La première année du bébé est rythmée par les 4 saisons. Tout simplement, prenez le temps de lui raconter Souffle d’hiver avec ses sons, ses rythmes, la danse des mots et votre émotion. Ensuite, poursuivez ce moment de partage en musique, puis laissez-vous emporter par la voix de l’autrice. 1 livre + 1 CD avec une musique originale de Flavia Perez et une lecture de Jo Witek sur la musique.
Dans Souffle d’hiver, j’ai d’abord découvert avec enchantement la qualité du livre et de son récit. J’ai adoré la musicalité du texte, avec ses « Fffffffff » du vent qui souffle, ses « Aglagla…. brouuuu » qui font grelotter, et ses « cric, crac, croc » de la glace qui se brise quand on la piétine. Le récit capture en peu de mots un doux moment du quotidien, une sortie de neige en famille: regarder la neige tomber, faire de la luge sur le lac, glisser sur la montagne, s’emmitoufler dans des habits d’hiver et se réchauffer en rentrant à la maison. Un très beau livre cartonné en soi.
Puis, j’ai découvert l’accompagnement audio avec étonnement et contentement. Il ne s’agit pas de l’histoire qui nous est racontée, mais plutôt d’un arrangement musical d’ambiance sur la thématique de l’hiver et du vent. Très, très bon!
L’histoire donne à voir un garçon noir, avec ses parents: un papa noir également et une maman blanche. Le tout, sans que la couleur de la peau soit au centre du récit. Je vous recommande chaudement ce petit livre cartonné !
Souffle d’hiver AUTEUR(S): Jo Witek , Emmanuelle Halgand & Flavia Perez ÉDITION: Flammarion JEUNESSE, 2020 ISBN: 9782081519077 PRIX: 24,95$ 0 à 3 ANS
Harlem. Xiomara a 15 ans et un corps qui prend plus de place que sa voix : bonnet D et hanches chaloupées. Contre la rumeur, les insultes ou les gestes déplacés, elle laisse parler ses poings. Étouffée par les préceptes de sa mère (pas de petit ami, pas de sorties, pas de vagues), elle se révolte en silence. Personne n’est là pour entendre sa colère et ses désirs. La seule chose qui l’apaise, c’est écrire, écrire et encore écrire. Tout ce qu’elle aimerait dire. Transformer en poèmes-lames toutes ses pensées coupantes. Jusqu’au jour où un club de slam se crée dans son lycée. L’occasion pour Xiomara, enfin, de trouver sa voix.
Ces dernières années, j’ai réalisé que j’aimais beaucoup les romans en vers. Encore plus si ce sont ces romans pour ados et jeunes adultes. Signé poète X est exactement l’un de ces romans. Il est écrit par une femme afro-latina et aborde des thématiques contemporaines telles que l’harcèlement sexuel, la détermination de soi, la religion, les relations entre des parents immigrants et leurs enfants qui ne le sont pas, le consentement et le plaisir des femmes.
Xiomara n’a que 15 ans, mais a des seins bien développés et des hanches chaloupées, ce qui lui attire le regard des hommes et bien des gestes déplacés à son égard. Elle est abordée dans la rue. Des mains baladeuses lui touche les fesses. Des hommes âgées tentent de la ramener chez eux. Elle est insultée lorsqu’elle refuse. Le problème pour Xiomara n’est pas son corps, car elle l’accepte et y est à l’aise. Le problème est le fait qu’on l’hypersexualise, qu’on la réduise à ses formes. Pour sa mère, par contre, ce corps donne à Xiomara accès à une vie sexuelle qu’elle condamne. Car si Xiomara est prête à avoir une relation avec un garçon, sa mère la veut chaste et dévouée à Dieu. Ces positions opposées seront à la source de plusieurs conflits entre l’adolescente et sa mère. Xiomara veut être libre et maître de son corps. Elle se sent prête à explorer ses sentiments amoureux et sa sexualité, mais pas n’importe comment et avec n’importe qui, même si la société lui renvoi sans cesse l’image d’une dévergondée. J’ai trouvé que l’auteure a su bien saisir les enjeux du corps et de la sexualité des femmes et des filles: d’un côté on les réduit à leurs formes, on leur dit qu’elles doivent se soumettre aux fantasmes des autres; de l’autre on les pointe du doigt lorsqu’elles souhaitent avoir une vie amoureuse épanouie.
Un jour, une enseignante de Xiomara diffuse en classe la vidéo d’une femme noire qui slame sur scène et qui parle de « ce que ça fait d’être noire, et d’être une femme, et des critères de beauté selon lesquels elle est pas belle. » (p.85). Pour Xiomara, ce sera comme une révélation: « On est différentes, cette poétesse et moi. On se ressemble pas, on vient pas du même monde. Pourtant on est presque pareilles quand je l’écoute. Comme si elle m’entendait. » (p.85) Xiomara est latina et on retrouve quelques mots ici et là en espagnol. La culture dominicaine est bien présente dans la famille, et les enfants en sont fiers. Toutefois, c’est le côté conservateur de la culture familiale avec lequel ils ont plus de difficulté: Xiomara souhait s’émanciper en tant que femme, alors que son frère jumeau doit cacher son homosexualité. La thématique de la différence est aussi abordée dans la relation entre Xiomara et son amoureux, très talentueux en patins à glace, mais qui n’a jamais pu explorer cette passion car son père considérait que c’était une activité féminine inappropriée pour les garçons. À ce sujet, Xiomara écrira avec beaucoup de sagesse:
Il a un sourire triste. Et je pense à tout ce qu’on pourrait être si on nous disait pas que nos corps sont pas faits pour. (p. 207).
Avec une prodigieuse économie de mots et un ton percutant, Signé poète X est un roman fort qu’on lit d’une traite, en une matinée. Je vous le recommande chaudement.
* Prix National Book Award for Young People’s Literature en 2018.
* Médaille 2019 Carnegie pour le meilleur livre jeunesse publié au Royaume-Uni.
Elizabeth Acevedo est une autrice afro-latina. Elle habite aux États-Unis.
Signé poète X AUTEUR(S) : Elizabeth Acevedo ÉDITION: Nathan, 2019 ISBN: 9782092587294 PRIX: 29,95$ 14 ANS ET PLUS
Ce livre vous a plu? Vous aimerez peut-être Frères, un roman pour adolescents écrit en vers. Essayez aussi My life matters et Sortir d’ici.
Et si manger des choux de Bruxelles pouvaient vous donner un superpouvoir ? Albertine adore dresser les listes des choses qu’elle aime : ses mots favoris, ses aliments préférés, les superpouvoirs qu’elle rêve de posséder. Mais il y a une chose que vous ne trouverez sur aucune des listes d’Albertine : les horribles choux de Bruxelles ! Albertine les DÉTESTE ! ! ! Une seule chose pourrait la faire changer d’avis : qu’ils puissent lui donner un superpouvoir ! Un album plein d’humour mettant en vedette les choux de Bruxelles, ces petits légumes trop souvent mal aimés.
Cet album pour les enfants du préscolaire est d’une bonne qualité matérielle: couverture rigide, jolies pages de garde et format agréable. J’ai beaucoup aimé le texte d’Anne Renaud qui capture bien l’aversion des enfants pour les légumes, tout en y ajoutant une pointe d’humour bon-enfant. Le vocabulaire y est riche et les petits lecteurs apprendront plusieurs nouveaux mots comme démasque(r), fanfarons, frondeur, chenapans, hume(r) ou tournoyer.
Albertine est une enfant comme les autres, un peu têtue, un peu naïve, mais curieuse et pleine d’imagination. Elle croit que les carottes lui permettront un jour de voir dans le noir, que les épinard la rendront plus forte, et que les choux de Bruxelles servent surtout à faire les yeux des bonhommes de neige! Ces petites mimiques d’adulte m’ont bien fait rire, par exemple lorsqu’elle fouille dans les livres à la recherche de recettes avec (pas trop) du légume tant détesté. Elle vit avec sa maman (son papa n’est pas mentionné dans l’histoire), une femme élégante aux cheveux crépus, et son petit chat noir. D’ailleurs, l’illustratrice a très bien réussi à dessiner la texture des cheveux!
Le livre se termine pas une blague de pet, qui fera rire les enfants. Le livre me semble plus adapté à une lecture en duo qu’une lecture à un groupe, mais n’hésitez pas à vous familiariser avec cette histoire, car certains bibliothécaires et animateurs auront plaisir à l’adopter pour l’heure du conte. Superbes illustrations colorées et expressives d’Élodie Duhameau. Très bon!
Albertine Petit-Brindamour déteste les choux de bruxelles AUTEUR(S) : Anne Renaud et Élodie Duhameau ÉDITION: La courte échelle, 2020 ISBN: 9782897743215 PRIX: 18,95$ 4 ANS ET PLUS
Le père de Sophia change de travail et ne peut plus faire la lecture à l’heure du conte. Alors la petite fille entreprend sur-le-champ de recruter un remplaçant et voit avec ravissement se présenter les personnages de ses contes préférés. Mais la Belle au bois dormant ne parvient pas à rester éveillée, le Bonhomme de pain d’épice lui vole son livre et Blanche Neige amène les sept nains. Sophia persévère dans sa recherche, mais elle est vite découragée. Va-t-elle devoir abandonner l’heure du conte pour toujours?
Au niveau de la représentation, on est en présence d’une petite fille noire aux cheveux naturellement crépus et au teint foncé. Ce n’est pas anodin car si les personnages noirs sont extrêmement minoritaires en littérature jeunesse, lorsqu’ils sont présents, ce sont généralement des personnages au teint brun plutôt que marron qui sont privilégiés, ce qui invisibilise une partie des personnes afrodescendantes. J’ai été très heureuse de constater que non seulement le personnage principal de cet album ait un prénom (Sophia!), mais que son papa soit aussi présent dans sa vie. Il lui lit des histoires tous les soirs et même lorsqu’il décroche un nouvel emploi et est moins présent pour sa fille, il finira par trouver quelques minutes pour maintenir leur traditionnelle histoire du soir. Cherche remplaçant: Doit aimer les livres est un joli album pour l’heure du coucher ou tout autre moment, qui met en lumière le lien unique existant entre un père et sa fille. Bref, niveau représentation, rien à redire, cet album est fantastique!
Au niveau du récit, le texte est drôle et touchant, qui s’efface parfois pour laisser les illustrations raconter certains passages. Ainsi, les illustrations participent autant que le texte à faire avancer le récit; l’un ne peut exister sans l’autre, à défaut de perdre des informations nécessaires à la compréhension de l’histoire. La prémisse est intéressante (le papa qui n’a plus le temps de faire la lecture du soir et l’enfant qui entreprend de trouver quelqu’un d’autre), mais j’ai trouvé que l’idée a été poussée un peu trop loin à certains moments. Que les postulants soient des personnages de contes, c’est amusant. Mais qu’une fillette d’âge préscolaire rédige seule une offre d’emploi, c’est un peu trop improbable. J’ai trouvé qu’à ce niveau-là, l’auteur cherchait davantage à faire sourire les parents que de rejoindre les enfants. Qu’à cela ne tienne, Cherche remplaçant: Doit aimer les livres est un album humoristique et sympa qui vous plaira sûrement autant qu’à votre enfant.
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Cherche remplaçant: Doit aimer les livres AUTEUR(S): Janet Sumner Johnson & Courtney Dawson ÉDITION: Scholastic, 2020 ISBN: 9781443181945 PRIX: 11,99$ 3 à 5 ans
Cette semaine, c’est la fête des Mères et moi, je suis chanceux, car j’en ai deux. « Madame Luce, pourquoi on dit tout le temps que ça prend un papa et une maman pour faire des bébés? Isaac, lui, il a deux mamans et il a été un bébé. » Madame Luce regarde Layla. Elle tourne la tête de droite à gauche et fait une moue en levant les yeux au ciel. Elle plisse le front. Elle ouvre la bouche puis la referme. Elle se gratte la tête. « D’accord, écoutez bien, les enfants… »
Il existe peu de livres jeunesse qui abordent positivement et dans un langage accessible aux enfants le thème de l’homoparentalité. Mes deux mamans à moi, publié aux éditions Boomerang, réussit à expliquer simplement comment deux femmes peuvent avoir un enfant en utilisant une analogie entourant les animaux. L’auteure ne craint pas de nommer les choses: utérus, spermatozoïde, ovule. À travers les questions des enfants, l’enseignante de l’histoire parvient à normaliser la famille homoparentale d’Isaac:
Avoir deux mamans, est-ce que cela veut dire avoir aussi deux papas?
C’est comment, avoir deux mamans? (C’est comme avoir une maman, deux fois. Tout simplement!).
Isaac était-il dans les deux ventres de ses mamans en même temps?
Pourquoi on dit tout le temps qu’il faut un papa et une maman pour faire des bébés?
Comment ça marche, quand c’est deux papas?
L’une des mamans de l’histoire a le teint brun, mais sa couleur de peau n’est pas importante dans l’histoire. J’aurais aimé retrouver un dossier pour outiller les adultes accompagnateurs sur comment aborder l’homoparentalité avec les enfants en fin d’album. La présentation matérielle est assez fragile: le livre est tout simplement broché en son centre. Intéressant et pertinent tout de même. À lire!
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Mes deux mamans à moi AUTEUR(S) : Brigitte Marleau ÉDITION: Boomerang, 2020 ISBN: 9782897093891
Prix: 9,95$
3 à 6 ANS
Lors d’aune séance de coiffure, Khadi s’interroge sur la nature crépue de ses cheveux. Pourquoi leur texture n’est-elle pas aussi lisse que celle de sa meilleure amie ? Sa mère lui fait comprendre avec douceur que chaque personne est unique et que les différences de chacun sont l’une des plus belles des raisons de s’ouvrir aux autres.
Les livres sur le soin des cheveux crépus sont rares. En tenant J’ai mal à mes cheveux !, on a l’impression de tenir une petite révolution dans ses mains. Quel bonheur de lire les récits de personnes afro-descendantes racontées par elles-mêmes. #OwnVoices ! Khadi est une petite fille comme beaucoup d’autres et il est facile de s’y identifier. Elle va à l’école, passe de bons moments avec sa mère, vit en France. Une fille ordinaire, quoi ! Et quelle joie qu’elle le soit, qu’elle ne soit pas représentée comme étant exotique ou « différente », comme c’est souvent le cas en littérature jeunesse. C’est une petite fille comme tout plein d’autres petites filles.
Le récit s’articule surtout autour du dialogue entre la mère et Khadi, et on sent bien que l’auteure veut faire passer un message (l’importance d’apprendre à s’occuper de ses cheveux et à les aimer au naturel). Mais compte-tenu de la rareté de ce genre de livre, ça ne m’a pas vraiment dérangé. Venessa Yatch admet d’ailleurs avoir écrit le roman qu’elle aurait voulu lire enfant. Je ne peux qu’admirer une auteure qui utilise ses mots pour dire les choses qui doivent être dites, et qui donne une voix aux petites filles noires. Bravo !
La mise en page un peu lourde manque parfois d’équilibre: le texte domine les illustrations ou l’inverse. De plus, certaines pages sont plus difficiles à lire à cause du contrastre trop faible entre les lettres et le fond de couleur. Enfin, la reliure brochée est fragile, mais les pages sont en papier glacé. Rien de grave car si ce n’est pour la qualité matérielle, lisez ce livre pour ce qu’il représente et le message qu’il véhicule; celui de l’apprentissage et de l’acceptation de soi.
Venessa Yath est une auteure française.
Haneek.s est une illustratrice originaire de la Guadeloupe. Elle vit à Paris.
Auteur(s) / illustrateur(s) : Venessa Yatch & Haneek.s Autoédition Année de publication: 2016 ISBN: 9782956110309 Public cible: 9 ans et plus
Dans les années 1990, pour Marilyn, 17 ans, c’est la liberté. Enfermée dans les rêves de célébrité de sa mère qui l’entraîne d’auditions en castings, elle ne revit que lorsqu’elle retrouve le beau et insaisissable James. Mais les regards que certains portent sur la couleur de peau de James ne risquent-ils pas de détruire leur amour naissant ? De nos jours, pour Angie, 17 ans, c’est la vérité. Alors que le monde semble s’être arrêté de tourner pour sa mère, Marilyn, la jeune métisse est prête à tout pour retrouver James, ce père qu’on lui a toujours caché. Embarquée par son ex-petit ami Sam, Angie fuit sa ville de province et plonge dans les rues bruyantes et colorées de Los Angeles, à la recherche d’un passé trop longtemps maintenu dans l’ombre. Une mère, une fille, deux façons d’aimer.
Un joli roman qui s’intéresse à la filiation, l’identité, la mixité raciale, les relations mère-fille et le passage à l’âge adulte. On suit l’histoire de Angie et de Marilyn parralèllement et les deux récits se complètent et se répondent l’un l’autre. Ava Dellaira a une plume forte et on se plait à lire ce roman en sirotant un bon thé. Angie, élevée par sa mère blanche, ressent un vide face à l’absence de son père. Qui est-il ? Quelle est sa connection à lui ? Comment peut-elle définir son identité raciale dans cette Amérique qui accorde, on le sait, énormément de place et de sens à la race ? En fait, Angie n’a pas du tout connu la famille de son père. Un passage m’a particulièrement interpelé: Angie, son amie Jess (qui est blanche) sont en sortie scolaire de maternelle avec Marilyn qui accompagne le groupe classe. Jess demande à Angie si elle est adoptée car elle ne ressemble pas du tout à sa mère. La petite Angie, affolée, se demande si son amie n’a pas raison et demande à sa mère pourquoi elle ne lui ressemble pas. Pas facile pour une enfant de 5 ans, et ses questionnements vis-à-vis son identité perdureront jusqu’à son adolescence où une employeuse mettra en doute son lien de parenté avec sa mère et, méfiante, la prendra pour une démarcheuse. Angie est malheureusement trop familière de ses microagressions et en parle avec son ex-petit-ami qui lui conseille des livres sur le sujet (dont du Ta-Nehisi Coates et du Claudia Rankine!)
Angie recherche aussi son passé pour mieux comprendre ce que l’avenir lui réserve. Lorsque des secrets de famille referont surface, Marilyn se défend en disant à sa fille qu’elle souhaitait la protéger, mais Angie ne mord pas le morceau:
Me protéger de quoi ? Tu ne crois pas que ça aurait été bien pour moi de connaître une autre personne noire dans ma famille ? Quelqu’un susceptible de faire office de figure paternelle, ou je ne sais quoi, en l’absence de père ? […] Tu m’as menti ! À propos d’une des choses les plus importantes pour moi ! (p.341)
Ce roman a été très bien reçu lors de sa sortie. Sur son site web, l’auteure propose d’écouter la playlist du roman car oui, la musique prendre beaucoup de place dans ce livre. Très bon !
Auteur(s) / illustrateur(s) : Ava Dellaira Maison d’édition: Michel Lafon Année de publication: 2018 ISBN: 9782749932101 Lectorat cible: Ados. Vous aimerez peut-être: Frères, un roman pour ados où l’on découvre le quotidien de deux garçons afro-américains qui se passionnent pour le basketball.
Sur l’eau je glisse, je me faufile à travers les nénuphars et les roseaux. Ma maman me fait découvrir le monde invisible des animaux qui vivent sous l’eau, les petits poissons et les écrevisses, les tortues et les grenouilles. Je suis émerveillé de découvrir ce monde mystérieux qui se cache, au fond de l’étang. Veux-tu me suivre à la découverte des animaux qui vivent sous l’eau ?
Le long format vertical de cet album se prête merveilleusement bien au propos; tantôt il évoque le niveau de l’eau, tantôt il montre en contre-plongée les profondeurs des mers. Ce va-et-vient entre la surface de l’étang et ce qui se passe sous l’eau donne place à des spectacles splendides, comme des castors qui plongent pour arracher de délicieuses racines, un héron qui chasse le poisson en plongeant soudainement sa tête sous l’eau, un pic qui picosse un pin s’élevant près de la berge, une loutre qui pêche des moules d’eau douce avec ses griffes, des têtard qui sont entrain de se transformer en grenouilles, ou encore une libellule fatiguée venue se poser sur le genou du garçon pour se reposer. Les deux personnages de l’histoire sont une mère et son fils, partis naviguer ensemble dans un petit canoë pour y découvrir ce qui vit sous l’étang. Le fait qu’ils soient noirs ne change rien à l’histoire. J’ai également aimé le fait que ce soit la mère qui accompagne son fils, déconstruisant du même coup de stéréotype que la science est une affaire d’hommes. Avec eux, on s’émerveille de la beauté de la nature, de l’équilibre de l’écosystème et on prend conscience de la nécessité de le respecter et de le protéger. Car la mère et son fils ne pêchent pas; ils rament et observent, sans déranger la nature.
À la fin de l’album, on retrouve une note de l’auteure qui nous explique ce que sont les étangs et les plants d’eau, ainsi que les animaux qui y habitent. elle nous parle d’écosystème, de producteurs (comme le planctons qui crée sa propre nourriture en utilisant la lumière du soleil, l’eau, le dioxyde de carbone et des nutriments), les herbivores (comme les poissons et les oiseaux), les carnivores (comme les hérons et les ratons laveurs), les décomposeurs (comme les bactéries et les champignons). Elle nous explique aussi comment les écosystèmes sont menacés par la pollution ou la détérioration de l’environnement, et nous présente en 5 pages documentaires chacun des animaux rencontrés dans l’histoire. Ce livre jeunesse est vraiment, vraiment excellent.
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Coup de cœur !
Auteur(s) / illustrateur(s) : Kate Messner & Christopher Silas Neal Maison d’édition: Gründ Année de publication: 2017 ISBN: 9782324019524 Public cible: 7 à 12 ans. Vous aimerez peut-être: Chez le même éditeur, il y a J’ai une petite sœur !.
Le prince Cradoc a beau être un prince, il n’en est pas moins extrêmement ringard, à l’image de son royaume, Craspec. Qu’elle n’est donc sa surprise quand il reçoit une invitation pour le bal du royaume du Chic voisin ! L’événement le plus couru de l’année où se montrent les nobles les plus élégants ! Cradoc en est certain : on ne l’a invité que pour se moquer de lui. Et… c’est exactement ce qui se produit. Mais quand Cradoc rencontre Francesca, princesse des Chics, il tient peut-être sa revanche. Car Francesca a beau être l’héritière du royaume le plus chic, elle est surtout un rat de bibliothèque qui aime passer ses journées en pyjama. Au grand dam de son père… Et ensemble, ces deux ringards-là pourrait bien avoir une jolie leçon de style à nous donner !
La totalité de ce roman qui se lit comme un conte est écrit en Alexandrin ! Ce tour de force donne lieu à une lecture, ma foi, plutôt agréable et drôle, car le ton plutôt sérieux et protocolaire jure avec le propos plus léger, loufoque et farfelu. J’ai trouvé cette dichotomie tout à fait savoureuse ! De plus, le narrateur brise fréquemment le quatrième mur en s’adressant directement au lecteur. La typographie est variée et éclatée; les enfants dyslexiques auront du mal, les autres pourraient apprécier davantage.
Le père de Franscesca souhaite influencer sa fille, mordue de lecture et préférant son pyjama aux jolies robes, à être plus coquette. Ce ne sera pas chose facile car Franscesca a une forte tête ! On assistera alors à un clash des générations qui permettra du même coup à Franscesca de s’émanciper. Lorsque son père rencontrera le royaume des Cradoc, il sera bien obligé de constater que sa manière de vivre et celle qu’il souhaite imposer à sa progéniture, n’est pas universelle.
Cela étant dit, j’ai été dérangée par un passage où les dreadlocks sont non seulement perçus négativement, mais aussi considérés comme étant indicateurs de malpropreté:
« Sans oublier son bouc, ses tuniques frivoles,
Et pendues à ses lobes deux rangées de créoles.
Ses dreadlocks à l’aspect de vieille serpillère
Étaient enturbannées. Et piquées de primevères! » (p.24)
N’aurait-il pas suffit de mentionner que ses cheveux étaient emmêlés et sales, sans associer ses adjectifs aux dreadlocks ? Ce genre de représentation renforce les stéréotypes négatifs sur les dreadlocks qui, comme toute coiffure, ne sons pas plus sales que les autres lorsque bien entretenus. Ugh.
Auteur(s) / illustrateur(s) : Robert Paul Weston Maison d’édition: Seuil Jeunesse Année de publication: 2018 ISBN: 9791023509144 Public cible: À partir de 12 ans
Maman et Bébé vont au marché. Bébé est très coquin, Maman ni remarque rien. Elle est trop occupée par tout ce qu’elle doit acheter… Cette histoire se déroule dans un marché d’Afrique de l’Ouest où l’illustratrice Angela Brooksbank a grandi.
J’ai eu énormément de plaisir à raconter cette histoire colorée durant une heure du conte. C’était magique ! Le texte est savoureux et les illustrations nous font voyager jusqu’en Afrique de l’Ouest, dans un marché bondé où l’on rencontre une foule de personnages intéressants: une marchande de bananes, un marchand d’oranges, un marchand de biscuits sucrés, une marchande de maïs, une marchande de noix de coco et d’innombrables femmes et hommes souriants qui font leurs emplettes. Les enfants m’ont aidée à effectuer le décompte des aliments (5 bananes, 4 oranges, 3 biscuits, 2 maïs, 1 noix de coco). Un de mes albums favoris de l’année 2017 !
Atinuke est une auteure nigériane.
Auteur(s) / illustrateur(s) : Atinuke & Angela Brooksbank Maison d’édition: Éditions des éléphants Année de publication: 2017 ISBN: 9782372730396 Public cible: 3 à 5 ans
Je remercie les Éditions des éléphants de m’avoir offert ce livre.