Invaincus

C’est pour les inoubliables. Ceux qui n’ont pas peur. Ceux qui sont invaincus. Dans ce livre à la fois touchant et puissant, l’auteur à succès Kwame Alexander et l’illustrateur Kadir Nelson, récipiendaire de la médaille Caldecott, nous livrent une lettre d’amour mettant à l’honneur l’Amérique noire. Dédié aux invaincus, aux rêveurs et aux survivants, ce poème nous ramène à une époque pas si lointaine de la nôtre, tout en soulignant la force et la bravoure de ceux qui continuent à affronter l’adversité jusqu’à aujourd’hui. Grâce aux illustrations frappantes ainsi qu’au style d’écriture captivant de ce livre, les lecteurs découvriront le cran, la passion et la détermination des plus grands artistes, athlètes et activistes de l’histoire des Noirs. Une oeuvre inspirante, émouvante et tout simplement incontournable!

Ce magnifique album est une poésie qui doit être lue. Le texte est fort et beau. Les illustrations sont puissantes. À la lecture, il y a beaucoup de non-dits, de choses passées sous silence, des choses à découvrir. Par exemple, le livre s’ouvre sur une illustration de Jesse Owens, mais ont ne mentionne pas de qui il s’agit. Les plus jeunes lecteurs auront besoin d’accompagnement pour les aider à faire des inférences, pour les aider à bien saisir toute la portée du texte. Pour apprécier à sa juste valeur cet album, il faut une base de connaissance sur l’histoire des Noirs américains, et l’histoire des mouvements de la diaspora noire. Il faut connaître la guerre de sécession, par exemple, ou encore les origines du mouvement Black Lives Matter.

Quand je parle de silence, c’est aussi des pages blanches qui veulent dire beaucoup. Ce sont des phrases courtes et percutantes sans illustrations. C’est une illustration de corps entassée dans le fond d’un bateau négrier, sans texte pour expliquer car parfois les images parlent d’elles-mêmes. J’ai été émue par ma lecture, et j’ai encore une fois été impressionnée par le talent de l’illustrateur Kadir Nelson. Kwame Alexander a mis 10 ans a écrire ce poème. De 2008 à 2018, il s’en est passé, des choses aux États-Unis! La naissance de sa fille, oui, mais aussi la présidence de Barack Obama, des vies de jeunes Noirs volées aux mains de policiers, le mouvement Black Lives Matter… Invaincus dresse, tout en poésie et en retenue, un portrait de plusieurs personnalités ayant marqué l’histoire américaine: notamment le boxeur Jack Johnson, l’autrice Zora Neale Hurston, le peintre Jacob Lawrence et l’auteur Langston Hughes.

Le seul petit défaut de ce livre, c’est qu’il a une couverture souple. Un si beau livre aurait mérité une jolie couverture rigide! On retrouve en fin d’album une explication de toutes les références qu’on peut trouver dans le livre. Un incontournable.

Coup de cœur!

Je remercie les éditions Scholastic de m’avoir offert ce livre.

Kwame Alexander est un auteur américain.

Kadir Nelson est un auteur américain.

Invaincus
AUTEUR(S) : Kwame Alexander & Khadir Nelson 
ÉDITION: Scholastic, 2021
SBN: 9781443186254
PRIX: 14,99$
6 ANS ET PLUS

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Vous aimerez peut-être, des mêmes auteurs, Frères ou Abraham Lincoln: L’homme qui abolit l’esclavage aux États-Unis.
Essayez aussi Harriet et la terre promise, du peintre Jacob Lawrence dont on fait référence dans Invaincus.

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Signé poète X

Harlem. Xiomara a 15 ans et un corps qui prend plus de place que sa voix : bonnet D et hanches chaloupées. Contre la rumeur, les insultes ou les gestes déplacés, elle laisse parler ses poings. Étouffée par les préceptes de sa mère (pas de petit ami, pas de sorties, pas de vagues), elle se révolte en silence. Personne n’est là pour entendre sa colère et ses désirs. La seule chose qui l’apaise, c’est écrire, écrire et encore écrire. Tout ce qu’elle aimerait dire. Transformer en poèmes-lames toutes ses pensées coupantes. Jusqu’au jour où un club de slam se crée dans son lycée. L’occasion pour Xiomara, enfin, de trouver sa voix.

Ces dernières années, j’ai réalisé que j’aimais beaucoup les romans en vers. Encore plus si ce sont ces romans pour ados et jeunes adultes. Signé poète X est exactement l’un de ces romans. Il est écrit par une femme afro-latina et aborde des thématiques contemporaines telles que l’harcèlement sexuel, la détermination de soi, la religion, les relations entre des parents immigrants et leurs enfants qui ne le sont pas, le consentement et le plaisir des femmes.

Xiomara n’a que 15 ans, mais a des seins bien développés et des hanches chaloupées, ce qui lui attire le regard des hommes et bien des gestes déplacés à son égard. Elle est abordée dans la rue. Des mains baladeuses lui touche les fesses. Des hommes âgées tentent de la ramener chez eux. Elle est insultée lorsqu’elle refuse. Le problème pour Xiomara n’est pas son corps, car elle l’accepte et y est à l’aise. Le problème est le fait qu’on l’hypersexualise, qu’on la réduise à ses formes. Pour sa mère, par contre, ce corps donne à Xiomara accès à une vie sexuelle qu’elle condamne. Car si Xiomara est prête à avoir une relation avec un garçon, sa mère la veut chaste et dévouée à Dieu. Ces positions opposées seront à la source de plusieurs conflits entre l’adolescente et sa mère. Xiomara veut être libre et maître de son corps. Elle se sent prête à explorer ses sentiments amoureux et sa sexualité, mais pas n’importe comment et avec n’importe qui, même si la société lui renvoi sans cesse l’image d’une dévergondée. J’ai trouvé que l’auteure a su bien saisir les enjeux du corps et de la sexualité des femmes et des filles: d’un côté on les réduit à leurs formes, on leur dit qu’elles doivent se soumettre aux fantasmes des autres; de l’autre on les pointe du doigt lorsqu’elles souhaitent avoir une vie amoureuse épanouie.

Un jour, une enseignante de Xiomara diffuse en classe la vidéo d’une femme noire qui slame sur scène et qui parle de « ce que ça fait d’être noire, et d’être une femme, et des critères de beauté selon lesquels elle est pas belle. » (p.85). Pour Xiomara, ce sera comme une révélation: « On est différentes, cette poétesse et moi. On se ressemble pas, on vient pas du même monde. Pourtant on est presque pareilles quand je l’écoute. Comme si elle m’entendait. » (p.85) Xiomara est latina et on retrouve quelques mots ici et là en espagnol. La culture dominicaine est bien présente dans la famille, et les enfants en sont fiers. Toutefois, c’est le côté conservateur de la culture familiale avec lequel ils ont plus de difficulté: Xiomara souhait s’émanciper en tant que femme, alors que son frère jumeau doit cacher son homosexualité. La thématique de la différence est aussi abordée dans la relation entre Xiomara et son amoureux, très talentueux en patins à glace, mais qui n’a jamais pu explorer cette passion car son père considérait que c’était une activité féminine inappropriée pour les garçons. À ce sujet, Xiomara écrira avec beaucoup de sagesse:

Il a un sourire triste. Et je pense à tout ce qu’on pourrait être si on nous disait pas que nos corps sont pas faits pour. (p. 207).

Avec une prodigieuse économie de mots et un ton percutant, Signé poète X est un roman fort qu’on lit d’une traite, en une matinée. Je vous le recommande chaudement.

* Prix National Book Award for Young People’s Literature en 2018.

* Médaille 2019 Carnegie pour le meilleur livre jeunesse publié au Royaume-Uni.

Elizabeth Acevedo est une autrice afro-latina. Elle habite aux États-Unis.

Signé poète X
AUTEUR(S) : Elizabeth Acevedo 
ÉDITIONNathan, 2019
ISBN: 9782092587294
PRIX: 29,95$
14 ANS ET PLUS

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Vous aimerez peut-être Frères, un roman pour adolescents écrit en vers. Essayez aussi My life matters et Sortir d’ici.

Le grain de sable: Olivier Le Jeune, premier esclave au Canada

grain de sableOriginaire de l’île de Madagascar, Olivier Le Jeune arrive dans la ville de Québec en 1629 en tant qu’esclave. Il avait 10 ans. Au-delà de son statut d’esclave, il est la première personne d’origine africaine à habiter de manière permanente au Canada. Ce livre, inspiré de ce qu’il a réellement vécu, suit le parcours d’Olivier Le Jeune, de sa capture à Madagascar jusqu’à son arrivée dans la ville de Québec. On apprend comment il a pu s’adapter à sa nouvelle réalité dans les débuts de la Nouvelle-France.

Vous avez sans doute déjà entendu parler de Webster. Il est un artiste hip-hop qui se passionne pour l’histoire, notamment celle de la présence noire et de l’esclavage au Québec. Il offre des ateliers dans les écoles (et les bibliothèques!), anime des émisions culturelles et a mis sur pied les tours guidés de la ville de Québec à propos de la présence des Noirs dans la capitale québécoise. Quand j’ai su qu’il avait écrit un livre jeunesse, j’avais très hâte de le lire.

Ce livre de 80 pages d’une qualité indéniable dévoile un pan de l’histoire méconnu au Québec. Il représente bien le devoir de mémoire. Certains passages sont assez cru; on ne tente pas de romancier l’esclavage ici. La plume de Webster est solide, précise, et les illustrations de Valmo prennent à l’occasion le relais pour raconter cette histoire troublante. Le texte se lit comme un poème. On retrouve en fin d’ouvrage un glossaire faisant la liste des mots que les jeunes lecteurs pourraient ne pas connaître, ainsi qu’une biographie d’Olivier Le Jeune et d’une liste d’ouvrages de référence. À noter que le livre peut très bien être exploité avec des élèves du 2e et 3e cycle du primaire, ou du secondaire.

Enseignants, voici quelques idées d’exploitation en milieu scolaire:

  • Préparez une intention de lecture: Que cherche-t-on à savoir en lisant ce livre ? Laissez les élèves répondre (des réponses intéressantes seraient: Qui était Olivier Le Jeune? D’où venait-il? Que lui est-il arrivé? À quelle époque se déroule l’histoire en en quoi cela influence le récit? etc.)
  • Explorer l’importance des illustrations comme procédé narratif. Les pages 18-19, 28-29, par exemple, font avancer l’histoire sans l’usage de mots. Comme est-ce possible?
  • Demandez à vos élèves d’effectuer une recherche à la bibliothèque sur l’île de Madagascar, sur la Nouvelle-France, sur les Jésuites, sur la traite des fourrures, ou sur les conditions de vie des noirs durant l’esclavage.
  • En cours de français, vous pouvez faire un atelier de Slam et jouer avec les mots et le rythme de la langue avec vos élèves.
  • Créez une boîte de mots nouveaux issus du livre à laisser dans votre classe. De temps en temps, vous pouvez piger un mot nouveau et mettre au défi vos élèves de l’utiliser au courant de la journée (ou de la semaine).
  • À la fin d’une lecture commune en classe, interrogez vos élèves: Qu’ont-ils appris? Y a-t-il des choses qui les ont surpris? Auraient-ils aimé une fin différente? Connaissent-ils d’autres livres qui traitent de l’esclavage?

Coup de coeur! 

Webster est un artiste et activiste canadien. 

webster

Coup de coeur! 

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Le grain de sableBouton acheter petit
AUTEUR(S) : Webster & Valmo
ÉDITIONSeptentrion, 2019
ISBN: 9782897910815
Prix: 19,95$
8 ans et plus

Ce livre vous a plu ?
Vous aimerez peut-être La détermination de Viola qui retrace le parcours de vie de Viola Desmond, une femme noire qui a refusé de quitter l’espace réservé aux Blancs dans un cinéma canadien. Essayez aussi À la découverte du Canada: L’héritage noir.

détermination viola desmond    héritage noir canada

 

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Vodou

Vodou éditions père fouettard

Loin des clichés effrayants, ce documentaire illustré propose aux enfants et aux plus grands une première approche du vodou, de son histoire stupéfiante, ses dieux et ses esprits fascinants, ses rituels et ses croyants, sa culture sans frontière. De l’Afrique à l’Amérique, des masques rituels aux zombies, des anciens royaumes jusqu’aux danses contemporaines !

Ce qu’on retient de la lecture de cet album, c’est qu’il y a de nombreuses manières de croire au Vodou et de prier ses Dieux et Esprits, différentes selon les pays et les gens. Il existe peu de livre pour enfants qui aborde la thématique du Vaudou d’une manière informative. Les représentations de ces croyances en littérature jeunesse est souvent limitée à la poupée qu’on pique pour faire du mal. Ici, on parle plutôt du vodou sans jugement occidental mal placé. Car si le vodou a effrayé les premiers Européens venus en Afrique car ils pensaient qu’ils ressemblaient au Diable, le vodou en soit n’est ni bon, ni mauvais: ce sont plutôt les croyants qui l’utilisent pour faire des choses bonnes ou mauvaises, comme dans toute religion. Au cours de notre lecture de ce livre, on apprend notamment que les vodou sont des esprits invisibles et que pour avoir une vie meilleure, les humains peuvent demander leur aide en communiquant avec eux de différentes manières. On apprend aussi que le vodou est une religion, un ensemble de pratiques magiques, une façon de vivre et de penser, une philosophie.

vodou éditions père fouettard 2

Dans ce livre, les auteurs ont choisi la transcription des noms vodou rencontrée le plus communément dans le golfe du Bénin, tout en mentionnant bien qu’elle varie dans d’autres régions du monde. Mais on découvre tout même comment deux déesses peuvent être représentées et appelées différemment d’un pays à l’autre, comme Mami Wata au Bénin et Yemaya à Cuba (et j’ajouterais Iemanja au Brésil!). Le tout est expliqué avec des mots accessibles d’un point de vue historique et sociologique. Les enfants comprendront le lien entre le vodou et l’esclavage, ou celui entre les bocios (sortes de barrages installés devant les villages, les maisons ou les champs) et la poésie, ou encore l’importance du culte des ancêtres. En conclusion, on mentionne que des nouveaux vodou sont créés encore aujourd’hui et on présente certains éléments originaires du vodou (comme les zombies haïtiens). On retrouve aussi un lexique en fin d’ouvrage.

Mes recherches m’indiquent qu’aucune personne afrodescendante n’a participé à la réalisation de cet album (!), qui pourtant concerne et parle des personnes racisées et de leur rapport au monde. Quelle occasion ratée de donner une voix aux personnes opprimées et de leur donner le loisir de parler pour elles-mêmes. Dommage.

Petit bémol pour la présence de certaines tournures de phrase à l’européenne, dont l’utilisation du mot « hommes » pour parler de l’humanité toute entière, ou encore de la locution « à Haïti » plutôt que « en Haïti ». Rien de très grave tout de même, et certainement pas assez pour que vous passiez à côté de cet album extrêmement intéressant. Voilà donc un très beau livre réussi, vachement bien réalisé en partenariat avec le Château Musée Vodou qui en a assuré l’exactitude scientifique.

vodou fouettard 3

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VodouBouton acheter petit
AUTEUR(S) : Camille Tisserand (illustratrice), sous la direction de Florent Grandin et Gaïa Mugler
ÉDITION: Père Fouettard, 2019
ISBN: 9782371650459
PRIX: 25, 95$
À PARTIR DE 10 ANS

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Vous aimerez peut-être Où es-tu Iemanja?, un livre jeunesse sur les célébrations de la déesse vodou des rivières lors du nouvel an brésilien. Essayez aussi La sanza de Bama, un documentaire pour enfants sur un instrument de musique en lien avec les croyances vodou.

ou es tu iemanja     sanza

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Pars, cours ! Bernadette

Pars Cours BernadetteEn juin, j’irai au bal des finissants avec Lenny. C’est décidé ! Rien ni personne ne pourra m’en empêcher, même pas lui ! Pour le séduire, j’ai besoin :
– de noix et de raisins secs;
– de billes;
– de ficelles et de bouts de tissu;
– de ma salive (beurk !);
– de quelques-uns de ses cheveux châtains-trop-parfaits-qui-sentent-si-bon !
Pourquoi ? Pour faire de la magie vaudou. C’est ma grand-mère qui me l’enseigne ! Le vaudou, c’est la sorcellerie LA PLUS PUISSANTE du monde. À moi le beau Lenny! Et adieu, les mauvais coups d’Alexis! Rien ne m’arrêtera! (Même s’il faut que je me promène avec une crotte de chien dans mon sac d’école.)

Bernadette est le sixième livre paru dans la série Pars, cours !, des romans pour enfants écrits en gros caractères peuvent être lus dans n’importe quel ordre. Ce roman a maintenu mon intérêt jusqu’à la toute fin et j’ai trouvé que Bernadette était très attachante. Québécoise d’origine haïtienne, elle est très attachée à la culture de ses parents et entretient avec sa grand-mère qui vit à Port-au-Prince un lien étroit. Toutes deux sont très proches malgré la distance qui les séparent et Bernadette n’hésite jamais à lui demander conseil. Elle porte ses cheveux tressés qu’elle adore ornementer de perles multicolores. À 11 ans, Bernadette est amoureuse de Lenny, un garçon blanc de sa classe qui n’est pas très populaire. Elle est intéressée par son intelligence et son honnêteté; elle se fiche bien qu’il soit un souffre-douleur plutôt mauvais en sport !

Bref, Bernadette est une fille drôle, débrouillarde et gentille. Elle se passionne pour le tricot et admire l’athlète haïtien Sylvio Cator. Elle ne se comporte pas en victime et n’est pas non plus la cible de racisme dans le récit. Au contraire, ses camarades de classe la perçoivent comme l’une des leurs, par exemple, lorsqu’elle mentionne à son enseignante qu’elle veut faire son projet scolaire sur un pont qu’elle a vu « dans son pays », un garçon lui dit « Bernadette, tu n’es même pas haïtienne. T’es née au Québec! » (p.139). Malgré tout, il arrive un moment dans l’histoire où elle se demande si Lenny ne l’aime pas à cause de sa couleur de peau ou de ses cheveux frisés (p.282). La jeune fille se montre très intéressée par le vaudou, qu’elle espère utiliser pour faire un charme d’amour pour Lenny. Son enseignante lui expliquera alors que l’amour ne peut pas être provoqué. La grand-mère de Bernadette lui parle souvent de cette religion, qu’elle décrit comme « l’art de la grande sorcellerie » (p. 15). Elle lui parle des offrandes, des esprits (par exemple: papa Legba, Ogoun Zobla, etc.) et des croyances vaudous (par exemple le fait qu’il ne peut pas être utilisé pour faire le mal). L’auteure fait preuve d’une sensibilité ethnique et raciale qui personnellement m’a fait du bien en tant que lectrice noire. À un moment, Bernadette mentionne qu’elle arrive difficilement à faire entrer tous ses cheveux dans son bonnet de bain (p.93) et cela m’a fait sourire car c’est une situation très courante chez les personnes ayant les cheveux crépus ou très frisés. Aussi, pour rendre compte du sentiment amoureux et de la gêne de Bernadette face à Lenny qui lui plait beaucoup, l’auteure a choisi d’écrire de manière non hégémonique « mes joues brûlent » (p.188) plutôt que de mettre l’accent sur la couleur des joues. Chapeau !

Le texte et la mise en page est très dynamique: certains mots ont une typographie variée pour mettre l’accent sur certains mots. Les illustrations sont réussies et j’ai adoré les retrouver ici et là dans le livre. L’auteure Nadine Poirier a également écrit Lenny, dans la même série, et j’ai franchement envie de le lire ! Fortement recommandé !

Je remercie les éditions de Mortagne de m’avoir offert ce livre.

Auteur(s) / illustrateur(s) : Nadine Poirier
Maison d’éditionÉditions de MortagneBouton acheter petit
Année de publication: 2019
ISBN: 9782897920005
Public cible: 10 à 12 ans.

Vous aimerez peut-être: Si vous recherchez des livres pour préados qui font l’utilisation de typographies variées dans le texte, essayez les romans Prince Cradoc au royaume du chic ou encore Billie Jazz !

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Dandara et les esclaves libres

Dandara et les esclaves libresEn pleine forêt tropicale brésilienne, au 17e siècle, des dizaines de milliers d’esclaves fugitifs regroupés dans le camp quilombo de Palmares résistèrent aux Portugais pendant un siècle. Zumbi en fut le chef mythique et Dandara, sa compagne, resta pendant longtemps dans son ombre. L’histoire authentique d’une cheffe rebelle, qui a tenu tête aux colons Portugais contre la barbarie de l’esclavage.

Le livre débute par une introduction par la traductrice et éditrice Paula Anacaona où elle explique comment les premiers Noirs d’Afrique sont arrivés au Brésil, ainsi que le contexte du roman qui se déroule dans le Brésil colonial entre 1680 et 1695. On retrouve ensuite une préface de l’auteure Jarid Arraes où elle présente comment est né l’idée d’écrire l’histoire de Dandara. D’ailleurs, Arraes a beaucoup écrit sur les femmes Afro-Brésiliennes qui ont marqué l’Histoire mais ont été injustement oubliées. J’ai aimé son approche: Alors que plusieurs contestent l’existence même de Dandara, Arraes a décidé de confronter cette idée qu’il ne s’agit que d’une légende. Car même s’il s’agissait que d’une légende, quelqu’un doit l’écrire ! Pourquoi laisser le machisme et le racisme effacer cette histoire ? On sait que Dandara a été l’une des cheffes du quilombo de Palmares, qu’elle a été la compagne de Zumbi, et qu’elle n’acceptait pas le rôle féminin imposé par la société de l’époque. Trois ingrédients qui ont inspirés Arraes à l’écriture de ce roman.

Dandara avait désormais conscience du rôle de chacun, et de l’importance de chaque rôle dans le fonctionnement et la défense de Palmares. Sans personne pour préparer les repas, les guerriers ne pouvaient pas lutter ; sans personne pour cueillir les herbes curatives, les Palmarinos ne pouvaient pas être soignés… Elle avait également réalisé que ces tâches n’étaient pas plus faciles ou exemptes de dangers que les autres – le risque mortel que Bayô avait couru, et la crainte que les guerriers du quilombo avaient manifestée à l’idée de retourner à la rivière, montraient bien que les rôles attribués aux femmes n’étaient pas des rôles de figuration. Même si Dandara préférait s’entraîner au maniement des armes, cette constatation s’installait peu à peu dans son esprit. (p.43-44)

Dandara et les esclaves libres m’a captivée du début à la fin. L’auteure a un style vif et entraînant; difficile de lâcher le livre une fois qu’il est entammé. Aussi, l’inconnu et la découverte m’ont gardé en haleine tout au long de ma lecture. J’admets en connaître peu sur l’histoire des Afro-brésiliens, même si je la sais liée à la mienne, à cette Grande Histoire des populations afro-descendantes. Je connaissais déjà les orixas (divinités originaires d’Afrique qui représentent les forces de la nature) et j’ai été émerveillée de constater que l’auteure s’en est inspiré pour ajouter un élément de fantastique à ce roman. Quel bonheur d’y retrouver Iansà, Oxum, Nana, Iemanja, Xango et Ogum ! Dandara a la peau sombre et les cheveux crépus. Elle porte et sait manier l’épée, elle est courageuse et héroïque. C’est une guerrière vraiment badass, quoi ! 🙂

Ce livre mélange habilement fiction et réalité dans un format agréable. Chaque chapitre est titré et se déploie sur une dizaine de pages. Le fait que les femmes soient au centre du récit rend ce livre audacieux et captivant. Les femmes y sont partout, elles font tout et il n’y a rien qu’un homme puisse faire qu’elle soient incapable d’accomplir. Loin des stéréotypes, les personnages de ce livre sont authentiques, pluriels, uniques. Action, fantastique, éléments historiques, mythologie, romance, suspense… tout est là pour faire de ce roman pour enfant un succès ! Dandara et les esclaves libres est un roman audacieux, palpitant et incontournable. D’ailleurs, les adultes le liront aussi avec beaucoup d’intérêt. Du coup, pourquoi ne pas lire Dandara et les esclaves libres en même temps que votre enfant ? Achetez deux copies et cela vous permettra d’en discuter ensemble au fur et à mesure que votre lecture avance !

Les esclaves fugitifs de Palmares (ainsi que les hommes et femmes nés au quilombo, donc nés libres) vivaient en liberté et semaient la terreur dans la région, adoptant une véritable tactique de guérilla. Ils pillaient les entrepôts, volaient du bétail, incendiaient des propriétés agricoles – et surtout, fait hautement symbolique, libéraient leurs frères et sœurs dans des razzias qui auraient touché plus de 60 plantations de canne à sucre. Il n’en fallait pas plus pour créer le mythe de Palmares, premier royaume Noir hors d’Afrique. (Introduction de Paula Anacaona)

Un livre jeunesse pour souligner le mois de l’histoire des Noirs.

Jarid Arraes est une auteure brésilienne.

Jarid-Arraes

Auteur(s) / illustrateur(s) : Jarid Arraes
Maison d’éditionAnacaona Bouton acheter petit
Année de publication: 2018
ISBN: 9782918799979
Public cible: 11 ans et plus

Je remercie les Éditions Anacaona de m’avoir offert ce livre.

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La dernière colère de Sarabuga

colère de sarabugaIl était une fois un géant au cœur d’or, Sarabuga, qui aimait chanter à tue-tête sur les chemins de l’île de Fogo. La musique le rendait plus fort : il n’avait peur de rien, ni des grondements du volcan, ni de la mer déchaînée qui battait le rivage, ni des troupes du gouverneur qui en avaient après lui!

Ce conte du Cap Vert accompagné de musique m’a rappelé les chansons de Césaria Évoria que mon père me faisait écouter étant enfant. Le livre est accompagné d’un CD, mais celui-ci n’émet aucun signal audio pour indiquer au lecteur qu’il faut tourner les pages. Je n’ai pas aimé la narration lente et monotone de Muriel Bloch, mais le bruitage et l’instrumentalisation ma plu ! Cela dit, la lenteur de la lecture peut faciliter un jeune apprenti-lecteur à suivre e texte écrit. Grâce au dossier documentaire à la fin du livre, on y apprend plus sur le Cap-Vert, l’influence portugaise et africaine, ainsi que sur les instruments que nous entendons sur le CD. Un véritable voyage musical au Cap-Vert ! Écoutez un extrait en ligne sur le site de l’éditeur.

Auteur(s) / illustrateur(s) : Muriel Bloch & Aurélia Grandin
Maison d’édition: Gallimard Jeunesse
Année de publication: 2005
ISBN: 2070510360
Public cible: 5 à 9 ans
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Où es-tu Iemanjá?

ou es tu iemanja« C’est la magie du Brésil que l’on retrouve dans le regard d’une petite fille à la veille de la nouvelle année, jour où tous célèbrent la déesse Iemanja… Leny Werneck est une bienfaitrice : elle offre aux enfants la mesure du monde et la vision de la beauté. »  Jorge Amado.

Leny Werneck est brésilienne. Elle a proposé à Philipe Davaine d’illustrer ses mots. Pour cela, il s’est envolé vers le Brésil et a vécu quelques temps dans l’île de Camila, la petite fille de l’histoire… Il en a rapporté ces couleurs magnifiques. Amnesty International s’associe à cet album qui invite à découvrir la richesse culturelle du Brésil.

Les illustrations de ce livre, d’une infinie précision, sont magnifiques. De magnifiques double-pages se déploient tout en longueur et constituent de superbes prises de vue panoramiques. Le texte nous transporte jusqu’au Brésil lors d’une tradition entourant le Nouvel An. Même s’il s’agit d’une fiction, on en apprend beaucoup sur les traditions brésiliennes, sur sa culture, sur ses influences et sur ses significations. Bien que les Africains envoyés au Brésil comme esclaves par les colonisateurs portugais aient été obligés de se convertir à la religion catholique, ils sont parvenus à conserver en secret leurs croyances (les dieux, appelés orixas) et leurs cérémonies. Un petit bijou de littérature!

Auteur : Leny Werneck & Philippe Davaine
Maison d’édition: Syros Éditions, Amnistie International
Année de publication: 2005
ISBN: 274850142X
Public cible: 6 ans et plus

Vous aimerez peut-être: Rêve noir d’un lapin blanc, un album signé par la brésilienne Ana Maria Machado.

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Mohamed Ali: Champion du monde

mohamed aliTandis que d’autres boxeurs grognent et s’épuisent sur le ring, Cassius Clay, lui, s’enflamme, danse et combat jusqu’à ce que le monde entier parle de lui. Fier de ses racines africaines et de sa religion, l’islam, il se fait appeler Mohamed Ali. Plus qu’un boxeur, il est un porte-parole, un militant, un espoir pour les Afro-américains. Refusant de faire la guerre, luttant pour faire valoir ses droits, il devient une voix que personne ne pourra oublier.

J’ai bien aimé la mise en page, très dynamique, bien qu’il aurait été intéressant d’utiliser des typographies variées (grosseur et police de caractères) pour le texte (comme c’est le cas dans la version originale anglaise de ce livre). Les très larges illustrations réalistes donnent vie au récit. Mohamed Ali est un modèle positif pour les enfants noirs et son histoire leur apprend l’importance de la persévérance et d’avoir la force de ses convictions. Ce livre montre le boxeur sous un jour lumineux mais sans flafla, et le récit n’omet pas le contexte social et politique dans lequel le boxeur a évolué. En effet, Mohamed Ali a fait preuve de résilience et malgré ce qu’on tentait de le faire croire, ce n’est pas sa couleur de peau qui l’empêchera d’être champion du monde en boxe. Tout y est: ses prédécesseurs, adversaires, le racisme ambiant des États-Unis des années 60-70, ses détracteurs, sa conversion à l’islam et les raisons qui l’ont poussé à le faire, ses tactiques sur le ring, sa bataille juridique, son voyage au Congo (ex-Zaïre). Chapeau. Petit plus: une version de poche est sortie il y a quelques mois à peine.

Coup de cœur !

Un livre jeunesse pour souligner le Mois de l’Histoire des Noirs.

Auteur(s) / illustrateur(s) : Jonah Winter & François Roca
Maison d’édition: Albin Michel Jeunesse Bouton acheter petit
Année de publication: 2008
ISBN: 9782226180148
Public cible: 8 à 12 ans

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Zafy et Tam: Enfants du métissage

zafy tam métissageZafy, d’origine africaine, et Tam, aux yeux bridés, sont deux enfants vivant dans un village de Madagascar. Un jour de marché, intrigués de voir tant de visages différents, ils décident de découvrir les diverses origines de leur île. Comme le riz qui mûrit tout au long d’une saison, les deux garçons, au gré de leurs rencontres, parviendront à une maturité qui leur permettra de mieux appréhender les diversités ethniques, religieuses et culturelles du peuple malgache, et d’apprécier la richesse de ces différences.

Quelle lecture intéressante! On suit deux garçons (puis un troisième s’ajoute plus tard), dans les rues de Madagascar à la recherche de réponses à leurs questions sur le métissage. Pourquoi sont-ils si différents alors qu’ils sont tous trois malgaches? Des illustrations troubles, mais très belles, accompagnent un texte riche, dont les mots peu connus se retrouvent dans un glossaire à la fin du livre. La lecture de se livre serait parfait pour des enfants d’âge scolaire. La mise en page se marie bien avec le format horizontal à l’italienne.

Zafy et Tam Enfants du métissage

Auteur(s) / illustrateur(s) : Nathalie Boquien & Claude Grollimund
Maison d’édition: Éditions Siloë
Année de publication: 2008
ISBN: 9782842314378
Public cible: 6 à 10 ans

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