Papa a une nouvelle amoureuse et elle parle anglais. Son fils a mon âge, mais parle anglais lui aussi. Ils viennent de l’Australie. Papa est certain qu’on va bien s’entendre, mais allons-nous nous comprendre ? Sweet, Open, Close, Okay, Frosty, Hi, Honey, Ketchup, Go, Correct, Snap, Crackle, Pop, Stop. Combien de phrases on peut construire avec si peu de mots? Une famille recomposée, une langue à apprivoiser et voilà que le cœur s’agrandit!
Deux choses ont au premier abord attiré mon attention en voyant ce livre chez mon libraire préféré: Le titre rigolo (« Honey et Ketchup? Me semble que ça va pas ensemble! » ai-je pensé) et l’auteur, Jonathan Bécotte, que j’aime beaucoup pour sa poésie du côté ados/jeunes adultes chez Leméac (Maman veut partir et Souffler dans la cassette).
Honey et Ketchup, ce sont les surnoms que se sont donnés deux garçons qui ne parlent pas la même langue et dont les parents sont tombés amoureux. Avec une poésie en prose qui fait avancer le récit plutôt qu’elle ne décrit, ce livre étonne par sa limpidité, par ses jeux de mots, et par son accessibilité. Les illustrations de Sabrina Gendron sont douces et lumineuses. Ce livre est un excellent choix pour une exploitation en milieu scolaire au niveau primaire.
Ketchup est un garçon gentil, adopté en bas âge par un homme blanc. Sa couleur de peau ne change rien au récit et relève surtout du choix créatif de l’illustratrice d’en faire un personnage noir puisque ce n’est pas évoqué dans le texte.
Est-ce que Honey et Ketchup est le meilleur Jonathan Bécotte? Non. Constitue-t-il un excellent livre pour aborder cet auteur pour la première fois pour le lectorat jeunesse? Absolument! À découvrir!
Honey et Ketchup AUTEUR(S): Jonathan Bécotte & Sabrina Gendron ÉDITION: Québec Amérique, 2021 ISBN: 9782764442913 PRIX: 12,95$ 9 ANS et plus
Morane est intriguée par l’arrivée de sa nouvelle voisine haïtienne. Une aura de mystère semble l’entourer, car des phénomènes étranges ont lieu en sa présence. Elle la soupçonne d’être une sorcière, prête à leur jeter des mauvais sorts.
Ouf. Par où commencer? Avant même d’ouvrir le livre, déjà, le titre: « Sorcière vaudou ». J’ai beaucoup de mal avec cette association commune entre vaudou et sorcellerie. Toute religion est faite de croyances et de gestes qui échappent à toute explication scientifique. Ça n’en fait pas des formes de sorcellerie. Les personnes qui pratiquent le vaudou sont appelées vaudouisantes, pas sorcières. Ensuite, la page couverture ne fait qu’en ajouter une couche en montrant une personne en contre-jour qui semble évoquer un démon ou je ne sais quoi. Deux personnes, blanches, ont l’air effrayées. Le livre est publié dans la collection Frissons chez l’éditeur, Héritage Jeunesse: Oui, parce que le vaudou, c’est un truc de récits d’horreur. Eh, misère… 🤦🏿♀️
J’avais déjà lu quelques romans de l’autrice afro-québécoise Dïana Bélice et j’avais chaque fois pu relever des passages et représentations problématiques dans ses livres. J’ai tout de même tenté d’entamer ma lecture de Sorcière vaudou avec un esprit ouvert. Le personnage principal de l’histoire est Amandine, une petite fille noire que l’on rencontre pour la première fois en page 4 où elle est décrit comme étant coiffée d’énormes lulus qui « ressemblent à d’énormes nuages noirs ». C’est une nouvelle élève venue d’Haïti et elle est donc sujette à l’attention et la curiosité de ses camarades. C’est normal. Et même s’il est clair qu’il s’agit d’une petite fille noire, ce n’est pas la couleur de sa peau qui attise les regards, mais simplement le fait qu’elle soit nouvelle. Sauf que dès la page 5, elle monte dans l’autobus scolaire, salue le chauffeur et regarde autour d’elle les passagers déjà installés, et on dit qu’il s’agit d’une attitude étrange (!). Par la suite, des choses tout à fait banales et normales (des sourires, des paroles anodines, des jeux, de la nourriture, une invitation à une fête) seront qualifiées d’étranges, effrayantes, mystérieuses, surnaturelles, maléfiques ou suspectes, et ce, sans aucune raison apparente. L’autrice surfe sur le fait qu’Amandine soit différente des autres (immigrante, nouvelle) pour créer une aura effrayante autour d’elle tout au long du roman. Pourtant, c’est bien la base de la xénophobie: ce qui est étranger et différent fait peur. J’ai trouvé ça vraiment maladroit qu’on utilise la différence ethnique et raciale pour en faire un récit d’horreur.
Après, j’ai vraiment senti que l’autrice ne s’adressait pas à moi en tant que lectrice noire. Ce qui est supposé faire peur est en réalité pour moi des choses familières. Par exemple, du riz collé accompagné de lambi, un délicieux plat haïtien, est comparé à des vers de terre pour faire peur au lecteur. On dit d’Amandine et de sa famille qu’ils pratiquent de la magie noire alors qu’ils sont simplement vaudouisants. Les vieux grands-parents d’Amandine, parce qu’ils ont le teint sombre et sont âgés, sont comparés à des zombies effrayants. Un membre de la famille d’Amandine, « aussi foncé que la nuit » sourit de ses dents blanches et les deux camarades blancs d’Amandine frissonnent (p.34). Dans quel monde est-ce que des personnes normales qui ressemblent aux membres de ma famille doivent-ils me faire peur?? J’ai vraiment senti que ce roman était écrit d’abord et avant tout pour le lectorat blanc.
Au milieu de l’histoire, les deux camarades blancs d’Amandine vont faire des recherches sur la magie noire et, bien sûr, vont tomber sur le vaudou. Ils en concluront que la famille d’Amandine sont « des sorciers vaudous! Comme dans les films d’horreur! » (p. 63). Et on aura bien sûr droit au passage sur la poupée utilisée pour jeter des sorts maléfiques.
À la fin de l’histoire, les deux camarades blancs d’Amandine confronteront cette dernière et elle leur expliquera tout ce qu’ils avaient mal interprété. Ses jeux dans la cours d’école étaient en réalité une célébration pour remercier la vie de ses bienfaits; les os dans sa boîte à lunch étaient simplement les restes de son repas; les « zombies » chez elle étaient ses grands-parents; et il n’y avait aucun lien entre la poupée aux cheveux coupés et la nouvelle coiffure d’une élève de l’école. Mais même si on mentionne que « lorsque les gens ne connaiss[ent] pas quelque chose, ça fait peur […], quelques fois ils s’inventent des histoires auxquelles ils préfèrent croire au lieu de s’informer. » (p.93), ce n’est pas suffisant pour passer sous silence les 92 pages précédentes bourrées de clichés et de stéréotypes. Dommage. Je n’ai vraiment pas aimé ce roman.
Dïana Bélice est une autrice québécoise d’origine haïtienne.
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Sorcière Vaudou AUTEUR(S): Dïana Bélice ÉDITION: Héritage jeunesse, 2020 ISBN: 9782898121845 PRIX: 10,95$ 8 ANS ET PLUS
Hockey et superpouvoirs : deux thèmes qui vont plutôt bien ensemble, n’est-ce pas? Eh bien, détrompez-vous! Lorsque vous ajoutez à cela un scientifique maléfique, les choses peuvent rapidement se compliquer. Heureusement pour eux, les super six ne sont pas seulement talentueux sur la glace! Ces six coéquipiers seront-ils en mesure d’utiliser leurs superpouvoirs afin de combattre le méchant scientifique? Ou devront-ils se rendre en prolongation? Kevin Sylvester, auteur du roman L’équipe épique quasi héroïque : Mission Morve, propose aux jeunes lecteurs une toute nouvelle série de livres basés sur l’humour, l’aventure et le sport!
Déjanté! Éclaté! Deux mots pour décrire ce roman qui sort de l’ordinaire. De la mise en page dynamique au récit loufoque, tout y est pour surprendre, amuser et faire rire. Il y a d’ailleurs beaucoup d’humour dans cette histoire rocambolesque qui mélange hockey, monstres, science, BD, amitié et esprit d’équipe.
L’un des personnages principaux est Karl, un garçon noir qui adore être le centre de l’attention. Gentil et bon ami, il est une personne sur laquelle on peut compter et tente toujours de trouver un compromis pour créer une bonne entente. Sa mère, Pauline Patinage (aussi appelée PM PP😆) est la première ministre du pays! Elle est aussi la cheffe secrète du Conseil Ultrasecret en Matière de Préparation aux Menaces et Périls Mondiaux Incontestés (CUPMPM pour faire court – le I est muet. 😂)
Petite déception en page 155 où on mentionne que Karl, pris en train de faire une bêtise, « a les joues rouges », alors qu’il est clairement un garçon noir. Un bon roman tout de même pour les enfants qui n’aiment pas particulièrement lire, ou pour les amateurs d’histoires drôles et loufoques pleines d’action.
Les super six hockey : Mise au jeu glaciale AUTEUR(S): Kevin Sylvester ÉDITION: Scholastic, 2020 ISBN: 9781443163507 PRIX: 11,99$ 8 à 12 ans
À quoi ressemblait la communauté ? Des maisons aux couleurs vives, logées dans la colline ; des champs où les garçons jouaient au football ; un étang où les enfants faisaient du radeau; la pêche en abondance; des immenses feux de joie… La jeune fille sort de sa rêverie ; elle visite le parc historique actuel et le cadran solaire où le nom de son arrière-grand mère est gravé dans la pierre, et célèbre un jour d’été aux retrouvailles annuelles d’Africville.
Je suis toujours enthousiasmée lorsque des éditeurs francophones publient des livres jeunesse sur l’histoire de la présence noire au Canada. Africville s’intéresse à l’histoire de cette communauté urbaine située près d’Halifax qui a été détruite par le gouvernement en 1960, après plusieurs années d’abandon et d’irrespect des autorités canadiennes. La Nouvelle-Écosse a été terre d’accueil pour plusieurs Noir.e.s fuyant l’esclavage et on parle que trop peu des Noirs Canadiens aujourd’hui.
J’ai apprécié l’angle choisi par les autrices: présenter Africville comme elle l’était dans les yeux de ses habitants, plutôt que comme une communauté déchue. Malgré les difficultés, les habitants d’Aricville se sont organisés, ont bâti des maisons, ont vécu somme toute heureux, et c’est leur quotidien qui nous est raconté avec poésie et douceur: L’arôme de tarte aux pommes, les baies délicieuses au sommet de la colline, les maisons colorées comme un arc-en-ciel, les levers de soleil pourpres, les après-midi à l’église, etc.
Cet album est particulièrement bien adapté au milieu scolaire car il offre plusieurs pistes d’exploitation. En français, on peut travailler la poésie. On peut aussi travailler le champ lexical sur la communauté: quels mots sont utilisés pour rendre vivante Africville? En histoire, on peut discuter du parcours des loyalistes noirs Canadiens et de la présence noire au Canada. En univers social, on peut travailler des concepts comme le privilège ou l’importance de la communauté.
En fin d’album, on retrouve des photos d’archive et de l’information sur Africville. Voici ce qu’on peut notamment y lire: « Pendant 150 ans, Africville était une communauté dynamique et autonome qui prospérait en dépit des obstacles. […] À mesure que la ville de Halifax a grandi, Africville est devenue un endroit privilégié pour y établir toutes sortes d’installations indésirables – un abattoir, un hôpital pour maladies infectieuses et même le dépotoir municipal. […] En 2002, Africville a été déclarée lieu historique national du Canada. » On y retrouve aussi une courte bibliographie pour obtenir de plus amples renseignements sur Africville. Fortement recommandé!
Coup de cœur!
Je remercie les éditions Bouton d’Or d’Acadie de m’avoir offert ce livre.
Shauntay Grant est une autrice noire Canadienne, descendante de Loyalistes noirs immigrés au Canada il y a 200 ans.
Eva Campbell est une illustratrice Canadienne d’origine ghanéenne. Elle habite en Colombie-Britannique.
Africville AUTEUR(S) : Shauntay Grant & Eva Campbell ÉDITION: Bouton d’or d’acadie, 2019 ISBN: 9782897502188 PRIX: 14,95$ 4 ans et plus
Plusieurs pans de la vie de Mateus Da Costa demeurent un mystère. Son nom revient à quelques reprises dans les archives, puis, vers la fin de sa vie, les historiens perdent complètement sa trace. Samuel de Champlain a francisé son nom et l’appelle Mathieu de Coste. Une chose cependant est sure : Da Costa est le premier navigateur et interprète d’origine africaine à avoir foulé le sol de notre pays.
Voilà un très bon roman pour lecteurs débutants avec tout juste 58 pages illustrées en noir et blanc. L’autrice, Diane Groulx, a dédié ce livre à ses enfants, Jhonatan et Luisa, « pour qu’ils soient fiers de leurs origines africaines ». Elle a aussi consulté l’historien A. J. B. Johnston qui l’a conseillée dans l’écriture et la vérification de faits historiques sur la vie de Mathieu Da Costa.
Le livre se lit comme une histoire; ainsi, les lecteurs et lectrices en apprennent beaucoup sur la vie de Mathieu Da Costa et la colonisation du Canada dans cette biographie romancée. J’ai beaucoup aimé! Il existe peu de livres sur la contribution des personnes noires à l’histoire du Canada, et ce roman en est un très bon. Enseignants, ce livre sera un bel ajout à votre bibliothèque de classe. Ce livre est presque épuisé; commandez-le vite avant qu’il ne soit trop tard!
Mathieu Da Costa: Premier interprète d’origine africaine en Nouvelle-France AUTEUR(S): Diane Groulx & Jocelyn Jalette ÉDITION: Éditions du soleil de minuit, 2013 ISBN: 9782924279021 PRIX: 9,95$ 7 À 11 ANS
À travers onze portraits d’enfants, le lecteur est invité à explorer les multiples aspects de la vie en Nouvelle-France, à différentes époques, tels que : la traversée de l’Atlantique à bord d’un grand voilier, la prise de possession du territoire, l’économie, les vêtements, la médecine.
Ce livre pour la jeunesse s’intéresse à la vie quotidienne en Nouvelle-France. Par biais de témoignages fictif de différentes personnes mineures, on apprend comme la colonie du Bas-Canada s’est formée. Le premier témoignage est celui d’une jeune fille Wendat vivant dans une maison longue. Elle parle de son héritage Iroquoien, des similitude et différences entre son peuple et celui des Pétuns, des Neutres et des Ériés. Elle parle aussi de son repas préféré, la soupe de maïs et de ses vêtements traditionnels. Son témoignage est suivi d’un dossier sur la présence autochtone en Nouvelle-France. On retrouve aussi un témoignage fictif d’un jeune autochtone domicilié converti au catholicisme. Malheureusement, le terme « domicilié » n’est pas défini dans le livre et le lecteur ne parvient pas à accéder au sens de son témoignage: Il se dit autochtone, mais il est catholique, il il a volontairement quitté ses terres ancestrales et accepte de faire la guerre auprès des Français. Pourquoi? Comment? Bref, ce témoignage soulève beaucoup de questions auxquelles le lecteur ne trouve pas de réponses dans le livre. Quelle occasion ratée d’aborder la question des réserves, des missionnaires et des impacts de l’acculturation des peuples autochtones.
Dans Les enfants de la Nouvelle-France, il y a également un témoignage fictif d’une jeune esclave nommée Marie. J’ai été agréablement surprise de retrouver ce passage car les livres d’histoire du Québec et du Canada passent trop souvent sous silence le passé esclavagiste du pays, comme si l’esclavage n’y avait jamais eu lieu. Or, il y avait des esclaves au Canada au XVIIIe siècle — jusqu’à 2000 à son apogée. Il y avait des esclaves au Québec et il y avait des esclaves à Montréal. J’aurais toutefois aimé que le témoignage de Marie soit complété par un dossier sur l’esclavage en Nouvelle-France, comme cela a été le cas pour d’autres témoignages dans le livre. Il y aurait tant eu à dire! La provenance des esclaves, les esclaves autochtones, les esclaves africains, leur nombre, leur traitement, les résistances, le travail forcé qu’ils.elles effectuaient, leurs déplacements sur le territoire (par exemple en Nouvelle-Écosse), les ventes d’esclaves sur le territoire canadien, ou encore le profil de propriétaires d’esclaves comme Peter McGill (fondateur de, vous l’aurez deviné, la prestigieuse université McGill à Montréal). Dommage.
Malgré tout, le livre est assez informatif et les jeunes lecteurs se familiariseront avec l’histoire de la Nouvelle-France. Une table des matières et un index facilitent la recherche.
Les enfants de la nouvelle-France AUTEUR(S) : Pierre-Alexandre Bonin, Gilbert Desmarais & Caroline Soucy ÉDITION: Bayard Canada, 2020 ISBN: 9782897701543 18,95$ 10 ANS ET PLUS
Depuis leur création en 1995 jusqu’à leur consécration lors de la finale au championnat de la NBA en 2019, les Raptors de Toronto ont connu une histoire unique et fascinante. Apprenez comment la seule équipe canadienne de l’Association Nationale de Basketball a su faire sa place dans le monde du basketball professionnel américain. Dans ce livre, vous trouverez une foule d’informations sur les débuts de l’équipe, son évolution au sein de la NBA. ses joueurs étoiles, ses statistiques, ses moments forts ainsi que sur les anecdotes ayant parsemé son parcours hors du commun vers la victoire.
Ce livre de 127 pages satisfera le plus gourmand des fans des Raptors de Toronto. De la création de l’équipe aux symboles utilisés par les Raptors, on retrouve dans ce livre l’histoire complète de l’équipe de basketball, les profils des joueurs les plus marquants et les meilleures saisons jouées à la NBA.
J’aurais aimé une petite introduction sur la forme que prend le livre, par exemple, pour expliquer au lecteur qu’il trouvera tout au long de sa lecture des encadrés intitulés « L’info à trois points » qui résument l’essentiel de l’information. Le texte est assez dense, et malgré la présence de nombreuses illustrations et photographies, il y a certains passages plus difficiles à lire en raison du manque de contrastre entre la couleur de la page et la couleur du texte. Préparez-vous: il y a énormément d’information dans ce livre et le tout est présenté de manière assez compacte, merci. C’est très complet et intéressant. Par contre, en tant que bibliothécaire, je ne peux que déplorer l’absence d’un index ou d’une table des matières plus claire qui aurait facilité le repérage de l’information et la recherche documentaire. En effet, un chapitre intitulé « Tout devient soudainement intéressant », ça ne dit malheureusement pas grand chose sur le contenu de ce chapitre. Dommage. Il n’y a pas non plus de lexique, et ça n’aurait pas été de trop compte tenu de la présence d’un vocabulaire assez complexe dans le texte. Même le plus érudit des enfants de 11-12 ans aura peut-être du mal avec des mots moins courants comme « crétacé », « intronisé » ou « incartade ». De plus, la division du texte en des sous-sections plus digestes aura allégé la lecture.
Je suis contente qu’un livre jeunesse sur l’équipe de basket préférée des Canadiens existe en français, mais j’aurais aimé une présentation de meilleure qualité (pas fan de la couverture souple…), et que l’angle choisi soit mieux adapté au lectorat jeunesse. Si vous me lisez depuis longtemps, vous savez que Les Malins n’est absolument pas ma maison d’édition préférée, et j’attend toujours qu’ils publient un livre jeunesse qui me fera vibrer et que je pourrai recommender à mes petits lecteurs de la bibliothèque avec enthousiasme.
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Les raptors: Les rois du Nord
Auteur(s): Sandrine Ducharme ÉDITION: Les Malins, 2019 ISBN: 9782898100888 PRIX: 19,95$
12 ans et plus
Ce livre vous a plus ? Vous aimerez peut-être J’apprend le basket, un documentaire pour les jeunes lecteurs sur le basketball. Essayez aussi Cassius, un roman jeunesse sur la vie du boxeur Mohamed Ali.
Crois-tu qu’une personne comme toi pourrait marquer l’histoire? N’en doute pas. Lis ce récit et tu découvriras comment Devon, un petit garçon qui venait de la Jamaïque, est entré dans l’histoire du Canada. Tu verras que tout est possible et que les rêves peuvent se réaliser.
L’histoire d’une personne ayant surmonté des difficultés pour atteindre l’impossible est une source d’inspiration sans pareille, surtout quand il s’agit d’un enfant. Il n’y a pas de meilleur exemple que celui de Devon Clunis, Jamaïcain élevé à la campagne sans électricité ou eau courante, pourtant devenu le premier chef de police noir du Canada. Cet album raconte une page de l’histoire de mon pays, le Canada. En ce moment au Québec, on parle beaucoup du racisme systémique et de la manière dont les élèves noirs sont défavorisés par rapport aux élèves blancs dans une même classe. En prologue à cet album, on retrouve une dédicace aux « éducateurs qui ont aidé le petit garçcon de la Jamaïque à s’épanouir », notamment Mme Ruby Hanna, enseignante de l’école primaire de Devon, et M. Bill Wedlake, M. Brian Burdy et M. Dennis Pelisek, qui ont enseigné à Devon à l’école secondaire. On les remercie d’avoir donné leur temps et énergie à façonner la vie de nombreux jeunes. J’ai été touchée par cette dédicace car les enseignants ont un rôle très important à jouer dans la vie des enfants et on ne les remercie pas assez. Il me semble que cette reconnaissance est bien méritée ! Malgré les problématiques entourant le racisme systémique dans les écoles, je pense qu’il est important de souligner le travail de ceux et celles qui enseignent avec passion et qui donnent des ailes aux Canadiens de demain, peu importe leur origine.
Les illustrations d’Émily Campbelle sont adorables et tout en douceur. J’ai aussi beaucoup aimé les photos du véritable Devon Clunis qui rendent son histoire encore plus concrète. On retient de ce livre que chaque enfant a des rêves qui peuvent se réaliser et que beaucoup de personnes sont prêtes à les aider à y parvenir. À la fin du livre, il y a une courte biographie de Devon Cunis dans laquelle on peut lire ceci:
Devon a saisi très tôt son identité d’immigrant noir vivant dans une terre de promesses. Dès le plus jeune âge, il a décidé qu’il voulait exercer un travail lui permetttant de servir de modèle aux enfants issus de minorités qui devaient relever des défis semblables à ceux qu’il avait rencontrés: intégration culturelle, inégalités sociales et rareté des possibilités offertes dans la culture populaire. Ce désir l’a amené à s’engager sans tarder sur la voie d’une carrière dans la police. Il s’agissait d’un choix remarquable, car cette profession n’était normalement pas considérée comme accessible aux personnes de couleur.
Le parcours de Devon est très inspirant. Il parle de sa terre natale, la Jamaïque, de manière positive malgré les difficultés liées au manque d’électricité et de système d’aqueduc. Tout au long du texte, il questionne le jeune lecteur et l’amène à faire des liens entre sa propre expérience et celle de Devon. Par exemple, lorsque Devon parle de son immigration à Winnipeg, il demande au lecteur si lui aussi a déjà déménagé et ce qu’il a ressenti en vivant cette expérience. Ainsi, ce livre s’utilise facilement en animation ou en contexte scolaire (pourquoi pas durant les Journées de la Persévérance Scolaire?). Franchement, cet album est un petit bijou qui faut mettre entre toutes les petites mains, dans les écoles, dans les bibliothèques, dans les chambres d’enfants. Je suis tellement enthousiaste face à cet album !! Vous devez absolument le lire !
Coup de coeur !
Devon Clunis est Canadien. Il a été le chef du Service de police de Winnipeg de 2012 jusqu’à sa retraite en 2016. Il a été le premier Canadien noir à être nommé chef de police au Canada.
Auteur(s) / illustrateur(s) : Devon Clunis, Pearlene Clunis & Emily Campbell Maison d’édition: Éditions des Plaines
Année de publication: 2019 ISBN: 9782896117864 Public cible: 6 à 11 ans Vous aimerez peut-être: J’aime mon métier: Policière, un album pour les tout-petits, ou encore Voici Viola Desmond, un docu-fiction sur celle qui a refusé de céder sa place à des Blancs dans un cinéma au siècle dernier.
« Chouette, on part en vacances ! Et pas n’importe où, on décolle pour le Canada ! Je vais rencontrer ma cousine Charlie, elle est trop tiguidou ! Il paraît même que je suis écoeuraaante et que là-bas c’est un compliment ! J’y comprends rien, mais je sens que ça va être Mortel ! » Adèle et ses parents partent au Québec pour des vacances d’hiver funky moumoute ! Adèle est en bonne compagnie avec sa cousine Charlie et son lapin Jaja, véritable sosie d’Ajax ! Au programme, balades en pleine nature, dressage d’écureuils, malentendus et bêtises en tout genre dans le grand froid canadien !
Quand j’ai commencé à lire la série il y a quelques années, j’ai tellement ri que j’en avais les larmes aux yeux. Mortelle Adèle, très populaire en ce moment auprès des jeunes qui fréquentent ma bibliothèque, me demande tous les jours s’il y a un tome de la série qui est disponible pour le prêt. Il va sans dire qu’ils sont souvent empruntés ! J’aime le ton irrévérencieux de ces livres et les gags, toujours en une ou deux pages, sont efficaces. Cela dit, rendu au quinzième tome, comme c’est le cas ici avec « Funky moumoute », le tout devient assez répétitif: les mêmes personnages assez unidimensionnels se cotoient toujours de la même manière, et le piquant des premiers tomes a perdu son effet. Je n’ai donc pas lu ce livre en riant aux éclats, mais plutôt avec un sourire en coin parfois et une vague impression de déjà-lu.
Dans ce tome des aventures des aventures de Mortelle Adèle, la fillette se rend au Québec avec ses parents pour aller visiter une cousine qui s’est mariée avec un homme noir et qui a eu une enfant, Charlie. Rassurez-vous, Charlie ne sera pas la cible des moqueries habitelles et du ton condescendant d’Adèle. Au contraire, les deux filles s’entendront à merveille ! À aucun moment l’origine ethnique de Charlie ou de son père n’est remise en question dans le récit. C’est plutôt le fait qu’ils soient québécois qui donne lieu à des situations cocasses, comme lorsque le papa mentionne qu’il vont utiliser le « char » pour aller quelque part, et Adèle, adepte de domination mondiale, s’imagine un char d’assaut alors qu’il s’agit en réalité que d’une simple voiture. Les auteurs ont eu le bon goût de ne pas se moquer de l’accent québécois, mais simplement de souligner les expressions québécoises qui ne sont pas toujours comprises par nos cousins français. Et au passage, quelques clichés canadiens ici et là, mais rien d’offensant.
Bref, les amateurs de la série Mortelle Adèle adoreront. Ceux qui ne la connaissent pas pourront tout aussi bien la découvrir avec « Funky moumoute » puisque les tomes peuvent se lire dans le désordre.
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Auteur(s) / illustrateur(s) : Diane Le Feyer & Mr Tan Maison d’édition: Tourbillon Année de publication: 2018 ISBN: 9791027606023 Public cible: À partir de 9 ans
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Pas facile d’être le bourgeon d’un arbre déraciné… C’est ce que pense et vit Ganaëlle, dix-sept ans. Émigrée d’Afrique subsaharienne et au pays depuis bientôt trois ans, elle tente de devenir une Canadienne à part entière, mais se heurte à l’attitude négative de ses parents. Des parents qui ne lui semblent plus les mêmes depuis que la famille s’est réfugiée à Ottawa. Sa mère, surtout, a changé. De femme autonome, aimante et pleine d’humour, elle est devenue dépendante, renfermée et la colère qui la ronge la porte parfois jusqu’à la violence. Ganaëlle n’a personne à qui se confier. Elle se sent terriblement seule. C’est sur les pages lignées de cahiers d’école qu’elle raconte son désarroi, sa rage et la solitude qui la tenaille.
J’ai énormément aimé ce roman. La plume de Michèle Matteau m’a complètement plongé dans la peau du personnage de Ganaëlle, une adolescente arrivée au Canada depuis trois ans et qui cherche toujours à s’intégrer. Son style d’écriture est efficace, réaliste et empreint d’un respect pour le vécu des personnes immigrantes dont elle raconte l’histoire. L’auteure étant blanche et n’ayant pas vécu un tel parcours migratoire (on ne peut comparer une immigration interprovinciale à une immigration internationale), le risque était de s’approprier ces récits qui ne sont pas les siens. Une petite recherche m’indique que l’auteure a pris soin de rencontrer des personnes immigrantes et a longuement travaillé avec elles. Elle mentionne d’ailleurs dans ses remerciements qu’auprès d’elles, « [elle] a pris conscience des profondes difficultées d’une intégration réussie à un pays d’adoption et [elle] a pu constater le courage, la détermination et la résilience que cela exige. » (p.159) Les thèmes de l’immigration sont rarement exploités en littérature jeunesse avec autant de doigté et de profondeur dans les récits de fiction. Franchement, chapeau !
Michèle Matteau a choisi de ne pas identifier le pays duquel Ganaëlle provient, par souci de pérennité de son histoire. J’ai aimé cette approche. L’histoire de Ganaëlle aurait aussi bien pu être la mienne ou celle de gens de mon entourage. De plus, le fait que l’histoire soit racontée par une adolescente à un moment charnière de sa vie rend le récit encore plus fort. L’adolescence vient avec une série de questionnements, mais aussi la sensation de pouvoir tout faire, tout accomplir. Malgré toutes les difficultés rencontrées, Ganaëlle a la vie devant elle et l’histoire porte en elle ce souffle d’espoir. Je recommande vivement ce roman ! Contexte canadien.
Je remercie les éditions David de m’avoir offert ce livre.
Auteur(s) / illustrateur(s) : Michèle Matteau Maison d’édition: Éditions David Année de publication: 2019 ISBN: 9782895977117 Public cible: Ados Vous aimerez peut-être: Le roman pour adolescents Sur les traces de Loubaye Victor, un auteur canadien.