Il court! Jesse Owens, un dieu du stade chez les nazis

Résumé: Illustré de photos d’époque et d’aquarelles, ce roman retrace le destin de Jesse Owens, sa jeunesse dans les Etats-Unis rongés par la ségrégation et ses exploits aux JO de 1936, à Berlin, sous le régime nazi. Avec, en fin d’ouvrage, une courte biographie de l’athlète et des informations sur la ségrégation raciale aux Etats-Unis.

Lectorat cible : 10 ans et plus

Auteurs : Cécile Alix & Bruno Pilorget

Édition : L’Élan vert, 2022

ISBN : 9782844556806

Prix : 23,95$

Appréciation : La qualité de l’écriture et le mélange d’illustrations sobres et de photographies d’archives font de ce livre un magnifique objet très agréable à lire. L’autrice fait du lecteur un ami de Jesse Owens et ce dernier n’aura aucun mal à s’attacher à lui. Colère, tristesse, admiration… on passe par une foule d’émotions à la lecture de ce roman de docu-fiction racontant la vie de celui qui a couru aux jeux olympiques devant les Nazis et a battu des records du monde. J’ai eu un grand coup de cœur pour ce livre et il faut absolument que vous le lisiez!

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On nous appelait les mouches

Un certain futur, demain peut-être. Le monde civilisé n’existe plus. Des enfants survivent sur des montagnes de déchets, qu’ils trient pour revendre aux plus grands ce qui semble monnayable. On les appelle les mouches.

Parmi eux, une petite bande, à laquelle appartient Lizzy. C’est elle qui nous raconte comment un jour, l’un d’eux trouve un drôle d’objet dont on pense qu’il ne sert à rien. Les enfants, accompagnés de leur chef, partent pour Grand Bazar…

J’ai été heureuse de retrouver Davide Cali et Maurizio Quarello après avoir eu un gros coup de coeur pour Cours! l’année dernière. Je ne pouvais pas passer à côté de ce nouvel album du duo qui cette fois-ci nous amène dans un univers post-apocalyptique où l’on rencontre Lizzy, une enfant noire qui survit tant bien que mal avec quelques-uns de ses amis. Les auteurs ont fait un travail énorme de création et développement d’un univers unique, avec une faune et une flore hybride, une société distincte et un monde vaste en plein désert. L’histoire s’achève sur un nouveau départ, avec l’espoir qu’apporte un livre mystérieux qui promet d’être salvateur.

Les illustrations collent parfaitement à cet univers angoissant et perturbant. Il s’agit d’un album pour les grands, à dévorer dès 9-10 ans pour bien en saisir toute la nuance et la richesse. J’ai été engloutie par le récit; j’aurais voulu y rester plus longtemps! Juste quand je me surprends à y être bien installée, déjà il s’achève. J’ai trouvé dommage qu’un univers aussi riche ne soit pas exploité davantage. Peut-être qu’un format roman graphique aurait était préférable. Et donc, le seul défaut de cet album est d’être trop court. Bref, un autre coup quasi parfait de Cali et Quarello que je recommande à tous! Les 11-14 ans y trouveront parfaitement leur compte, mais rassurez-vous, il y a de quoi plaire aux enfants de coeur et aux amateurs de science-fiction de tous âges également.

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On nous appelait les mouches
AUTEUR(S) : Davide Cali & Maurizio A.C. Quarello 
ÉDITION: Sarbacane, 2020
ISBN: 9782377314119
PRIX: 29,95$
10 À 14 ANS

Coup de coeur!

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut être Cours, Ruby tête haute ou Les esclaves de cumana, trois albums pour les enfants de 2e ou 3e cycle du primaire avec une mise en page dynamique.

Libre! Harriet Tubman, une héroïne américaine

Harriet Tubman (1820-1913) est née esclave en Amérique. Elle a lutté pour conquérir sa liberté, puis après l’avoir obtenue, elle a poursuivi son combat contre l’esclavage et la ségrégation raciale.

Pendant plus de deux siècles, l’esclavage américain a brisé les vies de centaines de millions de personnes. Des origines de la traite négrière aux chasseurs d’esclaves, en passant par le fonctionnement du Chemin de Fer Clandestin, cet album documentaire retrace l’histoire de l’institution esclavagiste aux Etats-Unis, dans laquelle s’imbrique celle, héroïque, d’Harriet Tubman.

Elle a bravé tous les périls de sa condition pour saisir elle-même sa liberté, a aidé des dizaines d’esclaves à s’échapper, s’est engagée dans la guerre de Sécession et représente aujourd’hui encore une icône de la lutte anti-esclavagiste.

Harriet Tubman, quelle héroïne! Ce livre est un bijou d’album. Il est parvenu avec beaucoup de doigté à lier l’histoire personnelle d’Harriet avec la grande Histoire des États-Unis. Le livre se divise en plusieurs parties: Les débuts de l’esclavage, Le mariage d’esclaves, Le marché aux esclaves, Fuir, Chasseurs d’esclaves, L’indomptable Frederick Douglas, etc. Chaque section documentaire est richement détaillée et permet de contextualiser la traite négrière et d’illustrer les conditions de vie terribles des personnes prises en esclavage. De plus, l’autrice Fleur Daugey se glisse dans la peau d’Harriet Tubman pour raconter les différentes étapes de sa vie en lien avec chacune des sections. La petite histoire éclaire donc la grande Histoire.

Les illustrations accompagnent le texte à merveille et amène une profondeur au récit. Les couleurs, sobres, sont savamment choisies. À la lecture de cet album, on comprend qu’Harriet Tubman était une femme comme les autres, mais qui avait le courage de ses convictions. Combien d’entre nous aujourd’hui avons le même courage?

Parce qu’il met bien en contexte et prend le temps d’expliquer ce qui a mener les États-Unis à adopter l’esclavage comme système économique pendant des siècles, ce livre peut être lu à un enfant qui n’a pas encore les connaissances historiques nécessaires à la compréhension de l’histoire d’Harriet Tubman. Plaira aussi aux adolescents et aux adultes! À lire absolument!

Coup de cœur!

Libre! Harriet Tubman, une héroïne américaine
AUTEUR(S): Fleur Daugey & Olivier Charpentier
ÉDITION: Actes Sud Junior, 2020
ISBN: 9782330136901
PRIX: 28.95$
1
0 ANS ET PLUS

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Harriet et la terre promise, Invaincus et Catfish: le voyage d’un esclave vers la liberté, trois albums sur la lutte à la liberté et la dignité des afro-américains.

La neuvième loutre bleue

L’écrivain Christie Spivac est invité à organiser un grand jeu culturel dans toute la Bretagne, en utilisant la réalité virtuelle. Il est accompagné d’un étonnant petit robot, de deux ados délurés, Yann et Émilie, d’un roboticien et d’une officielle. Dès le début de leur périple, des loutres d’une étrange couleur bleue croisent sans cesse leur chemin. Et, chaque fois que le groupe conçoit une épreuve du Grand Jeu, des événements graves et dangereux se produisent. Jusqu’à ce qu’on leur tire dessus à l’AK-47 puis que, grâce aux loutres bleues, ils dénichent la piste de terroristes préparant une hécatombe en France.

De l’action, du suspense, un propos intéressant sur l’éthique, et un contexte éloigné du mien qui m’a fait voyager: comment ne pas aimer ce roman? Court, efficace, il plaira certainement aux amateurs d’aventure. L’amitié entre Yann et Émilie est saine et j’ai aimé voir cette relation entre un garçon et une fille sans qu’il y ait d’enjeu amoureux. Émilie est une adolescente intelligente et dégourdie, un beau modèle pour les lectrices. Le roman se lit comme on regarde un film: l’auteur parvient à créer des images évocatrices et claires dans un récit au rythme haletant.

Points bonis pour la page couverture, vachement réussie qui donne le goût de lire, comme tous les autres titres de la collection Rester Vivant aux éditions Le Muscadier, d’ailleurs. Cette collection est constituée de nouvelles et de romans qui abordent sans détour les questions écologiques, sociales et éthiques qui émergent au sein de la société dans laquelle nous évoluons. Elle plaira aux lecteurs qui résistent encore à l’asservissement des esprits, quel que soit leur âge. L’éditeur présente cette collection en ces termes: « Ces livres ont pour ambition, en plus d’attiser l’imaginaire du lecteur, d’éveiller son sens critique et de poser un regard incisif sur nos comportements individuels et collectifs. » À découvrir!

Je remercie les éditions Le Muscadier de m’avoir offert ce livre.

La neuvième loutre bleue
AUTEUR(S): Christian Poslaniec
ÉDITION: Muscadier, 2021
ISBN: 9791096935864
12 ANS ET PLUS

Ce livre vous a plu?
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Cluedo: Madame Leblanc

Lutter contre le crime est ta spécialité ? Parfait, car cette fois-ci, tes aptitudes vont être mises à rude épreuve ! Dans la peau de Madame Leblanc, bloquée sur une île en compagnie d’un meurtrier, tu vas devoir faire appel à ton sens de l’observation et de la déduction pour découvrir qui, parmi les cinq invités du Docteur Lenoir, te cache la vérité. Et prends garde ! Si le meurtrier a frappé une fois, rien ne dit qu’il ne recommencera pas sous peu…

Tu es prêt ? À toi de jouer !

Ce roman du type « Livre dont vous êtes le héros » est le 6e de la série Cluedo publiée dans la bibliothèque verte chez Hachette. Chaque tome peut toutefois se lire indépendamment des autres et dans le désordre. J’ai commencé mon incursion dans l’univers du manoir du docteur Lenoir avec Mademoiselle Rose que j’avais lu avec ma nièce de 10 ans à l’époque. On a vraiment aimé l’histoire et la difficulté des choix! J’avais personnellement trouvé mademoiselle Rose un peu superficielle, et certaines scènes un peu matures (comme la fois où Mademoiselle Rose tente d’utiliser ses attributs physiques pour arriver à ses fins), mais le roman était sympa malgré tout.

Dans Madame Leblanc, le personnage principal est beaucoup plus affirmée et débrouillarde. Avocate, Mme Leblanc fait preuve d’un grand esprit de déduction et d’observation. Elle n’hésite pas à prendre sa place. J’ai aimé découvrir ce personnage plus près de mes valeurs que celui de Mademoiselle Rose. J’ai relu l’aventure plusieurs fois en faisant des choix différents et chaque fois, Madame Leblanc reste authentique, intelligente et affirmée.

Le texte est étonnamment bien écrit, avec un vocabulaire recherché et des tournures de phrases assez complexes et satisfaisantes pour les enfants de 10-11-12 ans. Un très bon livre pour initier les enfants aux romans policier! Recommandé!

Cluedo: Madame Leblanc
AUTEUR(S):  Michel Leydier 
ÉDITION: Hachette, 2014
ISBN: 9782012044272
PRIX: 8,95$
10 ANS ET PLUS

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être L’attaque des cubes, un roman pour les amateurs de jeux vidéo ou encore Fatou Diallo: détective, un roman pour les enfants. Essayez aussi Braquage sous haute tension, un livre dont tu es le héros.

Le tigre de porcelaine

Le concert qui permettrait à Clara d’entrer au Conservatoire va commencer quand ses parents, assis au premier rang, sont soudain chassés de leurs places par le couple Smith. Choquée, Clara est incapable de jouer. Dans son esprit, tout s’emmêle. Les bombes du FLQ ; la Ville, qui projette de raser son quartier, menaçant l’imprimerie familiale ; le courage de Rosa Parks qui a su dire non au Blanc revendiquant sa place dans l’autobus ; les efforts des derniers mois, surtout, à s’exercer sous le regard du tigre de porcelaine. Clara n’a pas fait tous ces sacrifices pour rien. Ce concert est le sien. Les Smith n’ont pas le droit de lui gâcher ce moment. Elle doit se faire respecter. Maintenant !

Ce que j’ai aimé dans ce roman, c’est le contexte historique qui mélange Québec et États-Unis : on y parle du FLQ et de Rosa Parks, d’Oscar Peterson et et du mouvement des droits civiques, de la fermeture du canal Lachine et de Martin Luther King. Ce roman constitue une belle porte d’entrée vers l’Histoire des Noirs, au Canada et chez nos voisins du sud, sur fond de musique classique et jazz. Le texte est assez simple et les 98 pages se lisent d’une traite. Certains jeunes lecteurs auront peut-être besoin d’accompagnement pour accéder au sens et aux références historiques. Un bon candidat, donc, pour une lecture à deux avec vos grands de 10-11 ans!

Le personnage principal, Clara, est issue d’une famille modeste, mais a le privilège d’avoir un piano droit à la maison et de pouvoir suivre des cours avec une voisine, beaucoup plus nantie qu’elle. Cette différence sociale la met parfois mal à l’aise, comme dans ce passage où elle va chez les Smith qui ont un grand piano à queue qu’il lui est interdit de toucher. Soudainement, elle ne se sent « plus la fée musique qui se déplace avec légèreté; mais une va-nu-pieds, lourde, gauche. Une misérable qui traîne. » (p.61)

J’ai été heureuse de lire un passage dans lequel Clara se souvient d’un moment où sa famille, attablée autour d’un bon repas, discute du racisme présent au Québec. On y fait notamment référence à Frederick Phillips, diplômé en droit de l’Université McGill qui, en 1956, réussit l’examen du Barreau et devient ainsi le premier avocat noir au Québec. Par contre, on ne mentionne pas le nom de Phillips dans le texte, et comme on ne sait pas exactement en quelle année se déroule le récit, le lecteur a donc bien peu d’information sur le sujet. Une belle occasion ratée de souligner l’apport de personnes noires au Canada!

À table, Elijah se réjouit qu’un Noir accède enfin au Barreau du Québec. Son propre père, Kyle Dillon, n’avait pu pratiquer le droit au termes de ses études, alors qu’il s’était installé à Montréal pour cela. […] Enfin, après des décennies d’attente, le Barreau du Québec compte un avocat noir. Elijah voit là une preuve que la patience paie. Au lieu de se réjouir avec tout le monde, Brandon explose.
– Ils en ont mis, du temps! Ça fait un bail que les universitaires noirs ne trouvent pas de travail ici et se résignent à gagner leur vie comme concierges, portiers, domestiques. C’est scandaleux!
[…] Elijah plaide qu’il faut du temps pour que les mentalités évoluent.
– Ça demande aussi des gestes concrets et du courage!
(p. 45-46)

Un bon roman sur la persévérance malgré tout, avec de belles illustrations en noir et blanc.

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Le tigre de porcelaine
AUTEUR(S): Danielle Marcotte & Jean-Luc Trudel
ÉDITION: Soulières, 2019
ISBN: 9782896074679
PRIX: 10,95$
10 à 12 ANS

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Des blanches et des noires: Pas de pause pour la ségrégation, un album pour les grands dont le récit est similaire à celui de Le tigre de porcelaine. Essayez aussi Nina ou Mathieu Da Costa: premier interprète d’origine africaine en Nouvelle-France.

Les Omniscients (tome 1): Phénomènes

Un jour, cinq jeunes New-Yorkais se réveillent dotés du savoir absolu, grâce à l’intervention de créatures divines. L’information se diffuse rapidement et le groupe de génies est mis à l’abri par le FBI. Mais une organisation gouvernementale secrète a pour ambition de les capturer. De leur côté, ils cherchent à comprendre d’où viennent leurs facultés surnaturelles.

Ces derniers temps, j’ai lu pas mal de BD d’urban fantasty: Des récits qui se déroulent dans une grande ville et où il se produit des phénomènes surnaturels. Le genre me plait toujours autant que Les Omniscients de fait pas exception! L’un des protagonistes de l’histoire est un garçon noir qui se prénomme Albert. Vif d’esprit, gentil, toujours un sourire au lèvres, j’ai beaucoup aimé ce personnage tout aussi intelligent que naïf. Il arrive tôt dans le récit (dès la page 8), et demeure actif tout au long de se premier tome. On est bien loin du « je-vais-mettre-un-personnage-noir-pour-faire-joli-et-puis-comme-ça-tout-le-monde-est-content ». Au contraire, Albert est un personnage développé avec un backstory. On sait par exemple que ses parents sont des avocats parmi les plus réputés de New York et que même avant de recevoir le don d’omniscience, il était déjà un élève surdoué qui a sauté des classes.

Le rythme de cette bande dessinée est bien soutenu et démarre fort: dès les premières pages, c’est un feu roulant de péripéties qui s’enchaînent. Pour un premier tome, les auteurs ont bien réussi à aller au-delà d’une simple présentation des personnages et du contexte. J’ai bien hâte de connaître la suite de la série!

Les Omniscients, 1: Phénomènes
AUTEUR(S) : Vincent Dugomier & Renata Castellani 
ÉDITION: Le Lombard, 2020
ISBN: 9782803674961
21,95$
10 ans et plus

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Légendes Zurbaines ou Les Chroniques d’Under York, une bande dessinée fantastique qui se déroule à New York. Essayez aussi Les enfants d’ailleurs.

Les Robinsons de l’île de Tromelin: L’histoire vraie de Tsimiavo

Le 31 juillet 1761, Tsimiavo est à bord de l’Utile. Elle a été embarquée clandestinement dans les cales de ce navire de commerce avec 159 autres esclaves malgaches. Au cœur de la nuit, leur destin bascule : l’Utile heurte un récif de corail et fait naufrage. Les rescapés échouent sur un îlot de sable blanc et de cailloux, perdu au milieu de l’océan Indien.

Quand l’équipage blanc prend le large sur une embarcation de fortune, Tsimiavo et les siens se retrouvent seuls, oubliés de tous. Comment survivre sur cet îlot du bout du monde ? C’est le défi qui les attend. Pendant des jours, des mois, des années, leur courage et leur ingéniosité vont faire des miracles…

Ce livre en grand format est écrit sous la forme d’un journal intime et superbement illustré par des fresques là en couleur, là en noir et blanc. Il s’agit donc d’un album pour les grands, qui raconte une histoire vraie et terrible, et qui permet d’aborder la traite négrière et, plus largement, l’histoire du XIXe siècle. On oublie parfois que des esclaves ne venait pas uniquement du continent africain, mais aussi de l’île de Madagascar. Idéal pour une lecture en classe avec des élèves de 3e cycle du primaire, voire 1er cycle du secondaire. On retrouve en fin d’ouvrage un dossier sur les missions archéologiques menées par Max Guérout sur Tromelin, l’île des esclaves oubliés. D’ailleurs, ce livre sera bientôt réédité sous la forme d’un roman à couverture souple avec la définition des mots difficiles et autres notes en bas de page pour faciliter la lecture, un préambule, des activités pour travailler la compréhension de texte et un dossier encore plus étoffé en fin d’ouvrage. À surveiller au courant des prochains mois!

Le point de vue du livre est clairement celui de personnes blanches, même si le personnage principal qui raconte son histoire est malgache. Il y a plusieurs maladresses dans le livre. Déjà, le titre: On compare les personnes oubliées sur l’île de Tromelin à Robinson Crusoé, qui, souvenez-vous, s’est aussi échoué sur une île et y est resté pendant des années. Sauf que, souvenez-vous aussi que Robinson Crusoé était à l’origine parti naviguer à la recherche d’esclaves africains. Ce n’était pas une petite croisière de plaisance! Dans le texte, on appelle même les Malgaches oubliés les « Robinsons noirs ». Pourquoi donc cette comparaison avec une personne blanche qui, plus est, était esclavagiste?

Ensuite, tant l’autrice que l’illustratrice sont des personnes blanches. J’aurais été intéressée à connaître l’opinion et le point de vue de personnes malgaches sur cette histoire qui est la leur. Et puis, le récit s’attarde longuement aux Blancs et à ce qu’ils ont fait et à ce qu’ils n’ont pas fait: les Blancs ont trouvé de l’eau, les Blancs ne partagent pas leur nourriture, les Blancs construisent un abri pour eux seulement, les Blancs ont menti et n’ont pas tenu leur promesse, les Blancs ont abandonné les Malgaches, les Blancs ne reviendront pas, les Blancs sont revenus, les Blancs se sont encore échoués, un autre Blanc s’est échoué, ce Blanc a encore abandonné les Malgaches, les Blancs sont venus sauver les derniers survivants, les Blancs ont déclarés libres les huit survivants une fois arrivés à l’Île de France… Oui, il y a quelques pages où Tsimiavo raconte un peu le quotidien sur l’île, mais on en apprend très peu sur comment les Malgaches ont survécu sur l’île, comment ils se sont organisés, quels genre de liens et système politique ils ont mis en place, quelles difficultés ils ont rencontrées, ce qui est arrivé des bébés nés sur l’île, ou sur les relations entre les insulaires. Dommage! Tous ces éléments sont relégués au dossier en fin d’ouvrage où une petite section intitulée « Comment ces hommes et ces femmes ont-ils survécu? » offre un peu plus d’information sur le sujet.

Enfin, et ça, ce n’est pas la faute des autrices, mais l’île où ont été oubliés les Malgaches nauvragés porte le nom du sauveur (blanc) venus les sortir de là, Jacques Marie Boudin de Tromelin de La Nuguy, un navigateur français.

Pistes d’exploitation en milieu scolaire:

  1. Quel est le titre du livre? Le sous-titre? Qu’évoquent-ils pour toi?
  2. Qu’est-ce que la page couverture de laisse deviner de l’histoire que tu vas lire?
  3. Qui est Robinson Crusoé? Pourquoi a-t-on appelé les naufragés malgaches ainsi?
  4. Après la lecture du premier chapitre: Qui parle? Que lui est-il arrivé? Que peux-tu dire du contexte dans lequel se déroule le récit? Les illustrations te laissent-elles deviner l’époque?
  5. Combien de temps après les événements du récit Tsimiavo raconte-t-elle son histoire?
  6. Que peux-tu dire des illustrations? Pourquoi certaines illustrations sont-elles en couleur et d’autres en noir et blanc?
  7. Apprends-en plus sur la traite négrière. Situe sur une carte l’île Maurice, Madagascar et l’île de Tromelin.
  8. Développe ton empathie: comment aurais-tu réagi si tu avais été à la place de Tsimiavo?
  9. Penses-tu qu’une telle histoire pourrait arriver encore aujourd’hui? Pourquoi ou pourquoi pas?
  10. Fais une recherche à la bibliothèque sur les îles inhabitées du monde.
  11. Fais une recherche à la bibliothèque sur la culture malgache.
  12. Vrai ou Faux? Les Blancs ont promis aux Noirs de les ramener en France s’ils les aident à construire une pirogue.
  13. Fais un résumé de chacun des chapitres. Note et trouve la définition des mots que tu ne comprend pas.
  14. Pourquoi, même sur une île déserte coupée du monde, les Blancs refusent-ils de partager leurs ressources avec les Malgaches? Quelle aurait été un meilleur comportement?
  15. Comment est-ce que le racisme était-il érigé en système à l’époque où le bateau fait naufrage? Pourquoi s’agit-il de racisme? Pourquoi s’agit-il d’un système? Quelles en sont les répercussions?
  16. À la fin du récit, les 8 survivants sont déclarés libres par les Français. À ton avis, qu’est-ce que la liberté? Qui décide qui est libre et qui ne l’est pas? Les naufragés étaient-ils libres sur leur île?
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Les Robinsons de l’île de Tromelin: L’histoire vraie de Tsimiavo
AUTEUR(S)
: Alexandrine Civard-Racinais & Aline Bureau
ÉDITION: Belin Jeunesse, 2016 / 2021
ISBN: 9782701198903 
/ 9791035802622
PRIX: 9,95$
10 ANS ET PLUS

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Catfish: le voyage d’un esclave vers la liberté, ou encore Coton Blues, deux albums sur la traite négrière. Essayez aussi Aïna, Lalatiana et Alisoa vivent à Madagascar.

Kadogo

Pour ses onze ans, Gabriel reçoit une kalachnikov en cadeau. Sans l’avoir voulu, il va devenir un enfant soldat. Ce livre, qui évoque l’enrôlement d’un enfant de 11 ans, illustre le combat qu’Amnesty International mène pour mettre un terme au drame de l’enrôlement d’enfants soldats.

Ce sont d’abord les illustrations qui ont attiré mon œil vers ce livre: Joël Alessandra maîtrise l’aquarelle et les ombrages, et ses traits évoquent une certaine urgence et une liberté qui contrastent avec le propos de l’album. Né à Marseille, il a notamment été directeur artistique à Djibouti en Afrique de 1989 à 1991.

« Kadogo », le titre de l’album, désigne l’enfant soldat en langue swahili, mais à l’origine il veut dire « encore petit ». Lorsque Gabriel recevra une kalachnikov en cadeau, c’est toute sa vie qui sera dorénavant intimement liée à cette arme. De la naïve excitation d’avoir reçu ce qu’il perçoit d’abord comme un jouet, Gabriel ne réalisera que plus tard qu’on s’attend de lui à ce qu’il fasse davantage que de faire semblant. Il sera réveillé en pleine nuit par son oncle et conduit dans un endroit inconnu à l’arrière d’un vieux véhicule tout terrain, entassé au milieu de dizaines d’autres garçons comme lui, luttant contre « ses larmes de petit garçon ».

Le texte d’Ingrid Chabbert traduisent toute la détresse, l’incompréhension et la douleur ressentie par Gabriel. On en sait très peu sur les parents du garçon: il semble avoir été élevé par son oncle et sa tante. Lorsqu’il arrivera au camp d’entraînement à la guérilla, on ne parlera pas non plus des sévices et traumatismes qu’il aurait pu subir. On vit avec Gabriel ses premiers instants de perte de l’innocence: ne pas tout comprendre, rechercher des modèles chez les autres garçons plus âgés, avoir mal au bras d’avoir trop tiré, s’ennuyer de ses petits frères restés à la maison et réaliser qu’il ne pourra pas les prévenir de ce qui les attend, sentir le sang encore chaud de sa première victime couler sur ses orteils.

L’histoire se termine par la fuite de Gabriel, abandonnant sa carabine derrière lui. On ne sait pas ce qui lui est arrivé. A-t-il été abattu sur le champ par les superviseurs du camp? A-t-il réussi à partir sans se faire repérer? Est-il retourné chez lui? S’est-il perdu avant d’avoir pu retrouver les siens? Cette fin ouverte permet d’avoir de bonnes discussions en groupe après la lecture, pourquoi pas en milieu scolaire avec des élèves de 3e cycle. En toute fin d’album vient une page signée Amnesty International sur l’enrôlement d’enfants soldats et des solutions proposées par des ONG pour que cela cesse.

« Kadogo » est un livre très dur à lire, mais aussi très beau et nécessaire. Recommandé!

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Kadogo
AUTEUR(S) : Ingrid Chabbert , Joël Alessandra 
ÉDITIONDes ronds dans l’O, 2017
ISBN: 9782374180298
PRIX: 25,95$
10 ans et plus

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Mama Miti la mère des arbres, Ailleurs et Où es-tu Iemanjá?, trois livres jeunesse publiés en collaboration avec Amnesty International.

Les règles de l’amitié

Un jour, Sasha, la nouvelle de l’école, qui était jusque-là tenue à l’écart, se voit couverte de honte car son pantalon est taché par ses toutes premières règles. Soutenue par trois bonnes amies qui se connaissent depuis longtemps et partagent leurs expériences, Sasha est initiée à ce nouvel aspect de sa vie intime. Une bande dessinée sur le vécu des menstruations sur fond d’engagement féministe.

Oui! Plus de bandes dessinées sur les menstruations pour les jeunes! Plus de BD féministes! Plus de livres jeunesse qui normalisent les règles et fracassent les tabous entourant la puberté féminine! #SangTabou

J’aime beaucoup les bandes dessinées réalistes, les récits scolaires et les histoires féministes. Dans Les règles de l’amitié, il y a les trois! On y rencontre une préadolescente, petite et sans formes contrairement à ses amies, et qui va avoir ses premières règles à l’école. Alors que certains élèves se moqueront d’elle (même des filles!), une bande d’amis la prendra sous son aile pour lui expliquer les changements qui se produisent dans son corps, pour la rassurer, l’aider à se laver (oui, parce qu’elle se promenait à l’école avec son pantalon taché). Les quatre jeunes filles deviendront meilleures amis.

Elles vont partager leurs expériences et lui apprendre ce qu’elle doit connaître sur les menstruations : comment mettre un tampon, la gestion de la douleur, la famille, les non-dits et les tabous. Au départ, j’avais espéré une histoire à 4 voix, mais c’est surtout le point de vue d’Abby, une ado rousse (je suppose, c’est du moins comme cela que je l’ai imaginée), s’insurge notamment de l’indisponibilité des serviettes au collège. Abby en fera son cheval de bataille, risquant au passage de perdre ses amies par manque d’empathie.

Brit est une jeune adolescente noire, grosse, qui souffre beaucoup de crampes menstruelles. À travers son vécu, on apprend que les règles diffèrent entre les femmes, que les crampes sont communes et doivent être prises au sérieux, et que l’endométriose existe.

Les quatre amies sont féministes, lisent Jane Eyre de Charlotte Brontë, bloguent sur les enjeux qui touchent les femmes, militent et n’ont pas peur de prendre leur place. On retrouve des extrait du blogue d’Abby dans le livre, notamment des listes des héroïnes qui se sont battues pour le droit des femmes: Eleanor Roosevelt, Coretta Scott King, Gloria Steinem, Maya Angelou, Malala Yousafzai, etc. À la fin de la bande dessinée, il y a un petit « guide des règles » où les autrices parlent sans tabou des menstruations et de l’activisme menstruel. J’ai adoré et je vous recommande chaudement cette BD (aux filles ET aux garçons!… car oui, les garçons aussi doivent connaître les menstruations: ça touche la moitié de l’humanité!)

Les règles de l’amitié
AUTEUR(S):  Lily Williams & Karen Schneemann 
ÉDITION: Éditions Jungle, 2020
ISBN: 9782822231503
PRIX: 29,95$
10 ans et plus

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être C’est ta vie!: L’encyclopédie qui parle d’amour et d’amitié aux enfants. Essayez aussi Les règles, quel aventure!, un documentaire pour la jeunesse sur les menstruations, ou Cher corps, je t’aime, un album qui célèbre la diversité corporelle.