Résumé: Calvin a toujours su qu’il était un garçon, même si tout le monde le voit comme une fille. Un jour, Calvin prend son courage à deux mains et explique à ses parents que dans son coeur et dans sa tête, il est un garçon, pas une fille. Ses parents lui expliquent qu’il y a un mot pour désigner comment il se sent : transgenre. La famille de Calvin est aimante et le soutient, mais comment cela va-t-il se passer à l’école? Ses amis vont-ils l’aimer et le respecter autant que sa famille?
Appréciation : Il existe peu de livres jeunesse sur la transidentité ayant un personnage principal racisé. Moi, Calvin est l’un des rares albums qui aborde ce sujet. On y rencontre un jeune enfant qui veut être vu tel qu’il est vraiment. Ce livre est un appel au soutien des familles, amis et école des enfants transgenres. Il est intéressant d’être témoin du parcours de Calvin vers l’affirmation de soi. Il n’est pas vraiment question des difficultés que peuvent rencontrer les enfants transgenres dans notre société binaire, mais plutôt du ressenti identitaire de l’enfant. Le parcours du personnage principal est présenté de manière positive et inspire l’espoir et la bienveillance. Lisez cet album sans hésitation; vous y verrez un bel exemple de la force avec laquelle les enfants peuvent briller si on leur en donne la chance.
L’histoire de ce livre est inspirée de l’histoire familiale des auteurs Vanessa et JR Ford dont le fils est un enfant transgenre. La famille est très impliquée dans le soutien des jeunes trans et non-binaires.
« Une bouche, deux yeux et un petit nez au milieu… Notre citrouille est prête ! Allons faire la fête ! »Un adorable livre aux couleurs automnales et écrit en rimes, qui enchantera les petits.
Un joli livre écrit tout en rimes, et avec un cœur scintillant qui ravira les enfants.
Les douces illustrations pleines de poésie de Lucy Fleming, nous emmène célébrer cette fête, qui ici n’est pas effrayante.
Dans le cadre de mon travail, on me demande régulièrement des suggestions de livres pour tout-petits sur la fête de l’Hallowen qui ne font pas peur. Avec Joyeux Halloween!, les éditions Kimane nous offre un livre aux pages cartonnées qui célèbre plus largement l’automne, les citrouilles rondes et orangées enfin prêtes à être cueillies et la récolte de bonbons à la pénombre.
L’histoire montre à voir un frère et un sœur au teint foncé dont la maman est blanche et le papa, noir. Ils vont ensemble choisir leur citrouille à décorer, installent des guirlandes dans la maison et se déguisent pour aller chercher des bonbons dans le voisinage avec leurs amis du quartier. La couleur de peau des personnages ne change absolument rien au récit; c’est donc une représentation positive de personnages racisés au quotidien.
Vos tout-petits adoreront les pages scintillantes et seront fiers d’être en mesure de tourner les pages de manière autonome. Cela peut prendre un peut de temps, surtout au début, alors que leur motricité fine se développe encore. Laissez-les faire et soyez patient.e! Prenez aussi le temps de commenter les illustrations avec votre enfant et de leur poser des questions: « En quelle saison se déroule l’histoire? Qu’est-ce qui te fait dire ça? » « Pourquoi les feuilles des arbres sont-elles rouges et oranges? » « Pourquoi le garçon porte-il une tuque et la fille, un manteau? Penses-tu que c’est parce qu’il commence à faire froid et que l’hiver arrive? » « Et toi, en quoi aimerais-tu te déguiser cette année pour l’Halloween? » Ces questions permettront à votre enfant d’apprendre, l’encourageront à s’exprimer et lui permettront de faire des liens entre le livre et son quotidien. Bref, le livre est un jeu, alors amusez-vous!
Joyeux Halloween! AUTEUR(S) : Aimée Chapman, Penny Worms, Kate Ward & Lucy Fleming ÉDITION: Kimane, 2020 ISBN: 9782368085936 PRIX: 14,95$ 2 ans et plus
Sonia a trois poussins dont elle s’occupe avec amour. Chaque jour, elle les fait sortir, nettoie le poulailler, leur donne de la paille fraîche, de quoi picorer… Mais une nuit, elle est réveillée par un terrible raffut en provenance du poulailler…
Ce livre jeunesse dit les choses telles qu’elles sont et parle du cycle de la vie. Un candidat parfait pour une exploitation scolaire avec des élèves de 2e ou 3e cycle du primaire!
Les illustrations font usage de techniques mixtes et sont un plaisir à admirer. Elles fascinent par leurs détails et leur délicatesse, et par la justesse avec laquelle elles complémentent le texte.
Sonia prend grand soin de ses trois poules. Mais une nuit, un renard se faufile dans le poulailer et prend l’une d’entre elles pour nourir ses petits. Sonia sera dévastée. Son père prendra un moment pour lui raconter l’histoire de la vie: tous les êtres vivants veillent à leur survie et font tout ce qu’ils peuvent pour que leurs petits soient heureux, aient le ventre plein et un endroit chaud pour dormir. Aurait-elle voulu que de petits renardeau meurent de faim? Eh, bien, c’est la vie!
L’histoire peut sembler un peu dure au premier abord, mais le tout est amené avec douceur. On y parle également de la mort, et Sonia pourra entammer son deuil autour d’une tombe symbolique préparée pour sa poule disparue. Dans le livre, il est aussi sujet de responsabilisation, car les parents de Sonia poussent leur fille à être autonome et capable de se débrouiller sur la ferme.
Les poules de Sonia AUTEUR(S): Phoebe Wahl ÉDITION: Éditions des Éléphants, 2018 ISBN: 9782372730471 PRIX: 26,95$ 5 à 8 ANS
Mbiya et Kabibi sont deux sœurs qui ne cessent de se disputer et veulent à tout prix jouer avec les jouets de l’autre. Même à table, les querelles se poursuivent. Las de voir leurs filles se chamailler, leurs parents proposent un jeu qui devrait changer les choses
Mbiya et Kabibi est vraiment une chouette initiative de deux parents suisses d’origine congolaise qui ont pris conscience que la représentation d’héroïnes et héros noirs dans les livres pour les jeunes est déterminante lorsque leur fille leur a demandé pourquoi il n’y avait pas de personnages marrons dans ses livres préférés. Cette histoire raconte une tranche de vie d’une famille noire, sans que la couleur de peau ne soit au centre du récit. Quelle joie de pouvoir lire ce genre de livre qui normalise l’existence des personnes afro-descendantes!
La relation entre les deux sœurs est authentique et l’autrice parvient à capturer les émotions vives que ressent les enfants en bas âge: la jalousie, la frustration, la tristesse, la joie. C’est donc également un excellent livre si vous recherchez une histoire sur la gestion des émotions ou le développement de compétences sociales. Pour aller plus loin, vous pourriez ajouter ce livre à un réseau de livres sur le partage ou la fratrie.
Les illustrations m’ont beaucoup plu: les couleurs sont vives et l’angle choisi par l’illustratrice met en image le texte de manière directe, permettant à l’enfant de suivre facilement la lecture. Les illustrations sont également suffisamment descriptives et les visages des personnages suffisamment expressifs pour permettre à l’enfant de raconter sa propre histoire. C’est d’ailleurs un exercice intéressant à faire: demandez à votre enfant de vous inventer l’histoire en se basant sur les illustrations avant de lui lire le livre pour la première fois. Vous verrez, il aura beaucoup d’imagination, utilisera ses connaissances antérieures pour donner sens à ce qu’il voit et fera des inférences. Chez les enfants plus vieux (5-6 ans), vous pourrez également constater que les enfants sont capables de construire une trame narrative simple avec un début, un rebondissement et une fin, tout en utilisant des mots comme « il était une fois », « ensuite », « mais », ou « après » pour séquencer ses idées. C’est un exercice utile qui préparera votre enfant à l’entrée à l’école!
Le livre-objet est de qualité, avec une couverture rigide et du papier glacé, et on retrouve un bel équilibre entre le texte et l’image. Le texte est simple, mais pas simpliste; on y retrouve un vocabulaire accessible aux enfants, tout en y incorporant des mots potentiellement nouveaux comme « narquois », « bouder », « couvert » ou « sanglotant ». Lors de la lecture, n’hésitez pas à expliquer les mots que votre enfant ne comprend pas en utilisant un synonyme ou en donnant des exemples.
À la fin du livre, on retrouve un jeu d’association amusant à faire avec les enfants. Je vous conseille vivement ce livre que vous pouvez acheter sur le site de l’autrice. On y retrouve d’ailleurs également des coloriages gratuits mettant en scène Mbiya, Kabibi et leur famille.
Je remercie l’autrice Belotie Nkashama de m’avoir offert ce livre.
Belotie Nkashama est une autrice Suisse d’origine congolaise.
Je veux le même! AUTEUR(S): Belotie Nkashama & Amélie Buri Parution: 2020 ISBN: 9782970143901 3 à 6 ans
Rien ne résiste à Zoé. Surtout quand elle a une idée en tête. Aujourd’hui, elle a décidé d’organiser un anniversaire surprise à sa maman. Mais quand tu es sans un sou et que tu ne comptes que sur tes idées, pas certain que ça soit une bonne idée. Les catastrophes vont se succéder, sans jamais arrêter Zoé !
La lecture de ce roman m’a été pénible!! 😬 J’ai hésité à le lire parce qu’en général, je n’aime pas les romans jeunesse en gros caractères. Et en le feuilletant vite-fait une première fois, je suis tombée sur un passage dans lequel on parle de « tous les chauffeurs de taxi haïtiens » (p.26). Sur le coup, je n’avais pas pu m’empêcher de lever les yeux aux ciel. Encore le cliché des chauffeurs de taxi haïtiens montréalais. Comme s’il fallait justifier la présence des hommes noirs à Montréal, du style « ah, oui, ben ce sont des chauffeurs de taxi! » ou qu’on ne les retrouve pas dans d’autres sphères du monde du travail.
Mais bon. Je n’arrêtais pas de le voir à la bibliothèque, donc finalement, je me suis lancée. Le personnage principal, Zoé, est une petite fille métissée dont le père est noir et la mère, blanche. Elle décrit sa famille ainsi:
« J’ai une drôle de famille multicolore. Papa est comme le café noir et maman, comme le pot de lait. Moi, je suis un mélange des deux. La petite tasse de café au lait. » (p.28)
J’en ai un peu marre de ce genre de description de la couleur de peau des personnes noires avec de la nourriture. Du chocolat, du café, du café au lait… Jamais on ne décrit les personnages blancs de cette manière, genre « J’ai la peau couleur guimauve » ou encore « j’ai une drôle de famille blanche: ma mère et mon père sont blancs! ». 🙄 Parce que les peaux blanches sont perçues comme la norme, la base, ne nécessitant pas de description particulière. Au fond, peut-être que cette analogie avec le café au lait ne m’aurait pas autant dérangée s’il n’y avait pas tous ces autres passages problématiques dans le roman. Continuons.
Revenons au père de Zoé un petit moment. Ce n’est pas dit explicitement dans le texte, mais plusieurs éléments nous laissent supposer qu’il est haïtien: son garage est fréquenté par la communauté (même si ce n’est quand même pas un prérequis), il écoute des chansons haïtiennes et il parle créole. Sauf que le créole dans le texte ne fait AUCUN SENS. En page 88: « Pas rim neux » est traduit par « ne ris pas de moi ». Pourtant, ça ne veut absolument rien dire en créole haïtien. En p.123, on peut lire les paroles d’une chanson en « créole »: « Mé té a libewté, ja pran tan résilié. Haitie Chérie, la vi pas fini ». Déjà, Haïti en créole s’écrit Ayiti et le « e » à la fin du nom du pays, je sais pas ce qu’il vient faire là. Après, le reste, c’est carrément du charabia. Je devine qu’on a voulu en faire une chanson sur la liberté et la résilience, mais, seigneur, l’auteure aurait dû faire l’effort demander à un créolophone de relire son texte. De plus, on retrouve çà et là dans le texte quelques interjections et mots créoles utilisés très maladroitement par le père de Zoé. Ça sonnait très faux parce que ce n’est pas comme ça qu’une personne haïtienne utiliserait ces interjections et ces mots. Vers la fin du roman, une bannière de fête est installée à l’envers par accident et l’amie (blanche) de Zoé lui demande si c’est du créole. 🤦🏿♀️ Bref. Est-ce que quelqu’un a effectué une relecture de ce roman pour s’assurer que ce genre de représentation problématique ne se retrouve pas sur les tablettes de nos librairies??
Ce n’est pas tout. L’une des gaffes de Zoé est de maquiller son père en clown alors qu’il dort, car elle prépare l’anniversaire de sa mère. Elle lui met un « grand sourire jaune jusqu’aux oreilles, un nez blanc et de grands triangles verts et orange autour des yeux » (p.128). Une fois terminé, voici ce qu’on peut lire et voir dans le roman (attention, ça va faire mal):
Ça, c’est une femme blanche (l’auteure) qui associe cheveux crépus à chevelure de clown. Si j’ai bien compris, les cheveux crépus sont des cheveux de clowns. C’est bien ça? 😬 Ce genre de représentation me rend en colère et me blesse. Sait-elle que des personnes dans la vraie vie ont naturellement les cheveux crépus? Comment sommes-nous sensés nous sentir en tombant sur ce passage dans son livre?
Parenthèse: La grande sœur de Zoé a été adoptée de Chine avant sa naissance. En p. 270, alors que l’anniversaire de la mère a finalement lieu, Zoé souligne que « même [sa] Chinoise de sœur a eu envie de participer. » Sauf qu’elle n’est pas Chinoise, elle est Canadienne. Quel manque de délicatesse.
Le texte, plutôt insipide, utilise le langage familier. On y retrouve même le mot « bordel » (dans le sens de « désordre »). D’accord, les gens utilisent beaucoup ce mot en langage familier, mais c’est quand même assez vulgaire. Je n’aurais pas mis ça dans un livre pour enfants.
Dernière chose. Sur leur site, les éditions La Bagnole présentent le livre comme « une série pour jeunes filles avec beaucoup d’action et encore plus de catastrophes ». C’est quoi ce besoin de genrer les lectures??? Les livres « pour filles », les livres « pour garçons »… c’est agaçant. Un garçon ne peut-il pas lire et aimer un roman dans lequel le personnage principal est une fille? Franchement… 🤦🏿♀️ Ne perdez pas votre temps avec ce livre. Non recommandé.
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Zoé: Championne des cas ratés AUTEUR(S): Catherine Girouard & Vannara Ty ÉDITION: La Bagnole, 2018 ISBN: 9782897142384 PRIX: 14,95$ 8 à 11 ANS
Francette visite le Musée du Louvre avec sa classe. Mais c’est la stupeur : on a volé la Joconde. Alors qu’elle mène l’enquête, Francette fait la rencontre d’une momie vivante. Grâce aux inventions de sa grand-mère, elle va réussir à démasquer les voleurs et retrouver le tableau.
Ce livre s’inscrit dans la collection Premières lectures Ratus Poche chez Hatier, où l’on retrouve des petits romans de 3 niveaux différents : les six-sept ans, les sept-neuf ans et les neuf-douze ans. Drôle de momie ! s’adresse aux lecteurs débutants du premier cycle du primaire. Un glossaire regroupant les mots difficiles est présent à la fin du livre et à chaque chapitre, il y a des questions illustrées de dessins humoristiques dans le but d’assurer une bonne compréhension de la part des jeunes lecteurs. Tous les personnages sont présentés en amont, ce qui est aussi très pratique !
C’est donc l’histoire de Francette, une jeune métisse dont le papa est noir et la maman, blanche. Sa représentation est positive et offre un miroir dans lequel plusieurs enfants racisés pourront se reconnaître. Un excellent roman, idéal pour les enfants qui souhaitent améliorer leur compréhension de texte, et pour les amateurs d’enquêtes !
Empruntez ce livre gratuitement à votre bibliothèque municipale !
Francette top secrète: Drôle de momie !
AUTEUR(S) : TOM PERCIVAL ÉDITION: SCHOLASTIC, 2019 ISBN: 9782218753398
À PARTIR DE 7 ANS
Les quatre soeurs March Meg, Jo, Beth et Amy passent une année difficile. Non seulement leur père est parti à l’autre bout du monde et leur mère se tue à la tâche pour boucler les fins de mois, mais en plus chaque sœur doit affronter ses propres problèmes. Histoires à l’école, soucis de santé, ennuis avec les garçons ou sentiment d’être perdue, les filles March ont toutes besoin de la même chose : se soutenir les unes les autres. En restant unies, ces quatre jeunes femmes trouvent le courage d’être elles-mêmes…
Alerte coup de cœur!!! Je vous le dis d’emblée, ma critique contient de nombreux SPOILERS. Vous êtes averti.e.s! 😉 Ce roman graphique est tout simplement sublime. Les personnages sont bien développés et l’histoire bien ficelée. Chacune des soeurs March a sa propre personnalité, sa passion, ses intérêts et fait face à ses propres difficultés. Meg est l’aînée et la fille biologique de Mr. March. Si elle s’intéresse à l’univers de la mode au début du récit (elle voudra même épouser un riche garçon afin que l’argent ne soit plus jamais un soucis pour elle), elle restera longtemps gênée par la pauvreté de sa famille. Son origine modeste et le fait d’avoir grandi à Brooklyn finira par devenir une fierté et, à la fin du récit, elle annoncera vouloir entamer des études de droit pour pouvoir aider les familles démunies. Tout au long de l’histoire, on voit Meg porter diverses coupes de cheveux: des tresses avec des rallonges, des perruques, un afro, des twists (vanilles), des tresses courtes, un brushing, des fauxlocs, des updos, un TWA, etc. Cela représente bien la manière dont les femmes noires portent leurs cheveux dans la vraie vie.
Jo est la fille biologique de Mme March. Elle a été adopté par Mr. March à son grand bonheur. Passionnée de littérature, elle lit du Toni Morrison, du Jennifer Egan, du Alice Walker ou du Michael Cunningham. Même si elle est blanche, elle est très au fait des problématiques touchant les communautés noires et n’hésite pas à manifester pour défendre leurs droits ou celui des femmes. Elle se découvrira lesbienne et apprendra à s’accepter telle qu’elle est. On découvrira aussi que sa tante célibataire l’est aussi et n’a jamais eu de relation amoureuse par évitement car elle n’accepte pas son homosexualité. Les deux femmes, malgré des débuts rocailleux, finiront par être très proches.
Beth et Amy sont les deux filles biologiques de Mr. et Mme March. Beth s’intéresse à la musique et sa chanteuse préférée est Nina Simone. D’abord timide, elle surmontera sa peur et trouvera le courage de chanter en public après avoir vaincu le cancer. Elle ne s’entend pas toujours avec sa petite sœur qui n’apprécie pas devoir partager sa chambre avec elle. Beth est très studieuse et travaillante. Son diagnostic de cancer tombera comme une tonne de pierres sur la famille. Par solidarité, ses trois sœurs se raseront les cheveux lorsque la chimiothérapie lui fera perdre les siens.
Amy est la petite dernière, mais elle ne manque pas de personnalité. Même si elle adore se chamailler, ses dehors un peu brusques cachent un cœur vulnérable qui se fait du souci pour sa famille. D’abord égoïste, elle apprendra à développer son empathie et à relativiser les choses. Elle est une pure geek: elle apprécie les super-héros, les jeux vidéo, le dessin, les couleurs pastels et les arcs-en-ciel. Et même si on se moque d’elle, elle demeurera persuadée d’être la plus cool. Bravo pour elle! Cela dit, elle sera tout de même très blessée par l’intimidation qu’elle subit à l’école. À un moment du récit, son enseignante la surprendra en train de dessiner durant son cours d’histoire. Elle sera grondée et l’enseignante dira que les « gens comme elle » doivent travailler encore plus. Amy sera dévastée et humiliée par ce qu’elle pense être du racisme. Par « les gens comme elle », faisait-elle référence aux personnes noires?? Elle découvrira plutôt que son enseignante, impressionnée par son talent en dessins, voulait plutôt dire que si Amy veut travailler dans le domaine des arts, il faudra travailler très dur, et ça commence par être attentive en classe. Par « les gens comme elle », elle voulait plutôt dire « les artistes ». L’enseignante l’encouragera à poursuivre ses rêves de devenir bédéiste.
Mr. March est un militaire déployé au Moyen-Orient. C’est un père aimant et aimé qui sera blessé à la guerre. Il manque beaucoup à toutes les filles et femmes de sa famille, et elles lui écrivent souvent des courriels et des lettres. La bande dessinée est d’ailleurs entrecoupée de ces messages retranscrits tels qu’on les voit sur un écran d’ordinateur ou sur une feuille de papier. Il y a aussi le journal intime de Jo dans lequel elle se confie, et le carnet de pensées de Meg. Le récit garde un bon rythme tout au long de l’histoire qui se déroule sur plusieurs mois. J’ai aussi aimé que la bande dessinée de Rey Terciero aborde la thématique queer, ce qui ne se fait pas souvent en littérature jeunesse. Points bonis pour la présence d’une belle diversité corporelle parmi les personnages du livre: on y voit des corps grands et élancés, petits et trapus, maigres ou gros. Vous devez absolument lire cette bande dessinée. Elle plaira aux préados, aux ados et aux jeunes adultes. Un tour de force. Sublime!
Coup de cœur!
Bre Indigo est une illustratrice noire américaine et queer.
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Les quatre soeurs March AUTEUR(S) : Rey Terciero & Bre Indigo ÉDITION: Jungle, 2019 ISBN: 9782822228060
28,95$
10 ANS ET PLUS
Trouver le courage de faire un grand saut est difficile, mais Jabari est presque prêt à faire le grand plongeon… Il a terminé ses leçons de natation et réussi son test de natation. C’est un excellent sauteur, il n’a donc pas peur du tout. «Ça a l’air facile», dit Jabari en regardant les autres enfants prendre leur tour. Mais lorsque son père lui serre la main, Jabari la serre en retour…
Dans un récit tout en douceur pour surmonter la peur d’enfant, cet album raconte un moment entre un père encourageant et un petit garçon déterminé, qu’on ne peut s’empêcher d’encourager. On sent bien la crainte de Jabari dans ses gestes, mais il fait tout pour que cela ne paraisse pas: s’étirer, penser au saut qu’il veut faire, laisser sa place dans la file au bas de l’échelle, prendre le temps de réfléchir. Son papa est très compréhensif et patient: il amène son garçon à apprivoiser sa peur en lui donnant des trucs et en le rassurant. Il normalise aussi les sentiments de son fils: s’il n’est pas prêt, il peut attendre. C’est génial de voir un papa noir présent dans la vie de ses enfants dans un livre jeunesse. Trop souvent, ces papas y sont absents.
Les illustrations en techniques mixtes sont superbes: le champ de profondeur fait usage de pages de livres recyclées et l’auteure a utilisé une jolie palette de couleurs pastel. La couleur de peau des personnages contraste avec leur environnement, d’autant plus qu’elle est auréolée d’orange fluo. L’effet est très beau! Les illustrations s’étendent sur les doubles pages pour former de belles prises de vue, par exemple lorsque Jabari est au sommet du plongeoir et regarde la piscine en contre-bas.
J’ai beaucoup aimé ce livre qui croque un moment du quotidien, sans que la couleur de peau des personnages ne soit exoticisée ou posée comme étant une problématique. Jabari plonge est un album à lire de toute urgence!
Coup de cœur!
* Finaliste au prix Charlotte Zolotow (2018)
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Jabari plonge AUTEUR(S) : Gaia Cornwall ÉDITION: D’eux, 2020 ISBN: 9782924645383 21,95$ 4 ANS ET PLUS
Ce livre vous a plu ? Vous aimerez peut-être Mon Frère et moi, ou encore Le Toboggan, deux livres pour enfants sur la thématique de la baignade.
Un petit garçon qui ne veut pas dormir tout seul invente chaque soir un nouveau problème pour que ses parents l’acceptent avec eux. Mais ces derniers trouvent toujours une solution pour déjouer ses stratagèmes. « Mon lit, je l’aime beaucoup, il est super pour y jouer : il y a une grosse couette pour se cacher ou faire des cabanes, je peux y garer mes petites voitures ou en faire un dortoir pour mes poupées… mais y dormir, quelle drôle d’idée !!! »
Ce sont d’abord les illustrations fantaisistes qui m’on charmées dans cet album en format à l’italienne. L’illustratrice y explore le monde des rêves et peint des tableaux où des licornes broutent l’herbe, des chevaliers chevauchent des tigres, des pingouins se réchauffent près d’un feu, des crocodiles vivent dans des igloos et des pirates géants débarquent sur une île peuplée de lapins. Au fil des pages, on comprend vite que le monde des rêves du personnage principal fait vivre à ses peluches et ses jouets toutes ses aventures. Son lit devient tour à tour une mer en colère, un pays de glace, une banquise gelée ou une forêt enchantée. J’ai adoré cette manière de nourrir l’imagination des enfants en les laissant découvrir à chaque relecture de nouveaux détails dans les illustrations. Les parents ne sont pas en laisse non plus, car de petits clins d’œil leur sont aussi adressés, notamment par le titre du livre que le papa lit certains soirs (« La patience ») , puis celui que la maman lit (« La persévérance ») ;).
Les personnages de ce livre jeunesse n’ont pas de noms : il s’agit simplement du papa (noir), de la maman (blanche) et de leur petit fils (métissé), une famille plein d’amour où l’enfant doit apprendre à dormir seul dans son propre lit. J’ai beaucoup aimé ce livre et j’espère qu’il vous plaira autant qu’à moi !
Auteur(s) / illustrateur(s) : Leïla Brient & Émilie Angebault Maison d’édition: Le buveur d’encre Année de publication: 2015 ISBN: 9782914686792 Public cible: 3 à 5 ans Vous aimerez peut-être: Minucette et la tortue géante, un album jeunesse dans lequel le monde des rêves est très présent.
« Chouette, on part en vacances ! Et pas n’importe où, on décolle pour le Canada ! Je vais rencontrer ma cousine Charlie, elle est trop tiguidou ! Il paraît même que je suis écoeuraaante et que là-bas c’est un compliment ! J’y comprends rien, mais je sens que ça va être Mortel ! » Adèle et ses parents partent au Québec pour des vacances d’hiver funky moumoute ! Adèle est en bonne compagnie avec sa cousine Charlie et son lapin Jaja, véritable sosie d’Ajax ! Au programme, balades en pleine nature, dressage d’écureuils, malentendus et bêtises en tout genre dans le grand froid canadien !
Quand j’ai commencé à lire la série il y a quelques années, j’ai tellement ri que j’en avais les larmes aux yeux. Mortelle Adèle, très populaire en ce moment auprès des jeunes qui fréquentent ma bibliothèque, me demande tous les jours s’il y a un tome de la série qui est disponible pour le prêt. Il va sans dire qu’ils sont souvent empruntés ! J’aime le ton irrévérencieux de ces livres et les gags, toujours en une ou deux pages, sont efficaces. Cela dit, rendu au quinzième tome, comme c’est le cas ici avec « Funky moumoute », le tout devient assez répétitif: les mêmes personnages assez unidimensionnels se cotoient toujours de la même manière, et le piquant des premiers tomes a perdu son effet. Je n’ai donc pas lu ce livre en riant aux éclats, mais plutôt avec un sourire en coin parfois et une vague impression de déjà-lu.
Dans ce tome des aventures des aventures de Mortelle Adèle, la fillette se rend au Québec avec ses parents pour aller visiter une cousine qui s’est mariée avec un homme noir et qui a eu une enfant, Charlie. Rassurez-vous, Charlie ne sera pas la cible des moqueries habitelles et du ton condescendant d’Adèle. Au contraire, les deux filles s’entendront à merveille ! À aucun moment l’origine ethnique de Charlie ou de son père n’est remise en question dans le récit. C’est plutôt le fait qu’ils soient québécois qui donne lieu à des situations cocasses, comme lorsque le papa mentionne qu’il vont utiliser le « char » pour aller quelque part, et Adèle, adepte de domination mondiale, s’imagine un char d’assaut alors qu’il s’agit en réalité que d’une simple voiture. Les auteurs ont eu le bon goût de ne pas se moquer de l’accent québécois, mais simplement de souligner les expressions québécoises qui ne sont pas toujours comprises par nos cousins français. Et au passage, quelques clichés canadiens ici et là, mais rien d’offensant.
Bref, les amateurs de la série Mortelle Adèle adoreront. Ceux qui ne la connaissent pas pourront tout aussi bien la découvrir avec « Funky moumoute » puisque les tomes peuvent se lire dans le désordre.
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Auteur(s) / illustrateur(s) : Diane Le Feyer & Mr Tan Maison d’édition: Tourbillon Année de publication: 2018 ISBN: 9791027606023 Public cible: À partir de 9 ans
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