Magic Charly (tome 1): L’apprenti

On peut avoir un chat doué de capacités hors du commun et tout ignorer de l’existence des magiciers. C’est le cas de Charly Vernier, jusqu’à ce qu’il découvre que sa grand-mère pourrait être un membre éminent de cette société.Mais elle court un grave danger. S’il veut la sauver – et se sauver lui-même -, Charly n’a pas le choix, il lui faut devenir apprenti magicier. Bienvenue dans le monde ensorcelant de magic Charly !

Beignets de prédiction, grimoires volants, serpillière enchantée et pilleur d’âmes… Le monde merveilleux créé par Audrey Alwett est riche et complètement imprévisible. Le personnage principal est Charly, un garçon noir, dont la grand-mère est atteinte d’une mystérieuse et soudaine amnésie. Pour la sauver et lui venir en aide, Charly découvrira le monde magique situé juste à la lisière du nôtre.

La représentation de ce personnage principal noir est positive puisque Charly est un garçon qui n’est pas réduit à sa couleur de peau. On le mentionne au passage, comme on mentionnerai toute autre description physique, en page 14: « Il passa une main incertaine dans ses cheveux crépus et mouilla ses yeux pour donne l’impression qu’ils étaient réveillés. Puis il redressa la tête et tenta un sourire dynamique. Ce fut plutôt efficace, mais uniquement parce qu’il était expert en sourire. » Charly n’est pas malheureux de son identité raciale et dans le roman, cette identité ne rend pas son existence difficile. Toutefois, l’autrice (blanche) fait preuve d’une sensibilité raciale lorsqu’elle mentionne tout de même qu’être noir amène son lot de racisme ordinaire, comme lors de ce passage où son amie Sapotille reproche à Charly de manquer d’autorité alors que ce dernière avait du mal à se montrer ferme en face de serpillières enchantées:

– C’est pas permis de manque d’autorité à ce point! Avec tous les avantages que tu as… je veux dire, tu es super grand, super musclé et tu te laisses faire comme une chiffe. Et même par une chiffe, ce qui est encore pire!
Charly était lassé de sa propre médiocrité, mais il n’était pas prêt à tout laisser passer:
– Je suis un grand Noir costaud alors je suis supposé être une brute, c’est ça?
– Non, ce n’est pas ce que je…
– Au cas où personne ne l’aurait remarqué, ça ne me plaît pas d’impressionner les gens! Je n’aime pas le regard méfiant qu’on me lance quand je passe à moins d’un mètre de quelqu’un comme si j’allais lui cogner dessus. Je n’aime pas que la fille que j’ai failli percuter me regarde comme si je l’avais fait exprès. Ou qu’elle s’imagine que je lui ai tiré les cheveux, juste parce que ses préjugés lui disent que c’est forcément moi le coupable! La violence, ce n’est pas mon truc. L’autorité non plus. je n’aime pas… forcer les gens à faire des choses contre leur gré. Et les serpillières non plus, d’accord? » (p.161)

Ce roman de plus de 400 pages plaira aux bons lecteurs amateurs de récits fantastiques!

Magic Charly, 1: L’apprenti
AUTEUR(S) : Audrey Alwett 
ÉDITION: Gallimard Jeunesse, 2019
ISBN: 9782075121453
PRIX: 27,95$
11 ans et plus

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être le deuxième tome de la série, Bienvenue à Saint-Fouettard. Essayez aussi Akata Witch, un roman fantastique, ou Entre Chiens et loups, un roman de science-fiction pour adolescents.

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Sorcière vaudou

Morane est intriguée par l’arrivée de sa nouvelle voisine haïtienne. Une aura de mystère semble l’entourer, car des phénomènes étranges ont lieu en sa présence. Elle la soupçonne d’être une sorcière, prête à leur jeter des mauvais sorts.

Ouf. Par où commencer? Avant même d’ouvrir le livre, déjà, le titre: « Sorcière vaudou ». J’ai beaucoup de mal avec cette association commune entre vaudou et sorcellerie. Toute religion est faite de croyances et de gestes qui échappent à toute explication scientifique. Ça n’en fait pas des formes de sorcellerie. Les personnes qui pratiquent le vaudou sont appelées vaudouisantes, pas sorcières. Ensuite, la page couverture ne fait qu’en ajouter une couche en montrant une personne en contre-jour qui semble évoquer un démon ou je ne sais quoi. Deux personnes, blanches, ont l’air effrayées. Le livre est publié dans la collection Frissons chez l’éditeur, Héritage Jeunesse: Oui, parce que le vaudou, c’est un truc de récits d’horreur. Eh, misère… 🤦🏿‍♀️

J’avais déjà lu quelques romans de l’autrice afro-québécoise Dïana Bélice et j’avais chaque fois pu relever des passages et représentations problématiques dans ses livres. J’ai tout de même tenté d’entamer ma lecture de Sorcière vaudou avec un esprit ouvert. Le personnage principal de l’histoire est Amandine, une petite fille noire que l’on rencontre pour la première fois en page 4 où elle est décrit comme étant coiffée d’énormes lulus qui « ressemblent à d’énormes nuages noirs ». C’est une nouvelle élève venue d’Haïti et elle est donc sujette à l’attention et la curiosité de ses camarades. C’est normal. Et même s’il est clair qu’il s’agit d’une petite fille noire, ce n’est pas la couleur de sa peau qui attise les regards, mais simplement le fait qu’elle soit nouvelle. Sauf que dès la page 5, elle monte dans l’autobus scolaire, salue le chauffeur et regarde autour d’elle les passagers déjà installés, et on dit qu’il s’agit d’une attitude étrange (!). Par la suite, des choses tout à fait banales et normales (des sourires, des paroles anodines, des jeux, de la nourriture, une invitation à une fête) seront qualifiées d’étranges, effrayantes, mystérieuses, surnaturelles, maléfiques ou suspectes, et ce, sans aucune raison apparente. L’autrice surfe sur le fait qu’Amandine soit différente des autres (immigrante, nouvelle) pour créer une aura effrayante autour d’elle tout au long du roman. Pourtant, c’est bien la base de la xénophobie: ce qui est étranger et différent fait peur. J’ai trouvé ça vraiment maladroit qu’on utilise la différence ethnique et raciale pour en faire un récit d’horreur.

Après, j’ai vraiment senti que l’autrice ne s’adressait pas à moi en tant que lectrice noire. Ce qui est supposé faire peur est en réalité pour moi des choses familières. Par exemple, du riz collé accompagné de lambi, un délicieux plat haïtien, est comparé à des vers de terre pour faire peur au lecteur. On dit d’Amandine et de sa famille qu’ils pratiquent de la magie noire alors qu’ils sont simplement vaudouisants. Les vieux grands-parents d’Amandine, parce qu’ils ont le teint sombre et sont âgés, sont comparés à des zombies effrayants. Un membre de la famille d’Amandine, « aussi foncé que la nuit » sourit de ses dents blanches et les deux camarades blancs d’Amandine frissonnent (p.34). Dans quel monde est-ce que des personnes normales qui ressemblent aux membres de ma famille doivent-ils me faire peur?? J’ai vraiment senti que ce roman était écrit d’abord et avant tout pour le lectorat blanc.

Au milieu de l’histoire, les deux camarades blancs d’Amandine vont faire des recherches sur la magie noire et, bien sûr, vont tomber sur le vaudou. Ils en concluront que la famille d’Amandine sont « des sorciers vaudous! Comme dans les films d’horreur! » (p. 63). Et on aura bien sûr droit au passage sur la poupée utilisée pour jeter des sorts maléfiques.

À la fin de l’histoire, les deux camarades blancs d’Amandine confronteront cette dernière et elle leur expliquera tout ce qu’ils avaient mal interprété. Ses jeux dans la cours d’école étaient en réalité une célébration pour remercier la vie de ses bienfaits; les os dans sa boîte à lunch étaient simplement les restes de son repas; les « zombies » chez elle étaient ses grands-parents; et il n’y avait aucun lien entre la poupée aux cheveux coupés et la nouvelle coiffure d’une élève de l’école. Mais même si on mentionne que « lorsque les gens ne connaiss[ent] pas quelque chose, ça fait peur […], quelques fois ils s’inventent des histoires auxquelles ils préfèrent croire au lieu de s’informer. » (p.93), ce n’est pas suffisant pour passer sous silence les 92 pages précédentes bourrées de clichés et de stéréotypes. Dommage. Je n’ai vraiment pas aimé ce roman.

Dïana Bélice est une autrice québécoise d’origine haïtienne.

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Sorcière Vaudou
AUTEUR(S): Dïana Bélice
ÉDITION: Héritage jeunesse, 2020
ISBN: 9782898121845
PRIX: 10,95$
8 ANS ET PLUS

Voici trois autres livres avec des représentations problématiques de personnages noirs: F pour fille: Emma, Zoé: Championne de cas ratés, et Il faut sauver Nikili!

Les Omniscients (tome 1): Phénomènes

Un jour, cinq jeunes New-Yorkais se réveillent dotés du savoir absolu, grâce à l’intervention de créatures divines. L’information se diffuse rapidement et le groupe de génies est mis à l’abri par le FBI. Mais une organisation gouvernementale secrète a pour ambition de les capturer. De leur côté, ils cherchent à comprendre d’où viennent leurs facultés surnaturelles.

Ces derniers temps, j’ai lu pas mal de BD d’urban fantasty: Des récits qui se déroulent dans une grande ville et où il se produit des phénomènes surnaturels. Le genre me plait toujours autant que Les Omniscients de fait pas exception! L’un des protagonistes de l’histoire est un garçon noir qui se prénomme Albert. Vif d’esprit, gentil, toujours un sourire au lèvres, j’ai beaucoup aimé ce personnage tout aussi intelligent que naïf. Il arrive tôt dans le récit (dès la page 8), et demeure actif tout au long de se premier tome. On est bien loin du « je-vais-mettre-un-personnage-noir-pour-faire-joli-et-puis-comme-ça-tout-le-monde-est-content ». Au contraire, Albert est un personnage développé avec un backstory. On sait par exemple que ses parents sont des avocats parmi les plus réputés de New York et que même avant de recevoir le don d’omniscience, il était déjà un élève surdoué qui a sauté des classes.

Le rythme de cette bande dessinée est bien soutenu et démarre fort: dès les premières pages, c’est un feu roulant de péripéties qui s’enchaînent. Pour un premier tome, les auteurs ont bien réussi à aller au-delà d’une simple présentation des personnages et du contexte. J’ai bien hâte de connaître la suite de la série!

Les Omniscients, 1: Phénomènes
AUTEUR(S) : Vincent Dugomier & Renata Castellani 
ÉDITION: Le Lombard, 2020
ISBN: 9782803674961
21,95$
10 ans et plus

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Légendes Zurbaines ou Les Chroniques d’Under York, une bande dessinée fantastique qui se déroule à New York. Essayez aussi Les enfants d’ailleurs.

Akata Witch

Mon nom est Sunny Nwazue et je perturbe les gens. Je suis nigériane de sang, américaine de naissance et albinos de peau. Être albinos fait du soleil mon ennemi. C’est pour ça que je n’ai jamais pu jouer au foot, alors que je suis douée. Je ne pouvais le faire que la nuit. Bien sûr, tout ça, c’était avant cette fameuse après-midi avec Chichi et Orlu, quand tout a changé. Maintenant que je regarde en arrière, je vois bien qu’il y avait eu des signes avant-coureurs. Ce n’est pas comme si des choses bizarres ne m’étaient pas déjà arrivées. Rien n’aurait pourtant pu me préparer à ma véritable nature de Léopard. Être un Léopard, c’est posséder d’immenses pouvoirs. Si j’avais su en les acceptant qu’il me faudrait sauver le monde, j’y aurais peut-être réfléchi à deux fois. Mais, ce que j’ignorais alors, c’est que je ne pouvais pas empêcher mon destin de s’accomplir.

Il y a quelque chose de spécial dans ce roman. Il a eu une très belle couverture médiatique, est écrit par une personne noire et a pour personnages principaux presque qu’exclusivement des noirs. C’est assez rare de retrouver ces trois éléments ensemble pour un seul livre, jeunesse en plus! Évidement, je ne pouvais pas passer à côté. Déjà, quand j’ai repéré ce livre à la librairie, la page couverture m’a beaucoup plu. Cet autobus coloré, ces couleurs éclatantes et bien entendu, cette jeune fille, cheveux afro, habillée à l’occidentale, qui semble avoir tellement de pouvoir. J’ai été intriguée. La quatrième de couverture pose clairement les bases du récit et du personnage principal:

Mon nom est Sunny Nwazue et je perturbe les gens. Je suis nigériane de sang, américaine de naissance et albinos de peau. Contrairement au reste de ma famille, j’ai des cheveux jaune paille, la peau couleur « lait tourné » et des yeux noisette. Être albinos fait du soleil mon ennemi. Ma peau brûle tellement vite que j’ai parfois l’impression d’être inflammable.

Cette différence sera la force de Sunny car c’est grâce à elle qu’elle développera des pouvoirs. J’ai aimé ce message sous-jacent au récit: nos différences sont nos forces, c’est en elles que nous devons puiser courage, fierté et énergie.

Ce qui rend ce roman spécial également, c’est la manière qu’a l’auteure de rendre visible le blackness, par opposition à la blanchité qui est souvent posée comme étant la norme, le standard auquel il faut se référer en littérature jeunesse. Ce sont des choses toutes bêtes, mais qui font partie de mon quotidien et du quotidien de nombreuses personnes racisées, mais que je ne retrouve pas ailleurs dans mes lectures. Des choses comme des personnages qui tchouipent, une mythologie africaine plutôt que grecque ou romaine, des langues non occidentales, une couleur de peau normalisée. Vous en connaissez beaucoup, des livres jeunesse dans lesquels les personnages tchouipent? Pas moi. Pourtant, c’est fou, quand on y pense, ça fait tellement partie de ma culture, de mon quotidien, et moi qui lit énormément, je le fois jamais dans mes lectures. Ça fait réfléchir…

Ce roman est bourré de fantaisie, de magie, de mystère, mais sans que ce soit à travers le « white gaze » (le regard blanc, en quelque sorte). Car si oui, on y parle de magie, on est bien loin des chapeaux pointus des sorcières au nez crochu, ou encore des chamans menaçants. On découvre tous les éléments magiques et nigérians des yeux de Sunny qui doit s’adapter à la culture après avoir vécu longtemps aux États-Unis. Les lecteurs blancs pourraient être déstabilisés au début, mais seront rassurés de constater que Sunny peut aussi s’étonner des mêmes choses qu’eux. Même si Sunny parle l’igbo, elle a toujours l’accent américain et se sent parfois comme une étrangère. Son parcours de vie est intéressant: Noire, mais albinos, Nigériane d’origine, mais américaine de culture: qui est-elle? Au-delà de la quête magique, c’est l’histoire de Sunny et sa découverte de soi qui m’a interpellé dans ce roman.

On a beaucoup comparé ce roman à la saga d’Harry Potter: un trio d’amis dans l’enfance (même s’ils sont quatre avec l’arrivée de Sunny), des guides adultes qui agissent comme des professeurs, des méchants à combattre, un personnage principal prédestiné à faire de grandes choses, des niveaux à atteindre, le devoir de se choisir un couteau à juju (une baguette magique dans Harry Potter), un monde magique inconnu des gens normaux, des esprits qui rappellent les patronus de l’univers de J.K. Rowling… Oui, mais en même temps, je me dis, bien sûr qu’on va comparer à Harry Potter, les référents sont blancs (auteure blanche et personnages blancs) et ce sont ces référents que nous avons en tout temps, tout moment en occident. C’est comme si on essayait de comprendre Akata Witch, de le catégoriser, de se dire « Je comprends pas trop ce livre, mais si tu me dis que c’est comme Harry Potter, ah!, là, je m’y retrouve ». J’aime voir Akata Witch comme une histoire unique en soi, pas une pâle copie « racisée » d’Harry Potter. Je veux dire… c’est un roman de fantasy, bien sûr qu’on va retrouver des tropes narratives spécifiques à ce genre littéraire. C’est trop facile de tomber dans la comparaison, à mon avis. Au contraire, je trouve que l’auteure Nnedi Okorafor a trouvé une manière rafraîchissante d’insuffler un vent de nouveauté au genre.

J’ai aimé le funky train et les chittims (ces pièces de monnaies magiques), et aussi le mystérieux personnage de Black Hat Otokoto qui ajoute une bonne dose de suspense au récit. Même si les personnages sont jeunes (12 ans pour Sunny), enfants et adultes aimeront ce roman initiatique à l’univers riche et aux personnages bien campés, qui mélange fantasy, action et critique de la société occidentale.

Coup de cœur!

* Prix Amelia Bloomer Book List du American Library Association en 2012.

* Prix des libraires du Québec 2021.

Nnedi Okorafor est une autrice américaine d’origine Nigériane.

Akata Witch (tome 1)
AUTEUR(S) : Nnedi Okorafor
ÉDITIONÉcole des loisirs, 2020
ISBN: 9782211304344
PRIX: 16,99$
12 ans et plus

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être le tome 2 de la série, Akata Warrior. Essayez aussi La promesse du fleuve, un roman initiatique de fantasy, et Les Belles, un roman avec des éléments de science-fiction écrit par une autrice racisée.

Ariana et Murmure

Aujourd’hui, Ariana a découvert une araignée rouge et un lézard vert émeraude dans le dortoir Diamant ! Mais bientôt, d’autres animaux envahissent l’école des Licornes. Pourquoi quittent-ils la forêt ? Ariana et ses amies doivent vite trouver une solution pour leur venir en aide !

En commençant ma lecture de ce roman publié dans la collection La Bibliothèque Rose de chez Hachette, je m’attendais à une histoire hyper-genrée et de mauvaise qualité, mais en fait, c’était plutôt sympa comme lecture. Alors, oui, l’académie que fréquente l’héroïne s’appelle « Diamant » (il fallait bien que ça brille quelque part!). Mais après, une fois qu’on décide de se laisser porter par l’histoire, c’est plutôt chouette! Et les licornes, c’est vraiment cool (oui, j’ai parfois encore 9 ans dans ma tête)! La licorne d’Ariana, Murmure, est en apprentissage et il deviendra très proche d’elle au cours de l’histoire. D’ailleurs, une mèche de cheveux d’Ariana deviendra de la même couleur que la crinière de Murmure lorsqu’ils deviendront enfin connectés. La symbolique autour de la mèche de cheveux m’a plu.

Plutôt que d’apprendre aux filles à être fragiles et mignonnes, le roman Ariana et Murmure montre aux lectrices (et aux lecteurs!) qu’il ne faut pas avoir peur de se salir et de partir à l’aventure. D’ailleurs, Ariana vaincra sa peur de se salir pour aider les animaux en danger. Un jour, elle se sentira vexée qu’une camarade de l’académie ait dessiné un portrait d’elle se moquant gentiment de sa peur des araignées. Déjà qu’elle avait du mal à s’intégrer au groupe, cela l’affectera beaucoup. Puis, vers la fin de l’histoire, elle comprendra que les taquineries n’étaient pas destinées à vexer. C’est un bel apprentissage.

La couleur de la peau d’Ariana ne change absolument rien au récit et sa présence offre une belle représentation d’une fille noire en littérature jeunesse. J’ai aussi aimé qu’Ariana ait le teint très foncé, car on voit encore trop peu de personnages au teint foncé en littérature jeunesse. Souvent, on privilégie les peaux brunes et métisses plutôt que marron. Chapeau! 

Il n’est pas nécessaire d’avoir lu les tomes 1 à 7 de L’école des licornes pour lire ce huitième tome. Chaque roman de la série peut se lire de manière indépendante. À découvrir!

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L’école des licornes, 8: Ariana et Murmure
AUTEUR(S):  Jessica Love 
ÉDITION: École des loisirs, 2020
ISBN: 9782017105060
PRIX: 8,95$
8 à 10 ans

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Chloé, la fée des topazes, Princesse Rosa et le mystère de la baleine, ou Sarah et Sac-à-puces, 3 trois romans pour les enfants de 8 à 10 ans.

Les chroniques d’Under York (tome 1): La malédiction

Situé dans les profondeurs de New York, l’Under York est un lieu mystérieux où règnent cinq clans de sorciers issus des principales communautés du pays, qui pratiquent une magie aussi puissante que dangereuse. Bannis depuis toujours de la surface, ils influent en secret sur la vie de ses habitants. Alison Walker, jeune peintre prometteuse, a fui cet univers. Mais voilà que le passé la rattrape.

Un scénario prenant, des personnages crédibles et des dessins dignes des canons des univers Marvel et DC Comics, Les Chroniques d’Under York a tout pour plaire. Le scénariste belge Sylvain Runberg y raconte l’histoire d’Alison, une jeune sorcière qui veut oublier d’où elle vient pour se consacrer à sa passion (l’art), le tout dans un style d’Urban Fantasy fascinant. Alison est une fille métisse de 22 ans dont les ancêtres béninois ont été amenés de force aux États-Unis durant la traite négrière au XVIIIe siècle. Sa ville, New York, est celle de personnes venus de partout dans le monde, et on retrouve beaucoup ce côté cosmopolite dans le récit. J’ai été transportée hors de mon quotidien en lisant cette bande dessinée: les sociétés de l’Under York divisées en 5 grands clans, les mythes, la vie sous-terraine des mole people… Tout y est pour faire oublier le quotidien. Le monde créé par Runberg est très riche! Des clans aux codes de vie très stricts, issues des principales communautés du pays (africaine, irlandaise, chinoise, mexicaine et amérindienne), pratiquent une magie aussi puissante que dangereuse.

Alison est fougueuse et courageuse. Elle est aussi très sensible aux enjeux féministes et dénonce le sexisme qui existe dans l’Under York. À travers les pages de son journal, elle se dévoile et nous raconte ses aventures, ses défis et ses problèmes. J’ai aimé pouvoir le lire entre chaque chapitre. D’ailleurs, ce premier tome se termine sur une note plutôt mystérieuse qui donne le goût de continuer la série.

Au dessin, on a l’artiste Mirka Andolfo, connue pour avoir illustré notamment une série de Harley Quinn chez DC comics. Sans surprise, son style ressemble beaucoup à l’esthétique que l’on retrouve énormément en ce moment dans l’univers des comics américains. Andolfo a réussi à créer un univers sombre et glauque qui cadre parfaitement avec l’histoire d’Under York. Et franchement, on ne peut pas passer à côté de la qualité des couleurs et de l’encrage de Piky Hamilton et Carmelo Zagaria: les ombres, les traits et la création d’atmosphère tapent dans le mille à chaque planche. Juste un petit bémol au niveau de la couleur de peau des personnages noirs: de cases en cases, la couleur change parfois beaucoup, tellement qu’il faut un moment pour se dire: « Ah, ouais, en fait, c’est le même personnage que tout à l’heure ». Aussi, les tons de brun et beige utilisés sont parfois blafardes et manquent de punch.

Bref, voilà une bande dessinées pour les ados et jeunes adultes où se côtoient fantasy, diversité, égalité et action. Une série en trois tomes publiée chez Glénat, qui plaira aux ados! À découvrir!

Les chroniques d’Under York: La malédiction
AUTEUR(S):  Sylvain Runberg & Mirka Andolfo
ÉDITION: Glénat, 2019
ISBN: 9782344032299 
PRIX: 27,95$
14 ans et plus

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être le deuxième tome de cette trilogie, intitulé Possession. Essayez aussi Si on était… et Les quatre soeur March, deux bandes dessinées pour les adolescents avec des personnages issus de la diversité raciale.

Les princesses magiques (tome 3): La lune mystérieuse

la lune mystérieuse princesses magiquesLors d’une tournée dans la savane avec Valentin, le garde-chasse, Lulu, princesse d’Undala, s’est rendue compte de la disparition de nombreux animaux. De retour au palais, grâce aux bagues magiques, elle appelle à la rescousse ses amies les princesses Yaminta, Clarabelle et Emilie. Un roman à la couverture pailletée.

Il faut arrêter avec cette représentation des personnages noires vivant dans la savane et ayant des animaux sauvages comme animaux de compagnie. Est-ce qu’on accepterait que les Québécois soient représentés encore et encore comme des colons vivant dans des igloos, tuant des animaux à mains nues pour se nourrir et s’habiller, ou comme des bûcherons ne sachant pas s’exprimer correctement et ayant tous 14-15 frères et sœurs? Je ne crois pas, non. Alors, pourquoi est-ce que ça passe pour les personnes noires? Ugh.

Bon, après, bonjour les paillettes, diadèmes, carrosses et joyaux. Pour faire de l’escalade, Lulu porte une robe dorée. Et même si elle est capable de faire la roue sans l’aide du prince d’à-côté, elle n’est pas libre de son temps: entre les injonctions portées sur elle par la royauté et diverses règles démodées de bienséance qu’elle doit respecter en tant que princesse, Lulu ne semble pas vraiment maître de son destin.

Parce qu’elle aime grimper aux arbres, Lulu sera comparée à une lionne et traitée de sauvage. Ce à quoi la fillette répondra, les yeux pétillants : « Il n’y a rien de plus sauvage qu’une princesse magique! » (p.107). Pitié. 😬 

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Les princesses magiques
AUTEUR(S)
: Paula Harrison Bouton acheter petit
ÉDITION: Pocket, 2018
ISBN: 9782266280587
PRIX: 8,95$
9 à 12 ans

 

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La fée scientifique

La fée scientifique

Esther la fée ne croit pas en la magie et perçoit le monde différemment de ses amies. Elle doit déployer de grands efforts pour convaincre ses amies fées de l’importance de la science. Lorsque les fées essaient de sauver un arbre mourant en faisant une danse mystique, Esther décide de trouver une solution logique. Grâce à la méthode scientifique, elle déduit que l’arbre a besoin de la lumière du soleil pour survivre. Esther a réussi à sauver l’arbre, mais sera-t-elle capable de changer l’opinion de ses amies fées?

J’aurais aimé aimer ce livre, mais cela n’a pas été le cas. J’ai trouvé le texte plutôt inintéressant et on sent beaucoup que l’auteure veut faire passer un message: « Ne croyez pas aveuglément! Soyez curieux! La science vaut mieux que les croyances sans fondements! » J’ai aussi trouvé ça un peu boiteux qu’on utilise des personnages magiques (les fées) pour parler de science. On dirait bien une tentative de faciliter la mise en marché du livre en tentant d’attirer l’œil des enfants.

La position d’Esther manquait aussi de nuances: Elle n’aime pas du tout la magie, et c’est sans équivoque. Pourtant, elle EST magique! On en retient que ce qui est magique n’est pas désirable, souhaitable ou utile. Mais on a tous besoin d’un peu de magie dans la vie, non? Et d’imagination!

Point positif: on y apprend les étapes de la démarche scientifique et on incite les enfants à poser des questions, à tenter de trouver des réponses à celles-ci par le biais d’hypothèses et d’expérimentation. Ceci constitue la base du développement d’une pensée critique!

La mise en page manque de dynamisme et même si les illustrations sont très belles, le livre m’a plutôt ennuyé. De plus, j’ai eu du mal à cerner à qui ce livre s’adresse. On y parle de concepts assez complexes, mais le format et le ton employé semble viser la petite enfance. Bizarre.

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La fée scientifiqueBouton acheter petit
AUTEUR(S) : Ashley Spires
ÉDITION: Scholastic, 2020
ISBN: 9781443180313
PRIX: 12,99$
6 À 9 ANS

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Les enfants du Bayou

Les enfants du bayou Eva Roussel Isabelle BottierAprès avoir perdu leur maison dans un ouragan, Joshua et son fils Blaise commencent une nouvelle vie dans le bayou. Une aubaine pour leur petite voisine, Liloye, ravie à l’idée de faire de nouveaux amis. Alors que Joshua et Blaise s’habituent tant bien que mal à la drôle de vie du bayou, une étrange créature rôde la nuit. Un loup-garou ? Non, un « rougarou » ! Liloye leur révèle qu’il s’agit de Jimmy, un garçon enfuit de chez lui et qui a fini par devenir un vrai sauvage. Touchés par son histoire, Blaise et Liloye vont tout faire pour ramener Jimmy parmi les siens.

L’un des personnages principaux de cette bande dessinée est Liloye, une jeune fille intrépide et aventureuse coiffée de deux mignons petits choux avec des tresses plaquées (elle porte aussi l’afro parfois). Liloye a été adoptée et on dit que Ovila, sa gardienne, l’a trouvée enroulée dans sa couverture alors qu’elle se promenait dans le bayou. Liloye aime les histoires, mais ce n’est pas dans les livres qu’elle va les chercher. Elle préfère user de son imagination pour inventer les siennes. Liloye est aussi très forte en mathématique et aime être le centre de l’attention. Quand les touristes se pointent, par exemple, elle aime jouer les stars et prend la pose pour eux. Du coup, elle se sent célèbre car des gens du monde entier ont des photos d’elle. Bref, plutôt sympa comme fillette. Je vous dis tout ça parce que juste comme ça, cela semble être une représentation plutôt positive d’une personne noire en littérature jeunesse. Sauf que j’ai réalisé en lisant ce livre qu’on connait le nom des voisins, de ses amis et même de son alligator de compagnie avant de connaître le prénom de Liloye. J’ai trouvé ça bizarre. Je suis même retournée lire le début, au cas où je l’aie manqué. Mais non. Rien. J’ai même été inquiète qu’elle reste sans nom jusqu’à la fin de l’histoire. Difficile de s’attacher à un personnage dont on ne connait même pas le prénom !

Il y a beaucoup d’humour dans cette bande dessinée, par exemple la présence de l’enseignante qui a peur de Gaby, l’alligator de compagnie de Liloye. Les enfants du Bayou n’a pas été pour moi une lecture très marquante. J’ai trouvé que l’histoire manquait d’originalité et le récit m’a un peu ennuyé. Peu plaire aux enfants qui recherchent une bande dessinée pas trop compliquée, avec peu de texte et un vocabulaire facile. enfants du bayou 2enfants du bayou 3

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Les enfants du bayouBouton acheter petit
AUTEUR(S) : Isabelle Bottier & Eva Roussel
ÉDITION: Éditions Jungle, 2018
ISBN: 9782822221702
PRIX: 18, 95$
8 à 11 ans

 

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Vous aimerez peut-être Billie du Bayou: le banjo de Will, un livre jeunesse accompagné de liens internet avec extraits musicaux. Un crocodile à l’école pourrait aussi vous plaire.

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Le planteur et la bague

planteur de la bague ruisseaux d'afrique 2Grâce à sa bague magique, Dossou le planteur obtient tout ce qu’il veut. Alors, Dossou ne travaille plus. Cette situation va-t-elle durer ?

Alors que les illustrations naïves de cet album m’ont charmées malgré leur couleur un peu terne, la typographie choisie, fade, m’a laissée complètement de glace. Le manque d’équilibre dans la mise en page du texte et les images répétitives m’ont également déplu : le texte chevauche quelques fois des éléments importants des illustrations et le manque de contraste entre les deux rend la lecture difficile à certains moments. De plus, certaines pages semblent vides. Il aurait fallu mieux équilibrer le texte et l’image. Ce livre, d’un petit format rectangulaire, a une couverture souple et une reliure brochée somme toute assez fragile.

Ce conte respecte les éléments constitutifs du genre et on y retrouve des animaux anthropomorphisés à qui on prête des comportements humains. Toutefois, certains éléments (par exemple la bague magique) auraient gagné à être mieux introduits dans le récit. Malgré une morale convenable, la chute est mal menée et précipitée. J’aurais tellement aimé apprécier davantage ce livre d’images écrit, illustré et publié en Afrique par des personnes africaines. Cependant, je ne peux me résoudre à prétendre aimer un livre qui m’a déçu. Dommage !

Béatrice Lalinon Gbado est une auteure béninoise.

Béatrice Lalinon Gbado

Auteur(s) / illustrateur(s) : Béatrice Lalinon Gbado & Valère Lalinon
Maison d’édition: Éditions Ruisseaux d’Afrique
Année de publication: 2002
ISBN: 9991997083
Public cible: À partir de 8 ans
Vous aimerez peut-être: Bovi et le miroir, aussi publié aux éditions Ruisseaux d’Afrique.

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