Les filles de la chance

Résumé: À Arketta, on appelle filles de la chance les enfants vendues à la maison de bienvenue et emprisonnées comme des animaux. Aster, Violette, Tanny, Mauve et Clémentine n’ont d’autre choix que de fuir après que l’une d’entre elles tue accidentellement un homme.

Lectorat cible : 13 ans et plus

Autrice : Charlotte Nicole Davis

Édition : Albin Michel, 2021

ISBN : 9782226435071

Prix : 29,95$

Appréciation: Un roman d’apprentissage avec beaucoup d’action: voilà ce à quoi les lecteurs du roman Les filles de la chance peuvent s’attendre. À noter cependant que ce « page-turner » s’adresse surtout à un lectorat averti: le roman s’ouvre sur une scène de tentative de viol suivi d’un meurtre. L’héroïne, de par sa fougue et son caractère bouillonnant, plaira autant aux lectrices qu’aux lecteurs. L’histoire se passe dans un genre de western fantastique où les armes, les chevaux, les règlements de compte et la magie ne sont jamais bien loin. On ne peut pas passer à côté du sous-texte féministe: les personnages principaux sont des femmes indépendantes qui n’ont pas besoin des hommes et qui n’hésitent pas à les pourchasser pour se venger. On ressort de ce roman bouleversé, diverti et un brin agité: le climat anxiogène créé par Charlotte Nicole Davis ne laissera personne indifférent. 

Charlotte Nicole Davis vit au États-Unis. Les filles de la chance est son premier roman.

Vous aimerez peut-être: Les maîtres enlumineurs, L’enceinte 9 et La fille des manifs, trop excellents romans pour les adolescents et jeunes adultes.

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Les princesses aussi veulent commander

Résumé : Pour son goûter d’anniversaire, la princesse du royaume d’Odoi-et-Aleuil, naturellement drôle et vive d’esprit, prend les opérations en main. Mais l’un de ses invités conteste son organisation, au prétexte qu’elle est une fille et lui un garçon. La princesse ne se laisse pas faire et lui démontre qu’il a tort. Un album qui aborde le thème de l’égalité des sexes.

Lectorat cible : 3 à 6 ans

Autrice : Katherine Quenot & Miss Prickly

Édition : Glénat, 2021

ISBN : 9782344047873

Prix : 18.95$

Appréciation: Si vous êtes à la recherche d’un livre jeunesse sur les princesses qui s’éloigne du cliché de la demoiselle en détresse, Les princesses aussi veulent commander pourrait être un bon choix. La petite Lisa, comme elle est la seule fille de la famille, est surprotégée et souhaite avoir plus de liberté. Elle n’a pourtant pas peur de grimper aux arbres ou de toucher les araignées velues! Et pourquoi ce devrait être elle qui nettoie le château toute seule alors que ces cinq frères ne font rien? De jolies illustrations et un magnifique livre objet font de la lecture de cet album un moment agréable. Seul petit bémol: à vouloir déconstruire les clichés, le récit provoque parfois l’effet contraire (donner des ordres serait un métier de garçon?) Une belle lecture malgré tout! 

Vous aimerez peut-être: Sur la thématique des princesses, il y a la bande dessinée pour débutants lecteurs Princesse Princesse, l’album Le petit robot de bois et la princesse-bûchette, et L’anniversaire de la princesse Arabella.

Sous nos yeux: Petit manifeste pour une révolution du regard

Résumé : Ce guide explore l’importance et l’influence des images sur les jeunes que ce soit à la télévision, au cinéma, dans les jeux vidéos, les publicités ou les séries. L’auteure analyse la nature de ces images et leurs effets puis propose des outils pour que les adolescents puissent modifier leur regard.

Lectorat cible : 12 ans et plus

Autrices : Iris Brey & Mirion Malle

Édition : La ville brûle, 2021

ISBN : 9782360121373

Prix : 21,95$

Appréciation : Wow wow wow! Avez-vous vu ce livre? Les éditions la ville brûle (qui ne m’ont encore jamais déçue) viennent de sortir un superbe livre documentaire qui fait réfléchir les jeunes au regard, au male gaze, à la banalisation de la culture du viol dans les séries télé, à la porno, à la fabrication des images qu’on consomme parfois trop passivement, et à la manière dont les femmes sont filmées à l’écran. On y parle aussi de la présence des femmes derrière l’écran: Tout le monde connaît les Frères Lumières, mais qui a entendu parler d’Alice Guy, la première à comprendre que le cinéma pouvait être utilisé pour raconter des histoires et la première cinéaste blanche au monde? Alice Guy est également la première à filmer une histoire avec un casting composé entièrement d’acteurs noirs lorsqu’en 1912, certains acteurs refusaient de tourner d’apparaître à l’écran avec Noirs et qu’elle décide de les virer et des les remplacer par une distribution entièrement afro-américaine, sans changer l’histoire: rien dans le film ne fait référence à la ségrégation, ni au racisme. Ce film aurait pu être tourné avec des acteurs blancs et ça n’aurait rien changé à l’histoire.

Sous nos yeux aborde aussi la question du female gaze, du désir féminin et du mouvement #MeToo. Le tout est présenté d’une manière non condescendante, à hauteur d’adolescent qu’on sait capable de réfléchir par eux-mêmes et faire preuve d’empathie. On les amène à se questionner sur les images qu’ils consomment et à ne pas être de petits moutons qui suivent le troupeau sans réfléchir. Je vous recommande fortement ce livre! 

Coup de coeur !

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La fille des manifs

Barbara s’engage pour le climat et la force de son engagement lui vaut de devenir le visage de la contestation. Une interview qui tourne mal et son refus d’accepter une invitation de la présidente lui attire les foudres des médias qui l’avaient autrefois adulée. Pour traverser cette épreuve, elle écrit un journal destiné à Annie, sa grand-mère au destin tragique.

J’ai adoré ce roman. Il raconte l’histoire d’une jeune adolescente qui s’engage avec courage et sincérité pour le climat, et qui va se retrouver presque malgré elle sur le devant de la scène. Sa lutte illustre la pression qu’on met aux femmes qui parlent fort et s’expriment, ainsi que la manière dont on ne prend pas au sérieux la parole des femmes racisées. À ce sujet, elle dit:

« Je reçois régulièrement des messages d’insultes dans ma boîte mail et sur les réseaux. Surtout depuis que ma tête passe en boucle sur les écrans. Là, c’est le grand défouloir. Chacun se permet d’avoir un avis sur mon physique, mes fringues et ma façon de parler. Des journalistes ne manquent pas de mentionner que je suis métisse et que je ne suis pas spécialement une première de la classe mais une lycéenne qui passe un bac pro, sous-entendant que je suis bête et que j’ai du temps à perdre. (p.21) »

L’intersectionnalité entre son statut de métisse et de femme se constate aussi lorsqu’on remarque que la société ne semble pas prête à faire une place aux femmes qui manifestent. À celles qui veulent faire changer les choses. Celles qui osent dire NON. L’autrice aborde de front le double standard qui existe dans le milieu du militantisme: Les hommes sont perçus comme étant lucides et valeureux, alors que les femmes sont perçues comme hystériques et immatures. À cause de son jeune âge, et de son genre aussi peut-être, Barbara se remet beaucoup en question:

« Me voir et m’entendre parler est une épreuve. Je n’aime pas ma tête. Je ne supporte pas ma voix non plus. On dirait que j’aboie. Et mes cheveux qui tirebouchonnent dans tous les sens m’insupportent. Et les mots que je choisis, est-ce que je n’aurais pas dû en prendre d’autres? Les agencer autrement? Est-ce que je suis assez percutante, assez claire? […] J’avoue Annie, que je ne comprend pas vraiment ce qui chose les gens. Pourquoi est-ce qu’ils s’étonne de mon NON à la présidente? Pourquoi est-ce que ce NON les interpelle, les sidère? […] Mon engagement pour la planète ne fait pas de moi une héroïne. Je ne suis pas Rosa Parks qui se battait contre la ségrégation raciale aux États-Unis ni Sophie Scholl qui luttait contre le nazisme en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale ni Wangari Muta Maathai qui s’acharnait à replanter des arbres dans son pays, le Kenya, ravagé par la désertification. Je suis une adolescente comme les autres, une fille qui attend des adultes qu’ils se montrent un peu moins égoïstes et un peu plus matures. » (p.50-51)

Barbara ne manquera pas de faire l’expérience du sexisme. Trop souvent réduite à son genre, perçue comme un objet sexuel sans faculté de réflexion, sa lutte contre le climat éveillera aussi sa lutte pour le droit et le respect des femmes sur la place publique. À travers les mots qu’elle écrit pour sa grand-mère décédée, elle réalisera que la lutte menée par son ancêtre doit être continuée: « Tu es née après la Seconde Guerre et moi bien après l’euro. Je pensais jusqu’ici que des vies comme la tienne nous avaient servie à avancer, que ton existence avait éclairé nos consciences, que les filles étaient désormais comme les garçons, des êtres humains de chair, de sang et de réflexion, et qu’il était révolu le temps où on les considérait comme des petites choses jolies, d’autant plus jolies qu’elles se taisaient. Et, pourtant, je m’aperçois que ce n’est pas tout à fait vrai. » (p. 110)

Le roman, presque trop court, est extrêmement bien mené et porté par une écriture limpide où l’autrice s’efface derrière son personnage, lui laissant tout l’espace nécessaire pour exister. J’ai adoré!

Coup de cœur!

La fille des manifs
AUTEUR(S): Isabelle Collombat
ÉDITION: Syros, 2020
ISBN: 9782748527001
PRIX: 29.95$
13 ANS ET PLUS

Ce livre vous a plu?
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Louise et les monstres du soir

La nuit, l’imagination de Louise est sans limites ! Tous les monstres se faufilent hors de ses livres pour lui faire peur… Des petites veilleuses aux cachettes sous les couvertures, rien n’y fait, les monstres continuent de venir ! Et si Louise se servait de son imagination pour trouver la solution?

J’ai adoré cet album! Déjà, le livre-objet est très beau, avec une belle couverture rigide. Les illustrations sont superbes et accompagnent à merveille le texte. Louise est une fille qui n’a pas peur de se salir et qui aime jouer à la super-héroïne. Elle est assez courageuse, en fait! Sauf que le soir, cela lui arrive d’avoir peur. Une belle histoire sur les peurs enfantines avec un texte qui rassure. Le papa de Louise est présent et c’est lui qui la ramène encore et encore dans son lit la nuit, avec beaucoup de patience. Louise trouvera une solution pour vaincre ses peurs: Elle invitera tous les monstres de ses livres d’histoires à une grande parade dans sa chambre. Et là, Louise sera prête! Tous les moyens seront bons pour les tatatiner: Un chapeau de paille, un lasso fait de couvertures attachées, et même sa brosse à cheveux! Attention, certaines images peuvent faire un peu peur, comme celle où il y a des monstres sous le lit de Louise.

Coup de cœur!

Louise et les monstres du soir
AUTEUR(S) : Lisa Robinson & Lucy Fleming 
ÉDITION: Kimane, 2020
ISBN: 9782368088029
PRIX: 21,95$
4 ANS ET PLUS

Ce livre vous a plu?
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Signé poète X

Harlem. Xiomara a 15 ans et un corps qui prend plus de place que sa voix : bonnet D et hanches chaloupées. Contre la rumeur, les insultes ou les gestes déplacés, elle laisse parler ses poings. Étouffée par les préceptes de sa mère (pas de petit ami, pas de sorties, pas de vagues), elle se révolte en silence. Personne n’est là pour entendre sa colère et ses désirs. La seule chose qui l’apaise, c’est écrire, écrire et encore écrire. Tout ce qu’elle aimerait dire. Transformer en poèmes-lames toutes ses pensées coupantes. Jusqu’au jour où un club de slam se crée dans son lycée. L’occasion pour Xiomara, enfin, de trouver sa voix.

Ces dernières années, j’ai réalisé que j’aimais beaucoup les romans en vers. Encore plus si ce sont ces romans pour ados et jeunes adultes. Signé poète X est exactement l’un de ces romans. Il est écrit par une femme afro-latina et aborde des thématiques contemporaines telles que l’harcèlement sexuel, la détermination de soi, la religion, les relations entre des parents immigrants et leurs enfants qui ne le sont pas, le consentement et le plaisir des femmes.

Xiomara n’a que 15 ans, mais a des seins bien développés et des hanches chaloupées, ce qui lui attire le regard des hommes et bien des gestes déplacés à son égard. Elle est abordée dans la rue. Des mains baladeuses lui touche les fesses. Des hommes âgées tentent de la ramener chez eux. Elle est insultée lorsqu’elle refuse. Le problème pour Xiomara n’est pas son corps, car elle l’accepte et y est à l’aise. Le problème est le fait qu’on l’hypersexualise, qu’on la réduise à ses formes. Pour sa mère, par contre, ce corps donne à Xiomara accès à une vie sexuelle qu’elle condamne. Car si Xiomara est prête à avoir une relation avec un garçon, sa mère la veut chaste et dévouée à Dieu. Ces positions opposées seront à la source de plusieurs conflits entre l’adolescente et sa mère. Xiomara veut être libre et maître de son corps. Elle se sent prête à explorer ses sentiments amoureux et sa sexualité, mais pas n’importe comment et avec n’importe qui, même si la société lui renvoi sans cesse l’image d’une dévergondée. J’ai trouvé que l’auteure a su bien saisir les enjeux du corps et de la sexualité des femmes et des filles: d’un côté on les réduit à leurs formes, on leur dit qu’elles doivent se soumettre aux fantasmes des autres; de l’autre on les pointe du doigt lorsqu’elles souhaitent avoir une vie amoureuse épanouie.

Un jour, une enseignante de Xiomara diffuse en classe la vidéo d’une femme noire qui slame sur scène et qui parle de « ce que ça fait d’être noire, et d’être une femme, et des critères de beauté selon lesquels elle est pas belle. » (p.85). Pour Xiomara, ce sera comme une révélation: « On est différentes, cette poétesse et moi. On se ressemble pas, on vient pas du même monde. Pourtant on est presque pareilles quand je l’écoute. Comme si elle m’entendait. » (p.85) Xiomara est latina et on retrouve quelques mots ici et là en espagnol. La culture dominicaine est bien présente dans la famille, et les enfants en sont fiers. Toutefois, c’est le côté conservateur de la culture familiale avec lequel ils ont plus de difficulté: Xiomara souhait s’émanciper en tant que femme, alors que son frère jumeau doit cacher son homosexualité. La thématique de la différence est aussi abordée dans la relation entre Xiomara et son amoureux, très talentueux en patins à glace, mais qui n’a jamais pu explorer cette passion car son père considérait que c’était une activité féminine inappropriée pour les garçons. À ce sujet, Xiomara écrira avec beaucoup de sagesse:

Il a un sourire triste. Et je pense à tout ce qu’on pourrait être si on nous disait pas que nos corps sont pas faits pour. (p. 207).

Avec une prodigieuse économie de mots et un ton percutant, Signé poète X est un roman fort qu’on lit d’une traite, en une matinée. Je vous le recommande chaudement.

* Prix National Book Award for Young People’s Literature en 2018.

* Médaille 2019 Carnegie pour le meilleur livre jeunesse publié au Royaume-Uni.

Elizabeth Acevedo est une autrice afro-latina. Elle habite aux États-Unis.

Signé poète X
AUTEUR(S) : Elizabeth Acevedo 
ÉDITIONNathan, 2019
ISBN: 9782092587294
PRIX: 29,95$
14 ANS ET PLUS

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Les règles de l’amitié

Un jour, Sasha, la nouvelle de l’école, qui était jusque-là tenue à l’écart, se voit couverte de honte car son pantalon est taché par ses toutes premières règles. Soutenue par trois bonnes amies qui se connaissent depuis longtemps et partagent leurs expériences, Sasha est initiée à ce nouvel aspect de sa vie intime. Une bande dessinée sur le vécu des menstruations sur fond d’engagement féministe.

Oui! Plus de bandes dessinées sur les menstruations pour les jeunes! Plus de BD féministes! Plus de livres jeunesse qui normalisent les règles et fracassent les tabous entourant la puberté féminine! #SangTabou

J’aime beaucoup les bandes dessinées réalistes, les récits scolaires et les histoires féministes. Dans Les règles de l’amitié, il y a les trois! On y rencontre une préadolescente, petite et sans formes contrairement à ses amies, et qui va avoir ses premières règles à l’école. Alors que certains élèves se moqueront d’elle (même des filles!), une bande d’amis la prendra sous son aile pour lui expliquer les changements qui se produisent dans son corps, pour la rassurer, l’aider à se laver (oui, parce qu’elle se promenait à l’école avec son pantalon taché). Les quatre jeunes filles deviendront meilleures amis.

Elles vont partager leurs expériences et lui apprendre ce qu’elle doit connaître sur les menstruations : comment mettre un tampon, la gestion de la douleur, la famille, les non-dits et les tabous. Au départ, j’avais espéré une histoire à 4 voix, mais c’est surtout le point de vue d’Abby, une ado rousse (je suppose, c’est du moins comme cela que je l’ai imaginée), s’insurge notamment de l’indisponibilité des serviettes au collège. Abby en fera son cheval de bataille, risquant au passage de perdre ses amies par manque d’empathie.

Brit est une jeune adolescente noire, grosse, qui souffre beaucoup de crampes menstruelles. À travers son vécu, on apprend que les règles diffèrent entre les femmes, que les crampes sont communes et doivent être prises au sérieux, et que l’endométriose existe.

Les quatre amies sont féministes, lisent Jane Eyre de Charlotte Brontë, bloguent sur les enjeux qui touchent les femmes, militent et n’ont pas peur de prendre leur place. On retrouve des extrait du blogue d’Abby dans le livre, notamment des listes des héroïnes qui se sont battues pour le droit des femmes: Eleanor Roosevelt, Coretta Scott King, Gloria Steinem, Maya Angelou, Malala Yousafzai, etc. À la fin de la bande dessinée, il y a un petit « guide des règles » où les autrices parlent sans tabou des menstruations et de l’activisme menstruel. J’ai adoré et je vous recommande chaudement cette BD (aux filles ET aux garçons!… car oui, les garçons aussi doivent connaître les menstruations: ça touche la moitié de l’humanité!)

Les règles de l’amitié
AUTEUR(S):  Lily Williams & Karen Schneemann 
ÉDITION: Éditions Jungle, 2020
ISBN: 9782822231503
PRIX: 29,95$
10 ans et plus

Ce livre vous a plu?
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Les chroniques d’Under York (tome 1): La malédiction

Situé dans les profondeurs de New York, l’Under York est un lieu mystérieux où règnent cinq clans de sorciers issus des principales communautés du pays, qui pratiquent une magie aussi puissante que dangereuse. Bannis depuis toujours de la surface, ils influent en secret sur la vie de ses habitants. Alison Walker, jeune peintre prometteuse, a fui cet univers. Mais voilà que le passé la rattrape.

Un scénario prenant, des personnages crédibles et des dessins dignes des canons des univers Marvel et DC Comics, Les Chroniques d’Under York a tout pour plaire. Le scénariste belge Sylvain Runberg y raconte l’histoire d’Alison, une jeune sorcière qui veut oublier d’où elle vient pour se consacrer à sa passion (l’art), le tout dans un style d’Urban Fantasy fascinant. Alison est une fille métisse de 22 ans dont les ancêtres béninois ont été amenés de force aux États-Unis durant la traite négrière au XVIIIe siècle. Sa ville, New York, est celle de personnes venus de partout dans le monde, et on retrouve beaucoup ce côté cosmopolite dans le récit. J’ai été transportée hors de mon quotidien en lisant cette bande dessinée: les sociétés de l’Under York divisées en 5 grands clans, les mythes, la vie sous-terraine des mole people… Tout y est pour faire oublier le quotidien. Le monde créé par Runberg est très riche! Des clans aux codes de vie très stricts, issues des principales communautés du pays (africaine, irlandaise, chinoise, mexicaine et amérindienne), pratiquent une magie aussi puissante que dangereuse.

Alison est fougueuse et courageuse. Elle est aussi très sensible aux enjeux féministes et dénonce le sexisme qui existe dans l’Under York. À travers les pages de son journal, elle se dévoile et nous raconte ses aventures, ses défis et ses problèmes. J’ai aimé pouvoir le lire entre chaque chapitre. D’ailleurs, ce premier tome se termine sur une note plutôt mystérieuse qui donne le goût de continuer la série.

Au dessin, on a l’artiste Mirka Andolfo, connue pour avoir illustré notamment une série de Harley Quinn chez DC comics. Sans surprise, son style ressemble beaucoup à l’esthétique que l’on retrouve énormément en ce moment dans l’univers des comics américains. Andolfo a réussi à créer un univers sombre et glauque qui cadre parfaitement avec l’histoire d’Under York. Et franchement, on ne peut pas passer à côté de la qualité des couleurs et de l’encrage de Piky Hamilton et Carmelo Zagaria: les ombres, les traits et la création d’atmosphère tapent dans le mille à chaque planche. Juste un petit bémol au niveau de la couleur de peau des personnages noirs: de cases en cases, la couleur change parfois beaucoup, tellement qu’il faut un moment pour se dire: « Ah, ouais, en fait, c’est le même personnage que tout à l’heure ». Aussi, les tons de brun et beige utilisés sont parfois blafardes et manquent de punch.

Bref, voilà une bande dessinées pour les ados et jeunes adultes où se côtoient fantasy, diversité, égalité et action. Une série en trois tomes publiée chez Glénat, qui plaira aux ados! À découvrir!

Les chroniques d’Under York: La malédiction
AUTEUR(S):  Sylvain Runberg & Mirka Andolfo
ÉDITION: Glénat, 2019
ISBN: 9782344032299 
PRIX: 27,95$
14 ans et plus

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être le deuxième tome de cette trilogie, intitulé Possession. Essayez aussi Si on était… et Les quatre soeur March, deux bandes dessinées pour les adolescents avec des personnages issus de la diversité raciale.

Nous sommes tous des féministes

Dans ce discours prononcé en 2012 dans le cadre d’un programme dédié à l’essor du continent africain, l’écrivaine nigériane aborde avec lucidité et humour le sujet du féminisme. A travers des anecdotes issues de sa vie quotidienne, au Nigeria comme aux Etats-Unis, elle évoque les questions de l’inégalité des sexes et de l’image de soi des femmes. Le texte est ici adapté pour le jeune public.

J’ai sauté de joie lorsque j’ai su que le célèbre manifeste de Chimamanda Ngozi Adichie avait été adapté pour la jeunesse. L’écrivaine nigériane y aborde la question de l’égalité des sexes avec lucidité et humour, au travers de son expérience et d’anecdotes de son enfance. Le large format se prête parfaitement au texte et les illustrations de Leire Salaberria accompagnent à merveille la puissance des mots. Le passage de ce discours (qui, au départ, était adressé à un public adulte) vers un lectorat jeunesse se fait tout en douceur. La présentation matérielle est également très bien réussie: couverture rigide et jolies pages de garde enveloppent le livre, alors que chaque double page présente le texte et les illustrations comme le miroir l’un de l’autre.

Voilà un texte à partager avec tous, filles et garçons, pour semer, dès à présent, les graines du changement. Ne passez pas à côté!

«J’aimerais que nous rêvions à un monde différent et que nous commencions à le préparer. Un monde plus juste. Un monde où les hommes et les femmes seront plus heureux et plus honnêtes envers eux-mêmes. Et voici le point de départ: nous devons élever nos filles autrement. Et aussi nos garçons.»

Chimamanda Ngozi Adichie est une autrice nigériane.

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Nous sommes tous des féministes
AUTEUR(S) : Chimamanda Ngozie Adichie & Leire Salaberria
ÉDITIONGallimard JEUNESSE, 2020
ISBN: 9782075142915
PRIX: 19,95$
6 À 12 ANS

Ce livre vous a plu?
Vous aimerez peut-être Ces femmes incroyables qui ont changé le monde, On n’est pas des super-héros ou Histoires du soir pour filles rebelles, trois livres jeunesse portant un message féministe.

Les quatre soeurs March

Les quatre soeurs march ray terciero bre indigoLes quatre soeurs March Meg, Jo, Beth et Amy passent une année difficile. Non seulement leur père est parti à l’autre bout du monde et leur mère se tue à la tâche pour boucler les fins de mois, mais en plus chaque sœur doit affronter ses propres problèmes. Histoires à l’école, soucis de santé, ennuis avec les garçons ou sentiment d’être perdue, les filles March ont toutes besoin de la même chose : se soutenir les unes les autres. En restant unies, ces quatre jeunes femmes trouvent le courage d’être elles-mêmes…

Alerte coup de cœur!!! Je vous le dis d’emblée, ma critique contient de nombreux SPOILERS. Vous êtes averti.e.s! 😉 Ce roman graphique est tout simplement sublime. Les personnages sont bien développés et l’histoire bien ficelée. Chacune des soeurs March a sa propre personnalité, sa passion, ses intérêts et fait face à ses propres difficultés. Meg est l’aînée et la fille biologique de Mr. March. Si elle s’intéresse à l’univers de la mode au début du récit (elle voudra même épouser un riche garçon afin que l’argent ne soit plus jamais un soucis pour elle), elle restera longtemps gênée par la pauvreté de sa famille. Son origine modeste et le fait d’avoir grandi à Brooklyn finira par devenir une fierté et, à la fin du récit, elle annoncera vouloir entamer des études de droit pour pouvoir aider les familles démunies. Tout au long de l’histoire, on voit Meg porter diverses coupes de cheveux: des tresses avec des rallonges, des perruques, un afro, des twists (vanilles), des tresses courtes, un brushing, des fauxlocs, des updos, un TWA, etc. Cela représente bien la manière dont les femmes noires portent leurs cheveux dans la vraie vie.

Jo est la fille biologique de Mme March. Elle a été adopté par Mr. March à son grand bonheur. Passionnée de littérature, elle lit du Toni Morrison, du Jennifer Egan, du Alice Walker ou du Michael Cunningham. Même si elle est blanche, elle est très au fait des problématiques touchant les communautés noires et n’hésite pas à manifester pour défendre leurs droits ou celui des femmes. Elle se découvrira lesbienne et apprendra à s’accepter telle qu’elle est. On découvrira aussi que sa tante célibataire l’est aussi et n’a jamais eu de relation amoureuse par évitement car elle n’accepte pas son homosexualité. Les deux femmes, malgré des débuts rocailleux, finiront par être très proches.

quatre soeurs march 3

Beth et Amy sont les deux filles biologiques de Mr. et Mme March. Beth s’intéresse à la musique et sa chanteuse préférée est Nina Simone. D’abord timide, elle surmontera sa peur et trouvera le courage de chanter en public après avoir vaincu le cancer. Elle ne s’entend pas toujours avec sa petite sœur qui n’apprécie pas devoir partager sa chambre avec elle. Beth est très studieuse et travaillante. Son diagnostic de cancer tombera comme une tonne de pierres sur la famille. Par solidarité, ses trois sœurs se raseront les cheveux lorsque la chimiothérapie lui fera perdre les siens.

Amy est la petite dernière, mais elle ne manque pas de personnalité. Même si elle adore se chamailler, ses dehors un peu brusques cachent un cœur vulnérable qui se fait du souci pour sa famille. D’abord égoïste, elle apprendra à développer son empathie et à relativiser les choses. Elle est une pure geek: elle apprécie les super-héros, les jeux vidéo, le dessin, les couleurs pastels et les arcs-en-ciel. Et même si on se moque d’elle, elle demeurera persuadée d’être la plus cool. Bravo pour elle! Cela dit, elle sera tout de même très blessée par l’intimidation qu’elle subit à l’école. À un moment du récit, son enseignante la surprendra en train de dessiner durant son cours d’histoire. Elle sera grondée et l’enseignante dira que les « gens comme elle » doivent travailler encore plus. Amy sera dévastée et humiliée par ce qu’elle pense être du racisme. Par « les gens comme elle », faisait-elle référence aux personnes noires?? Elle découvrira plutôt que son enseignante, impressionnée par son talent en dessins, voulait plutôt dire que si Amy veut travailler dans le domaine des arts, il faudra travailler très dur, et ça commence par être attentive en classe. Par « les gens comme elle », elle voulait plutôt dire « les artistes ». L’enseignante l’encouragera à poursuivre ses rêves de devenir bédéiste.

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Mr. March est un militaire déployé au Moyen-Orient. C’est un père aimant et aimé qui sera blessé à la guerre. Il manque beaucoup à toutes les filles et femmes de sa famille, et elles lui écrivent souvent des courriels et des lettres. La bande dessinée est d’ailleurs entrecoupée de ces messages retranscrits tels qu’on les voit sur un écran d’ordinateur ou sur une feuille de papier. Il y a aussi le journal intime de Jo dans lequel elle se confie, et le carnet de pensées de Meg. Le récit garde un bon rythme tout au long de l’histoire qui se déroule sur plusieurs mois. J’ai aussi aimé que la bande dessinée de Rey Terciero aborde la thématique queer, ce qui ne se fait pas souvent en littérature jeunesse. Points bonis pour la présence d’une belle diversité corporelle parmi les personnages du livre: on y voit des corps grands et élancés, petits et trapus, maigres ou gros. Vous devez absolument lire cette bande dessinée. Elle plaira aux préados, aux ados et aux jeunes adultes. Un tour de force. Sublime!

Coup de cœur!

Bre Indigo est une illustratrice noire américaine et queer.

Bre indigo

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Les quatre soeurs MarchBouton acheter petit
AUTEUR(S) : Rey Terciero & Bre Indigo
ÉDITION: Jungle, 2019
ISBN: 9782822228060
28,95$
10 ANS ET PLUS

Ce livre vous a plu ?
Vous aimerez peut-être Roller Girl, ou encore Le Garçon sorcière, deux bandes dessinées jeunesse avec des personnages queer. Essayez aussi La grande aventure de Concombre.

rollergirl    Garçon sorcière    grande aventure de concombre royaume du donut

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