassées et enfermées dans des enclos. Il leur est interdit de galoper, de trotter et de se regrouper. […] Par chance, Edna et sa mère ont réussi à s’échapper. Elles ont traversé deux fleuves, une chaîne de montagnes, quelques plateaux, de nombreuses prairies et sont arrivées ici, dans la plaine, où elles se sont installées. […] Edna ne s’exprime pas encore très bien dans notre langue mais elle apprend et elle progresse. Elle parlera bientôt comme nous. Je compte sur vous pour l’aider chaque jour dans cet apprentissage difficile: vous comprendre et se faire comprendre. » (p.43-44)

Même si les personnages ne sont pas humains, on fait clairement un parallèle avec les nouveaux arrivants et les réfugiés en occident. Edna a le pelage noir et la crinière tressée alors que les autres licornes sont pâles et leur crinière, raide ou légèrement ondulée. Le roman véhicule un message de tolérance, car même Émile, un Shetland souhaitant intégrer le club des licornes, finira par y être accueilli (un garçon dans un club de licorne… ce n’est pas commun! Mais Cerise, une licorne sympathique, lui fera sentir comme un membre à part entière du club). Car le club des licornes est un lieu qui « rassemble autour de l’amitié, du partage, de l’Entraide, de l’écoute… Je ne vois pas pourquoi ces choses-là doivent être réservées aux licornes. Le Club des licornes, c’est notre nom. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas partager, aider ou écouter d’autres races équines. Au contraire. » (p. 64-65).

Si certaines licornes se méfient beaucoup d’Edna à cause de sa différence, plusieurs licornes ne comprennent pas pourquoi l’arrivée d’Edna pose un quelconque problème, n’y voyant que des bienfaits: un nouveau groupe, de nouveaux projets… c’est réjouissant! Suzanne, la présidente du club, se montre assez raciste et fait tout pour éviter d’inclure Edna dans le groupe. C’est Ninon qui prendra sa défense et ira même jusqu’à remettre Suzanne à sa place: Non, elle ne gère pas bien le club. Oui, elle fait de la discrimination. Non, Edna ne s’appelle pas simplement « La nouvelle », elle a un prénom et il est temps de l’utiliser! Non, on ne peut pas juger une personne avant de la connaître.

La majeure partie de l’histoire se concentre sur la manière dont les licornes perçoivent l’arrivée d’Edna. Edna est en fait absente de presque toutes les discussions. Le club se réunit pour savoir si oui ou non Edna a le droit d’en faire partie, si oui ou non elle est maléfique, si oui ou non Suzanne est une mauvaise présidente, etc. J’étais en train de me dire que ça ressemble de plus en plus au stéréotype du sauveur blanc quand Edna s’interpose en page 83 pour signifier qu’elle est capable de faire une demande d’adhésion au club en bonne et du forme et que s’il y a des questions la concernant, c’est à elle qui faut le demander plutôt que de faire des supposition et partir des rumeurs. Et elle ajoute, comme une tonne de roche sur les licornes honteuse de leur étroitesse d’esprit: « Dans mon pays, nous sommes persécutées parce que nous sommes des licornes. ce serait un comble d’être rejetée ici parce que vous considérez que je n’en suis pas une! » (p.84).

Je regrette que les personnages ne soient pas davantage développés. Edna se résume à sa différence: On ne sait pas ce qu’elle aime, on ne connait pas sa famille, on ignore ses forces et ses aspirations. On mentionne que dans son pays il n’y a pas d’hiver, mais pas, par exemple, quels sont talents ou ses défauts. On mentionne que pour le concours de beauté, elle sera « apprêtée selon des techniques traditionnelles de brossage et de tressage de son pays » (p.110), la plaçant de nouveau comme étant une Autre, différente des autres. Ceci ne s’accompagne pas de passage où la personnalité d’Edna se dévoile, ou encore de passage où on souligne les ressemblances avec les licornes pâles. Et donc, Edna est assez unidimensionnelle: C’est la « Nouvelle », la « Différente ». Le récit se termine sur le point de vue des licornes pâles: ce qu’elles ont appris avec l’arrivée d’Edna (il faut s’ouvrir pour découvrir plutôt que se méfier et résister), et ce qu’elles vont changer au sein du club (changement de présidence et ouverture aux différences). Décevant.

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Le club des licornes, 1: La licorne noire
AUTEUR(S): Maxime Poisot & Emmanuelle Teyras Victoria Robado
ÉDITION: Fleurus, 2020
ISBN: 9782215174295
PRIX: 15,95$
8 à 10 ANS

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être L’école des licornes: Ariana et murmure, un roman que j’ai préféré à La licorne noire. Vous aimerez peut-être Ça va faire des histoires et Léonie: Vétérinaire pour vrai, deux romans pour les préadolescent.e.s.

Maman-dlo

Cécette, sur son île, attend. Elle attend sa mère partie en métropole. Soudain, l’horizon semble bouger en un point minuscule. Cécette se lève. Son coeur bat très fort. Le point se rapproche…

Quel beau texte! Dès les premières lignes, on comprend qu’on s’apprête à lire une histoire unique. Il faut aussi le lire à voix haute, car il y a beaucoup de musicalité et de rythme au style d’Alex Godard. Le livre fait voyager dans les îles, en Haïti, et on sent presque le soleil brûlant sur sa peau en lisant l’histoire de Cécette. Je recommande ce livre pour une exploitation en classe, plusieurs possibilités s’offrent aux enseignants de français ou d’univers social.

Pour ceux et celles qui sont familiers avec Mami-wata, cette divinité aquatique d’origine africaine, c’est bien d’elle dont il s’agit dans ce récit. Ces croyances ont été répandues dans la diaspora africaine et les caraïbes. Dans plusieurs pays francophones, on l’appelle Maman-dlo ou Manman-dlo la « mère de l’eau ».

Les illustrations très réalistes sont magnifiques. Ce livre, malheureusement épuisé, peut être commandé dans certaines libraires, dépendamment de la disponibilité chez le fournisseur. Autrement, direction bibliothèque publique! Espérons qu’il sera rééditer prochainement. Ne passez pas à côté de ce livre!

Alex Godard est un auteur et illustrateur marie-galantais.

Maman-dLo
AUTEUR(S):  Alex Godard 
ÉDITION: Albin Michel, 2014
ISBN: 9782226255402
PRIX: 8,95$
8 ans et plus

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Mbéla et la perle de Mamiwater, Vodou, et À l’eau Mariétou, trios livres dont il est question de Mamiwata ou Maman-dlo.

Mon corps est génial ! Ses échanges avec l’extérieur

Un documentaire sur les relations entre le corps humain et son environnement, avec des volets à soulever, expliquant comment il utilise ses sens pour appréhender l’extérieur, comment il communique par le langage avec ses semblables ou encore comment la peau le protège.

Un super documentaire très complet, qui explique à hauteur d’enfant la manière dont le corps fonctionne et ses relations avec l’extérieur. Une table des matières en début d’ouvrage facilite le repérage de l’information. On retrouve également un sous-sommaire dans chacune des sections. Plusieurs sujets y sont abordés: Le rire, les cinq sens, le langage, les poils et les cheveux, ou encore le hoquet et la respiration. 

Dans la section sur l’enveloppe, on aborde le sujet de la peau. Au-delà de sa couleur, la peau sert surtout à agir comme une barrière défensive. Peut importe sa couleur, au soleil on doit vite protéger une peau claire, alors qu’une peau foncée peut être exposée plus longtemps sans brûler. On mentionne aussi que la couleur de peau est simplement le résultat de l’endroit où sont nés nos ancêtres. J’ai aimé que les couleurs de peau ne soient pas classés comme noir/blanc, mais plutôt comme une variété de teintes comme marron, brun foncé, brun-rouge, beige foncé, rosé, ou beige. Fortement recommandé! Idéal pour une bibliothèque de classe au primaire!

Mon corps est génial ! Ses échanges avec l’extérieur
AUTEUR(S) : Cristina Junyent & Cristina Losantos 
ÉDITION: Quatre fleuves, 2020
ISBN: 9791026403098
PRIX: 23,95$
8 ANS ET PLUS

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Pain-doré et Violette, deux albums jeunesse sur l’acceptation de sa couleur de peau. Essayez aussi Et moi voilà!, un livre sur la manière dont nous héritons des caractéristiques physiques de nos ancêtres.

Sorcière vaudou

Morane est intriguée par l’arrivée de sa nouvelle voisine haïtienne. Une aura de mystère semble l’entourer, car des phénomènes étranges ont lieu en sa présence. Elle la soupçonne d’être une sorcière, prête à leur jeter des mauvais sorts.

Ouf. Par où commencer? Avant même d’ouvrir le livre, déjà, le titre: « Sorcière vaudou ». J’ai beaucoup de mal avec cette association commune entre vaudou et sorcellerie. Toute religion est faite de croyances et de gestes qui échappent à toute explication scientifique. Ça n’en fait pas des formes de sorcellerie. Les personnes qui pratiquent le vaudou sont appelées vaudouisantes, pas sorcières. Ensuite, la page couverture ne fait qu’en ajouter une couche en montrant une personne en contre-jour qui semble évoquer un démon ou je ne sais quoi. Deux personnes, blanches, ont l’air effrayées. Le livre est publié dans la collection Frissons chez l’éditeur, Héritage Jeunesse: Oui, parce que le vaudou, c’est un truc de récits d’horreur. Eh, misère… 🤦🏿‍♀️

J’avais déjà lu quelques romans de l’autrice afro-québécoise Dïana Bélice et j’avais chaque fois pu relever des passages et représentations problématiques dans ses livres. J’ai tout de même tenté d’entamer ma lecture de Sorcière vaudou avec un esprit ouvert. Le personnage principal de l’histoire est Amandine, une petite fille noire que l’on rencontre pour la première fois en page 4 où elle est décrit comme étant coiffée d’énormes lulus qui « ressemblent à d’énormes nuages noirs ». C’est une nouvelle élève venue d’Haïti et elle est donc sujette à l’attention et la curiosité de ses camarades. C’est normal. Et même s’il est clair qu’il s’agit d’une petite fille noire, ce n’est pas la couleur de sa peau qui attise les regards, mais simplement le fait qu’elle soit nouvelle. Sauf que dès la page 5, elle monte dans l’autobus scolaire, salue le chauffeur et regarde autour d’elle les passagers déjà installés, et on dit qu’il s’agit d’une attitude étrange (!). Par la suite, des choses tout à fait banales et normales (des sourires, des paroles anodines, des jeux, de la nourriture, une invitation à une fête) seront qualifiées d’étranges, effrayantes, mystérieuses, surnaturelles, maléfiques ou suspectes, et ce, sans aucune raison apparente. L’autrice surfe sur le fait qu’Amandine soit différente des autres (immigrante, nouvelle) pour créer une aura effrayante autour d’elle tout au long du roman. Pourtant, c’est bien la base de la xénophobie: ce qui est étranger et différent fait peur. J’ai trouvé ça vraiment maladroit qu’on utilise la différence ethnique et raciale pour en faire un récit d’horreur.

Après, j’ai vraiment senti que l’autrice ne s’adressait pas à moi en tant que lectrice noire. Ce qui est supposé faire peur est en réalité pour moi des choses familières. Par exemple, du riz collé accompagné de lambi, un délicieux plat haïtien, est comparé à des vers de terre pour faire peur au lecteur. On dit d’Amandine et de sa famille qu’ils pratiquent de la magie noire alors qu’ils sont simplement vaudouisants. Les vieux grands-parents d’Amandine, parce qu’ils ont le teint sombre et sont âgés, sont comparés à des zombies effrayants. Un membre de la famille d’Amandine, « aussi foncé que la nuit » sourit de ses dents blanches et les deux camarades blancs d’Amandine frissonnent (p.34). Dans quel monde est-ce que des personnes normales qui ressemblent aux membres de ma famille doivent-ils me faire peur?? J’ai vraiment senti que ce roman était écrit d’abord et avant tout pour le lectorat blanc.

Au milieu de l’histoire, les deux camarades blancs d’Amandine vont faire des recherches sur la magie noire et, bien sûr, vont tomber sur le vaudou. Ils en concluront que la famille d’Amandine sont « des sorciers vaudous! Comme dans les films d’horreur! » (p. 63). Et on aura bien sûr droit au passage sur la poupée utilisée pour jeter des sorts maléfiques.

À la fin de l’histoire, les deux camarades blancs d’Amandine confronteront cette dernière et elle leur expliquera tout ce qu’ils avaient mal interprété. Ses jeux dans la cours d’école étaient en réalité une célébration pour remercier la vie de ses bienfaits; les os dans sa boîte à lunch étaient simplement les restes de son repas; les « zombies » chez elle étaient ses grands-parents; et il n’y avait aucun lien entre la poupée aux cheveux coupés et la nouvelle coiffure d’une élève de l’école. Mais même si on mentionne que « lorsque les gens ne connaiss[ent] pas quelque chose, ça fait peur […], quelques fois ils s’inventent des histoires auxquelles ils préfèrent croire au lieu de s’informer. » (p.93), ce n’est pas suffisant pour passer sous silence les 92 pages précédentes bourrées de clichés et de stéréotypes. Dommage. Je n’ai vraiment pas aimé ce roman.

Dïana Bélice est une autrice québécoise d’origine haïtienne.

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Sorcière Vaudou
AUTEUR(S): Dïana Bélice
ÉDITION: Héritage jeunesse, 2020
ISBN: 9782898121845
PRIX: 10,95$
8 ANS ET PLUS

Voici trois autres livres avec des représentations problématiques de personnages noirs: F pour fille: Emma, Zoé: Championne de cas ratés, et Il faut sauver Nikili!